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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: Philippe Jaccottet

le territoire des mourants

29 vendredi Nov 2019

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mort, Philippe Jaccottet

Autrefois,
moi l’effrayé, l’ignorant vivant à peine,
me couvrant d’images les yeux,
j’ai prétendu guider mourants et morts.

Moi, poète abrité,
épargné, souffrant à peine,
aller tracer des routes jusque-là!

A présent, lampe soufflée,
main plus errante, qui tremble,
je recommence lentement dans l’air.

Philippe Jaccottet, Leçons

Qu’est-ce que le regard ?

15 vendredi Nov 2019

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Philippe Jaccottet, regard

Qu’est-ce que le regard ?

Un dard plus aigu que la langue
la course d’un excès à l’autre
du plus profond au plus lointain
du plus sombre au plus pur

un rapace

Philippe Jaccottet, Airs

Ni accepter ni comprendre

16 mercredi Oct 2019

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Philippe Jaccottet

Accepter ne se peut
comprendre ne se peut
on ne peut pas vouloir accepter ni comprendre

On avance peu à peu
comme un colporteur
d’une aube à l’autre

Philippe Jaccottet, Airs

Où serez-vous quand agira la mort ?

25 mercredi Sep 2019

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mort, Philippe Jaccottet

Où serez-vous quand agira la mort,
lune aussi belle qu’un soleil
qui rouliez vers le bois marin,
oiseaux levés tous ensemble,
beaux ouvriers de l’aurore?
Et toi, où seras-tu qu’ils éveillaient à peine,
à nulle chose de ce monde comparable
sinon précisément à cette clarté grandissante,
où seras-tu, petit jour ?

Pas seulement alors, mais déjà maintenant
vous n’êtes plus que cette voix trop faible,
que ces paroles toujours vagues.
Ô étincelant amour !
Il n’est bientôt plus que l’appel
que se lancent les séparés.
(Ainsi toute réalité
dans le cœur où la mort s’affaire
devient cri, murmure ou larme.)

Philippe Jaccottet, Notes pour le petit jour, in L’ignorant

J’ai longtemps désiré l’aurore …

12 jeudi Sep 2019

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Philippe Jaccottet

J’ai longtemps désiré l’aurore
mais je ne soutiens pas la vue des plaies

Quand grandirai-je enfin?

J’ai vu la chose nacrée
fallait-il fermer les yeux?

Si je me suis égaré
conduisez-moi maintenant
heures pleines de poussière

Peut-être en mêlant peu à peu
la peine avec la lumière
avancerai-je d’un pas?

(A l’école ignorée
apprendre le chemin qui passe
par le plus long et le pire.)

Philippe Jaccottet, Voeux I, in Airs

Force de l’âge ?

01 dimanche Sep 2019

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Philippe Jaccottet, vieillesse, vieillir

Celui qui est entré dans les propriétés de l’âge,
il n’en cherchera plus les pavillons ni les jardins,
ni les livres, ni les canaux, ni les feuillages,
ni la trace, aux miroirs, d’une plus brève et tendre
main :
l’œil de l’homme, en ce lieu de sa vie, est voilé,
son bras trop faible pour saisir, pour conquérir,
je le regarde qui regarde s’éloigner
tout ce qui fut un jour son seul travail, son doux
désir…

Force cachée, s’il en est une, je te prie,
qu’il ne s’enfonce pas dans l’épouvante de ses fautes,
qu’il ne rabâche pas des paroles d’amour factices,
que sa puissance usée une dernière fois sursaute,
se ramasse, et qu’une autre ivresse l’envahisse!

Ses combats les plus durs furent légers éclairs
d’oiseaux,
ses plus graves hasards à peine une invasion de pluie ;
ses amours n’ont jamais fait se briser que des roseaux,
sa gloire inscrire au mur bientôt ruiné un nom de
suie…

Philippe Jaccottet, Le livre des morts, I

Vers quoi j’ai couru

22 jeudi Août 2019

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Philippe Jaccottet

Où nul ne peut demeurer ni entrer
voilà vers quoi j’ai couru
la nuit venue
comme un pillard

Puis j’ai repris le roseau qui mesure
l’outil du patient

Philippe Jaccottet, Airs

La nuit n’est pas ce que l’on croit

16 vendredi Août 2019

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nuit, Philippe Jaccottet

La nuit n’est pas ce que l’on croit, revers du feu,
chute du jour et négation de la lumière,
mais subterfuge fait pour nous ouvrir les yeux
sur ce qui reste irrévélé tant qu’on l’éclaire.

Les zélés serviteurs du visible éloignés,
sous le feuillage des ténèbres est établie
la demeure de la violette, le dernier
refuge ce celui qui vieillit sans patrie…

Philippe Jaccottet, Au petit jour I

Dernier mot

04 dimanche Août 2019

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Philippe Jaccottet

Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,
tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin
du poème, plus que le premier sera proche
de ta mort, qui ne s’arrête pas en chemin.

Ne crois pas qu’elle aille s’endormir sous des branches
ou reprendre souffle pendant que tu écris.
Même quand tu bois à la bouche qui étanche
la pire soif, la douce bouche avec ses cris

doux, même quand tu serres avec force le nœud
de vos quatre bras pour être bien immobiles
dans la brûlante obscurité de vos cheveux,

elle vient, Dieu sait par quels détours, vers vous deux,
de très loin ou déjà tout près, mais sois tranquille,
elle vient : d’un à l’autre mot tu es plus vieux.


Philippe Jaccotet, L’Effraie

Deuil interminable

28 dimanche Juil 2019

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deuil, Philippe Jaccottet

Comme un homme qui se plairait dans la tristesse
plutôt que de changer de ville ou bien d’errer,
je m’entête à fouiller ces décombres, ces caisses,
ces gravats sous lesquels le corps est enterré

que formèrent nos corps quand ils étaient serrés
sur un lit de passage avec des cris de liesse.
(C’est dans ce temps que notre ciel s’est éclairé,
d’un astre sombre, et que j’eus bientôt mis en pièces…)

Ah ! lâcher pour de bon ferraille, plâtre et planches !
Non, comme un chien je flaire un parfum répandu
et gratte si profond qu’enfin j’aurai mon dû :

de tomber à mon tour en poussière bien blanche
et de n’être plus rien qu’ossements vermoulus
pour avoir trop cherché ce que j’avais perdu.

Philippe Jaccottet, L’effraie (1946 – 1950)

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