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Analysons la situation politique avec les concepts de ma grand-mère
30 dimanche Avr 2017
Posted Fantaisie
in30 dimanche Avr 2017
Posted Fantaisie
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26 mercredi Avr 2017
Posted Divers vers
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XIII
Désarmée
Elle ne se connaît pas d’ennemis
…
XV
Elle s’allonge
Pour se sentir moins seule
Paul Eluard, A toute épreuve, in La vie immédiate
25 mardi Avr 2017
Posted Lectures
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Si à l’occasion des résultats du premier tour vous vous êtes délectés des lamentations des militants d’un candidat éliminé, vous n’êtes vraisemblablement pas un modèle de magnanimité, mais vous avez peut-être des excuses, auquel cas votre vie ne doit pas être très enviable.
« Considérons le terrible quotidien des membres de la tribu Ik, au Nord-Ouest de l’Ouganda, décrit par l’anthropologue Colin Turnbull dans son livre controversé intitulé Les Iks : survivre par la cruauté, Nord Ouganda. Après la transformation de leurs terrains de chasse en réserves naturelles, les Iks furent forcés, selon Turnbull, à devenir paysans sur une terre sans pluie et sans aucune connaissance préalable de l’agriculture. Ils commencèrent à mourir de faim, ce qui provoqua la décomposition des familles. Les jeunes volaient la nourriture des aînés, les parents laissaient leurs enfants mourir de faim et chacun abandonnait les plus vieux et les malades à leur sort. […] Leur vie serait « sans amour » et manquerait de « tout sens de responsabilité morale envers autrui, de tout sentiment d’appartenance, de tout attachement mutuel ». Turnbull continue en observant que « l’infortune d’autrui était leur plus grande source de joie, et je me demandais si, dans leur esprit, elle réduisait ou accroissait la probabilité de voir cette infortune les frapper eux-mêmes. Mais l’infortune personnelle, en fait, n’était pas une probabilité, c’était une certitude. La cruauté faisait donc partie d’eux-mêmes, de leur humour, de leurs rapports, de leurs pensées. Et pourtant, si grand était leur isolement, en tant qu’individus, que je ne crois pas qu’ils imaginaient que cette cruauté affectait les autres. »
Steven Lukes, Le relativisme moral
trad. Alice El-Wakil, Ed. Markus Haller 2015, p. 131-132
22 samedi Avr 2017
Posted Aphorisme du jour, Divers vers
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La main sait qu’elle brandira un jour le parchemin du jugement dernier.
Coupez toutes les mains si vous refusez d’être jugés.
Edmond Jabès, Le livre des marges
20 jeudi Avr 2017
Posted Lectures
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Revenons une nouvelle fois à l’Europe telle que la conçoit Auguste Comte pour examiner sa conception hiérarchique des relations entre les nations européennes. Aujourd’hui je m’attacherai spécialement à la place de la France dans l’Europe comtienne. Sans surprise, la France se voit reconnaître une place prépondérante puisqu’elle a le privilège d’être le lieu d’émergence du positivisme qui est l’idéologie qui va fédérer l’Europe puis l’humanité. La France a ainsi vocation à jouer le rôle de guide pour les autres nations. Mais cette prépondérance française ne tient pas simplement à un hasard qui aurait fait naître Auguste Comte en France plutôt qu’ailleurs. Qu’il revienne à un Français (lui-même) de systématiser la doctrine positiviste, ce n’est pas, aux yeux de Comte, un hasard mais l’aboutissement naturel du processus historique.
Avant 1848 (date à laquelle Comte écrit son Discours sur l’ensemble du positivisme) , la Révolution Française avait déjà consacré la France dans rôle d’avant-garde de l’universel :
Dans sa signification négative, le principe républicain résume définitivement la première partie de la révolution, en interdisant tout retour d’une royauté qui, depuis la seconde moitié du règne de Louis XIV, ralliait naturellement toutes les tendances rétrogrades. Par son interprétation positive, il commence directement la régénération finale, en proclamant la subordination fondamentale de la politique à la morale, d’après la consécration permanente de toutes les forces quelconques au service de la communauté. […] En ce sens, la population française, digne avant-garde de la grande famille occidentale, vient, au fond, d’ouvrir déjà l’ère normale. Car, elle a proclamé, sans aucune intervention théologique, le vrai principe social, surgi d’abord, au moyen âge, sous l’inspiration catholique, mais ne pouvant prévaloir que d’après une meilleure philosophie et dans un milieu mieux préparé. La république française tend donc à consacrer directement la doctrine fondamentale du positivisme, quant à l’universelle prépondérance du sentiment sur la raison et sur l’activité.
Discours sur l’ensemble du positivisme,
Système de politique positive, Tome I, p. 70 – 71
La Révolution française illustre un autre élément important de la conception de Comte : l’idée que celui qui a accédé le premier à la vérité n’a pas à imposer sa direction aux autres par la force, mais que sa prépondérance sera naturellement reconnue. Comme on l’a vu à une autre occasion, la nécessité du recours à la contrainte est conçue comme ce qui distingue le faux universalisme du vrai et, de surcroît, le recours à la contrainte signifierait ici une confusion de l’initiative spirituelle avec une domination temporelle [1]. Ainsi, pour Comte, l’élan initial de sympathie pour la Révolution dans les autres pays européens dit la vérité de l’universalisme dont est porteur la France ; en revanche, les guerres de la révolution et de l’Empire (Napoléon n’étant pas pour lui « l’esprit du monde sur son cheval » mais plutôt un des super-vilains de l’histoire universelle) ne constituent que des « rétrogradations » temporaires.
« Cependant l’initiative de la grande crise se trouvait nécessairement réservée à la population française, mieux préparée qu’aucune autre branche occidentale, soit quant à l’extinction radicale du régime ancien, soit par l’élaboration élémentaire du nouveau système. Mais les actives sympathies qu’excita dans tout l’Occident le début de notre révolution, indiquèrent que nos frères occidentaux nous accordaient seulement le périlleux honneur de commencer une régénération commune à toute l’élite de l’humanité, comme le proclama, même au milieu de la guerre défensive, notre grande assemblée républicaine. Les aberrations militaires qui ensuite caractérisèrent chez nous la principale phase de la réaction rétrograde durent sans doute suspendre des deux parts le sentiment habituel de cette solidarité nécessaire. Toutefois, il était si enraciné partout, d’après l’ensemble des antécédents modernes, que la paix lui rendit bientôt une nouvelle activité, malgré les efforts continus des divers partis intéressés à perpétuer cette division exceptionnelle. L’uniforme décadence des diverses convictions théologiques facilita beaucoup cette tendance naturelle, en dissipant la principale source des dissentiments antérieurs. Pendant la dernière phase de la rétrogradation, et surtout durant la longue halte qui lui succéda chaque élément occidental s’efforça plus ou moins de suivre une marche révolutionnaire équivalente à celle du centre français. Notre dernière transformation politique ne peut que fortifier encore cette commune disposition, qui pourtant ne saurait aussitôt produire des modifications analogues chez des populations moins préparées. Chacun sent d’ailleurs qu’une telle uniformité d’agitation intérieure tend de plus en plus à consolider la paix qui en favorisa la propagation. Malgré l’absence de liens systématiques équivalents à ceux du moyen âge, le commun ascendant des véritables mœurs modernes, à la fois pacifiques et rationnelles, a déjà réalisé, entre tous les éléments occidentaux, une confraternité spontanée jusqu’alors impossible, et qui ne permet plus d’envisager nulle part la régénération finale comme purement nationale. »
ibid p. 80 -81
Mais par delà la Révolution française, Comte fonde la vocation universelle de la France qui justifie sa prépondérance en Europe sur sa position géographique centrale. Ainsi, bien qu’il arrive à l’universel de faire quelques escapades hors de nos frontières (par exemple en Allemagne lors de la Réforme) il a vocation à séjourner durablement en France.
« Depuis la chute de la domination romaine, la France a toujours constitué le centre nécessaire, non moins social que géographique, de ce noyau de l’Humanité, surtout à partir de Charlemagne. La seule opération capitale que l’Occident ait jamais accomplie de concert s’exécuta évidemment sous l’impulsion française, dans les mémorables expéditions qui caractérisèrent la principale phase du moyen âge. A la vérité, quand la décomposition commune du régime catholique et féodal commença à devenir systématique, le centre de l’ébranlement occidental se trouva déplacé pendant deux siècles. La métaphysique négative surgit d’abord en Allemagne; ensuite sa première application temporelle se réalisa en Hollande et en Angleterre par deux révolutions caractéristiques, qui, quoique incomplètes en vertu d’une insuffisante préparation mentale, servirent de prélude à la grande crise finale. Mais, après ce double préambule nécessaire, qui manifesta la vraie destination sociale des dogmes critiques, leur entière coordination et leur propagation décisive s’accomplirent en France, où revint le principal siège de la commune élaboration politique et morale. La prépondérance ainsi acquise à l’initiative française, et qui maintenant se consolidera de plus en plus, n’est donc, au fond qu’un retour spontané à l’économie normale de l’Occident, longtemps altérée par des besoins exceptionnels. On ne peut prévoir de nouveaux déplacements du centre de mouvement social que dans un avenir trop éloigné pour devoir nous occuper ; ils ne pourront provenir, en effet que d’une large extension de la civilisation principale hors des limites occidentales, comme je l’indiquerai à la lin de ce discours. »
ibid. p. 82 – 83
La fin de cet extrait qui évoque une délocalisation du centre spirituel du positivisme (le Comité positiviste est initialement censé siéger à Paris) est éclairée par un commentaire d’Henri Gouhier :
« A mesure que Comte vieillissait, il s’enfermait de plus en plus dans la logique de son rêve , à la fois l’un des plus irréels et des plus lucides que philosophe ait jamais conçu. L’Humanité, dans laquelle il vit déjà, et qui s’égale dans sa pensée aux limites de la terre, ne saurait avoir indéfiniment pour capitale une ville aussi purement occidentale que la présente capitale de la France. Comte en prévoit donc le futur transfert de paris à Constantinople. »
Henri Gouhier, Les métamorphoses de la cité de Dieu, Vrin p. 258
Cette variation sur le thème de la translatio studiorum (le rapprochement est fait par Gouhier) nous renvoie à un problème sur lequel j’aurai l’occasion de revenir, à savoir que le positivisme qui doit servir de ciment aux nations européennes n’a pas pour vocation à rester cantonné à l’Europe mais à s’étendre à l’Humanité. La question est au fond celle-ci : une entité politique locale peut elle se fonder uniquement sur une idéologie globale ?
[1] On l’aura compris la France de Comte, comme celle de Mélenchon, est un phare qui a vocation à éclairer l’Europe et l’Humanité, mais dans l’Europe de Comte, la France ne s’abaisserait pas à menacer d’un plan B.
17 lundi Avr 2017
Posted Fantaisie, Paroles et musiques
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17 lundi Avr 2017
Posted Fantaisie
in16 dimanche Avr 2017
Posted Fantaisie, Mon métier ma passion
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La lecture répétitive de références aux Temps modernes est aliénante. Lorsque je serai dictateur du monde cette référence sera interdite dans les dissertations de philosophie.
Corriger les copies d’élèves que je n’ai pas en cours lors du bac ou d’examens blancs me conforte régulièrement dans ma décision de ne pas faire de place dans mes cours à ce monument prétendument incontournable qu’est la dialectique du maître et de l’esclave. La qualité des cours des collègues sur le sujet a beau être hors de doute, ce qu’il en reste dans les copies frise presque toujours le ridicule : si les élèves étaient convaincus de ce qu’ils écrivent, ils devraient en effet sur le champ aller se vendre comme esclave pour être plus libres que leurs maîtres. On dira que leurs estomacs ne sont pas encore assez robustes pour digérer ce morceau de choix qu’est la dialectique hégélienne, pour ma part je ne suis pas loin de penser que le ridicule des abrégés de la dialectique du maître et de l’esclave dans les copies est révélateur d’une faiblesse du monument original.
16 dimanche Avr 2017
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– Ce n’est pas très glorieux à avouer mais je crois que j’aimerais bien avoir une occasion d’humilier Clotaire …
– Il a offensé ton amour-propre par le passé ?
– Oui
– Et tu penses vraiment qu’une humiliation infligée dédommage d’une humiliation subie ?
– En fait j’aimerai avoir une occasion de l’humilier pour pouvoir me montrer grand-seigneur en m’abstenant de la saisir.
– Je comprends : l’humilier comme il t’a humilié ce serait au mieux rétablir l’égalité entre vous, alors que t’en abstenir serait en quelque sorte t’élever au dessus de lui.
-C’est un peu ça l’idée, en effet.
– Mais, as-tu vraiment besoin d’une occasion de te venger pour dépasser la logique de la vengeance ?
– Je crois, oui
– Dans ce cas, ce que tu veux, au fond, n’est-ce pas infliger à Clotaire une humiliation de second ordre en lui faisant sentir que tu t’abstiens de lui infliger l’humiliation de premier ordre qu’il serait en ton pouvoir de lui administrer ?
– Ta question c’est : est-ce que le spectacle de ma propre magnanimité est une condition de son exercice ?
– Oui, c’est-ça
– Je devine qu’une réponse positive ne serait pas très flatteuse pour moi …
– Disons que vouloir lui donner le spectacle de ta propre grandeur d’âme c’est moins sortir de la logique de la vengeance que de la poursuivre de manière plus subtile … Une magnanimité de degré supérieure consisterait une forme supérieure de magnanimité consisterait à t’abstenir de l’humilier et de lui faire sentir que tu t’en abstiens.
14 vendredi Avr 2017
Posted Paroles et musiques
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