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31 mercredi Oct 2018
Posted Paroles et musiques
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30 mardi Oct 2018
Posted Divers vers
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[…]
Ah, pouvoir m’exprimer totalement comme s’exprime un moteur !
Être aussi complet qu’une machine !
Pouvoir triompher dans la vie comme une automobile dernier modèle !
Pouvoir au moins me pénétrer physiquement de tout cela,
Me déchirer entièrement, m’ouvrir complètement, devenir perméable
A tous les parfums d’huiles, de chaleurs, de charbons
De cette flore splendide, noire, artificielle et insatiable !
Fraternité avec toutes les dynamiques !
Furie promiscuitaire d’être partie-agent
Du roulement ferroyeur et cosmopolite
Des trains inflexibles
Du labeur transport-de-cargaison des navires
De la rotation lubrique et lente des grues
Du tumulte discipliné des usines
Et du quasi-silence susurrant et monotone des courroies de transmission !
[…]
Je pourrais mourir broyé dans un moteur
Avec le délicieux sentiment d’une femme possédée qui s’abandonne.
Jetez-moi dans les hauts fourneaux !
Mettez-moi sous les trains !
Rouez-moi de coups à bord des navires !
Masochisme par le biais de mécanismes !
Sadisme de je ne sais quoi de moderne, et moi et le vacarme !
Fernando Pessoa, Ode triomphale, in Oeuvres poétiques d’Alvaro de Campos
trad. Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa
27 samedi Oct 2018
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25 jeudi Oct 2018
Posted devinette
in23 mardi Oct 2018
Posted Divers vers
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[…]
Como se chora um amante,
Assim me choro a mim mesmo:
Eu fui amante inconstante
Que se traiu a si mesmo.
Não sinto o espaço que encerro
Nem as linhas que projecto:
Se me olho a um espelho, erro —
Não me acho no que projecto.
Regresso dentro de mim
Mas nada me fala, nada!
Tenho a alma amortalhada,
Sequinha, dentro de mim.
[…]
Mário de Sá-Carneiro, DISPERSÃO
*
Comme on pleure un amant,
Je me pleure moi-même :
J’ ai été amant inconstant
Qui s’ est trahi lui-même.
Je ne sens pas 1′ espace que j’ enserre
Ni les traits que je projette :
Si je me vois dans un miroir, j’erre —
Et ne me retrouve pas dans ce que je projette.
Je reviens en moi-même,
Mais, rien ne me parle, rien !
J’ ai l’âme ensevelie,
Racornie en moi-même.
trad. Michel Chandeigne, Dominique Touati
Minos La différence 2007
20 samedi Oct 2018
Posted Paroles et musiques
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19 vendredi Oct 2018
Posted Lectures
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« Le système éducatif ne s’est pas contenté de murer les désirs d’enfance dans la carapace caractérielle où les muscles tétanisés, le cœur endurci et l’esprit imprégné par l’angoisse ne favorisent pas vraiment l’exubérance et l’épanouissement. Il ne s’est même pas borné à colloquer l’écolier dans des bâtiments sans joie, destinés à lui rappeler, au cas où il l’oublierait, qu’il n’est pas là pour s’amuser. Il suspend, en outre, au-dessus de sa tête le glaive, à la fois ridicule et menaçant, d’un verdict.
Chaque jour, l’élève pénètre, qu’il le veuille ou non, dans un prétoire où il comparaît devant ses juges sous l’accusation présumée d’ignorance. À lui de prouver son innocence en régurgitant à la demande les théories, règles, dates, définitions qui contribueront à sa relaxation en fin d’année.
L’expression « mettre en examen », c’est-à-dire procéder, en matière criminelle, à l’interrogatoire d’un suspect et à l’exposition des charges, évoque bien la connotation judiciaire que revêt l’épreuve écrite et orale infligée aux étudiants.
Nul ne songe ici à nier l’utilité de contrôler l’assimilation des connaissances, le degré de compréhension, l’habileté expérimentale. Mais faut-il pour autant travestir en juge et en coupable un maître et un élève qui ne demandent qu’à instruire et à être instruit ? De quel esprit despotique et désuet les pédagogues s’autorisent-ils pour s’ériger en tribunal et trancher dans le vif avec le couperet du mérite et du démérite, de l’honneur et du déshonneur, du salut et de la damnation ? À quelles névroses et obsessions personnelles obéissent-ils pour oser jalonner de la peur et de la menace d’un jugement suspensif le cheminement d’enfants et d’adolescents qui ont seulement besoin d’attentions, de patience, d’encouragements et de cette affection qui a le secret d’obtenir beaucoup en exigeant peu ?
N’est-ce pas que le système éducatif persiste à se fonder sur un principe ignoble, issu d’une société qui ne conçoit le plaisir qu’au crible d’une relation sadomasochiste entre maître et esclave : « Qui aime bien châtie bien » ?
C’est un effet de la volonté de puissance, non de la volonté de vivre, que de prétendre par un jugement déterminer le sort d’autrui.
Juger empêche de comprendre pour corriger. Le comportement de ces juges, eux-mêmes apeurés par la crainte d’être jugés, détourne des qualités indispensables l’élève engagé dans sa longue marche vers l’autonomie : l’obstination, le sens de l’effort, la sensibilité en éveil, l’intelligence déliée, la mémoire constamment exercée, la perception du vivant sous toutes ses formes et la prise de conscience des progrès, des retards, des régressions, des erreurs et de leur correction.
Aider un enfant, un adolescent à assurer sa plus grande autonomie possible implique sans nul doute une lucidité constante sur le degré de développement des capacités et sur l’orientation qui les favorisera. Mais qu’y a-t-il de commun entre le contrôle auquel l’élève se soumettrait, une fois prêt à franchir une étape de la connaissance, et la mise en examen devant un tribunal professoral ? Laissez donc la culpabilité aux esprits religieux qui ne songent qu’à se tourmenter en tourmentant les autres.
Les religions ont besoin de la misère pour se perpétuer, elle l’entretiennent afin de prêter plus d’éclat à leurs actes de charité. Et bien, le système éducatif agit-il autrement lorsqu’il suppose chez l’élève une faiblesse constitutive, toujours exposée au péché de paresse et d’ignorance, dont seul peut l’absoudre la mission pour ainsi dire sacrée du professeur ? Il est temps d’en finir avec ces billevesées du passé !
Chacun possède sa propre créativité. Qu’il ne tolère plus qu’on l’étouffe en traitant comme un délit passible de châtiment le risque de se tromper. Il n’y a pas de fautes, il n’y a que des erreurs, et les erreurs se corrigent. »
Raoul Vaneigem, Avertissement aux écoliers et lycéens, chap. 2
14 dimanche Oct 2018
Posted Lectures
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« DOUZIÈME PRINCIPE. Quelque penchant qu’on ait à retenir sa plume, on doit toujours se méfier de soi-même ; et pour s’empêcher d’écrire une chose, il suffit qu’on ait trop de passion pour l’écrire.
Je l’ai déjà dit : l’homme doit se posséder pour écrire d’une manière raisonnable ; mais ce n’est pas dans le temps où la passion parle que l’homme se possède. Trop d’envie d’écrire une chose n’est pas toujours une passion répréhensible ; mais ce doit toujours être un temps suspect à un écrivain sage et discret. Cet empressement est du moins un commencement de passion ; quelques réflexions sur ce qu’on veut écrire, et sur la manière dont on le veut, ne gâtent rien. C’est un remède aisé ; il ne faut qu’un retour d’esprit, qu’une pensée, pour calmer et rectifier un premier mouvement. »
Abbé Dinouart, L’art de se taire
Payot 2011, p. 122
14 dimanche Oct 2018
Posted Lectures
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12 vendredi Oct 2018
Posted Paroles et musiques
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