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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: mai 2014

Le fond du trou ou le bout du couloir?

31 samedi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Reiner Kunze, suicide

Selbstmord

Die letzte aller türen

Doch nie hat man
an alle schon geklopft

*

Suicide

La dernière de toutes les portes

Pourtant on n’a jamais fini
de frapper à toutes

Rainer Kunze, Invitation à une tasse de thé au jasmin
traduction Mireille Gansel et Muriel Feuillet, Cheyne

Densité poétique

30 vendredi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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concision, Joseph Joubert, Paul Valéry, poésie

« Concis comme un poète. Concision poétique. – Le caractère du poète est d’être bref, c’est à dire parfait, absolutus, comme disaient les latins.Celui de l’orateur est d’être coulant, abondant, spacieux, épandu, varié, inépuisable, immense. »

Joseph Joubert, 13 février 1797 Carnets I, p.197

*

« Poèmes épiques
Les poèmes épiques, quand ils sont beaux, sont beaux quoiqu’ils soient épiques, et le sont par fragments.
Démonstration : un poème épique est un poème qui peut se résumer. Or est poème ce qui ne se peut résumer. On ne résume pas une mélodie. »

Paul Valéry, Poésie, in Ego scriptor, p. 101

Choses étranges

29 jeudi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Food for thought

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étrangeté, Izumi Shikibu

Ce qui est étrange en ce monde
C’est qu’il n’y ait pas de fin
Aux amours sans retour

*

L’étrange en ce monde
Ce corps qui ne vaut pas d’être vécu
Mais auquel on tient

Izumi Shikibu, Poèmes de cour, p. 60 – 61

Destruction créatrice

28 mercredi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour, Perplexités et ratiocinations

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Elias Canetti, libération, préjugé

« Se débarrasser tout simplement des préjugés ne suffit pas. Qu’il ne nous soit permis de nous libérer d’un préjugé que par un travail, une œuvre, une action. »

Elias Canetti, Le collier de mouches, p.136

*

Je ne suis pas sûr de comprendre ce que veut dire ici Canetti. Pourquoi se libérer d’un préjugé ne serait-il pas en soi une bonne chose? Est-ce une variante de l’idée hégélienne d’une réalisation de l’esprit par son extériorisation? S’agit-il simplement de dire qu’une modification du « contenu de notre esprit » est sans importance (voire n’est pas vraiment effective) si elle ne s’accompagne pas d’une modification du monde ? Mais, dans ce cas, ce qui compterait, au delà de l’abandon « intérieur » du préjugé, ce seraient les conséquences de cet abandon sur notre conduite. Le problème avec cette interprétation, c’est que, lorsque Canetti précise sa pensée dans la deuxième phrase, il parle des conditions de la libération du préjugé plutôt que de ses conséquences. Plus précisément, il ne dit pas qu’il est impossible de se libérer d’un préjugé sans travail (ce qu’on pourrait après tout soutenir) mais que cela ne devrait pas nous être permis (même si c’est possible, ce n’est pas souhaitable). J’ai du mal à voir pourquoi ces conditions seraient importantes si ce n’est par ce qu’elles impliquent pour les conséquences de cette libération ; mais ce qui m’embarrasse c’est que je ne suis pas convaincu qu’il y ait une relation systématique entre les conditions et les conséquences : pourquoi une libération qui a demandé beaucoup de travail aurait-elle nécessairement beaucoup d’effets? inversement, pourquoi une libération « à peu de frais » serait-elle nécessairement sans conséquence? Les choses sont peut-être plus claires si on considère les deux termes que Canetti juxtapose au travail : œuvre et action (une référence aux catégories de la vita active selon Hannah Arendt?). En effet,  une œuvre aura une permanence au delà de la libération du préjugé qu’elle aura permise  (par exemple elle pourra aider d’autres personnes à se libérer du même préjugé), de même on peut envisager que l’action ait par elle même des effets dans le monde en plus de la libération du préjugé dont elle a été l’occasion (mais dans ce cas quel genre d’effet est nécessaire?).

 

Une bonne blague de Bertie et une vieille rancune

27 mardi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Insatiable quête de savoir, Lectures

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Bertrand Russell, Ido, Louis Couturat

Signatur:D:JobRoot7979741preprozess669_B-16.04.2007

« De l’année 1897 j’ai gardé fort peu de souvenirs, hors celui de la publication de mes Fondements de la géométrie. Je me rappelle aussi la joie que me causa une lettre élogieuse de Louis Couturat, avec qui je n’avais pas encore eu de contacts personnels, mais dont j’avais recensé pour une revue l’ouvrage sur L’infini mathématique. J’avais toujours souhaité de recevoir de l’étranger des lettres flatteuses, et ce rêve se réalisait pour la première fois. Couturat me racontait comment il s’était débrouillé dans mon ouvrage, « armés d’un dictionnaire », car il ne savait pas un mot d’anglais. Quelque temps plus tard je lui  rendis visite à Caen où il était alors professeur. Ma jeunesse le surprit, mais cela n’empêcha pas entre nous la naissance d’une amitié qui dura jusqu’au jour où il fut écrasé par un camion pendant la mobilisation de 1914. Au cours des dernières années, j’avais perdu contact avec lui, car il était entièrement absorbé par le problème d’un langage international. Il soutenait la cause de l’Ido contre celle de l’Espéranto. A l’entendre, il n’existait pas dans toutes l’histoire de la race humaine d’êtres aussi dépravés que les espérantistes. Il déplorait que le mot Ido ne se prêtât pas à la formation d’un mot analogue  à celui d’espérantiste. Je proposais « idiot », qui ne parût guère le séduire. »

Bertrand Russell, Autobiographie, p. 168 – 169

*

Le conflit entre partisans de l’Ido et partisans de l’Esperanto tient bien sûr à la prétention de chaque camp d’être porteurs de la langue auxiliaire internationale,  mais les rancunes semblent avoir eu une virulence particulière du fait que l’Ido est dérivé de l’Esperanto. En contrepoint de ce que rapporte Russell des propos de Couturat sur les espérantistes il est amusant de citer les propos d’un espérantiste sur Couturat et les défenseurs de l’Ido.

« Il faut aussi savoir que l’ido est l’aboutissement d’une traîtrise. Ses deux principaux promoteurs, Couturat et de Beaufront, étaient vraiment des gens malhonnêtes qui ont gagné la confiance de Zamenhof (alias Dr Esperanto), lui ont fait croire qu’ils allaient le soutenir, puis lui ont donné un coup de poignard dans le dos. C’est une histoire assez compliquée qui est très bien expliquée dans « L’homme qui a défié Babel ». Zamenhof, par contre, a toujours été d’une honnêteté scrupuleuse. C’était un homme d’une grande valeur morale, qui n’avait aucune ambition pour lui-même, alors que Couturat et Beaufront étaient des ambitieux qui voulaient se mettre en avant. »

Pour apprécier le ton de ce texte il faut signaler qu’il a été écrit dans les années 2000 soit un siècle après les faits. Chez les espérantistes on a beau être pacifiste, il y a des choses qu’on ne pardonne pas, semble-t-il!

Biologie jouissive, paléontologie coquine

26 lundi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

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Gould & Lewontin, Lamarck, orgasme, titiller

Plutôt que de regarder Roland Garros, si feuilletions la Philosophie zoologique de Jean-Baptiste Lamarck, ouvrage de 1809 dans lequel est notamment exposée sa conception évolutionniste du vivant. Parcourons le troisième chapitre de la deuxième partie intitulé De la cause excitatrice des Mouvemens organiques.

La vie étant un phénomène naturel, qui lui-même en produit plusieurs autres, et résultant des relations qui existent entre les parties souples et contenantes d’un corps organisé et les fluides contenus de ce corps ; comment concevoir la production de ce phénomène, c’est-à-dire, l’existence et l’entretien des mouvemens qui constituent la vie active du corps dont il s’agit, sans une cause particulière excitatrice de ces mouvemens, sans une force qui anime les organes, régularise les actions et fait exécuter toutes les fonctions organiques, en un mot, sans un ressort dont la tension soutenue, quoique variable, est le moteur efficace de tous les mouvemens vitaux ! […]

On peut assurer que, sans une cause particulière qui excite et entretient l’orgasme et l’irritabilité dans les parties souples et contenantes des animaux, et qui, dans les végétaux, y produit seulement un orgasme obscur, et y meut immédiatement les fluides contenus, le sang des animaux qui ont une circulation et la sanie blanchâtre et transparente de ceux qui n’en ont pas, resteroient en repos, et bientôt se décomposeroient, ainsi que les parties qui contiennent ces fluides. […]

Relativement à ceux de ces fluides invisibles qui composent principalement la cause excitatrice que nous considérons ici, deux d’entre eux nous paroissent faire essentiellement partie de cette cause ; savoir : le calorique et le fluide électrique. ce sont les agens directs qui produisent l’orgasme et les mouvemens intérieurs qui, dans les corps organisés, y constituent et y entretiennent la vie. Le calorique paroît être celui des deux fluides excitateurs en question, qui cause et entretient l’orgasme des parties souples des corps vivans ; et le fluide électrique est vraisemblablement celui qui fournit la cause des mouvemens organiques et des actions des animaux. Ce qui m’autorise à ce partage des facultés que j’assigne aux deux fluides dont il s’agit, se fonde sur les considérations suivantes. Dans les inflammations, l’orgasme qui y acquiert une énergie excessive, et même à la fin destructive des parties, n’y devient évidemment tel que par l’extrême chaleur qui se développe dans les organes enflammés : c’est donc particulièrement au calorique qu’il faut attribuer l’orgasme. La vitesse des mouvemens du calorique, ainsi que celle avec laquelle ce fluide s’étend ou se distribue dans les corps qu’il pénètre, sont bien loin d’égaler la rapidité extraordinaire des mouvemens du fluide électrique : ce dernier fluide doit donc être celui qui fournit la cause des mouvemens et des actions des animaux ; ce doit être plus particulièrement le véritable fluide excitateur. […]

D’après tout ce que je viens d’exposer, il est de toute évidence que le calorique est la première cause de la vie, en ce qu’il forme et entretient l’orgasme, sans lequel elle ne pourroit exister dans aucun corps, et qu’il y réussit tant que l’état des parties du corps vivant ne s’y oppose pas. On voit, d’ailleurs, que ce fluide expansif, surtout lorsqu’il jouit, par son abondance, d’une certaine intensité d’action, est le principal agent de l’énorme multiplication des corps vivans dont j’ai parlé tout à l’heure.

Quoique ce texte parle en permanence d’excitation et d’orgasme je doute qu’il émoustille beaucoup de lecteurs, ce qui est bien normal puisque l’excitation n’y a rien de spécialement sexuel et que le mot orgasme n’avait pas à l’époque son sens actuel. L’explication du sens de ancien de ce terme nous est donnée par exemple par le Dictionnaire universel de la langue française de Boiste (1829) [la référence est donnée par André Pichot dans Histoire de la notion de vie ( p. 623 note 32) dont la lecture m’a inspiré cet article]

ORGASME : gonflement, irritation des parties du corps ; agitation des humeurs qui cherchent à s’évacuer.

Si vous voulez en savoir plus sur la conception lamarckienne de l’excitation et de l’orgasme je ne peux que vous recommander le chapitre suivant intitulé « De l’orgasme et de l’irritabilité », vous y apprendrez notamment la différence entre l’orgasme animal et l’orgasme végétal.

*

 Le second texte que je vais citer n’est pas involontairement amusant comme l’est le précédent. Il s’agit d’un très court extrait de l’abstract d’un article (fameux) de Steven Jay Gould et Richard C. Lewontin intitulé The Spandrels of San Marco and the Panglossian Paradigm: A Critique of the Adaptationist Programme.

We fault the adaptationist programme for its failure to distinguish current utility from reasons for origin (male tyrannosaurs may have used their diminutive front legs to titillate female partners, but this will not explain why they got so small) […]

  Je n’ai cité ce texte que pour le côté amusant de l’évocation des préliminaires sexuels des tyrannosaures, mais l’article (disponible ici) aborde un problème très sérieux dont je ne parlerai pas aujourd’hui : celui de l’adaptationisme.

 *

Ajout du 17/09/14

SMBC semble contester l’usage sexuel des membres antérieurs du tyrannosaure.

Beauté intérieure

25 dimanche Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Guillevic

Dessous la chair des femmes qu’il fait si bon toucher,
Il y a un squelette –

Un squelette égaré que la tiédeur étonne
Et que le sel appelle
En ses cavernes grises.

Guillevic, Terraqué

*

Bienvenue à nos aimables visiteurs (5)

25 dimanche Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Bienvenue aux visiteurs, Paroles et musiques

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bienvenue, cramignon, jeanneton, Lekeu

Tous les prétextes sont bons pour découvrir le cramignon.

*

Une version « cramignonne » de Jeanneton prend sa faucille.

*

Le cramignon a aussi eu le droit à sa reprise dans la musique savante par LE compositeur classique belge : Guillaume Lekeu.

Erreurs productives (2)

24 samedi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Food for thought

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Auguste Comte, erreur, Nietzsche

Préludes de la science. – Croyez-vous que les sciences auraient pu jamais se développer et grandir, si elles n’avaient eu pour avant-garde les magiciens, les alchimiste, les astrologues et les sorcières dont les promesses et les mirages devaient d’abord susciter la soif, la faim, l’agréable avant-goût des puissances cachées et interdites ? Ne voyez-vous pas qu’il a fallu que fût promis infiniment plus qu’il ne pouvait jamais être accompli, pour que seulement quelque chose pût s’accomplir dans le domaine de la connaissance ? – Et de même que tout ce qui ici nous apparaît à nous autres comme autant de préludes et d’exercices préparatoires de la science, et qui pourtant ne fut jamais ni exercé ni éprouvé comme tels, ainsi peut-être aux yeux d’une époque encore lointaine la totalité de la religion apparaîtra-t-elle en tant qu’exercice et prélude : il se pourrait qu’elle n’eût été autre chose que l’étrange moyen de permettre à quelques hommes particuliers de jouir de la condition divine qui est de se suffire à soi-même comme de la force de se racheter soi-même qui est propre à un dieu. Bien mieux – pourra-t-on se demander, en dehors de cette école et de cette préhistoire religieuses, l’homme aurait-il jamais appris à ressentir la faim et la soif de soi-même, et à trouver en soi-même le rassasiement et l’abondance ? Prométhée ne devait-il, par une sorte de délire, s’imaginer d’abord avoir dérobé la lumière, et devoir expier ce crime – pour enfin découvrir qu’il avait créé la lumière par son désir même de lumière, et que non seulement l’homme, mais aussi le dieu étaient l’œuvre de ses mains, de l’argile façonnée par ses mains ? Le tout rien que des images du créateur d’images ? – comme aussi le délire, le vol, le Caucase, le vautour et toute la tragique Prometheia de tous les chercheurs de la connaissance ?

F. Nietzsche, Le Gai savoir, §. 300
trad. P. Klossowski

*

« […] en considérant sous le point de vue pratique la nature des recherches qui occupent primitivement l’esprit humain […] elles offrent à l’homme l’attrait si énergique d’un empire illimité à exercer sur le monde extérieur, envisagé comme entièrement destiné à notre usage, et comme présentant dans tous ses phénomènes des relations intimes et continues avec notre existence. Or, ces espérances chimériques, ces idées exagérées de l’importance de l’homme dans l’univers, que fait naître la philosophie théologique, et que détruit sans retour la première influence de la philosophie positive, sont, à l’origine, un stimulant indispensable, sans lequel on ne pourrait certainement concevoir que l’esprit humain se fût déterminé primitivement à de pénibles travaux.

Nous sommes aujourd’hui tellement éloignés de ces dispositions premières, du moins quant à la plupart des phénomènes, que nous avons peine à nous représenter exactement la puissance et la nécessité de considérations semblables. La raison humaine est maintenant assez mûre pour que nous entreprenions de laborieuses recherches scientifiques, sans avoir en vue aucun but étranger capable d’agir fortement sur l’imagination, comme celui que se proposaient les astrologues ou les alchimistes. Notre activité intellectuelle est suffisamment excitée par le pur espoir de découvrir les lois des phénomènes, par le simple désir de confirmer ou d’infirmer une théorie. Mais il ne pouvait en être ainsi dans l’enfance de l’esprit humain. Sans les attrayantes chimères de l’astrologie, sans les énergiques déceptions de l’alchimie, par exemple, où aurions-nous puisé la constance et l’ardeur nécessaires pour recueillir les longues suites d’observations et d’expériences qui ont, plus tard, servi de fondement aux premières théories positives de l’une et l’autre classe de phénomènes?

Cette condition de notre développement intellectuel a été vivement sentie depuis long-temps par Képler, pour l’astronomie, et justement appréciée de nos jours par Berthollet, pour la chimie.

On voit donc, par cet ensemble de considérations, que, si la philosophie positive est le véritable état définitif de l’intelligence humaine, celui vers lequel elle a toujours tendu de plus en plus, elle n’en a pas moins dû nécessairement employer d’abord, et pendant une longue suite de siècles, soit comme méthode, soit comme doctrine provisoires, la philosophie théologique; philosophie dont le caractère est d’être spontanée, et, par cela même, la seule possible à l’origine, la seule aussi qui pût offrir à notre esprit naissant un intérêt suffisant. »

Auguste Comte, Cours de philosophie positive, Première leçon

 

Erreurs productives

23 vendredi Mai 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour, Perplexités et ratiocinations

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erreur, Goethe

« Il arrive souvent au cours de la vie, dans la sécurité des circonstances, que nous nous trouvions pris dans une erreur, que nous nous laissions prendre par des personnes, des objets, que nous imaginions comme en rêve une relation avec eux qui disparaît dès qu’on se réveille ; et pourtant il ne nous est pas possible de nous en défaire, une force nous tient qui nous paraît incompréhensible. Mais il arrive aussi que nous prenions pleinement conscience des choses et que nous comprenions qu’une erreur peut, à l’égal d’une chose vraie, nous faire avancer et agir. Comme c’est toujours l’action qui prime, il peut sortir quelque chose d’excellent d’une erreur active, car l’effet de tout acte se poursuit à l’infini. produire est certes toujours ce qu’il y a de mieux, mais même la destruction n’est pas sans conséquence heureuse. »

Goethe, Maximes et réflexions
trad : Pierre Dehusse, Rivage Poche p. 20

*

Ce texte suscite à la fois mon intérêt et ma perplexité.  Je suis preneur de tout éclaircissement.

En quoi consiste cette force qui nous rend incapable de nous défaire de l’erreur ? Il est tentant de projeter sur ce passage la conception freudienne de l’illusion comme croyance fondée sur un désir, mais peut-être faut-il ici résister à la tentation. Comment cette force peut-elle être dissipée pour que  nous « prenions pleinement conscience des choses » ? N’est-ce pas cette force qui permet à l’erreur d’être active ? La condition pour que l’erreur soit productive n’est-ce pas qu’elle ne soit pas encore reconnue comme telle? Si c’est la cas, qu’apporte la pleine conscience des choses ? Le risque n’est-il pas que la reconnaissance de l’erreur comme telle et de sa productivité coïncide avec l’épuisement de cette productivité?

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