Étiquettes
Naïveté
28 vendredi Fév 2014
Posted Aphorisme du jour
in28 vendredi Fév 2014
Posted Aphorisme du jour
inÉtiquettes
27 jeudi Fév 2014
Posted Divers vers, Mysticismes
inÉtiquettes
Les hasards du furetage chez les bouquinistes de Montolieu m’ont donné l’occasion de découvrir le Livre de l’Ami et de l’Aimé de Raymond Lulle publié chez Orphée La différence, avec le texte original en catalan et la traduction de Patrick Gifreu.
Une fois encore je me contenterai de renvoyer à la notice Wikipedia pour la présentation de cet auteur que je ne connaissais jusque là que par la référence peu flatteuse de Descartes à « l’art de Lulle » dans le Discours de la méthode.
Le Livre de l’Ami et de l’Aimé fait partie du cinquième chapitre du roman Blanquerne qui narre le parcours spirituel du personnage éponyme. Le roman n’est à ma connaissance pas disponible en français, je ne l’ai donc pas lu et mes explications s’appuieront sur la présentation de Patrick Gifreu. Le roman de Blanquerne est construit en cinq livres en souvenir des cinq blessures du Christ et il passe en revue cinq états de la vie chrétienne : état matrimonial, état de monial, état de prélat, état apostolique et état érémitique. Je cite Gifreu :
« Dans ce dernier, et dans la solitude de son ermitage, Blanquerne prie et lit les Saintes écritures et le Livre de Contemplation, la première oeuvre de Lulle. Il décide aussi de composer, à l’image des soufis, mystiques musulmans : un bréviaire à l’intention des ermites : Le livre de l’Ami et de l’Aimé.«
Dans cet ouvrage l’Aimé est bien évidemment Dieu et l’Ami l’homme amoureux de Dieu. Ce qu’il est intéressant de noter c’est que parmi les 366 paragraphes un grand nombre pourraient passer pour des extraits d’un poème parlant l’amour d’un homme pour un autre homme. Ce livre est donc du plus grand intérêt pour qui s’intéresse à la relation entre la description par les mystiques de l’amour pour Dieu et la description de l’amour humain de ses exaltations et de ses tourments. Paradoxalement l’ouvrage de Denis de Rougemont : L’amour et l’occident qui traite justement de cette problématique et particulièrement du rapport entre la mystique et la poésie courtoise ne fait pas référence à Lulle qui pourtant était à la fois un mystique et un poète troubadour. On aura l’occasion de voir que certains des textes du Livre de l’Ami et de l’Aimé illustrent certaines des analyses de Denis de Rougemont.
Il est temps de donner quelques extraits.
8. Demanà l’amat a l’amich: —Has membrança de nulla cosa que t’aja guardonat per ço cor me vols amar? — Respòs: — Hoc, per ço cor enfre los trebaylls e.•ls plaers que•m dónes no•m fas diferència. — |
8. L’Aimé demanda à l’Ami : « Te souviens-tu que je t’ai fait quelque récompense pour que tu désires ainsi m’aimer ?» Il répondit : « oui, car entre les peines et les plaisirs que tu me donnes, je ne fais aucun différence. » |
9. —Digues, amich —dix l’amat—, hauràs paciència si•t doble tes langors? —. |
9. « Ami, dis moi dit l’Aimé, prendras tu patience si je double tes langueurs ? – Oui, répondit l’Ami, pourvu que tu doubles mes amours » |
A suivre…
26 mercredi Fév 2014
Posted Divers vers, Fantaisie
inÉtiquettes
On se rappelle l’intéressante expérience d’union avec les éléments consistant à pisser sous la grêle que nous proposait le poète Kobayashi Issa. L’expérience de la miction offre cependant d’autres ressources esthétiques que notre auteur ne manque pas d’exploiter.
*
Ce trou parfait
que je fais en pissant
dans la neige à ma porte!
*
Parmi les autres exploitations littéraires de ce thème on peut mentionner Eric Chevillard qui sur son blog l’Autofictif (5 février 2010) se demandait doctement:
Je m’excuse de mettre les pieds dans le plat, mais enfin il me semble que tout le monde aimerait bien savoir ce que dessinaient Michel-Ange, le Greco, Rembrandt, Watteau, Van Gogh, Klee, Picasso et les autres lorsqu’ils pissaient dans la neige ?
*
J’ai bien conscience que la valorisation de la miction debout en tant que source d’expérience esthétique fait planer sur ce blog le spectre de l’androcentrisme, et je sais que les conditions dans lesquelles on fait pipi sont un enjeu de lutte. C’est pourquoi je tiens à signaler que cette expérience est désormais accessible à toutes grâce à un accessoire qui fait l’objet d’une exploitation bassement mercantile mais aussi d’une promotion militante et bricoleuse.
25 mardi Fév 2014
Posted Paroles et musiques
inVoici venu le temps du dernier des actes de pénitence annoncés ; sachant que, s’il le faut, je trouverai d’autres prétextes pour continuer à rendre hommage au Zim.
La véritable pénitence a en fait consisté à chercher des vidéos de Dylan. Sur Youtube c’est quasiment mission impossible : les versions originales qui auraient échappé à « l’inepte flicaille du droit d’auteur » (TM) se trouvent noyées au sein de la multitude proliférante des reprises. Au hasard de mes pérégrinations infructueuses j’ai fini par découvrir une astuce qui malheureusement risque de ne pas marcher indéfiniment (on commence à trouver des reprises qui utilisent le pseudo qui permet de les contourner).
*
C’est une version live ; pour ceux qui préféreraient la version qui se trouve sur l’album The freewheelin’ Bob Dylan, elle est disponible ici sous son véritable titre.
*
A titre de comparaison, la reprise de Bryan Ferry
Mais ma version préférée est celle de Judy Collins qui n’est actuellement disponible en streaming que chez un cousin chinois (taïwanais) de Youtube dont je ne sais pas insérer les vidéos sur ce blog.
24 lundi Fév 2014
Posted Aphorisme du jour
inÉtiquettes
« Tout ce qui multiplie les nœuds qui attachent l’homme à l’homme le rend meilleur et plus heureux. »
Joseph Joubert, Pensées (10-18 p.4)
*
Cet aphorisme a été consciencieusement souligné et accompagné d’une double marque dans la marge… pourtant j’ai bien passé quinze ans à n’en tenir aucun compte!
Un des plaisirs de la relecture des livres – et les recueils d’aphorismes sont de ceux qu’il est plus facile de relire – c’est de retrouver ses propres marques de lecteur et de comparer ce qui nous importait à la première lecture et ce qui nous importe aujourd’hui.
*
Pour ce qui est du texte même de Joubert, un détour par l’édition intégrale des Carnets nous apprend qu’il est extrait d’un ensemble de textes écrit entre 1779 et 1783 et constituant les notes préparatoires d’un essai consacré à la Bienveillance Universelle sur lequel Joubert travailla à l’instigation de Diderot mais qu’il ne mena pas à terme.
23 dimanche Fév 2014
Posted Aphorisme du jour
inÉtiquettes
« La mort des aphorismes, c’est la similitude, la forme interchangeable. Fanés, avant même d’avoir poussé un soupir. A l’opposé, le souffle de Joubert. »
Elias Canetti, Le collier de Mouche, p. 118
« Joubert a du sérieux, de la grâce et de la profondeur. Ces trois vertus participent de manière égale à sa pensée, aussi est-il plus que tout autre aphoriste proche de l’Antiquité. Particulièrement attrayante est son absence de pesanteur. Sa mélancolie n’alourdit point ses réflexions, mais leur confère la saveur d’une bonté compatissante. Il est certes agressé, mais il n’agresse pas. Sa pudeur ne lui permet pas de mordre ; son sens de la permanence le tient éloigné de toute forme de petitesse. Il absorbe le spirituel comme s’il était remuement d’air. Il ressent les pensées et les paroles comme une respiration ou un vol plané d’oiseau. »
Elias Canetti, Notes de Hampstead, p.55-56
*
Voilà un nouveau fournisseur d’aphorisme pour ce blog recruté par cooptation. Je vous épargne un exposé biographique, vous êtes assez grands pour aller lire la notice de Joseph Joubert sur Wikipedia.
Pour ma part j’ai découvert les aphorismes de Joubert quand j’étais étudiant, dans un recueil paru aux éditions 10-18 acheté chez un bouquiniste. Il est d’ailleurs très probable que ce soient les remarques élogieuses de Canetti à son sujet qui m’aient poussé à cet achat. Peu importe…
L’édition 10-18 consiste en une sélection de textes choisis et présentés par Georges Poulet. Ce dernier explique très clairement son principe de sélection :
« nous avons choisi de préférence toutes les pensées de Joubert où se manifeste le platonisme, d’ailleurs très personnel qui fut le sien » (p.XVII)
Toujours est-il que ce recueil m’a tellement plu que j’ai fini par acquérir l’édition intégrale des Carnets (deux tomes de plus de 600 pages, publiés chez Gallimard, contenant des textes classés par ordre chronologiques écrits entre 1774 et 1824).
Je trouve ce qu’écrit Canetti assez juste, cela fait notamment ressortir l’originalité de Joubert au sein de la tradition des moralistes français – La Rochefoucauld, Vauvenargues, Chamfort – dont il a souvent été présenté comme l’ultime représentant.
22 samedi Fév 2014
Posted Pessoa est grand
inÉtiquettes
Le premier extrait que j’ai cité du texte intitulé Journal lucide en indiquait déjà la teneur dominante : il s’agit d’une déploration autour du thème « je n’ai pas d’amis ». Voyons comment il est développé avec des variations du type « personne ne peut m’aimer », et « personne ne me comprend ».
*
Le prix bien naturel, qu’a reçu mon éloignement de la vie a été de susciter chez les autres une totale incapacité à sentir en accord avec moi. Il existe autour de moi une auréole de froideur, un halo glacial qui repousse les autres. Je n’ai pas encore réussi à ne pas souffrir de ma solitude – si grande est la difficulté qu’il y a à atteindre cette distinction de l’esprit qui permettrait à l’isolement d’être, simplement, un repos sans angoisse.
Je n’ai jamais accordé le moindre crédit à l’amitié que l’on a pu me témoigner, comme je n’en aurais donné aucun à l’amour qu’on aurait pu me manifester – ce qui, d’ailleurs, eut été impossible. Sans nourrir aucune illusion à l’égard de ceux qui se disaient mes amis, j’ai néanmoins réussi à souffrir chaque fois des désillusions qu’ils m’infligeaient — si subtile et si complexe est ma destinée, qui est de souffrir.
Je n’ai jamais douté d’être trahi à chaque pas, et j’ai toujours été stupéfait quand on me trahissait. Quand se produisait cela même que j’attendais, c’était toujours pour moi totalement inattendu.
N’ayant jamais découvert en moi de qualités capables d’attirer un être humain, je n’ai jamais cru non plus qu’un être humain puisse être attiré par moi. Une telle opinion serait d’une modestie frisant la niaiserie, si les faits — ces faits inattendus auxquels je m’attendais toujours — ne l’avaient confirmée jour après jour.
*
Le thème de l’incompréhension et de l’incommunicabilité peut être abordé sous différents angles. On peut se lamenter de ne pas être compris par les autres, on peut se lamenter de ne pas comprendre les autres, enfin on peut s’élever à la généralisation « personne ne comprend personne ».
Ce texte relève clairement de la première approche. Le narrateur attribue son statut d’incompris à une particularité personnelle «mon éloignement de la vie », « ma destinée, qui est de souffrir », et il ne la réfère pas à la condition générale de l’homme. Cette approche est susceptible de donner lieu à des poses aristocratiques (ils ne me comprennent pas parce que je suis meilleur qu’eux), en particulier quand l’incompris prétend en revanche comprendre les autres. Mais on peut constater que dans cet extrait, le narrateur ne fait pas de son statut d’incompris un titre de noblesse : d’une part, il ne met pas en avant sa propre compréhension des autres – en contraste avec l’incompréhension qu’il subit-, d’autre part il se reproche de ne pas être à la hauteur de sa solitude :il n’atteint pas cette « distinction de l’esprit qui permettrait à l’isolement d’être, simplement, un repos sans angoisse ».
J’essaierai d’examiner la suite du Journal lucide une prochaine fois. Je tenterai également de retrouver les textes dans lesquels le thème de l’incommunicabilité est traitée par Pessoa selon d’autres approches : qu’il adopte plus clairement une posture aristocratique, ou qu’il s’élève à la généralité du « personne ne comprend personne ». Ces deux dernières approches ne sont d’ailleurs pas complètement incompatibles : certes, si personne ne comprend personne, le statut d’incompris ne peut plus être un titre de noblesse, mais dans ce cas c’est la conscience de ce destin général de l’humanité qui sera élevée au rang de signe distinctif de l’esprit supérieur.
21 vendredi Fév 2014
Posted Divers vers
inÉtiquettes
J’aime le cœur de m’ amie,
Sa bonté et sa douceur.
Je l’aime sans infamie,
Et comme un frère la sœur.
Amitié démesurée
N’est jamais bien assurée
Et met les cœurs en tourment
Je veux aimer autrement.
Ma mignonne débonnaire
Ceux qui font tant de clamours
Ne tâchent qu’à eux complaire
Plus qu’à leurs belles amours.
Laissons-les en leur folie
Et en leur mélancolie.
Leur amitié cessera.
Sans fin la nôtre sera.
Clément Marot, L’adolescence Clémentine, Chanson XXX
21 vendredi Fév 2014
Posted Paroles et musiques
inÉtiquettes
20 jeudi Fév 2014
Posted Aphorisme du jour
inÉtiquettes
Un noble dame française dit un jour à Monsieur de Fontenelle : – » Mais, Monsieur, n’avez vous pas envie de vous marier? – Oui, dit-il, quelquefois, le matin »
Lichtenberg, Le miroir de l’âme, p.244