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Je me demande depuis quand les testicules ont pris le relais du cœur en tant que siège du courage. Pour prendre acte de ce changement de localisation peut être faudrait-il remplacer le mot courage (qui renvoie au cœur par son étymologie même) par un terme faisant référence au nouveau siège de cette antique vertu. Couillage est phonétiquement proche mais pâtirait je pense de la comparaison avec l’original ( nul besoin d’être cratyliste, pour percevoir qu’un homme couillageux ne saurait égaler un homme courageux). Burnage serait peut-être préférable. Il faudrait penser également à moderniser Le Cid :
Don Diègue
– Rodrigue, as-tu des couilles ?
Don Rodrigue
– Tout autre que mon père
Aurait pris une douille
Mais plutôt que d’entériner cette délocalisation du courage, peut-être faudrait-il s’opposer à une évolution aussi manifestement sexiste puisqu’elle semble faire du courage une vertu exclusivement masculine ; à moins qu’on préfère inventer une autre expression pour désigner le courage proprement féminin : « avoir des ovaires » semblerait alors devoir s’imposer.
Mais peut-être que cette présentation en termes de changement de localisation n’est-elle pas très juste : si l’expression « avoir du cœur » n’est plus utilisée aujourd’hui au sens qu’elle a dans Le Cid, la référence au cœur comme siège du courage est encore présente dans des expressions comme « mettre du cœur à l’ouvrage » ou « avoir du cœur au ventre » (d’où l’équation cœur/ventre = couilles/cul). Plutôt que de délocalisation il faudrait alors parler de coexistence dans des registres de langue différents, puisque lorsqu’il est question de courage c’est en terme de couilles ou de burnes qu’on parle et non de testicules.