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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: juillet 2015

Pourquoi sommes-nous si bêtes ?

30 jeudi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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bêtise, Robert Musil

« Si la bêtise ne ressemblait pas à s’y méprendre au progrès, au talent,à l’espoir ou au perfectionnement, personne ne voudrait être bête »

Robert Musil, L’homme sans qualité I chap. 16

« Amants, vous attendez, de quoi vous plaignez-vous ? »

29 mercredi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

≈ 1 Commentaire

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amour, Crébillon fils, distance, fidélité

— Nous avons, lui dis-je, interrompu votre lecture, et nous devons d’autant plus nous le reprocher, qu’il me semble qu’elle vous intéressait.
— C’était, répondit-elle, l’histoire d’un amant malheureux.
— Il n’est pas aimé, sans doute, repris-je.
— Il l’est, répondit-elle.
— Comment peut-il donc être à plaindre, lui dis-je ?
— Pensez-vous donc, me demanda-t-elle, qu’il suffise d’être aimé pour être heureux, et qu’une passion mutuelle ne soit pas le comble du malheur, lorsque tout s’oppose à sa félicité ?
— Je crois, répondis-je, qu’on souffre des tourments affreux, mais que la certitude d’être aimé aide à les soutenir. Que de maux un regard de ce qu’on aime ne fait-il pas oublier ! Quelles douces espérances ne fait-il pas naître dans le cœur ! De combien de plaisirs n’est-il pas la source !
— Mais considérez donc, reprit-elle, quel est l’état de deux amants dont tout contrarie les désirs !
— Ils souffrent sans doute, répondis-je, mais ils s’aiment : ces obstacles qu’on leur oppose, ne font qu’augmenter dans leur cœur un sentiment qui leur est déjà si cher ; et n’est-ce pas travailler pour eux, que de leur donner les moyens d’accroître leur passion ? Se voient-ils un moment ? Que ce moment a de charmes ! Peuvent-ils se parler ? Avec quel plaisir ne se rendent-ils pas compte de leurs plus secrètes pensées ! Sont-ils gênés par des jaloux, ou des surveillants ? Ils savent encore se dire qu’ils s’aiment, se le prouver même, mettre de l’amour dans les actions qui paraissent le plus indifférentes, ou dans les discours qui semblent le moins animés.
— Ce que vous dites peut être vrai, répondit-elle ; mais pour un moment tel que celui dont vous parlez, que de jours d’inquiétude et de douleur ! Souvent encore, la crainte de l’infidélité se joint aux tourments de l’absence. Le moyen qu’on se croie sûre d’un amant qu’on ne voit pas ? Ne peut-il pas se lasser, chercher d’abord des distractions, et finir par un autre attachement qui ne lui laisse pas même le souvenir du premier ?
— Le malheur de perdre ce qu’on aime ne dépend pas toujours d’une passion contraire, et je crois, repris-je, que des amants qui jouissent en liberté du plaisir d’aimer, peuvent plus aisément encore se porter à l’inconstance.

Crébillon fils, Les égarements du cœur et de l’esprit, Gallimard Folio, p. 190 – 192

*

Quelques éléments complémentaires sur le même thème

La source du titre de l’article.

Une défense nipponne de la distance en amour.

Pour une exploration des illustrations et des arrière-plan de cette thèse :

« ces obstacles qu’on leur oppose, ne font qu’augmenter dans leur cœur un sentiment qui leur est déjà si cher ; et n’est-ce pas travailler pour eux, que de leur donner les moyens d’accroître leur passion ? »

on peut recommander la lecture de L’amour et l’occident de Denis de Rougemont.

Et toi, qu’est-ce que tu mendies?

29 mercredi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Food for thought

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mendicité, Paul Valéry

Les mendiants

Il y avait les mendiants ! Les uns mendiaient l’amour. Les autre, l’estime. D’autres, la gloire. Et ils méprisaient ceux qui demandaient du pain ou de l’argent. Certains demandaient une idée, pour l’amour des dieux, ou un vers bien fait – ou un style « original ».

Paul Valéry, L’ile Xiphos

Défraîchi

28 mardi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Pier Paolo Pasolini

[40]

Ecco qua la confusione del mio essere ;
sono incredibilmente infantile, come vedete,
ma del tutto privo di freschezza
………………………

Fra i tanti errori che mi hanno messo
in questa ansietà che non ha neanche più mete,
c’è anche l’orgoglio di avervi avuto presso
di me come un dono divino. Non lo siete
e non volete esserlo nemmeno un poco.

*

La voici donc la confusion de mon être ;
Je suis incroyablement enfantin, comme vous le voyez,
Mais totalement dépourvu de fraîcheur
…………………….

Parmi les innombrables erreurs qui m’ont plongé
Dans cette anxiété qui n’a même plus d’objet,
Se trouve aussi l’orgueil de vous avoir eu auprès
De moi, comme un cadeau des Dieux. Vous ne l’êtes pas

Et vous ne voulez même plus l’être, si peu que ce soit.

Pier Paolo Pasolini, Sonnets
trad. René de Ceccatty, Gallimard

Rien à cacher

27 lundi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Jean-Jacques Rousseau, moralité, transparence

« Le premier pas vers le vice est de mettre du mystère aux actions innocentes ; et quiconque aime à se cacher a tôt ou tard raison de se cacher. Un seul précepte de morale peut tenir lieu de tous les autres, c’est celui-ci : ne fais ni ne dis jamais rien  que tu ne veuilles que tout le monde voie et entende ;  et, pour moi, j’ai toujours regardé comme le plus estimable des hommes ce Romain qui voulait que sa maison fut construite de manière qu’on vît tout ce qui s’y faisait. »

Jean-Jacques Rousseau, La nouvelle Héloïse
Quatrième partie, Lettre VI de Saint Preux à Milord Edouard

La bonne croyance

25 samedi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Hölderlin

Der gute Glaube

Schönes Leben! du liegst krank, und das Herz ist mir
   Müd vom Weinen und schon dämmert die Furcht in mir,
     Doch, doch kann ich nicht glauben,
       Daß du sterbest, solang du liebst.

Hölderlin

*

La bonne croyance

O belle vie! tu gis, malade, et j’ai le cœur
Lassé de pleurs, la crainte en moi étend son crépuscule
Pourtant, pourtant je ne peux croire
Que tu meures, si longtemps que tu aimes.

traduction Armel Guern

Après la trahison

25 samedi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations

≈ 3 Commentaires

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amitié, compassion, La Rochefoucauld, trahison, tromperie

434. Quand nos amis nous ont trompés, on ne doit que de l’indifférence aux marques de leur amitié, mais on doit toujours de la sensibilité à leurs malheurs.

La Rochefoucauld, Maximes

*

Le registre prescriptif de cette maxime la distingue au sein d’un recueil où la tonalité dominante est descriptive. Les explications qui ne sont pas nécessaires lorsqu’il s’agit d’attirer notre attention sur des faits que chacun peut observer,  seraient ici bien utiles pour éclairer la raison d’être des normes énoncées. Il faut se risquer à interpréter.

La maxime contient deux prescriptions qu’on peut mettre en perspective ainsi : la première énonce qu’on ne peut (en droit) pas faire comme s’il n’y avait pas eu trahison, la seconde qu’on ne peut pas faire comme s’il n’y avait pas eu amitié avant la trahison.

La première prescription pourrait paraître inutile : on pourrait, en effet, faire valoir que lorsque notre confiance a été trompée il n’est pas en notre pouvoir de faire de nouveau confiance aux marques d’amitié même quand on voudrait le faire. Le propos de La Rochefoucauld n’est pas tant ici d’énoncer un objectif qu’il faudrait s’efforcer d’atteindre que d’énoncer une limite à nos obligations : on n’a pas à se faire violence pour donner davantage que de l’indifférence aux marques d’amitié. La tromperie a suspendu des obligations préexistantes.  Considérée sous un autre angle, cette première prescription peut paraître sévère si les marques d’amitié dont il est question reflètent un effort pour se faire pardonner et non pour faire comme si rien ne s’était passé. A-t-on le droit d’être indifférent à une volonté de rachat ? Le pardon est-il purement surérogatoire?

Mon interprétation spontanée de la deuxième prescription suppose qu’en conservant une sensibilité aux malheurs de celui qui a trahi on lui doit encore davantage qu’à un simple inconnu ; dans cette interprétation les obligations créées par l’amitié ne seraient pas complètement supprimées par la tromperie. On pourrait soutenir une autre interprétation dans laquelle devoir être sensible aux malheurs de l’autre c’est lui en devoir autant (mais pas moins) qu’à n’importe qui.   Quoiqu’il en soit c’est à la dé-liaison des obligations qu’il s’agit de mettre des limites : il s’agit de ne pas se laisser aller au ressentiment et à la Schadenfreude vengeresse. Reste à savoir, cette fois encore, dans quelle mesure cela dépend de nous.

Balance des saisons

24 vendredi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Paul Eluard, saisons

I

Matin d’hiver matin d’été
Lèvres fermées et roses mûres

Déchirante étendue où la vue nous entraîne
Où la mer est en fuite où la plage est entière

Soir d’été ramassé dans la voix du tonnerre
La plaine brûle et meurt et renaît dans la nuit

Soir d’hiver aspiré par la glace implacable
La forêt nue est inondée de feuilles mortes

Balance des saisons insensible et vivante
Balance des saisons équilibrée par l’âge

Paul Eluard, L’ÂGE DE LA VIE

Irrésistible tentation

23 jeudi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Ito Naga, secret de la correspondance

210. Je sais que si j’étais facteur je ne pourrais m’empêcher de lire les cartes postales.

Ito Naga, Je sais

Astre perdu

21 mardi Juil 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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deuil, Emily Dickinson

Each that we lose takes part of us ;
A crescent still abides,
Which like the moon, some turbid night,
Is summoned by the tides

Emily Dickinson

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