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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: juin 2015

Remarques sur L’hypothèse communiste

30 mardi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Alain Badiou, communisme, mauvaises lectures

Je viens de lire L’hypothèse communiste d’Alain Badiou ; j’ai l’intention de coucher par écrit les réflexions que cette lecture m’inspire, mais je ne compte pas pour autant produire un article très construit sur le sujet. Je me contenterai aujourd’hui d’exprimer mon avis général sur l’ouvrage et je consacrerai d’autres articles à des points plus particuliers.

Badiou - communisme

Pour que le point de vue avec lequel j’abordais la lecture de cet ouvrage soit clair je dois préciser préalablement deux choses

1) je n’avais presque rien lu de Badiou jusque là et en particulier je n’ai pas lu ses ouvrages théoriques principaux : L’être et l’événement et Logique des mondes. Je peux dores et déjà ajouter que les références que Badiou fait à ces œuvres dans L’hypothèse communiste ne me donnent pas spécialement de combler mes lacunes en la matière.

2) j’étais plutôt bien disposé envers le projet, annoncé par Badiou au début du livre, de secouer le lieu commun qui prétend que « l’idée communiste est une utopie criminelle qui ayant partout échoué doit laisser place à une culture des droits de l’homme » .

Cela étant précisé, je peux maintenant expliquer pourquoi je trouve ce livre très décevant, même si certains passages sont intéressants. Ce que je lui  reproche essentiellement c’est qu’il ne peut convaincre que des convaincus. L’argumentation, à mes yeux, n’est absolument pas à la hauteur de l’objectif poursuivi.

Un élément qui me paraît symptomatique c’est que Badiou ne se donne pas d’adversaire philosophique solide. Les seuls philosophes qu’il mentionne comme représentants de la thèse qu’il attaque sont les « nouveaux philosophes ». Badiou sait bien qu’il s’en prend là à des cibles faciles aux yeux de ses lecteurs potentiels ; au cas où un lecteur égaré accorderait à BHL où Glucksmann une quelconque autorité, il prend soin d’ajouter que « sous le nom de nouvelle philosophie on retrouve tous les arguments de l’anti-communisme américain des années cinquante » (p.7). Badiou ne nous explique pas pourquoi, alors que le reflux du communisme est un phénomène mondial, il ne s’en prend qu’à une cible intellectuelle franco-française. Il ne se donne pas la peine de rompre des lances avec des adversaires qui ne seraient pas a priori discrédités : il se garde bien d’évoquer Hannah Arendt, Castoriadis etc.

S’il n’y a pas d’adversaire consistant, il n’y a pas non plus, dans L’hypothèse communiste, de discussion précise des arguments en faveur de la thèse adverse. Badiou ne se donne pas la peine, par exemple, de répondre aux arguments des libéraux à propos des problèmes que pose la planification, à vrai dire il ne s’abaisse même pas à mentionner leur existence.

Je profite de cette remarque pour signaler ce qui est à mes yeux une autre faiblesse du livre :  Badiou n’aborde le communisme que sous l’angle politique et fait l’impasse sur la dimension économique. Si vous souhaitez avoir des éclaircissements sur le marché et la planification ou sur la division du travail, mieux vaut passer votre chemin. Ce qui intéresse ici Badiou c’est l’organisation politique, et en particulier la possibilité d’échapper à la forme du Parti-Etat ; du communisme comme mode de production, il ne sera pas question. C’est plutôt étonnant car, inversement,  quand Badiou évoque le régime parlementaire il ne manque pas de le rapporter à sa base économique en parlant d’ordre capitalo-parlementaire. De surcroît il ne s’explique nullement sur cette éviction de la dimension économique du communisme. Peut-être considère-t-il que si la question de l’échec du communisme se pose ce n’est que dans le registre politique. C’est ce que pourrait laisser supposer cette affirmation assez ahurissante à propos du Grand Bond en avant : « si échec il y a, il est de nature politique » (p. 93).

Les deux défauts que je viens de signaler : d’une part l’absence l’absence de réponse précise à des arguments précis, d’autre part l’éviction de la dimension économique,  sont deux aspects de ce qui constitue, à mes yeux, la faiblesse rédhibitoire de l’ouvrage  : l’idée du communisme y reste largement indéterminée. Dans le dernier chapitre intitulé L’idée du communisme nous parle beaucoup de sa conception de l’idée, mais ne nous dit presque rien du contenu de l’idée du communisme. Badiou voudrait accréditer le lieu commun qu’est l’analogie entre adhésion au communisme et foi religieuse, qu’il ne s’y prendrait pas autrement : car sa manière de réaffirmer la valeur de l’idée du communisme en laissant cette idée dans l’indétermination, n’est pas sans ressemblance avec l’attitude des défenseurs de la foi pour lesquels la nécessité de croire l’emporte sur celle d’éclaircir ce qu’on croit.

Duels

30 mardi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

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Délivrance

On commence par un petit rappel :

Et on enchaine sur un petit florilège des innombrables transpositions des dueling banjos de Délivrance.

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Le solitaire et son ombre

29 lundi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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connaissance de soi, ombre, Sadegh Hedayat, solitude

« Je m’efforcerai d’écrire ce dont je me souviens, ce qui demeure présent à mon esprit de l’enchaînement des circonstances. Peut-être parviendrai-je à tirer une conclusion générale. Non, j’arriverai tout au plus à croire, à me croire moi-même, car ; pour moi, que les autres croient ou ne croient pas, c’est sans importance. Je n’ai qu’une crainte, mourir demain, avant de m’être connu moi-même. En effet, la pratique de la vie m’a révélé le gouffre abyssal qui me sépare des autres : j’ai compris que je dois, autant que possible, me taire et garder pour moi ce que je pense. Si, maintenant, je me suis décidé à écrire, c’est uniquement pour me faire connaître de mon ombre – mon ombre qui se penche sur le mur, et qui semble dévorer les lignes que je trace. C’est pour elle que je veux tenter cette expérience, pour voir si nous pouvons mieux nous connaître l’un l’autre.
Préoccupations futiles, soit, mais qui, plus que n’importe quelle réalité, me tourmentent. Ces hommes qui me ressemblent et qui obéissent en apparence aux mêmes besoins, aux mêmes passions, aux mêmes désirs que moi, ont-ils une autre raison d’être que de me rouler ? Sont-ils autre chose qu’une poignée d’ombres, créées seulement pour se moquer de moi, pour me berner. Tout ce que je ressens, tout ce que je vois et tout ce que j’évalue, n’est-ce pas un songe inconciliable avec la réalité ?
Je n’écris que pour mon ombre projetée par la lampe sur le mur ; il faut que je me fasse connaître d’elle. »

Sadegh Hedayat, La chouette aveugle

Bienvenue à nos aimables visiteurs (32)

28 dimanche Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Bienvenue aux visiteurs, Paroles et musiques

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congolaiseries, rumba japonaise, Yoka Choc

Ayant déjà évoqué le cultissime Sakura Sakura, je sortirai cette fois des sentiers battu en partageant un petit bijou d’appropriation culturelle.

Honneur à Yoka Choc, un groupe japonais qui joue de la rumba congolaise et n’hésite pas à chanter en Lingala.

*

Promis, dès que les statistiques de WordPress m’indiquent une connexion depuis la RDC je pars en quête de musiciens congolais jouant du Shamisen ou du Sakuhachi.

Dissonance cognitive

28 dimanche Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Choses vues ou entendues

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dissonance cognitive, Petite Souris

« Il faut que tu mettes un euro sous mon oreiller sinon je ne croirai plus à la petite souris. »

L’inconstance, c’est les autres

27 samedi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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amour, Clément Marot, constance, inconstance

Ne sais combien la haine est dure,
Et n’ai désir de le savoir :
Mais je sais qu’amour qui peut dure,
Fait un grand tourment recevoir.
Amour autre nom dût avoir,
Nommer le faut Fleur ou Verdure,
Qui peu de temps se laisse voir.

Nommez le donc Fleur ou Verdure
Au cœur de mon léger Amant.
Mais en mon cœur qui trop endure,
Nommez le Roc ou Diamant :
Car je vis toujours en aimant,
En aimant celui qui procure
Que mort me voise consommant.

Clément Marot, Chanson XL

SJW ?

26 vendredi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Insatiable quête de savoir

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quête de l'origine, SJW, Will Shetterly

J’ai récemment eu un échange avec Phersu dans les commentaires d’un article de son blog à propos de l’usage du qualificatif SJW (Social Justice Warrior) dont mon lectorat, hyper-connecté et ouvert à toutes les nouvelles tendances venues des Etats-Unis, est sûrement déjà familier. La question était d’abord de savoir qui était visé par ce terme, et si le fait même de l’utiliser était un marqueur d’appartenance politique, de fil en aiguille s’est posé la question de l’origine du terme.

Sur le moment, mes recherches sur le sujet n’avaient pas été très efficaces, mais aujourd’hui j’ai appris que le site Know Your Meme, faisait une assez bonne synthèse sur le sujet. Je suis allé jeter un oeil au blog Social Justice Warriors: Do Not Engage créé en 2009 par l’écrivain de science-fiction Will Shetterly qui, à défaut d’être le créateur du terme (ce qu’il ne semble pas revendiquer), aurait été à l’origine du combat anti-SJW. Shetterly à d’ailleurs écrit un ouvrage How to make a social justice warrior paru en 2004.  D’après ce que j’ai pu lire sur le blog sus-mentionné ainsi que sur l’autre blog de Will Shetterly, l’auteur se déclare socialiste et ce qu’il prétend combattre c’est l’identitarisme. Il se déclare également féministe universaliste (certes, il ne suffit pas se dire féministe pour l’être mais je pense que cela suffit à le distinguer des masculinistes et de tous les abrutis qui s’en prennent au féminisme en général). Au sujet de la controverse du Gamergate, qui a contribué à la popularité du qualificatif SJW, il se déclare neutre.

J’ai interrompu mes lectures pour vous faire part de mes « découvertes », mais d’après ce que j’ai lu, la thèse de l’origine honteuse (conservatrice / masculiniste) du terme SJW me paraît infondée.

Histoires d’éléphants

25 jeudi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Insatiable quête de savoir, Lectures

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Eléphants, Livres des Maccabées, Ptolémée Philopator, Thomas Pynchon

« Waldetar n’était pas originaire d’Alexandrie. Né au Portugal, il vivait maintenant avec sa femme et ses trois enfants au Caire, non loin du dépôt ferroviaire. D’étape en étape, la vie l’avait toujours, inéluctablement, poussé vers l’est. Après avoir échappé, tant bien que mal, à la chaleur de serre de ses frères séphardims, il s’était lancé vers l’autre extrême et s’était pris de passion pour ses lointaines origines. Pays du triomphe, pays de Dieu. Pays de la souffrance aussi. Le spectacle de certaines formes de persécution avait le don de le bouleverser.
Mais Alexandrie, c’était un cas à part. En l’an 354 du calendrier juif, Ptolémée Philopator, s’étant vu refuser l’entrée du Temple de Jérusalem, avait, de retour à Alexandrie, fait jeter en prison par centaines les membres de la communauté juive. Les chrétiens, en fait, ne furent pas les premiers à être exhibés et massacrés en masse pour là distraction de la foule. Ptolémée donc, après avoir donné l’ordre d’enfermer les juifs dans l’hippodrome, s’offrit deux jours de débauche. Le roi, ses invités et un troupeau d’éléphants de combat se saturèrent de vin et d’aphrodisiaques : quand leur soif de sang fut intense à point, les éléphants furent poussés dans l’arène et lâchés contre les juifs. Mais, inexplicablement, ils se retournèrent (d’après la légende) contre les gardes et les spectateurs et en piétinèrent, un grand nombre. Ptolémée fut si frappé par l’événement qu’il fit libérer les condamnés, il leur rendit leurs privilèges et leur donna licence de tuer leurs ennemis.
Waldetar, homme profondément religieux qui avait entendu cette histoire de la bouche de son père, avait tendance à adopter le point de vue du bon sens. Si, en effet, le comportement d’un être humain pris de boisson est imprévisible, encore moins prévisible est celui d’un troupeau d’éléphants saouls.
Pourquoi expliquer cet épisode par l’intervention divine ? Les exemples d’interventions semblables ne manquaient pas dans l’histoire, et toutes inspiraient de la terreur à Waldetar et lui faisaient prendre conscience de sa propre petitesse : Noé averti du déluge, la mer Rouge asséchée, Loth fuyant Sodome anéanti. « Les hommes, songeait Waldetar, peut-être même les séphardims, sont à la merci de la terre et des mers. Qu’un cataclysme soit accident ou volonté, ils ont toujours besoin d’un Dieu pour les protéger du mal. »
La tempête et le tremblement de terre n’ont pas d’intelligence. L’âme ne peut tabler sur la non-âme. Dieu seul le peut.
Mais les éléphants, eux, ont des âmes. Tout ce qui est capable de se saouler, raisonnait-il, doit avoir une âme, en quelque sorte. Peut-être est-ce là la seule signification que l’on puisse attribuer à l’âme. Les incidents entre une âme et une autre ne sont pas du ressort direct de Dieu : ils sont fonction soit du hasard, soit de la vertu. Et c’est le hasard qui a sauvé les juifs de l’hippodrome. »

Thomas Pynchon, V, p. 95 -96

A l’origine je ne voulais partager ce texte que pour la considération philosophique finale que je souhaitais livrer à la méditation de mes lecteurs :

« Tout ce qui est capable de se saouler […] doit avoir une âme, en quelque sorte. Peut-être est-ce là la seule signification que l’on puisse attribuer à l’âme. »

J’étais sur le point de poster l’extrait quand j’ai été agressé assailli par une question : d’où Pynchon tirait-il cette histoire d’éléphants ivres? était ce une pure invention et sinon quelle était sa source ? La réponse ne fut pas difficile  à trouver : l’anecdote est tirée des chapitres 5 et 6 du Troisième livre des Maccabées.

III-Maccabées

Comme on peut s’en douter là où Pynchon parle d’un retournement inexplicable des éléphants contre les gardes de Ptolémée, le texte biblique mentionne explicitement une intervention divine :

 » Le roi s’approcha de l’hippodrome avec les éléphants et toute sa bruyante armée.
Quand les Juifs l’aperçurent, ils poussèrent de grands cris vers le ciel, si bien que les vallées voisines en retentirent, et que les troupes mêmes ne purent se contenir et éclatèrent aussi en lamentations.
Alors le vrai Dieu, tout-puissant et glorieux, fit apparaître sa sainte face. Il ouvrit les portes du ciel, et il en descendit deux anges à la fois splendides et terribles à voir, et visibles pour tout le monde, excepté pour les Juifs.
Ils se placèrent devant la troupe des adversaires, les remplirent d’une peur terrible, et les arrêtèrent, immobiles et comme liés avec des chaînes.
Le roi même fut saisi d’un frisson par tout son corps, et il oublia tout à coup son farouche emportement.
Les bêtes se tournèrent contre les soldats armés qui les suivaient et les firent périr en les foulant aux pieds.
Alors la fureur du roi se changea en lamentations et sanglots au sujet de ce qu’il avait médité auparavant. »

III Maccabées VI, 16 -22

*

La recherche d’illustrations pour cette histoire m’a donné l’occasion de découvrir deux autres histoires d’éléphants.

D’une part il y a une autre histoire d’éléphants dans les Livres des Maccabées : il s’agit de la mort héroïque d’Eléazar Maccabée au cours de la bataille de Beth Zacharia (162 ac. J.-C.).

Mort Eléazar

« Ils [l’armée séleucide] vinrent par l’Idumée et assiégèrent Bethsour qu’ils combattirent longtemps à l’aide de machines. Mais les autres, opérant des sorties, y mettaient le feu et luttaient vaillamment.
Alors Judas partit de la Citadelle et vint camper à Bethzacharia en face du camp royal.
Le roi, debout de grand matin, enleva sa troupe d’un bond sur le chemin de Bethzacharia où les armées prirent leur position de combat et sonnèrent de la trompette.
On exposa à la vue des éléphants du jus de raisin et de mûre pour les disposer à l’attaque.
Les bêtes furent réparties parmi les phalanges. Près de chaque éléphant on rangea mille hommes cuirassés de cottes de mailles et coiffés de casques de bronze, sans compter 500 cavaliers d’élite affectés à chaque bête.
Ceux-ci prévenaient tous les mouvements de la bête et l’accompagnaient partout sans jamais s’en éloigner.
Sur chaque éléphant, comme appareil défensif, une solide tour de bois était assujettie par des sangles, et dans chacune se trouvaient les trois guerriers combattant sur les bêtes, en plus de leur cornac.
Quant au reste de la cavalerie, le roi la répartit sur les deux flancs de l’armée pour harceler l’ennemi et couvrir les phalanges.
Lorsque le soleil frappa de ses rayons les boucliers d’or et d’airain, les montagnes en furent illuminées et brillèrent comme des flambeaux allumés.
Une partie de l’armée royale se déploya sur les hauts de la montagne et une autre en contrebas; ils avançaient en formation solide et ordonnée.
Tous étaient troublés en entendant les clameurs de cette multitude, le bruit de sa marche et le fracas de ses armes, armée immense et forte s’il en fut.
Judas et sa troupe s’avancèrent pour engager le combat, et 600 hommes de l’armée du roi succombèrent.
Eléazar surnommé Auârân aperçut alors une des bêtes caparaçonnée d’un harnais royal et surpassant toutes les autres par la taille. S’imaginant que le roi était dessus, il se sacrifia pour sauver son peuple et acquérir un nom immortel.
Il eut la hardiesse de courir sur la bête au milieu de la phalange, tuant à droite et à gauche, si bien que, devant lui, les ennemis s’écartèrent de part et d’autre.
S’étant glissé sous l’éléphant, il le frappa par en dessous et le tua. La bête s’écroula à terre sur Eléazar qui mourut sur place. »

I Maccabées VI, 31 – 46

On trouve semble-t-il davantage d’illustrations de cette histoire que de la précédente. Je vous en fait profiter.

Mort Eléazar - Bible Doré*

D’autre part le roi d’Egypte Ptolémée IV Philopator est le protagoniste d’une autre histoire avec des éléphants qui précède l’épisode des éléphants dans l’hippodrome. L’entrée de Ptolémée dans Jérusalem fait en effet suite à la bataille de Raphia au cours de laquelle il prit l’avantage sur Antiochus III le monarque séleucide. Cette fois l’histoire nous est contée par Polybe au chapitre XVII du Livre V de ses Histoires.  Une des particularité de la bataille de Raphia c’est qu’il y avait des éléphants des deux côtés, en nombre relativement important (73 dans l’armée de Ptolémée, 103 dans l’armée d’Antiochus) et surtout d’espèces différentes. Je laisse la parole à Saint Wikipedia :

Les éléphants indiens d’Antiochos de son aile droite appuyés par de la cavalerie chargent et mettent en déroute les éléphants africains et la garde royale égyptienne. Les pachydermes originaires d’Afrique du Nord sont en effet plus petits et donc moins puissants que leurs congénères indiens, car il s’agit d’éléphants de forêt, et non de savane. Antiochos mène personnellement cette charge avec pour objectif de tuer Ptolémée. Ptolémée qui se trouve avec sa garde réussit à se réfugier derrière sa phalange pendant qu’Antiochos poursuit la garde égyptienne en déroute. Les éléphants de l’aile droite de Ptolémée refusent de charger, mais sa cavalerie esquive les éléphants de l’aile gauche d’Antiochos et met en déroute la cavalerie séleucide qui lui fait face ainsi que les fantassins arabes et perses d’Antiochos. La cavalerie de Ptolémée poursuit également ses adversaires en retraite.

 

Le salut par la rage

24 mercredi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Judith Butler, mélancolie, rage, Simone Weil

« La survie, qui n’est pas exactement le contraire de la mélancolie, mais ce que la mélancolie met en suspens, exige de rediriger la rage contre l’autre perdu, de souiller le caractère sacré de la mort au profit de la vie, de diriger sa colère contre les morts pour ne pas les rejoindre. »

Judith Butler, La vie psychique du pouvoir, p. 269

*

Je découvre cette citation au cours de la lecture de Critique de l’antinaturalisme de Stéphane  Haber. Je suis tenté de mettre ce texte en contraste avec un texte de Simone Weil que j’avais cité ici. S’il faut accepter de « souiller le caractère sacré de la mort »  pour survire, refuser de souiller quoique ce soit est-ce se vouer au dépérissement ?

Mariage pour tous

23 mardi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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amour, mariage, Pier Paolo Pasolini

[61]

Da bravo eroe io risi delle cose umane
che chiamavo a ragione, del resto,
borghesi : una fedeltà coniugale
era il colmo di quel mio giusto disprezzo.

Adesso che non posso trattenervi dall’andare
dove volete, sento con terore che niente ha benedetto
la nostra unione o ci ha fatto giurare
qualche patto reciproco. In nome dell’affetto

non si può pretendere niente :
e pretendere qualcosa è la sola cosa che resta
a chi è abbandaonato, anche se ciò è meschino.

Son ridotto a invidiare in un modo struggente
i legami la cui realtà si manifesta,
anche se non ha più senso, con uno stupido anellino.

[62]

È ciò che benedice un affetto
che lo rende umano e che lo fa riconoscere :
il nostro non ce lo siamo mai detto
perché non ha un nome. Così l’angoscia

della sua fine, ha senso solo per me stesso.

 *

[61]

En brave héros, j’ai ris des choses humaines
Que j’appelais avec raison, du reste,
Bourgeoises : une fidélité conjugale
Était le comble de mon juste mépris.

Maintenant que je ne puis vous empêcher d’aller
Où vous voulez, je sens avec terreur que rien n’a béni
Notre union ni ne nous a fait jurer
Quelque pacte réciproque. Au nom de l’affection

On ne peut prétendre à rien :
Et prétendre à quelque chose est la seule chose qui reste
Pour qui est abandonné, même si c’est misérable.

J’en suis réduit à envier, de manière déchirante,
Les liens dont la réalité se manifeste,
Même si elle n’a plus de sens, par une stupide petite bague

[62]

C’est ce qui bénit un lien affectif
Qui le rend humain et qui lui concède une reconnaissance :
Le nôtre nous ne nous le sommes jamais dit
Parce qu’il n’a pas de nom. Ainsi l’angoisse

De sa fin n’a de sens que pour moi même.

Pier Paolo Pasolini, Sonnets
trad. René de Ceccatty, Gallimard

*

Quoique ces poèmes se suffisent à eux-mêmes, il n’est pas inintéressant de connaître le contexte dans lequel ils ont été écrits. Dans la postface qu’il rédige pour sa traduction de ce recueil René de Ceccaty nous apprend que ces poèmes ont été rédigés alors que Pasolini tournait les Contes de Canterbury fin 1971. L’arrière plan biographique de l’ensemble du recueil, c’est la rupture de Pasolini avec Ninetto Davoli qu’il avait rencontré en 1962 sur le tournage de La ricotta. De Ceccaty précise  : « Ils seront dès lors, pendant neuf ans, très proches, sans toutefois vivre comme un couple exclusif et fusionnel ».

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