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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: septembre 2020

Impermanence et nihilisme

29 mardi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Hâfez de Chiraz, impermanence

A quoi riment louange et blâme pour la trace que laissent le bien et le mal ?

Ce qui s’écrit sur la page de l’existence ne restera !

Hâfez de Chiraz, Divân, Ghazal 176, 4
trad.C-H de Fouchécour

 

L’art de la coquette

26 samedi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Jean-Jacques Rousseau

« Le manège de la coquetterie exige un discernement encore plus fin que celui de la politesse : car, pourvu qu’une femme polie le soit envers tout le monde, elle a toujours assez bien fait ; mais la coquette perdrait bientôt son empire par cette uniformité maladroite ; à force de vouloir obliger tous ses amants, elle les rebuterait tous. Dans la société, les manières qu’on prend avec tous les hommes ne laissent pas de plaire à chacun ; pour­vu qu’on soit bien traité, l’on n’y regarde pas de si près sur les préférences ; mais en amour, une faveur qui n’est pas exclusive est une injure. Un homme sensible aimerait cent fois mieux être seul maltraité que caressé avec tous les autres, et ce qui lui peut arriver de pis est de n’être point distingué. Il faut donc qu’une femme qui veut conserver plusieurs amants persuade à chacun d’eux qu’elle le préfère, et qu’elle le lui persuade sous les yeux de tous les autres, à qui elle en persuade autant sous les siens.

 

Voulez-vous voir un personnage embarrassé, placez un homme entre deux fem­mes avec chacune desquelles il aura des liaisons secrètes, puis observez quelle sotte figure il y fera. Placez en même cas une femme entre deux hommes, et sûrement l’exemple ne sera pas plus rare ; vous serez émerveillé de l’adresse avec laquelle elle donnera le change à tous deux, et fera que chacun se rira de l’autre. Or, si cette femme leur témoignait la même confiance et prenait avec eux la même familiarité, comment seraient-ils un instant ses dupes  ? En les traitant également, ne montrerait-elle pas qu’ils ont les mêmes droits sur elle  ? Oh! qu’elle s’y prend bien mieux que cela! Loin de les traiter de la même manière, elle affecte de mettre entre eux de l’inégalité ; elle fait si bien que celui qu’elle flatte croit que c’est par tendresse, et que celui qu’elle maltraite croit que c’est par dépit. Ainsi chacun, content de son partage, la voit toujours s’occuper de lui, tandis qu’elle ne s’occupe en effet que d’elle seule.

Dans le désir général de plaire, la coquetterie suggère de semblables moyens : les caprices ne feraient que rebuter, s’ils n’étaient sagement ménagés ; et c’est en les dispensant avec art qu’elle en fait les plus fortes chaînes de ses esclaves.

Usa ogn’arte la donna, onde sia colte

Nella sua rete alcun novello amante ;

Né con tutti, né sempre un stesso volto

Serba ; ma cangia a tempo atto e sembiante.

A quoi tient tout cet art, si ce n’est à des observations fines et continuelles qui lui font voir à chaque instant ce qui se passe dans les cœurs des hommes, et qui la disposent à porter à chaque mouvement secret qu’elle aperçoit la force qu’il faut pour le suspendre ou l’accélérer  ? Or, cet art s’apprend-il  ? Non ; il naît avec les femmes ; elles l’ont toutes, et jamais les hommes ne l’ont eu au même degré. Tel est un des caractères distinctifs du sexe. La présence d’esprit, la pénétration, les observations fines sont la science des femmes ; l’habileté de s’en prévaloir est leur talent. »

Jean-Jacques Rousseau, Emile, Livre V

La raison ou la mort !

25 vendredi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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Diogène, Jean Cavaillès, rationalisme, suicide

« Il [Diogène de Sinope] ne cessait de répéter que si l’on veut être équipé pour vivre il faut de la raison ou une corde »

Diogène Laërce VI, 24

« Hors du rationalisme je crois que la philosophie ne peut être qu’un suicide. »

Jean Cavaillès, Lettre à Étienne Borne du 7 octobre 1930

Que périsse le monde pourvu que j’ai raison

19 samedi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations, SIWOTI or elsewhere

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prophètes de malheur

A l’affût du moindre motif me permettant de satisfaire mes tendances procrastinatrices je perds beaucoup de temps à suivre l’évolution de la pandémie de COVID ainsi que les débats entre demi-savants sur la deuxième vague, l’immunité de groupe etc. C’est l’occasion de trouver des confirmations de cette observation faire quelque part par Canetti (je n’ai pas retrouvé la référence) : le prophètes de malheur en vienne à souhaiter l’arrivée des malheurs qu’ils annoncent. Je suis plutôt convaincu par ceux qui annoncent la venue d’une « deuxième vague », mais j’ai parfois l’impression que certains sont pressés qu’elle arrive pour donner tort à leurs contradicteurs. Dans le camp des partisans de l’immunité de groupe on observe des attitudes semblables  : ces coréens qui ont contenu l’épidémie sont bien embarrassants pour ceux qui ne jurent plus que par la stratégie suédoise ; on guette alors l’annonce d’un nouveau cluster au Pays du matin calme et la possibilité d’une perte de contrôle pour se sentir justifié dans son fatalisme.

Critique de la version pure

11 vendredi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations

≈ 1 Commentaire

Peut-être l’éthique minimale est-elle à la morale ce que la religion naturelle fut à la religion : un rejeton tardif qui se prend pour l’essence du phénomène.

Sacrifier la conversation ?

09 mercredi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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conversation, La Bruyère, small talk

La Bruyère | BNF ESSENTIELS

« Si l’on faisait une sérieuse attention à tout ce qui se dit de froid, de vain de puéril dans les entretiens ordinaires, l’on aurait honte de parler ou d’écouter, et l’on se condamnerait peut-être à un silence perpétuel, qui serait une chose pire dans le commerce que les discours inutiles. Il faut donc s’accommoder à tous les esprits, permettre comme un mal nécessaire le récit des fausses nouvelles, les vagues réflexions sur le gouvernement présent, ou sur l’intérêt des princes, le débit des beaux sentiments, et qui reviennent toujours les mêmes; il faut laisser Aronce parler proverbe, et Mélinde parler de soi, de ses vapeurs, de ses migraines et de ses insomnies »

La Bruyère, Caractères, De la société et de la conversation, §.5

Le patriarcat qui vient

05 samedi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

≈ 1 Commentaire

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patriarcat

A bien examiner le début du Notre Père :

Notre père qui es au cieux
Que ton nom soit sanctifié
Que ton règne vienne

…

une chose apparaît : le vrai patriarcat n’a jamais été appliqué !

Danses tristes

04 vendredi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Stefan George

Traurige Tänze

Es lacht in dem steigenden Jahr dir
der Duft aus dem Garten noch leis.
Flicht in dem flatternden Haar dir
Eppich und Ehrenpreis.

Die wehende Saat ist wie Gold noch,
vielleicht nicht so hoch mehr und reich.
Rosen begrüßen dich hold noch,
ward auch ihr Glanz etwas bleich.

Verschweigen wir, was uns verwehrt ist;
geloben wir, glücklich zu sein,
wenn auch nicht mehr uns beschert ist
als noch ein Rundgang zu zwein.

Stefan George, Das Jahr der Seele

Danses tristes

Tel un sourire en ce déclin
Le parc t’offre encor son arôme,
Mêle à ta chevelure éparse
De la véronique et du lierre.

Les blés mouvants gardent leurs ors
Peut-être moins drus et moins hauts,
Des roses te saluent encore
Douces, dans leur éclat moins chaud.

Taisons ce qu’il ne faut entendre
Et promettons-nous d’être heureux,
Ne dussions -nous plus rien attendre
Que cette promenade à deux.

trad. M. Boucher

Rousseau nous l’avait bien dit

03 jeudi Sep 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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donneur de leçon, Jean-Jacques Rousseau

« Avertissez-le de ses fautes avant qu’il y tombe : quand il y est tombé, ne les lui reprochez point ;  vous ne feriez qu’enflammer et mutiner son amour-propre. Une leçon qui révolte ne profite pas. Je ne connais rien de plus inepte que ce mot : Je vous l’avais bien dit. Le meilleur moyen de faire qu’il ses souvienne de ce qu’on lui a dit est de paraître l’avoir oublié. Tout au contraire, quand vous le verrez honteux de ne vous avoir pas cru, effacez doucement cette humiliation par de bonnes paroles.Il s’affectionnera sûrement à vous en voyant que vous vous oubliez pour lui, et qu’au lieu d’achever de l’écrase, vous le consolez. Mais si à son chagrin vous ajoutez des reproches, il vous prendra en haine et se fera une loi de ne plus vous écouter, comme pour vous prouver qu’il ne pense pas comme vous sur l’importance de vos avis. »

Jean-Jacques Rousseau, Émile, GF, p. 322

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