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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: mars 2014

Partage des richesses

31 lundi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Food for thought

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partage, Paul Valéry, solitude

« Malheureux qui n’a rien à donner.

Mais mille fois malheureux qui n’a personne pour partager avec soi ce qu’il a. Quis me sustinebit? – quis me audiet?

Ma fontaine tarit et son eau devient amère si la colombe et la soif n’y viennent pas.

L’abondance devient le mal insupportable. L’eau qui jaillit de l’esprit et de l’âme se ressaisit elle-même, se change en une boue empoisonnée. Malheureux qui allait donner, qui était fait pour être obtenu, et pour répandre sa substance. »

Paul Valéry, Poèmes et PPA in Ego scriptor
Poésie/Gallimard p. 35

Correspondance poétique

30 dimanche Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Food for thought

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correspondance, culture japonaise, Izumi Shikibu, japonaiseries, poésie

cour Heian

Extrait de la préface de Fumi Yosano à sa traduction de poèmes d’Izumi Shikibu

« Que signifie le poème dans cette aire privilégiée [la Cour impériale à l’époque Heian] ? Pourquoi cette femme envoie-t-elle des mots, pourquoi répond-elle ou ne répond-elle pas à ceux des autres? Nous sommes de toute évidence devant un fait littéraire, hautement reconnu par les contemporains de cette dame de la Cour impériale, qui la classe dans leurs anthologies parmi les grands poètes de leur époque. Même si la part de l’intime est très grande, cette poésie se conforme aux thèmes de la tradition, et respecte tout autant les conventions de la courtoisie en amour.

Ces conventions que sont elles? A la fois de protocole et de rhétorique, elles gouvernent l’univers de ces échanges. Un poème fut-il de pure politesse, aura droit à une réponse  où sera repris un terme présent dans la première missive. Un homme quittant une femme selon l’usage avant que le jour ne se lève se doit de lui envoyer un poème, dit « du lendemain », exprimant le bonheur ou l’agrément qu’il a éprouvé à faire sa connaissance ou la douleur d’avoir du prendre congé d’elle, pour aller remplir ses fonctions du matin au palais.

[…] Le poème que l’homme envie à la femme dont il vient de prendre congé à l’aube est le kinuginu-no-fumi ou lettre du lendemain, lettre des vêtements qui se séparent. Envoyer ce poème fait partie de l’obligation sociale, de même que la réponse qui fait suite. »

*

Pour ce qui est de la coutume du poème « du lendemain », je suppose qu’on pourrait faire valoir qu’elle a des équivalents contemporains avec les textos, mais j’avoue ma complète ignorance des usages en la matière. Quoiqu’il en soit, je doute un peu qu’on publie dans mille ans des anthologies des « textos du lendemain » du début du vingt-et-unième siècle.

Cet usage de poèmes dans la correspondance qui s’oppose au cantonnement de la poésie à des recueils ou des revues spécialisées m’intéresse particulièrement. J’avais déjà été frappé de découvrir les quatrains dont Emily Dickinson émaillait sa correspondance, mais il s’agissait là, si je me souviens bien,  d’une idiosyncrasie plutôt que d’une coutume de son milieu. L’idée que que ce soit l’usage normal de correspondre en s’envoyant des poèmes a quelque chose de fascinant. Il me semble qu’elle devrait frapper tous ceux qui, comme moi, aiment lire de la poésie mais n’oseraient pas en écrire. En effet, elle implique qu’écrire des poèmes apparaisse comme quelque chose de parfaitement commun (dans un milieu social assez restreint certes) et non comme un signe de la naïveté ou de la prétention de l’auteur. Peut-être le sentiment qu’écrire de la poésie serait forcément prétendre rivaliser avec Rimbaud, Apollinaire, ou René Char (alors qu’on conçoit très bien que des gens pratiquent le football en amateur sans se prendre pour Messi ou Ronaldo) est il un sous-produit de ce que J-M Schaeffer dénonce sous le nom de théorie spéculative de l’art. D’un autre côté il me serait difficile d’abandonner l’idée, partie prenante de mon légitimisme culturel, qu’il y a des activités nobles auxquelles on manque de respect si on prétend s’y livrer sans faire preuve d’une maîtrise suffisante et ou sans viser à l’excellence. Il importe toutefois de relever, dans notre exemple japonais, l’usage coutumier du poème dans la correspondance n’était nullement incompatible avec la constitution d’anthologie de classiques.

Je suis porté à déplorer l’extinction de l’usage habituel de poèmes dans la correspondance et à promouvoir son rétablissement mais je présume qu’on  pourrait me répondre que les conditions sociales et culturelles de cette coutume ne sont plus remplies. Parmi ces conditions il y a vraisemblablement l’existence d’une société de cour peu compatible avec nos idéaux démocratiques. Mais je me demande aussi dans quelle mesure la constitution d’un corpus de chefs d’œuvres  reconnus ne finit pas par peser sur l’usage coutumier : pourquoi s’efforcer de dire à sa manière, dans le respect de certaines formes, ce qui y a déjà été parfaitement dit par d’autres?

*

Pour finir je vous propose deux exemples de ces poèmes d’Izumi Shikibu adressés à un destinataire. Ces poèmes sont accompagnés d’une introduction (le kotoba-gaki), écrite par l’auteur ou un de ses exégètes historiques,  expliquant au lecteur, qui n’est plus le destinataire, les circonstances d’écriture du poème.

*

Mot que je fais porter à un homme qui ne vient pas , alors qu’il s’était fait espérer, et que j’attends.

La nuit s’écoule
Je veille
Ne seriez vous pas froid comme le givre
sur les plumes du canard sauvage
qui reste lui aussi éveillé?

*

A un homme qui m’ayant promis de ne pas manquer de m’écrire un seul jour, et qui n’ayant pas donné de ses nouvelles un jour où je ne me sentais pas bien me fit envoyer un mot le lendemain, je répondis, en faisant mention à « Hier ».

C’est en pensant,
en pensant, si, il écrira
que ma vie aurait pu prendre fin hier
si je n’avais pu vivre
jusqu’aujourd’hui.

Consolation

30 dimanche Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Izumi Shikibu, Ume

statut shikibu

La journée d’hier n’aura pas été complètement perdue car elle m’a donné l’occasion d’acquérir un florilège des Poèmes de cour d’Izumi Shikibu, auteur dont j’ignorais l’existence il y a une semaine et dont je n’aurai peut-être jamais entendu parler si je ne m’étais pas lancé dans l’absurde recherche que vous savez.

Les poèmes (des tanka) ont été choisis et traduits par Fumi Yosano, l’ouvrage est publié chez Orphée la différence. La traduction est accompagnée dans la marge par le texte japonais (cette collection publie systématiquement le texte original avec la traduction).

Je n’ai pas encore lu tout le recueil , mais je sais déjà que je ne regretterai pas cet achat. Histoire de faire le lien avec le thème qui m’a conduit jusqu’à elle, je vous livre quelques poèmes qui font référence à la fleur de prunier.

d0165723_14163858

*

Si au printemps
le prunier ne fleurissait qu’en mon logis
celui qui m’a quitté viendrait l’admirer.

*

Une nuit au clair de lune en offrant des fleurs de prunier blanc.

Ni l’une ni l’autre ne sont choses séparées
Au printemps, la nuit,
la lune donne son éclat à la fleur.

*

La fleur de prunier n’y peut rien
car la neige, elle, devrait être nommée
Fleur du printemps

ô rage, ô désespoir…

30 dimanche Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Non classé

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camerone

Les braves vaincus par la coalition des crapules et des mollusques.

 

La 101ème pour le 101ème

29 samedi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Non classé

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101th*

Aujourd’hui c’est du côté de la place de Catalogne plutôt que du côté de Bastogne que les braves tiendront leur position.

Maladie de la conscience

28 vendredi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour, Divers vers

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Pierre Reverdy, prise de conscience

On ne peut plus dormir
tranquille quand on a
une fois ouvert les yeux.

Pierre Reverdy, La lucarne ovale
in Plupart du temps, Gallimard Poésie

*

Pourquoi dire qu’on ne peut plus dormir tranquille, sinon parce qu’on désirerait par-dessus tout pouvoir le faire. Et certes, on ne parvient pas à croire à volonté ce qu’il nous ferait plaisir de croire, d’où le sentiment d’impuissance qu’exprime Reverdy. Malheureusement il est à craindre qu’il y ait bien des stratégie indirectes mais pas pleinement conscientes pour anesthésier les prises de conscience douloureuses.  On a beau avoir maintes occasions de prendre conscience de notre propension à nous duper nous-même, il faut malheureusement encore lutter pour garder les yeux ouverts. La plus grande illusion à propos des illusions est peut-être de penser que la vérité suffit à les dissiper.

Poursuite des investigations

27 jeudi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Fantaisie, Insatiable quête de savoir

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Murasaki Shikibu, Sakura, Sei Shônagon, Ume

Bref rappel des faits pour ceux qui ont un peu oublié le point de départ de l’enquête.

(pour les très hypothétiques nouveaux lecteurs mieux vaut aller lire l’article original).

Saurez-vous identifier l'arbre en fleur?

Saurez-vous identifier les arbres en fleur ci-dessus?

Au commencement était la quatrième de couverture de mon exemplaire des Notes de chevets de Sei Shônagon :

« Avec l’auteur du Roman de Genji, Noble Dame Murasaki, Sei Shônagon est une des plus illustres parmi les grands écrivains  féminins du Japon. Si l’auteur du Roman de Genji  est constamment comparée, dans son pays, à la fleur du prunier, immaculée, blanche, un peu froide, Sei Shônagon, est égalée à la fleur rose, plus émouvante du cerisier. »

Le souci d’en apprendre un peu plus sur cette analogie entre les deux auteures écrivaines femmes de lettre japonaises et les deux fleurs d’arbre me conduit à tomber sur un article d’un blog de fan de la période Heian qui présente l’analogie de manière inversée :

Reserved and contemplative as she was, Murasaki is thought of as similar to  a cherry blossom, a traditional symbol of purity, while the gregarious, slightly more promiscuous Sei is likened to a vibrant red plum blossom.

Alors qui est la fleur de cerisier, qui est la fleur de prunier de Sei Shônagon et de Murasaki Shikibu?

L’accord se fait sur la personnalité des deux nobles dames de la cour, il se fait aussi sur la couleur de la fleur qui leur est associée :  la plus réservée Murasaki est associée à une fleur blanche, la moins sage Sei Shônagon est associée à une fleur rose. Mais la botanique ne nous aide pas à y voir plus clair puisqu’il y a – aujourd’hui du moins – des fleurs blanches et des fleurs roses aussi bien chez les pruniers que chez les cerisiers.

Il n'y a pas qu'au Puy du Fou qu'on goute les reconstitutions

Il n’y a pas qu’au Puy du Fou qu’on goute les reconstitutions

Quoi de neuf?

Pour ne rien arranger j’ai trouvé une source concordant avec la première et une autre concordant avec la seconde.

Ce que dit André Beaujard le traducteur des Notes de chevets chez Gallimard a été déjà été dit par Kuni Matsuo et Emile Steinilber-Oberlin qui traduisirent des extraits des Notes de chevet dans les années vingt :

« Les japonais comparent volontiers Mouraçaki Shikibou à la fleur du prunier, parfaitement blanche et immaculée et Sei Shonagon, à la fleur du cerisier, d’une teinte rosée, plus séduisante, plus amusante – moins pure, ceci à raison, sans doute, de la liberté de sa conduite et de ses propos. »

source : Valerie Henitiuk « Prefacing gender  : framing Sei Shônagon for a western audience » in Translating Women p. 242 [merci Google Books!]

Le risque c’est que le nouveau traducteur ait simplement repris ses prédécesseurs et qu’il n’y ait pas deux sources indépendantes et concordantes, mais une seule.

La source qui semblait a priori moins sérieuse : l’obscur blogueur,  reçoit un renfort de poids d’une thèse : Genre, gender and genalogy in the late 12th century mongatari [oui, encore du gender!] par Robert Omar Khan. Cette thèse que vous trouverez en pdf. sur le net, si la lecture de mon article vous communique l’irrépressible envie de la lire, a l’immense intérêt de citer (p. 34) une source japonaise  : Omachi Keigetsu qui, a la page 1711 de son ouvrage Nihon bunshôshi  publié en 1907 [l’ouvrage n’est pas encore disponible sur le net, je sais que vous êtes déçus …], établit un parallèle entre la succession des différentes époques de l’histoire littéraire japonaise et la succession des saisons. Je grasse le passage où il évoque nos auteurs et les fleurs qui leur sont associées.

« The archaic period is winter. The norito, senmyô, and the Kojiki are the dense woods of pine and oak deep in the snow. The early Helan Taketori Monogatari, Ise Monogatari, and Tosa Nikki are the budding of the first plum blossoms in early spring. The period of the women writers, Murasaki and Sei Shônagon, is the season of genial spring breezes when masses of flowers are in full bloom. If Murasaki Shikibu is the cherry blossom, then Sei Shônagon is the red flowering plum. Izumi Shikibu is the peach blossom. The rise of wakankonkôbun in the Kamakura period is the fresh verdure of early summer. The Muromachi perïod is like high summer festooned with crape myrtle and lilies. Coming to the Edo period with the sudden appearance of so many and various great writers, it is an autumnal landscape 0f the moors with their seven flowers, the huis with their yellow and scarlet leaves. The ripening of kanbun is that of the chrysanthemums and orchids made native to Japan. And the revival of wabun, that is to say gikobun, is the reflorescence of the cherry blossom. »

Comme vous l’aurez remarqué l’auteur se contente d’associer une fleur à chacune de nos femmes de lettres, sans fonder cette association sur des considérations psychologiques, mais surtout il fait intervenir une troisième personne Izumi Shikibu, poétesse contemporaine des deux autres, à laquelle il associe la fleur de pêcher.

Izumi Shikibu, par Kikuchi Yōsai

Izumi Shikibu, par Kikuchi Yōsai

La perspective d’avoir à élargir mes recherches littéraires et botaniques (qu’est-ce qui distingue la fleur de pêcher de celles du cerisier et de celle du prunier?) émousse je l’avoue mon enthousiasme pour cette question, d’autant que je commence vraiment à croire que pour tirer ces histoires au clair il faudrait que j’apprenne le japonais. Si vous lisez le japonais, si vous connaissez quelqu’un qui le lit, voire quelqu’un qui connaît quelqu’un … je vous lance un appel à l’aide pour achever cette quête absolument dénuée d’importance.

*

Petit exercice

Combien pouvez vous citer d’écrivain en France ou en Europe, contemporains (entre 970 et 1030 environ)de nos deux  trois poétesses japonaises?

Réponse à la devinette de la première image

Il s’agissait de pêchers.

C’était trop facile.

梅花三弄

26 mercredi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Paroles et musiques

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fleur de prunier, Mei hua san nong

Mon unique lectrice se souvient Les lecteurs fidèles et attentifs se souviennent de Sakura Sakura la chanson traditionnelle japonaise en hommage aux cerisiers en fleur. Ils n’ont pas non plus oublié que  le goût des japonais pour les arbres en fleur est d’importation chinoise et qu’originellement les japonais, comme les chinois admiraient par dessus tout le prunier Ume avant de se démarquer de leurs voisins continentaux en donnant la préférence au cerisier Sakura. J’imagine que la question qui brûle les lèvres de chacun est « y a-t-il une mélodie chinoise en hommage au prunier qui soit l’équivalent de Sakura, sakura la mélodie japonaise en hommage au cerisier? ». Et bien, chers lecteurs la réponse est oui.

meihua

Laissez-moi vous présenter Mei hua san nong (梅花三弄 : vous reconnaissez évidemment les idéogrammes qui constituent le titre – snob à souhait – de l’article) que vous trouverez plus facilement sous le titre traduit en anglais « three variations on plum blossom« . Meihua signifie la fleur de prunier, en revanche, si j’ai bien compris ce que j’ai lu sur le sujet, la traduction de Sannong par « trois variations » serait plus discutable car cela voudrait plutôt dire « jouer trois fois la même chose ». Cette mélodie est réputée remonter au IVe siècle à l’époque de la dynastie des Jin orientaux, la légende raconte qu’elle aurait été créée par le général et musicien Huan Yi qui l’aurait interprété à la flûte Dizi (la flûte traversière en bambou). Un article très détaillé que je recommande à ceux qui commencent déjà à se passionner pour le sujet, conteste cette version légendaire. Toujours est-il que la mélodie a été conservée jusqu’à nos jours et a connu diverses transpositions. Si elle a continué à être interprétée à la flûte elle fait aussi partie du répertoire du guqin (aussi appelé simplement qin) un instrument à corde dont Wikipedia vous parlera mieux que moi. Mais trêve de préambule, place à la musique.

*

Une version interprétée à la flûte xiao

Une version pour xiao et guqin

Une version pour guqin

*

Étant complètement incompétent pour tout ce qui relève de la musicologie, je me contenterai de renvoyer ceux que cet aspect intéresse à l’article précédemment mentionné, ainsi qu’à celui-ci. Je me bornerai à vous reporter les éléments que j’ai trouvés qui font le lien avec la valeur attribuée aux fleurs de prunier.

« Meihua Sannong is composed mainly of a number of different melodies, each of which consists of a string of connected musical phrases. Contrasting tempos and the restraining influence of synchronism serve to produce effects of scattering and tightening, which represent plum blossom’s pure and noble peacefulness and fearlessness to the severe cold. This melody expresses the loneliness and extraordinary self-admiration of ancient Chinese scholars. » Source

« Les fleurs de prunier a un caractère noble : elles fleurissent et diffusent leur arôme dans le grand froid. Elles ont été donc depuis toujours les préférées des hommes de lettres. […] « San nong » signifie trois répétitions avec la même mélodie. Cette répétition est une métaphore du caractère des fleurs de prunier : indomptables, elles fleurissent dans le vent froid l’une après l’autre et elles grimpent toujours vers le haut. » Source

*

Alors que Sakura sakura a déjà son article Wikipedia en anglais et en français, il n’y a encore rien de tel pour Mei hua san nong. C’est sûrement une injustice … d’un autre côté le second a encore été épargné par la récupération publicitaire occidentale ce qui compense largement.

Que cent fleurs s’épanouissent

25 mardi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour, Perplexités et ratiocinations

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éducation bienveillante, bienveillance, inspiration, Joseph Joubert

« Porter en soi et avec soi cette indulgence et cette attention qui fait fleurir les pensées d’autrui. »

Joseph Joubert, 26 novembre 1808, Carnets II p. 284

*

Bien que cette recommandation ne soit jamais qu’une variation sur le principe général : « fais aux autres ce que tu aimes qu’ils te fassent », elle ne sonne pas – du moins à mes oreilles – comme une platitude. Bien sûr, nous constatons que certaines personnes nous mettent à l’aise dans la discussion, voire nous inspirent quand nous pensons à elles, mais peut-être a-t-on trop tendance à croire qu’il s’agit d’une affaire de don plutôt que d’une disposition qu’il dépendrait de nous de cultiver pour rendre la pareille.

Le précepte proposé par Joubert n’est cependant pas sans rappeler les recommandations, familières aux enseignants, de  bienveillance  envers les apprenants leurs élèves. Mais l’intérêt de ce précepte réside justement dans son caractère général. Le devoir d’attention et d’indulgence n’est sûrement pas cantonné à la relation pédagogique, même s’il ne s’agit pas, inversement, de reconnaître à tous le même droit à l’attention et à l’indulgence. Joubert ne pose d’ailleurs pas le problème en terme de droit des autres à notre bienveillance, et je serai porté à interpréter son précepte dans le sens d’une éthique des vertus plutôt que dans celui d’une éthique déontologique (c’est-à-dire plus comme une réponse à la question : « quel genre de personne est-ce que je veux être? » que comme une réponse à la question « quelles sont mes obligations? »). Cette question mériterait d’être discutée plus à fond, mais ce sera pour une autre fois.

Le rapprochement avec le domaine pédagogique m’incite à apporter une autre précision. S’il s’agit de contribuer à « faire fleurir les pensées d’autrui » il est tentant d’établir un parallèle avec la maïeutique : l’art socratique d’accoucher les esprits. Mais ce que prône ici Joubert c’est une attitude, une disposition générale dont les effets sur autrui sont diffus tandis que la maïeutique s’exerce à travers des interventions plus nettement identifiables qui demandent d’ailleurs un savoir-faire spécifique (savoir poser les bonnes questions, repérer les sources d’embarras intellectuel etc.) .

 

Effort de conciliation

24 lundi Mar 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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Confucius, penser et étudier

Pour clore provisoirement la confrontation des aphorismes de ces deux derniers jours, on peut citer une sentence fameuse de Confucius qui semble donner raison aux deux « camps ».

子曰。學而不思則罔、思而不學則殆。

« Étudier sans penser est vain, penser sans étudier est dangereux »

Confucius, Entretiens II.15

*

Cette sentence semble établir un parfait équilibre entre la réflexion personnelle et l’étude des œuvres classiques. En fait, c’est un peu trompeur, et une autre sentence semble faire pencher la balance du côté de l’étude :

« Il m’est arrivé de jeûner une journée entière et de rester éveillé toute la nuit pour méditer. Ce n’est pas profitable, mieux vaut étudier »

Entretiens XV. 31

Il ne faut pas se méprendre sur le sens de l’expression « étudier sans penser est vain » : il ne s’agit pas d’une critique de l’érudition au nom du progrès de la connaissance (comme il en était question dans un des textes de Lichtenberg cité hier). En effet Confucius dit aussi :

« Je transmets mais je ne crée point, car j’aime les anciens et je crois en eux. »

Entretiens VII.1

« Qui comprend le nouveau en réchauffant l’ancien peut devenir un maître »

Entretiens II.11

Si je comprends bien ce que veut dire Confucius, il ne s’agit pas tant d’enrichir le corpus des savoirs que de se les approprier d’une manière qui permette de les appliquer à bon escient aux situations inattendues.

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