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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: art

Génie ou dilettantisme ?

13 mercredi Juil 2022

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amateurisme, art, Friedrich von Schiller, génie

Friedrich von Schiller — Wikipédia

« Le beau fait son effet déjà dans la simple contemplation, le vrai exige l’étude. Celui donc qui n’a exercé que son sens pour la beauté se con-tente aussi, là où l’étude est absolument nécessaire, de la contemplation superficielle et ne veut aussi que jouer intelligemment là où l’effort et la rigueur sont exigés. Or on a jamais rien acquis par la seule contemplation. Même l’artiste et le poète, bien que tous deux ne travail-lent que pour le plaisir dans la contemplation, ne peuvent parvenir que par une étude laborieuse et rien moins qu’attrayante à ce que leurs œuvres nous divertissent dans leur jeu.

Ceci me paraît être aussi la pierre de touche infaillible permettant de distinguer le simple dilettante de l’authentique génie artistique ; l’attrait tentateur du grand et du beau, le feu avec lequel il enflamme l’imagination adolescente et l’apparence de liberté avec laquelle il trompe les sens en ont déjà persuadés certains, manquant d’expérience, de se saisir de la palette ou de la lyre et d’épancher dans les figures ou les sons ce qui en eux fut vivant. De sombres idées travaillent dans leurs têtes, telles un monde en devenir, et leur font croire qu’ils sont inspirés. Ils prennent le sombre pour le profond, le sauvage pour le puissant, l’indéterminé pour l’infini, l’insensé pour le suprasensible — et comme ils se délectent de leur naissance ! Mais le verdict du connaisseur refuse de confirmer ce témoignage d’un brûlant amour-propre. Par une critique sans complaisance, il détruit la fantasmagorie de la force créatrice exaltée et éclaire pour eux le puits profond de la science et de l’expérience, où, dissimulée pour tout non-initié, jaillit la source de toute vraie beauté. Maintenant, s’il sommeille dans le jeune homme une authentique force du génie, sa modestie en sera certes au début déconcertée, mais le courage du vrai talent l’encouragera bientôt à tenter sa chance. Il étudie, si la nature l’a pourvu d’un don d’artiste plastique, la conformation humaine sous le bistouri de l’anatomiste et descend dans la profondeur la plus inférieure afin d’être vrai à la superficie et interroge toute l’espèce afin de faire droit à l’individu. Il écoute, s’il est né pour être poète, l’humanité dans sa propre poitrine afin de comprendre son jeu variant à l’infini sur la vaste scène du monde, assujettit l’imagination exubérante à la discipline du goût et intime au sobre entendement de mesurer les rives entre lesquelles mugira le fleuve de l’enthousiasme. Il sait parfaitement que c’est uniquement à partir du petit, allant jusqu’à l’insignifiance, que se forme le grand et il assemble grain de sable après grain de sable le merveilleux édifice qui nous saisit maintenant de vertige en une seule impression. Si en revanche la nature l’a seulement marqué au sceau du dilettante, la difficulté refroidit son zèle sans force et soit il quitte, s’il est modeste, une voie qui s’avéra être pour lui une illusion soit, s’il ne l’est pas, il réduit le grand idéal au faible rayon de sa capacité parce qu’il n’est pas en mesure d’étendre sa capacité à la grande échelle de l’idéal. L’authentique génie artistique se reconnaît donc toujours à ceci que, en dépit du plus brûlant sentiment pour l’ensemble, il conserve une froideur et une patience tenace pour le détail et, afin de ne pas nuire à la perfection, préfère sacrifier la jouissance à l’achèvement. Chez le simple amateur, le labeur du moyen gâte la fin et il aimerait bien que la production lui soit aussi confortable que la contemplation. »

Friedrich Schiller, Sur les limites nécessaires dans l’usage des belles formes

Mann vs Marx

12 mardi Juil 2022

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amateur, art, communisme, génie, Karl Marx, Thomas Mann

Le communisme est-il un dilettantisme ?

« La concentration exclusive du talent artistique chez quelques individualités, et corrélativement son étouffement dans la grande masse des gens, est une conséquence de la division du travail. A supposer même que dans certaines conditions sociales chaque individu soit un excellent peintre, cela n’exclurait en aucune façon que chacun fût un peintre original, si bien que, là aussi, la distinction entre travail « humain » et travail «unique » aboutisse à un pur non-sens. Dans une organisation communiste de la société, ce qui sera supprimé en tout état de cause, ce sont les barrières locales et nationales, produits de la division du travail, dans lesquelles l’artiste est enfermé, tandis que l’individu ne sera plus enfermé dans les limites d’un art déterminé, limites qui font qu’il y a des peintres, des sculpteurs, etc. qui ne sont que cela, et le nom à lui seul exprime suffisamment la limitation des possibilités d’activité de cet individu et sa dépendance par rapport à la division du travail. Dans une société communiste, il n’y aura plus de peintres, mais tout au plus des gens qui, entre autres choses, feront de la peinture. »

Karl Marx, Friedrich Engels, L’idéologie allemande

*

« Car, finalement, quel spectacle plus lamentable peut-il y avoir que celui de la vie s’essayant à l’art ? Nous autres artistes ne méprisons personne plus complètement que le dilettante, l’homme vivant qui s’imagine pouvoir être par-dessus le marché, à l’occasion, un artiste. Je vous l’assure, cette espèce de mépris-là appartient à mon expérience personnelle. Je me trouve dans une réunion de gens bien élevés; on mange, on boit, on bavarde, on s’entend le mieux du monde, et je me sens content et reconnaissant de pouvoir un moment me perdre parmi des gens candides et normaux comme si j’étais leur semblable. Tout à coup (ceci m’est arrivé), se lève un officier, un lieutenant, un joli et vigoureux garçon que je n’aurais jamais cru capable d’une manière d’agir indigne de son habit de soirée, et il demande sans circonlocutions la permission de lire quelques vers qu’il a composés. On lui accorde cette permission avec des rires embarrassés, et il met son projet à exécution, en lisant son œuvre écrite sur un morceau de papier qu’il avait tenu jusque-là caché dans un pan de son habit, quelque chose sur la musique et l’amour, d’aussi profondément senti qu’insignifiant. Voyons, je vous demande un peu; un lieutenant ! un homme du monde ! il n’avait vraiment pas besoin !… Bon, il s’ensuit ce qui devait s’ensuivre : des figures longues, un silence, quelques marques de fausse approbation, et un profond malaise dans toute l’assistance. Le premier phénomène moral dont je prends conscience est que je sens une part de culpabilité dans le trouble que ce jeune homme a apporté au milieu de cette réunion; il n’y a pas de doutes, des regards moqueurs et refroidis se dirigent aussi vers moi, dans le métier duquel ce malheureux est venu bousiller. Mais le second phénomène consiste en ceci : c’est que cet homme pour la personne et la manière d’être duquel j’avais, un instant plus tôt, le plus sincère respect, commence soudain à baisser, baisser, baisser dans mon estime… Une pitié bienveillante s’empare de moi. Je m’avance vers lui avec quelques autres messieurs courageux et charitables, et je lui adresse la parole : « Mes félicitations, lieutenant, lui « dis-je. Quel joli don ! C’est tout à fait charmant ! » Et il s’en faut de peu que je ne lui tape sur l’épaule. Mais la bienveillance est-elle le sentiment que doit vous inspirer un lieutenant ?… C’est sa faute ! Il se tient là, expiant dans une grande confusion l’erreur qu’il a commise en croyant que l’on peut cueillir une petite feuille, une seule, du laurier de l’art, sans la payer de sa vie. »

Thomas Mann, Tonio Kröger, livre de poche p. 63 – 64

Pour une politique artistique de l’offre

10 dimanche Juil 2022

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art, Friedrich von Schiller, offre et demande

Friedrich Schiller - Wikipedia

« Il n’est pas vrai, comme on l’entend habituellement, que le public rabaisse l’art ; les artistes rabaissent le public, et, à toutes les époques où l’art est tombé en décadence, il est tombé par le fait des artistes. Le public n’a besoin que de réceptivité, et il la possède. Il s’approche du rideau avec une exigence indéterminée et une faculté très étendue. Il apporte avec lui une capacité d’atteindre le plus haut, le compréhensible et le juste le réjouissent, et s’il a commencé par trouver son agrément dans le mauvais, il le laissera certainement choir pour exiger l’excellent dès l’instant qu’on le lui aura accordé. »

Friedrich Schiller, Sur l’usage du chœur dans la tragédie

Mike, ce peintre

10 dimanche Avr 2022

Posted by patertaciturnus in Choses vues ou entendues

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art

Moi — Tu aimes cette musique [Tubular bells] ?

Ma fille — Non, on dirait que cette musique a été faite par un peintre.

*

La glorieuse tradition du parallèle des arts, doit être complétée par l’étude de leur sécance. Traquons sans relâche, non seulement les peintres égarés dans le domaine de la musique, mais aussi leurs inverses : les peintres qui composent comme des musiciens, ou encore les architectes qui aménagent les espaces comme des dramaturges.

Si tu n’as rien à dire, écris !

07 lundi Fév 2022

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art, Witold Gombrowicz

« Qui donc a décidé que l’on ne doit écrire que lorsqu’on a quelque chose à dire ? Allons donc, le principe même de l’art est précisément de ne pas écrire ce qu’on à dire, mais des choses entièrement imprévues. »

Witold Gombrowicz, Journal, Tome I, Folio p. 390

Au delà des règles par les règles

10 lundi Jan 2022

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art, Cesare Pavese, règles de l'art

Cesare Pavese: vita, opere e pensiero

« Il faudrait approfondir l’affirmation que le secret de maint grand art réside dans les obstacles que, sous forme de règles, le goût contemporain impose. Les règles de l’art, en proposant un idéal défini à atteindre, donnent à l’artiste un but qui empêche le travail à vide de l’esprit. Mais il faut ajouter que jamais la valeur des œuvres ne réside pour nous dans l’observation des règles, mais — vu l’hétérogénéité des fins — dans des structures qui se sont développées sous la main de l’artiste pendant sa recherche de ce que la règle — le goût — réclame. L’esprit surchauffé par un jeu rationnel, tel que la tentative d’atteindre certains résultats réputés de valeur, dépasse la valeur abstraite de convention de ces « goûts » et crée extatiquement de nouvelles architectures. Sans le savoir, et c’est logique, si l’on pense que le secret d’une structure artistique échappe à son créateur jusqu’au moment où, l’élucidant pour lui-même, il lui enlève son intérêt. C’est ainsi que je résous le besoin d’« intelligence » en art : il y a application consciente de celle-ci, mais seulement à ces buts contemporains qui, valant pour l’artiste et pour l’époque, sont fondus ensuite dans l’éruption de poésie née du surchauffement de l’esprit. L’artiste travaille avec son cerveau à des buts qui perdront leur valeur pour la postérité ; mais ce faisant, son « cerveau » crée pré-critiquement de nouvelles réalités intellectuelles. »

Cesare Pavese, Le métier de vivre, 7 décembre 1935
trad. Michel Arnaud

Lutte des classes artistiques

03 lundi Jan 2022

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art, valeurs aristocratiques, Witold Gombrowicz

« Peintres et graveurs qui tous ploient sous le poids écrasant de difficultés techniques et se concentrent pour atteindre — dessin et couleur — à la perfection, ne souhaitent guère en général sortir de leur atelier et ne comprennent pas le prix d’une idée neuve qui souvent peut vous permettre de trancher de véritables nœuds gordiens. Aussi, lorsque je leur demande d’être des hommes qui peignent, eux préfèrent se borner à être peintres. J’ai confiance pourtant, et je crois qu’il y a en nous de la place, en matière d’art, pour une pensée personnelle, une pensée créatrice. Nous avons en effet tour à tour éprouvé sur nous-mêmes deux conceptions de l’art ; l’une, aristocratique, oblige le consommateur à admirer des choses qu’il est incapable de sentir ou de comprendre l’autre, prolétarienne, force le créateur à fabriquer des objets qu’il méprise et qui lui sont inférieurs, tout juste bons pour le petit peuple des humbles. Et c’est notre corps qui sert de champ de bataille aux deux écoles, lesquelles s’entre-déchirent avec une telle rage qu’en fin de compte elles ne laissent plus en nous qu’un grand vide : arriverons-nous un jour à nous en sortir ? — oui, sortir suffisamment purs de ce sauna, capables d’agir et de créer en suivant notre style particulier? »

Witold Gombrowicz, Journal, 1953 III

Philosophie de l’amateurisme

03 mardi Août 2021

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amateur, art, Goethe

« C’est en amateur qu’elle s’occupe de l’embellissement de tes domaines ; l’important est donc pour elle, comme pour tous les amateurs, de faire quelque chose sans s’inquiéter de ce que pourra valoir la chose faite. Est-ce que tu ne connais pas les prétendus amis de la vie champêtre ? ils tâtent la nature, ils ont des prédilections pour telle ou telle petite place, ils manquent de hardiesse pour faire disparaître un obstacle, et de courage pour sacrifier un petit agrément à une grande beauté. Ne pouvant se faire d’avance une juste idée du résultat de leurs entreprises, ils font des essais : les uns manquent, les autres réussissent ; alors ils changent ce qu’il faudrait conserver, conservent ce qu’il faudrait changer, et n’arrivent jamais qu’à un rhabillage qui plaît et attire, mais qui ne satisfait point. »

Goethe, Les affinités électives, Iere partie, chap. 3

Aliénation artistique

28 mercredi Juil 2021

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aliénation, art, Goethe

« Lorsque nous examinons de près la destinée de l’artiste, et même celle de l’artisan, nous reconnaissons qu’il n’est pas permis à l’homme de s’approprier un objet quelconque, pas même celui qui semble lui appartenir de droit, puisqu’il émane de lui. Ses œuvres l’abandonnent comme l’oiseau abandonne le nid où il est éclos.

Sous ce rapport la destinée de l’Architecte est la plus cruelle de toutes. Il consacre une partie de son existence et toutes les ressources de son génie à construire et à décorer un édifice ; mais dès qu’il est achevé, il en est banni. C’est à lui que les rois doivent la magnificence et la pompe imposante des salles de leurs palais ; et, cependant, ils ne lui permettent pas de jouir de l’effet merveilleux de son œuvre. Dans les temples, une limite infranchissable l’exile du sanctuaire dont la beauté imposante est son ouvrage, et il lui est défendu de monter les marches qu’il a posées, de même que l’orfèvre ne peut adorer que de loin l’ostensoir qu’il a fabriqué de ses mains. En remettant aux riches la clef d’un palais terminé, il leur donne à jamais la jouissance exclusive de tout ce qu’il a pu inventer pour rendre la vie de tous les jours commode, agréable et brillante. L’art ne doit-il pas s’éloigner de l’artiste, puisque ses œuvres ne réagissent plus sur lui, et se détachent de lui comme la fille richement dotée se détache du père à qui elle doit cette dot ? Ces réflexions nous expliquent pourquoi l’art avait plus de puissance, lorsqu’il était presque entièrement consacré au public, c’est-à-dire, aux choses qui continuent à appartenir à l’artiste, parce qu’elles appartiennent à tout le monde. »

Goethe, Les affinités électives, IIe partie, chap. 3

L’excellence ou rien (3)

30 dimanche Mai 2021

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art, excellence, Witold Gombrowicz

On pourrait qualifier d’absolutiste la conception de la poésie – et plus généralement de l’art – qui est exprimée dans ce passage des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister que j’ai cité dimanche dernier :

« Parce qu’un poème doit être parfait ou ne pas être ; parce que tout homme qui n’a pas les dons nécessaires pour exceller dans les arts devrait s’en abstenir et se mettre sérieusement en garde contre la tentation. »

La critique de cette conception absolutiste la plus percutante que je connaisse est formulée par Witold Gombrowicz dans son roman Ferdydurke.

Que souhaite avant tout celui qui, à notre époque, a ressenti l’appel de la plume, ou du pinceau, ou de la clarinette ? Il souhaite avant tout être un artiste. Créer de l’Art. Il rêve de se nourrir du Vrai, du Beau et du Bien, d’en nourrir ses concitoyens, de devenir un prêtre ou un prophète offrant les trésors de son talent à l’humanité assoiffée. Peut-être veut-il aussi mettre son talent au service d’une idée ou de la Nation. Nobles buts ! Magnifiques intentions ! N’était-ce pas le rôle des Shakespeare, des Chopin ? Considérez cependant qu’il y a un petit ennui : vous n’êtes pas encore des Chopin ni des Shakespeare, et vous n’êtes pas encore pleinement artistes ni grands prêtres de l’art, et dans la phase actuelle de votre évolution vous n’êtes encore que des Demi-Shakespeare ou des Quarts de Chopin (oh, ces affreuses parties !), et par conséquent votre attitude prétentieuse révèle seulement votre triste infériorité, et l’on dirait que vous voulez monter de force sur le socle du monument en risquant d’abîmer vos plus précieuses et vos plus délicates parties du corps.

Croyez-moi : il existe une grande différence entre l’artiste qui s’est réalisé et la masse des demi-artistes et quarts de prophètes qui rêvent seulement à leur réalisation. Et ce qui convient à un artiste pleinement accompli donne, chez vous, une tout autre impression. Au lieu de créer des conceptions à votre propre mesure et selon votre propre vérité, vous vous parez des plumes du paon et voilà pourquoi vous restez des apprentis, toujours maladroits, toujours derrière, esclaves et imitateurs, serviteurs et admirateurs de l’Art qui vous laisse dans l’antichambre.[…]

Mais alors, demanderez-vous, quelle conception devons-nous adopter pour pouvoir nous exprimer de façon plus souveraine et mieux adaptée à notre vérité personnelle?

— Messieurs, il ne vous est pas possible de vous transformer soudain, d’un jour à l’autre, en maîtres accomplis, mais vous pourriez préserver dans une certaine mesure votre dignité en vous éloignant de cet Art qui vous cuculise et vous cause tant de soucis. Pour commencer, rejetez une fois pour toutes le mot « art » et le mot « artiste ». Cessez de vous plonger dans ces vocables et de les ressasser avec monotonie. Ne peut-on pas penser que chacun est plus ou moins artiste ? Que l’humanité crée de l’art non seulement sur le papier ou sur la toile, mais à chaque moment de la vie quotidienne ? Quand une jeune fille se met une fleur dans les cheveux, quand une plaisanterie surgit au cours d’une conversation, quand nous nous perdons dans le clair-obscur d’un crépuscule, tout cela n’est-il pas de l’art ? Pourquoi donc cette division étrange et sotte entre les artistes et le reste des humains ? Ne serait-ce pas plus sain si, au lieu de vous qualifier fièrement d’artistes, vous disiez simplement : « Moi, je m’occupe peut-être d’art un peu plus que les autres » ?

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