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« Dans l’inquiétude et dans l’effort d’écrire, ce qui soutient, c’est la certitude qu’il reste quelque chose de non dit dans la page. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre, 4 mai 1942
10 mardi Déc 2019
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« Dans l’inquiétude et dans l’effort d’écrire, ce qui soutient, c’est la certitude qu’il reste quelque chose de non dit dans la page. »
Cesare Pavese, Le métier de vivre, 4 mai 1942
31 mercredi Juil 2019
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13 jeudi Juin 2019
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En écho au fameux texte où Lévi-Strauss rapporte les enquêtes auxquelles se livrèrent espagnols et indiens des Caraïbes quant à leur humanité respective, on peut mentionner le récit que fit le prospecteur australien Michael Leahy de sa rencontre avec un groupe indigène de Papouasie centrale en 1930 :
« Les habitants des hautes terres conférèrent avec animation , essayant de se mettre d’accord sur la nature des ces apparitions blafardes. L’hypothèse dominante voulait que ce soient des ancêtres réincarnés ou d’autres esprits à forme humaine, qui peut-être redevenaient des squelettes la nuit. Ils tombèrent d’accord pour pratiquer un test empirique qui règlerait la question. « Un des nôtres se cacha, raconte Kirupano Eza’e, un habitant des hautes terres, et les regarda faire leurs besoins. Il revint et annonça : « Ces hommes du ciel ont fait leurs besoins là-bas. » Après leur départ, plusieurs hommes allèrent jeter un coup d’œil. Lorsqu’ils s’aperçurent que cela sentait mauvais, ils dirent : « Leur peau est peut-être différente, mais leur merde sent aussi mauvais que la notre. » »
Steven Pinker, L’instinct du langage, p. 24
25 samedi Mai 2019
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in[…]
So ist der Mensch ; wenn da ist das Gut, und es sorget mit Gaben
Selber ein Gott für ihn, kennet und sieht er es nicht.
Tragen muß er, zuvor ; nun aber nennt er sein Liebstes,
Nun, nun müssen dafür Worte, wie Blumen, entstehn.
Hölderlin, Brot und Wein, V
*
[…]
Car l’homme est ainsi fait : quand le vrai bien est là, et qu’un dieu même
Est là pour prendre soin de lui, et sa grâce et ses dons, il ne le reconnait
Et il ne le voit point. D’abord il faut qu’il porte tout en lui ; c’est alors seulement
Qu’il nomme son suprême amour, et pour le dire alors, les mots lui viennent, comme des fleurs.
trad. Armel Guern
19 dimanche Mai 2019
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« Considérées en tant qu’États, la France et l’Allemagne renfermaient l’une et l’autre les deux mêmes principes de dissolution ; dans le premier cas, Richelieu détruisit entièrement ces principes, élevant ainsi son pays au rang des plus grandes puissances ; dans le second cas, il leur donna toute leur force, ruinant l’existence de l’Allemagne en tant qu’État. Il porta à leur pleine maturité les principes internes sur lesquels ces deux pays étaient fondés : ces principes étaient la monarchie pour la France et, pour l’Allemagne, la formation d’une multitude d’États autonomes. Mais l’une et l’autre devaient encore lutter contre le principe opposé ; Richelieu réussit à installer solidement les deux pays dans leurs systèmes antagonistes.
Deux éléments empêchaient la France de devenir un État unifié sous la forme d’une monarchie : d’une part les grands, d’autre part les huguenots; les uns et les autres menèrent des guerres contre les rois.
Les grands qui comptaient dans leurs rangs les membres mêmes de la famille royale intriguèrent et s’armèrent contre le Premier ministre. Certes, la souveraineté du monarque était depuis longtemps sacrée et à l’abri de toutes contestations ; aussi les grands ne conduisirent-ils pas leurs armées au combat pour réclamer une part de souveraineté, mais pour être les premiers sujets du monarque, en tant que ministres, gouverneurs des provinces, etc. Les services que Richelieu rendit en soumettant les grands au ministère c’est-à-dire à l’émanation directe du pouvoir d’État, peuvent passer pour un effet de l’ambition aux yeux d’un observateur superficiel. La perte de ceux qui furent ses ennemis paraît avoir été un sacrifice fait à son ambition ; au milieu de leurs révoltes et de leurs complots, ces gens protestaient avec la plus grande sincérité de leur innocence et de leur dévouement envers leur souverain et ne considéraient pas comme un crime politique ou de droit commun leur rébellion armée contre le Premier ministre. S’ils succombèrent, la personne de Richelieu n’en fut pas la cause, mais son génie, qui sut attacher sa personne au principe nécessaire de l’unité politique et mettre les charges publiques sous la dépendance de l’État. C’est en cela que consiste le génie politique : un individu s’identifiant à un principe ; dans ces conditions, il ne peut que remporter la victoire. Le service que Richelieu rendit, comme ministre, en donnant une unité au pouvoir exécutif, est de loin supérieur au mérite qui consiste à agrandir son pays d’une province même à le sortir d’une difficulté.
Les huguenots représentaient la seconde menace pour l’État, mais Richelieu les écrasa en tant que parti politique ; car il ne faut pas voir son comportement envers eux sous l’angle d’une persécution de la liberté de conscience. Ces gens avaient leurs propres armées, des villes fortes, des alliances avec des pays étrangers, etc., et formaient ainsi une sorte d’État souverain ; c’est contre eux que les grands avaient formé la Ligue, qui avait mis l’État français au bord de l’abîme. Les deux partis opposés, véritable fanatisme en armes, se plaçaient au-dessus de l’État. En ruinant l’État des huguenots, Richelieu ruina, du même coup, la justification de la Ligue et mit fin à l’insubordination des grands, qui en était le dernier vestige, devenu sans raison ni principe. Tout en détruisant leur État, il conserva aux huguenots, sur un pied d’égalité avec les catholiques, leur liberté de conscience, leurs églises, leurs offices religieux, leurs droits civils et politiques. Sa logique d’homme d’État lui fit concevoir et utiliser la tolérance. »
Georg Wilhelm Friedrich HEGEL, La Constitution de l’Allemagne,
Irvéa, Champ Libre, trad. Jacob, 1977, p. 112-113
13 lundi Mai 2019
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inAn die Parzen
Nur Einen Sommer gönnt, ihr Gewaltigen!
Und einen Herbst zu reifem Gesange mir,
Daß williger mein Herz, vom süßen
Spiele gesättiget, dann mir sterbe.
Die Seele, der im Leben ihr göttlich Recht
Nicht ward, sie ruht auch drunten im Orkus nicht;
Doch ist mir einst das Heilge, das am
Herzen mir liegt, das Gedicht, gelungen,
Willkommen dann, o Stille der Schattenwelt!
Zufrieden bin ich, wenn auch mein Saitenspiel
Mich nicht hinab geleitet; Einmal
Lebt ich, wie Götter, und mehr bedarfs nicht.
Hölderlin
*
Aux Parques
Rien qu’un été me soit donné, ô vous puissantes!
Et un automne, où murisse mon chant,
Pour que de meilleur gré mon cœur, rassasié
Du jeu exquis, accepte alors de mourir.
L’âme qui dans la vie, au divin n’a point eu
Sa part, non plus ne se repose dans l’Orcus ;
Mais qu’un jour il me soit donné de réussir
Ce qui me tient à cœur, l’œuvre sacrée de poésie :
O! bienvenu, alors, le silence des ombres !
Je serai satisfait, et même si ma lyre
Ne m’accompagne point là-bas, une fois donc
J’aurai vécu comme les dieux, et il n’en faut pas plus.
traduction Armel Guern
04 samedi Mai 2019
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Série noire réalisé par Alain Corneau dont est tiré le magnifique échange conjugal ci-dessous. Les dialogues du film ont été écrits par Georges Pérec lui-même.
– T’as raison, j’y arrive plus. J’ai beau nettoyer, c’est toujours aussi sale. Mais y a rien qui marche dans cette baraque. Même l’évier il est encore bouché, alors …
– Mais c’était pareil à Brive! C’était pareil rue Carnot ! C’est toujours partout pareil !
– C’est pas vrai, on n’a jamais eu une vraie maison, Poupée. C’est toujours des taudis, et ici c’est encore pire.
– Avec toi, toutes les maisons deviennent des taudis ! Tiens, t’aurais vu ma mère, comment elle se débrouillait elle, avec l’eau sur le palier, avec … pas d’aspirateur !
– Ah ! mais je suis pas ta mère, moi !
– Et tu t’en vantes ?
30 mardi Avr 2019
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inOn interdit de vendre à nos enfants de l’héroïne, de la cocaïne, du cannabis, ou même de l’alcool, et c’est heureux ; mais alors comment comprendre qu’on autorise de faire commerce de leçons d’équitation à destination d’enfants innocentes et sans défense ?
28 dimanche Avr 2019
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inAux cinéphiles fauchés qui passeraient par ici, je signale que le classique du cinéma soviétique Quand passent les cigognes de M. Kalatozov est accessible (avec sous-tires en anglais) sur ce site iranien de streaming.
26 vendredi Avr 2019
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» Chaque âge a ses goûts. Des lèvres vermeilles bien bordées, une bouche entr’ouverte et riante, de belles dents blanches, une démarche libre, le regard assuré, une gorge découverte, de belles grandes joues larges, un nez retroussé, me faisaient galoper à dix–huit ans. Aujourd’hui que le vice ne m’est plus bon, et que je ne suis plus bon au vice, c’est une jeune fille qui a l’air décent et modeste, la démarche composée, le regard timide, et qui marche en silence à côté de sa mère, qui m’arrête et me charme.
Qui est–ce qui a le bon goût ? Est–ce moi à dix–huit ans ? Est–ce moi à cinquante ? La question sera bientôt décidée. Si l’on m’eût dit à dix–huit ans : « Mon enfant, de l’image du vice, ou de l’image de la vertu, quelle est la plus belle ? — Belle demande ! aurais–je répondu ; c’est celle–ci. » Pour arracher de l’homme la vérité, il faut à tout moment donner le change à la passion, en empruntant des termes généraux et abstraits. C’est qu’à dix–huit ans, ce n’était pas l’image de la beauté, mais la physionomie du plaisir qui me faisait courir. »
Denis Diderot, Essais sur la peinture