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« L’art de vivre, c’est l’art de savoir croire aux mensonges. le terrible c’est que, ne sachant pas quid sit veritas, nous sachions néanmoins ce qu’est le mensonge. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre, 5 janvier 1938
27 lundi Nov 2017
Posted Aphorisme du jour
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« L’art de vivre, c’est l’art de savoir croire aux mensonges. le terrible c’est que, ne sachant pas quid sit veritas, nous sachions néanmoins ce qu’est le mensonge. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre, 5 janvier 1938
25 samedi Nov 2017
Posted Divers vers
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Bac à sable
Mon contraire est si dur à cuire que si j’étais
son contraire, je n’existerais pas. Au con-
traire : il est d’un tel coriace de fer que si
je n’existais pas, il existerait encore. Je ne suis
même pas son contraire. Par contre lui : bien plus
le contraire que je ne serais jamais ! Me voilà
planté là jaloux à m’imaginer qu’il est mon
contraire. Comme ce serait beau d’avoir un
contraire tout différent. Il existe dans mon
bac à sable un personnage que je n’aime pas, mais
il figure le contraire. Mon bac à sable est de
nature à faire jouer mes personnages, avec pour
rôle moi et le contraire. Même quand un con-
traire manie les personnages, nous sommes bien
dans le bac à sable et pas ailleurs. je suis un
de ses personnages de pensée et pourrait pourquoi pas
être aussi mon contraire. A supposer que je sois
d’un tel coriace de fer que je pourrais être mon contraire ;
supposition : s’il était mon contraire : en supposant
que je ne sois pas le sien. Ce serait trop beau
d’avoir une bonne fois un contraire moins dur à cuire.
Oskar Pastior, Chambardément (Wechselbag)
trad. Joël Vincent
23 jeudi Nov 2017
Posted Divers vers
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« Il a dix langues et il ne parle pas ; c’est la sagesse :
à quoi sert de parler lorsqu’on a si peu à vivre. »
Modjir, La brise du matin
in Anthologie de la poésie persane
19 dimanche Nov 2017
Posted Divers vers
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« Pas même seul. Des tas. Des tas de SEULS ! »
Ainsi jadis criais-je un poème
où ce long vers rimait avec « linceuls »
faute d’une autre rime – ou du courage
abandonner le texte inachevé
quand on n’est plus le maître de l’ouvrage.
[…]
« Des tas de seuls! » Chacun sur son ballot
assis, colis perdu, une monade –
et cependant figure d’un ballet
mystérieux, mobile, monotone
d’Iphigénies en marche vers l’autel…
Mais tout à coup le Choeur : « Quel Dieu ordonne
que nous ayons tout seuls, sans être seuls,
à traverser ces mers et cette vie
sans autre rime riche que « linceuls » ?
Benjamin Fondane, Le mal des fantomes, XII
18 samedi Nov 2017
Posted Fantaisie, Insatiable quête de savoir
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D’où vient que les branleurs soient justement ceux qui ne branlent rien (peut-être faudrait-il ajouter : « qu’eux-mêmes ») ?
Croyez-le ou non, j’en suis venu à méditer sur cette énigme en cherchant à enrichir mon cours sur le travail. A l’origine mon interrogation portait sur l’étymologie de « branleur » au sens de « personne qui ne fait rien d’utile », est-il bien dérivé, comme j’ai tendance à le penser, de « branler » au sens de « se masturber » ? Mais alors la « correspondance inversée » avec l’expression ne rien branler (dont on pourrait imaginer qu’elle nous renvoie à « branler » au sens de « mettre en branle ») n’est elle qu’une coïncidence ?
Le CNRTL à défaut de me donner les moyens de sortir des brumes de la spéculation oiseuse, m’a au moins permis de découvrir cette citation très à propos :
« Il faut plus de science pour se garder d’une mauvaise étymologie que pour en trouver dix bonnes »
Antoine Thomas, Nouveaux essais de philologie française, 1904
17 vendredi Nov 2017
Posted confession, Fantaisie
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J’ai lu Comment parler des livres qu’on n’a pas lus ? de Pierre Bayard à sa sortie. Dix ans plus tard la seule chose dont je me souvienne c’est qu’il évoque le cas des livres qu’on a lus et oubliés. En revanche je ne me souviens pas s’il évoque le fait que cela pourrait être le sort de son propre ouvrage.
16 jeudi Nov 2017
Posted Aphorisme du jour
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« Au fur et à mesure que passent les années, la tête de mort se dessine toujours davantage sous le visage de chacun. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre, 17 septembre 1938
14 mardi Nov 2017
Posted Lectures
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« En 1926, pour la première fois, on annonça la création d’un concours d’entrée dans l’enseignement supérieur ouvert à tous. C’était par conséquent l’occasion de se manifester et d’obtenir une formation supérieure.
Deux années de travail dans une tannerie (près de Moscou) et comme liquidateur de l’analphabétisme ne pouvaient favoriser mon succès au concours.
Il fallait vivre chichement, au jour le jour tout un été, étudier jusqu’aux examens d’automne, ne rien acheter, se nourrir à ne pas payer de loyer, se procurer une carte de bibliothèque et, en premier lieu, suivre les cours préparatoires.
Les cours étaient payants et assez chers; j’ai dû verser quelques quarante roubles pour les suivre. On pouvait même passer la nuit sur nos tables de travail…
Je fus reçu à l’université…
Le Moscou de ces années-là bouillonnait tout simplement de vie. On discutait à l’infini sur l’avenir du globe terrestre…
À l’université de Moscou, toute agitée de vagues, les échanges étaient particulièrement mordants. Chaque décision du gouvernement était examinée sur-le-champ, comme à la Convention…
Pareil pour les clubs. Au club Trekhorki une tisseuse âgée, au cours d’un meeting, rejeta l’explication d’une réforme financière que donnait un secrétaire de cellule local.
— Amenez un commissaire, tu parles de façon obscure.
Et le commissaire vint — adjoint du commissaire des finances Piatakov — et patiemment exposa à la vieille furibonde l’essentiel de la réforme…
Ces débats avaient lieu à propos de tout. Sur ce que seront les parfums dans le communisme… Ou bien les femmes sont-elles en commun dans le phalanstère de Fourier… La fonction d’avocat est-elle nécessaire ? Et la poésie ? La peinture ? La sculpture ? Si oui, sous quelle forme ?…
Voir, connaître et vivre nous paraissait insuffisant. Nous voulions agir par nous-mêmes jusqu’à épuisement de l’immortalité… »
Varlam Chalamov, Fragments de mes vies
in Cahiers de la Kolyma et autres poèmes,
ed. Maurice Nadeau
13 lundi Nov 2017
Posted Lectures
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« Je me souviens de la révolution de février et comme l’immense aigle de fonte noué de câbles, arraché du fronton du lycée de garçons, s’écroula.
Je me rappelle le coup d’État d’Octobre et Vologda plus maussade que pour le renversement de l’autocratie, les conversations des adultes plus nourries et l’inquiétude générale…
Je me souviens très bien de Kedrov, un commandant d’armée, et de son wagon. Je revois des Lettons en culottes bouffantes bleues; ils dansaient sans cavalières dans un jardin public, les uns avec les autres.
A peine avais-je fini de préparer mes leçons que je me mettais à un jeu mystérieux… À l’aide d’éclats de bois et de boîtes d’allumettes j’évoquais Gogol, Pouchkine et surtout Hugo et Alexandre Dumas…
Cette mise en scène de ce que je lisais dura toute mon enfance. La bibliothèque de mon père était toujours à ma disposition. Du reste Alexandre Dumas n’en venait pas.
En 1918 on confisqua les bibliothèques seigneuriales et on créa à l’emplacement de la prison, dans le centre ville, une bibliothèque ouvrière. La découverte de cette bibliothèque fut une année d’illumination pour moi. Dumas, Conan Doyle, Victor Hugo — tous dans des reliures dorées — m’attendaient chaque jour. Je lisais et jouais toutes mes lectures à la suite.
Je me souviens des ci-devant dans la grande vogue des débats contradictoires aux réunions antireligieuses. Je participais moi-même à ces assemblées. Mon père — prêtre aveugle — allait se battre pour la cause de Dieu. Je suis privé de tout sentiment religieux. Mais mon père était croyant et se faisait une obligation morale d’intervenir. Je lui servais de guide. Et j’apprenais la force d’âme. »
Varlam Chalamov, Fragments de mes vies
in Cahiers de la Kolyma et autres poèmes,
ed. Maurice Nadeau
12 dimanche Nov 2017
Posted Paroles et musiques
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Pour ma part, j’ai en penchant pour Scott, le compositeur majeur du ragtime dont on célèbre cette année le centenaire de la mort. Je ne ferais pas le malin plus longtemps car je dois reconnaître que, béotien en matière musicale, j’ai découvert l’existence de Scott Joplin à travers The entertainer, la mélodie popularisée par le film L’Arnaque .
Ceux qui ne jurent que par le violon, préfèreront peut-être cette version avec Itzhak Perlman.
*
Plonger dans les vidéos de Youtube consacrées à Scott Joplin c’est l’occasion de découvrir l’univers des collectionneurs de rouleaux pour piano mécanique (pour en savoir plus voir ici).
D’abord un dernier Entertainer pour la route.
Ensuite, pour changer un peu, Maple Leaf Rag le premier succès commercial de Joplin en 1899 (maple Leaf semble à l’origine être le nom d’un club ou Joplin avait œuvré comme pianiste).
*
Anecdote amusante, dans le téléfilm qui fut consacré à Scott Joplin en 1977, son rôle était tenu par Billy Dee William qui devait incarner, quelques années plus tard, Lando Calrissian dans L’empire contre-attaque et Le retour du jedi.
[1] En fait je dois confesser que je l’ai peut-être d’abord entendu sur la version MSX de ce jeu.