Enfants soldats

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enfants, Karl Kraus, soldats

« Les enfants jouent aux soldats. On le comprend. Mais pourquoi les soldats jouent-ils aux enfants? »

Karl Kraus, Aphorismes, p. 95

Fin de trimestre

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Coucher tard lever matin, Gabriel Yacoub, Malicorne

Homme de paille invisible

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de quoi l'absence de nom est-elle le nom?, homme de paille

La version en ligne du journal Regards dirigé par Clémentine Autain (dont j’ai dit ailleurs ce que je pensais) publie un article d’un certain Gildas Le Dem intitulé Ces « intellectuels » qui repartent en croisade. Ce qui est amusant c’est qu’aucun nom d’intellectuel-avec-des-guillemets n’est cité dans l’article, si bien qu’il est impossible de comparer le contenu des accusations au propos effectif des accusés et de juger de la justesse de vue de Mr Le Dem. Très honnêtement je ne sais pas qui est visé ; pour ce qui est des usual suspects médiatiques  : Glucksman est mort, d’après ce que j’ai compris Onfray n’est pas un va-t-en-guerre contre Daech … reste BHL? Comment mettre efficacement en garde contre les méchants si on ne nous donne pas les moyens de les identifier nommément?

Liste d’imbéciles

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bellicisme ou pacifisme, guerre, stupidité

… qui n’avaient pas compris que la violence et la guerre ne résolvaient rien.

Hô Chí Minh et Giap qui croyaient naïvement que la guerre les débarrasserait du colonialisme français (de dangereux récidivistes puisqu’ils s’imaginèrent ensuite qu’elle permettrait la réunification du Vietnam).

Winston Churchill dont l’entêtement à poursuivre la guerre contre le nazisme fit perdre de nombreuses années à la recherche d’une solution politique négociée.

William Pitt, Metternich et quelques autres naïfs qui s’imaginèrent que la guerre résoudrait le « problème Napoléon ».

Mehmet II qui crut en finir avec les questions byzantines par des moyens militaires.

Scipion Emilien qui se fourvoya au point de penser qu’une troisième guerre punique mettrait définitivement fin au problème carthaginois, alors que les deux précédentes n’y avaient pas réussi.

 

Patriotisme

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patriotisme, Simone Weil, universalisme

« La France se sent mal à l’aise dans son patriotisme, et cela bien qu’elle-même, au XVIIIe siècle, ait inventé le patriotisme moderne. Il ne faut pas croire que ce qu’on a nommé la vocation universelle de la France rende la conciliation entre le patriotisme et les valeurs universelles plus facile aux Français qu’à d’autres. C’est le contraire qui est vrai. La difficulté est plus grande pour les Français, parce qu’ils ne peuvent pas complètement réussir, ni à supprimer le second terme de la contradiction, ni à séparer les deux termes par une cloison étanche. Ils trouvent la contradiction à l’intérieur de leur patriotisme même. […]

Il est facile de dire, comme Lamartine : « Ma patrie est partout où rayonne la France… La vérité, c’est mon pays. » Malheureusement, cela n’aurait un sens que si France et vérité étaient des mots équivalents. Il est arrivé, il arrive, il arrivera que la France mente et soit injuste ; car la France n’est pas Dieu, il s’en faut de beaucoup.  […]

La vocation universelle de la France ne peut pas, à moins de mensonge, être évoquée avec une fierté sans mélange. Si l’on ment, on la trahit dans les mots mêmes par lesquels on l’évoque ; si l’on se souvient de la vérité, la honte doit toujours se mêler à la fierté, car il y a eu quelque chose de gênant dans tous les exemples historiques qu’on peut en fournir. Au XIIIe siècle, la France a été un foyer pour toute la chrétienté. Mais c’est au début même de ce siècle qu’elle avait détruit pour toujours, au sud de la Loire, une civilisation naissante qui brillait déjà d’un grand éclat ; et c’est au cours de cette opération militaire, en liaison avec elle, qu’a été établie pour la première fois l’Inquisition. C’est là une souillure qui compte. Le XIIIe siècle est celui où le gothique s’est substitué au roman, la musique polyphonique au chant grégorien, et, en théologie, les constructions tirées d’Aristote à l’inspiration platonicienne ; dès lors on peut douter que l’influence française en ce siècle ait correspondu à un progrès. Au XVIIe siècle, la France a de nouveau rayonné sur l’Europe. Mais le prestige militaire lié à ce rayonnement a été obtenu par des méthodes inavouables, du moins si l’on aime la justice ; au reste, autant la conception classique française a produit des œuvres merveilleuses en langue française, autant elle a exercé une influence destructrice à l’étranger. En 1789, la France est devenue l’espoir des peuples. Mais trois années plus tard elle est partie en guerre, et dès les premières victoires elle a substitué aux expéditions de délivrance des expéditions de conquête. Sans l’Angleterre, la Russie et l’Espagne, elle aurait imposé à l’Europe une unité peut-être à peine moins étouffante que celle qui est aujourd’hui promise par l’Allemagne. Dans la deuxième partie du siècle dernier, quand on s’est aperçu que l’Europe n’est pas le monde, et qu’il y a plusieurs continents sur cette planète, la France a été reprise d’aspirations à un rôle universel. Mais elle n’a abouti qu’à fabriquer un Empire colonial imité de celui des Anglais, et dans le cœur d’un certain nombre d’hommes de couleur, son nom est maintenant lié à des sentiments auxquels il est intolérable de penser. Ainsi la contradiction inhérente au patriotisme français se retrouve aussi le long de l’histoire de France. « 

Simone Weil, L’enracinement

La vérité est ailleurs

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complotisme, délire interprétatif

Comme on pouvait s’y attendre les attentats du 13 novembre ont très vite donné lieu à des interprétations complotistes. Le site wikistrike nous révèle ainsi que les attentats ont évidemment été téléguidés par les services secrets. Le ratage des kamikazes du stade de France, dont on peut certes s’étonner, est interprété comme un signe d’une manipulation : s’il n’y a eu qu’un mort sur ce site, en dehors des terroristes, c’est, bien sûr, parce que les services secrets ont fait en sorte qu’il n’y en ait pas davantage … on se demande bien pourquoi ils ont eu ces scrupules au stade France et pas au Bataclan.  Les complotistes nous présentent leurs théories comme des moyens d’éclaircir des bizarreries sur lesquelles ils se plaisent à attirer notre attention, ils s’étonnent beaucoup moins des incongruités encore plus frappantes de leurs propres scénarios. Le même phénomène était déjà manifeste dans les délires sur le 11 septembre  : la CIA envoyant un missile sur le Pentagone et faisant croire que c’est un avion qui s’écrase dessus, tout en faisant disparaître l’avion ailleurs, ou encore, minant les tours du World Trade Center sur lesquelles s’écrasent les avions pour s’assurer qu’elles s’effondrent … pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué. La créativité scénaristique dont font preuve les comploteurs aux dires des complotistes n’est jamais une source d’étonnement (et de doute sur leurs propres théories) pour ces derniers … ne nous en étonnons pas, elle n’est qu’une projection de la leur.

Si ces gens qui savent tout ce qu’on nous cache passent par ici, j’aimerais qu’ils me renseignent sur un point : tous les attentats revendiqués par Daesh sont-ils l’œuvre de nos services secrets où est-ce que les services de chaque pays frappé organisent leurs propres attentats ? Dans ce cas, peut-on envisager de décerner un prix du meilleur scénario ?

A ceux qui ne connaîtraient pas ce bijou, on ne peut que recommander la BD de Bastien Vivès consacrée au « complot islandais ».

Signalement

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bonne nouvelle, Judith Butler, LMSI

A mes chers lecteurs qui n’en auraient pas encore entendu parler je signale  un article consacré au démontage de ce que Judith Butler a écrit sur les attentats du 13 novembre et leurs suites.  L’article est signé par Marie Docher et Odile Fillod. Il y a tout lieu de penser que c’est la même Odile Fillod qui tenait déjà le très recommandable blog Allodoxia ( pour les amateurs, je signale en particulier ses articles critiques de la psychologie évolutionniste du genre ).

Le titre de ce nouveau blog Les mots sont très  importants annonce un programme alléchant.

La vérité contre l’oppression

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Xphobies

Est-il concevable qu’une personne qui n’énoncerait que des propositions vraies à propos d’un groupe X puisse être légitimement accusée de tenir des propos X-phobes?

Tragédie

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Joseph Joubert, malheur, tragédie

Pour êtres tragiques, il faut que les malheurs soient rares.

Joseph Joubert, 28 janvier 1808 Carnets II, p.243

Espoir de reprendre espoir

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désespoir, espoir, Paul Eluard

…

Je vois le dos d’un manteau gris
Dans une rue très basse sous la pluie

Je vois des pygmées sans conscience
Saluer leurs drapeaux en priant

Je vois des soldats dans la boue
Saluer les balles de la tête

Je vois des maisons démolies
Comme à plaisir pour une fête

Je vois un ventre ouvert en grand
Aux mouches au soleil pourri

Je vois les mains estropiées
Des vieillards menés à l’asile

Je vois des beautés inutiles
S’éteindre dans la nuit du doute

Et les fleurs sont artificielles
Et la terre devient stérile

Et je devrais bientôt me taire

Pourtant si je suis sur la terre
C’est que d’autre y sont aussi
Qui comme moi ont bégayé
Quand nous n’étions tout à fait muets

Il faut leur rendre la parole
Ils ont avalé le poison
Maudit leur mère et leur misère
Sans rien connaître d’exaltant

Il ne faut promettre et donner
La vie que pour la perpétuer
Comme on perpétue une rose
En l’encerclant de mains heureuses

Paul Eluard, Ailleurs ici partout, in Poésie ininterrompue