ULISSE
Questo è un vecchio deluso, perché ha fatto suo figlio
troppo tardi. Si guardano in faccia ogni tanto,
ma una volta bastava uno schiaffo. (Esce il vecchio
e ritorna col figlio che si stringe una spalla
e non leva più gli occhi). Ora il vecchio è seduto
fino a notte, davanti a una grande finestra,
ma non viene nessuno e la strada è deserta.
Stamattina, è scappato il ragazzo, e ritorna
questa notte. Starà sogghignando. A nessuno
vorrà dire se a pranzo ha mangiato. Magari
avrà gli occhi pesanti e andrà a letto in silenzio:
due scarponi infangati. Il mattino era azzurro
sulle piogge di un mese.
Per la fresca finestra
scorre amaro un sentore di foglie. Ma il vecchio
non si muove dal buio, non ha sonno la notte,
e vorrebbe aver sonno e scordare ogni cosa
come un tempo al ritorno dopo un lungo cammino.
Per scaldarsi, una volta gridava e picchiava.
Il ragazzo che torna fra poco, non prende più schiaffi.
Il ragazzo comincia a esser giovane e scopre
ogni giorno qualcosa e non parla a nessuno.
Non c’è nulla per strada che non possa sapersi
stando a questa finestra. Ma il ragazzo cammina
tutto il giorno per strada. Non cerca ancor donne
e non gioca più in terra. Ogni volta ritorna.
Il ragazzo ha un suo modo di uscire di casa
che, chi resta, s’accorge di non farci più nulla.
Cesare Pavese, Lavorare stanca
*
ULYSSE
Ce vieil homme est déçu car son fils, il l’a eu
bien trop tard. Leurs yeux parfois s’affrontent,
mais avant il suffisait d’une gifle. (Le vieux sort
et rentre avec son fils qui se frotte la joue
les yeux rivés à terre.) Maintenant le vieil homme
est assis jusqu’au soir devant une fenêtre,
mais personne ne passe et la rue est déserte.
L’enfant s’est enfui ce matin : il reviendra
ce soir. Il est sans doute en train de ricaner.
Il ne voudra pas dire s’il a eu à dîner. Peut-être
qu’il aura des yeux lourds et qu’il se couchera en silence :
deux godasses crottées. Le matin était bleu
après les pluies d’un mois.
Par la fraîche fenêtre
une senteur amère de feuilles se répand. Mais le vieux
reste immobile dans le noir, il ne dort pas la nuit,
mais il voudrait dormir et pouvoir oublier
comme avant au retour de longues randonnées.
Jadis, pour s’échauffer, il criait et cognait.
L’enfant, qui reviendra bientôt, ne reçoit plus de gifles.
Il commence à être jeune et découvre chaque jour
une chose nouvelle et ne parle à personne.
Il n’est rien dans la rue qu’on ne puisse savoir
depuis cette fenêtre. Mais toute la journée,
l’enfant marche dans la rue. Il ne court pas les filles
mais ne joue plus par terre. Chaque fois il revient.
L’enfant a sa manière de quitter la maison
si bien que ceux qui restent se sentent inutiles.
Cesare Pavese, Travailler fatigue, trad. Gilles de Van