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31 samedi Mar 2018
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29 jeudi Mar 2018
Posted Divers vers
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Je me demande s’il est nécessaire que tout aille
quelque part et dans ce cas si les mots qui ne
sortent pas de la bouche vont quelque part et
où et qu’est-ce qu’ils font et en quoi ça se
transforme.
Les mots qui ne sortent pas de la bouche
s’appellent des résidus vont quelque part — est-ce
qu’ils font des petits tas quelque part des tas
comment je ne sais pas et où je me demande.
Et si ça fait des petits tas quelque part les résidus
et où je me demande est-ce qu’il faut recycler les
résidus pour empêcher les tas.
Caroline Dubois, C’est toi le business, POL
28 mercredi Mar 2018
Posted confession
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27 mardi Mar 2018
Posted Aphorisme du jour
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Joseph Joubert, perfection et imperfection, Rudyard Kipling, vertu
Un siècle avant l’émergence du concept de virtue signalling, Kipling recommandait déjà sagement à son fils :
Don’t look too good, nor talk too wise,
Et un siècle auparavant, Joubert expliquait pourquoi il valait mieux laisser voir ses défauts qu’afficher trop ostensiblement ses qualités :
« On n’aime souvent, on ne loue souvent nos belles qualités que parce que nos défauts en tempèrent l’éclat.
Il serait vrai de dire qu’on nous aime souvent plus pour nos nos défauts que pour nos bonnes qualités.
Un homme qui ne montre aucun défaut est un sot ou un hypocrite dont il faut se méfier.
Il est des défauts tellement liés à de belles qualités qu’ils les annoncent et qu’on fait bien de ne pas s’en corriger. »
Joseph Joubert, Cahiers I, 1776
26 lundi Mar 2018
Posted Divers vers
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Feuilletant Plupart du temps, un recueil de Pierre Reverdy dont j’ai cité naguère des extraits, je me rends compte que c’est souvent le dernier vers ou le dernier distique qui me plaît le plus dans ses poèmes. Faute d’être capable d’écrire un article sur l’art de la chute dans la poésie de Pierre Reverdy, je vous propose un florilège de fins de poèmes.
…
Le fenêtre au dernier étage
Un chemin découvert par où viendra la nuit
Pierre Reverdy, Ruban blanc, in Plupart du temps
…
Que le cœur et l’esprit s’écartent
Pour gagner le repos chacun de son côté
On peut bien mieux
…
Mais les yeux restent clairs au visages qui mentent
Agonie du remords
…
La nuit c’est le nouveau décor
Des drames sans témoin qui se passent dehors
Calme intérieur
…
Et l’heure apprivoisée qui sort de la pendule
La fuite du temps
…
Jusqu’au rocher sanglant où périt la lumière
Dans les abattoirs du couchant
Bel occident
…
J’oublierai tout cela
Je partirai
Mais le chagrin pesant trouvera ma trace quand même
Au bord des champs
…
L’espace sans barrières
L’homme trop près du sol
L’oiseau perdu dans l’air
L’homme et le temps
25 dimanche Mar 2018
Posted Fantaisie
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Les imperfections du système visuel exercent semble-t-il un charme particulier sur les futurs philosophes.
C’est du moins ce que laisse penser le cas, assez connu, de Descartes :
« Lorsque j’étais enfant, j’aimais une fille de mon âge, qui était un peu louche ; au moyen de quoi l’impression qui se faisait par la vue en mon cerveau, quand je regardais ses yeux égarés, se joignait tellement à celle qui se faisait aussi pour émouvoir en moi la passion de l’amour, que longtemps après, en voyant des personnes louches, je me sentais plus enclin à les aimer qu’à en aimer d’autres, pour cela seul qu’elles avaient ce défaut ; et je ne savais pas néanmoins que ce fût pour cela. Au contraire, depuis que j’y ai fait réflexion, et que j’ai reconnu que c’était un défaut, je n’en ai plus été ému. »
Lettre à Chanut du 6 juin1647
… confirmé par l’exemple, moins fameux, de Popper :
» [la compassion] fut la composante essentielle de ma première expérience amoureuse qui eut lieu alors que j’avais quatre ou cinq ans. On m’avait emmené dans un jardin d’enfants, et là, je rencontrai une jolie petite aveugle. Mon coeur fut déchiré à la fois par le charme de son sourire, et par ce que son infirmité avait de tragique. Ce fut le coup de foudre. je ne l’ai jamais oubliée bien que je ne l’aie rencontrée qu’une seule fois, pendant une heure ou deux seulement. »
Karl Popper, La quête inachevée, Calmann-lévy Pocket, p. 7-8
24 samedi Mar 2018
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Restons en terre germanique mais délaissons la variété pour revenir aux compositeurs classiques.
Commençons par le Lerchengesang de Felix Mendelssohn sur des paroles du poète Ludwig Uhland (c texte est aussi connu comme le Lied des Gefangenen, titre sous lequel il a été mis en musique par des compositeurs de moindre envergure).
Wie lieblicher Klang!
O Lerche! dein Sang,
Er hebt sich, er schwingt sich in Wonne.
Du nimmst mich von hier,
Ich singe mit dir,
Wir steigen durch Wolken zur Sonne.
O Lerche! du neigst
Dich nieder, du schweigst,
Du sinkst in die blühenden Auen.
Ich schweige zumal
Und sinke zutal,
Ach! tief in Moder und Grauen.
La traduction en français est disponible ici.
Découvrons ensuite le Lerchengesang de Johannes Brahms. le titre est le même que pour la composition précédente mais le texte n’a rien à voir (les paroles sont d’un certain Carl August Candidus (1817 – 1871) dont je ne sais quoi vous dire car il n’y a pas de notice wikipedia qui lui soit consacré, même en allemand).
Ätherische ferne Stimmen,
Der Lerchen himmlische Grüße,
Wie regt ihr mir so süße
Die Brust, ihr lieblichen Stimmen!
Ich schließe leis mein Auge,
Da ziehn Erinnerungen
In sanften Dämmerungen,
Durchweht vom Frühlingshauche.
22 jeudi Mar 2018
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Mon légitimisme culturel foncier me porte à préférer regarder un film muet japonais qu’un film de super-héros. C’est ainsi que j’ai récemment vu Une femme de Tokyo, un film réalisé par Ozu en 1933. Un détail qui a retenu mon attention, c’est qu’au cours du film deux personnages Ryoichi et Harue vont au cinéma :
Ozu insère des plans du générique ainsi que quelques secondes du film que regardent ses personnages.
Renseignement pris, il s’agit d’une citation d’un film à sketch tourné l’année précédente aux Etats-Unis : If I had a million. Le passage intégré par Ozu appartient à la section tournée par Lubitsch. La question qui m’a immédiatement assailli est la suivante : mais quel est donc le premier cinéaste à avoir intégré des plans d’un autre film (et d’un autre réalisateur) dans un de ses films? C’est avec enthousiasme que j’ai découvert le très riche article Film contenant un film sur Wikipedia (l’article en français n’a pour l’instant qu’un équivalent en allemand qui est beaucoup moins pourvu). Plusieurs catégories sont distinguées selon la nature du film cité (réel ou fictif) et la manière dont il est cité. Malheureusement le film d’Ozu n’est pas mentionné dans la catégorie « Film cité dans une projection cinéma », c’est d’autant plus dommage que le plus ancien film mentionné dans cette catégorie est postérieur à Une femme de Tokyo, il s’agit de Sunset Boulevard (1950) de Billy Wilder. Le plus ancien film cité toute catégorie confondue est Tartuffe de Murnau (1926), mais dans ce cas le film dont le réalisateur montre la diffusion est un faux film de fiction et non un « vrai film ». Il est intéressant de noter que dès 1929 on trouve un film se citant lui même : L’homme à la caméra de Dziga Vertov.
21 mercredi Mar 2018
Posted Divers vers
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…
Rien ne consent à mourir
De ce qui connut le vivre
Et le plus faible soupir
Rêve encore qu’il soupire.
…
Jules Supervielle, Souffle, in Gravitations
20 mardi Mar 2018
Posted Lectures
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Dans le dernier chapitre de Knowledge and the body-mind problem revient sur sa conception du rapport entre l’homme et ses œuvres et explicite ce qu’il reproche à la théorie de la création comme expression de soi.
« According to the theory of self-expression, the quality of the work we do depends upon how good we are. It depends only on our talents, on our psychological, and, perhaps, on our physiological states. I regard this as a false, vicious, and depressing theory. According to the theory of world 3, there is no such simple relationship. There is, on the contrary, a give-and-take interaction between a person and his work. You can do your work, and, thereby, grow through your work so as to do better work — and grow again through that better work, and so on.
There is a constant feedback through which world 3 acts upon us. And the most active part of world 3 in this is our own work, the product which we contribute to world 3. This feedback can be greatly amplified by conscious self-criticism. The incredible thing about life, evolution, and mental growth is just this method of give and take, this interaction between our actions and their results by which we constantly transcend ourselves, our talents, and our gifts.
This self-transcendence is the most striking and important fact of all life and all evolution, and especially of human evolution. […]
The process of learning — of the growth of subjective knowledge — is always fundamentally the same. It is imaginative criticism. This is how we transcend our local and temporal environment by trying to think of circumstances beyond our experience: by trying to find, construct, invent, and anticipate new situations — that is, test situations, critical situations — and by trying to locate, detect, and challenge our prejudices and habitual assumptions.
This is how we lift ourselves by our bootstraps out of the morass of our ignorance — how we throw a rope into the air and then climb up it, should it get any purchase, however precarious, on any little twig. »
Le chapitre et l’ouvrage se clôt sur un prêche rationaliste roboratif.
« The process of self-transcendence through mutual growth and feedback is something that can be achieved in all walks of life and in all fields. It is possible for us to achieve it in our personal relations. It may not depend only on us, and it may lead to disappointments. But disappointments are met with in all phases of life. Our task is never to give way to a feeling that we did not receive what was our due. For as long as we live, we always receive more than is our due. To realize this, we have only to learn that there is nothing that the world owes us.
We all can participate in the heritage of man. We all can help to preserve it. And we all can make our own modest contribution to it. We must not ask for more. »