« Franklin savait compter deux par deux et lacer ses chaussures »
Et il avait bien du mérite, lui qui ne portait pas de chaussure à lacets.
29 samedi Fév 2020
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Et il avait bien du mérite, lui qui ne portait pas de chaussure à lacets.
28 vendredi Fév 2020
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Nuit de noces
Si, le jour de vos noces, en rentrant, vous mettez votre femme à tremper la nuit dans un puits, elle est abasourdie. Elle a beau avoir toujours eu une vague inquiétude…
« Tiens, tiens, se dit-elle, c’est donc ça, le mariage. C’est pourquoi on en tenait la pratique si secrète. Je me suis laissé prendre en cette affaire. »
Mais étant vexée, elle ne dit rien. C’est pourquoi vous pourrez l’y plonger longuement et maintes fois, sans causer aucun scandale dans le voisinage.
Si elle n’a pas compris la première fois, elle a peu de chances de comprendre ultérieurement, et vous avez beaucoup de chances de pouvoir continuer sans incident (la bronchite exceptée) si toutefois ça vous intéresse.
Quant à moi, ayant encore plus mal dans le corps des autres que dans le mien, j’ai dû y renoncer rapidement.
Henri Michaux, La nuit remue
27 jeudi Fév 2020
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C’est très improprement, en effet, que le stoïcisme peut être rangé dans les naturalismes. L’exigence de « vivre conformément à la nature » avait sans doute un sens naturaliste chez Théophraste et, surtout, chez le platonicien Polémon. Mais quand Zénon s’empare de cette formule, elle change entièrement de signification. « Il est très artificiel », a-t-on pu dire, « de poser en télos la vie conforme à la nature, puis, d’entendre par télos, lorsqu’il s’agit de l’homme, seulement la vie raisonnable». — Tout le stoïcisme est dans cet « artifice » ou, dirions-nous plus volontiers, dans ce passage. Afin de parvenir à cette volonté tendue que réclame la sagesse, on part de ce mouvement « naturel », élémentaire et facile (si facile que même l’animal en est capable), qu’est la tendance. — La logique, qui devra nous porter aux sommets de la dialectique et nous mettre en possession du critère, dont la juste application définit toute la vie du sage, part de cette connaissance aisée parce qu’elle n’est qu’un « état passif » — qu’est la représentation. Voilà certes un « point de départ » sensualiste, et donc « nettement sophistique ». Mais, ajoute avec raison E. Bréhier, « le point de départ seulement : ce qu’ils acceptent, c’est la méthode ; mais ils prétendent, par cette méthode, aboutir à des résultats tout autres … Ainsi le problème qu’ils ont à résoudre (et c’est ce qui fait le paradoxe de cette théorie) est le suivant : En se plaçant sur le terrain des sophistes, atteindre un critère de la vérité stable, immuable », le « paradoxe », ici, n’est autre que ce mouvement de passage. — Enfin la physique, qui nous enseignera l’ensemble de la vie cosmique et nous fera connaître les dieux, pourtant invisibles, prend son départ dans la réalité la plus immédiate et la plus facile à connaître, les corps ; de ce « matérialisme », on va vers une conception du corps entièrement pénétrée du Logos.
Il est clair qu’aucun de ces trois mouvements ne tend à ramener le supérieur à l’inférieur. Mais il y a conformité, cependant, conuenientia entre l’un et l’autre ; l’aboutissement est comme préfiguré dans le départ et, à l’inverse, la fin doit être « référée » au débuts.
Victor Goldschmidt, Le système stoïcien et l’idée de temps, Vrin, p. 56 – 57
26 mercredi Fév 2020
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24 lundi Fév 2020
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inDie Schwelle
Kaum legtet ihr aus eurer hand die kelle
Und saht zufrieden hin nach eurem baun:
War alles werk euch nur zum andren schwelle
Wofür noch nicht ein stein behaun.
Euch fiel ein anteil zu von blüten saaten ·
Ihr flochtet kränze · tanztet überm moos ..
Und blicktet ihr zu nächsten bergesgraten
Erkort ihr drüben euer los.
Da DU die bunten äpfel überm meere
Und DU der fremden reben wein erhobst:
Verdorrte eurer gärten vollste beere
Und um euch her viel reifes obst.
Und da ihr horchtet auf der goldnen imme
Und eines windes lockendes gekling:
So überhörtet ihr gar oft die stimme
Der süssen die vorüberging.
Stefan George, Der Siebente Ring
*
Le seuil
A peine aviez-vous déposé la truelle
Et d’un œil satisfait contemplé vos travaux
Qu’ils n’étaient plus pour vous qu’un seul d’autres demeures
Dont vous n’aviez pas une pierre.
Vous avez eu vos parts de moisson et de fleurs
Pour tresser des couronnes et danser sur la mousse
Mais tourniez-vous les yeux vers les cimes prochaines
C’était pour y chercher vos jours.
Tandis que tu vantais les pommes d’outre-mer
Leurs tons vifs ; toi les vins de vignobles étranges
Dans vos jardins séchaient des grappes succulentes
Autour de vous tous les fruits mûrs.
Tu guettais la chanson d’une abeille dorée
Qui t’eût charmé, fondue à celle de la brise
Et trop souvent distrait tu n’auras pu saisir
Une douce voix qui passait.
trad. Maurice Boucher
22 samedi Fév 2020
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Ce monde refroidira
étoile parmi les étoiles
et même les plus petites,
une pépite d’or sur fond de velours bleu en somme,
notre univers immense en somme.
Ce monde un beau jour refroidira
même pas comme un bloc de glace
ou un nuage mort,
il roulera comme une coquille de noix vide
dans l’obscurité sans bornes ni limites …
Dès maintenant tu en éprouveras la douleur
tu en ressentiras la tristesse dès maintenant.
C’est ainsi que tu dois aimer le monde
pour pouvoir dire : j’ai vécu.
Nâzim Hikmet
trad. M. Andac G. & Dino
20 jeudi Fév 2020
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« C’est pour et par une liberté et seulement pour et par elle que mes possibles peuvent être limités et figés. Un obstacle matériel ne saurait figer mes possibilités, il est seulement l’occasion pour moi de me projeter vers d’autres possibles, il ne saurait leur conférer un dehors. Ce n’est pas la même chose de rester chez soi parce qu’il pleut ou parce qu’on vous a défendu de sortir. Dans le premier cas je me détermine moi-même à demeurer, par la considération des conséquences de mes actes. ; je dépasse l’obstacle « pluie » vers moi-même et j’en fais un instrument. Dans le second cas, ce sont mes possibilités même de sortir ou de demeurer qui sont présentées comme dépassées et figées et qu’une liberté prévoit et prévient à la fois. Ce n’est pas caprice si, souvent, nous faisons tout naturellement et sans mécontentement ce qui nous irriterait si un autre nous le commandait. C’est que l’ordre et la défense impliquent que nous fassions l’épreuve de la liberté d’autrui à travers notre propre esclavage. »
Jean-Paul SARTRE, L’être et le néant, (1943), Gallimard, coll. « Tel », p. 310
*
« Que celui-là est fort et en santé, qui sait se plier à la volonté de l’autre
Il faut bien se le persuader : généralement, celui-là fait preuve de plus de force, qui soumet sa volonté à celle de son frère, que celui qui se montre opiniâtre à défendre et garder son sentiment. par le support et la patience à l’égard du prochain, le premier mérite de compter parmi les trempes saines et robustes ; le second, au contraire, se range parmi les faibles et, si l’on peut dire, les malades. C’est un homme à qui l’on doit prodiguer caresses et douceurs. Parfois même, il sera bon de prendre quelque relâche dans les choses nécessaires, afin qu’il demeure tranquille et en paix. Que l’on ne croie pas, du reste, ôter, ce faisant, à sa propre perfection. Au contraire, le bien de la longanimité et de la patience fait qu’on a profité beaucoup plus. C’est en effet, le précepte de l’Apôtre : « Vous qui êtes fort, supportez les faiblesses de ceux qui sont infirmes ». Il dit encore : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ ». Jamais le faible ne supportera le faible, ni le malade ne pourra endurer ou guérir le malade. mais celui-là peut apporter le remède au faible, qui n’est pas lui même soumis à la faiblesse. »
Jean Cassien, Première Collation avec Abba Joseph, §. 19
cité par J. Follon et J. McEvoy dans Sagesse de l’amitié II, Cerf, p. 170
19 mercredi Fév 2020
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Tout ce que j’ai écrit sur nous est mensonge
ce n’est pas ce qui a été entre nous mais ce que j’aurais voulu qui soit
C’était mes nostalgies posées sur des branches inaccessibles
C’était ma soif tirée du puits de mes rêves
C’était des images que je traçais sur la clarté
Tout ce que j’ai écrit sur nous est vrai
ta beauté
c’est à dire une corbeille de fruits ou un festin sur une table champêtre
mon manque de toi
c’est-à-dire moi dernier lampion du dernier coin de la ville
ma jalousie
c’est-à-dire ma course les yeux bandés la nuit parmi les trains
mon bonheur
c’est-à-dire le fleuve ensoleillé rompant ses digues
tout ce que j’ai écrit sur nous est mensonge
tout est vrai de ce que j’ai écrit sur nous.
Nâzim Hikmet, 9 septembre 1960
16 dimanche Fév 2020
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« Edward Glover had brought his substantial scientific gravitas to Klein’s endeavors. He had once vigorously defended her, but he found this new model untenable. With Jones on his way to retirement and Glover in line to become president of the British Society, this was a serious problem for Klein. A Viennese analyst recalled that Glover’s break meant Klein was “no longer the Goddess” of London. To make matters worse, Glover’s ally in his upcoming battle against Melanie Klein and her theories of sadistic children was Melanie’s own daughter, Melitta Schmideberg. After completing medical training, Melitta had joined the British Society and gone into analysis with Glover. The British Society’s meetings soon devolved into a bizarre family feud. The outspoken Melitta condemned her mother and her mother’s theory of mothers, while Melanie defended her theory of sadistic children to, among others, her own daughter.
George Makari, Revolution in Mind, HarperCollins, p. 436-437
15 samedi Fév 2020
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« A les entendre on croirait que rien n’est si aisé de dire ce qu’on pense, et il n’est pas même aisé de le savoir au juste. »
Joseph Joubert, Carnets I, 3 septembre 1800