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Les paroles on V.O sont accessibles sur ce Skyblog.
Les interprètes disposent d’une fiche sur Wikipedia.
31 mardi Mai 2016
Posted Berceuse du mardi
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29 dimanche Mai 2016
Posted Choses vues ou entendues, confession
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Amazon – M. Taciturnus, vous avez mis les Ecrits corsaires de Pasolini dans votre panier, nous en inférons que le Mémoire en défense de Robert Faurisson pourrait également vous intéresser.
M. Taciturnus – Non merci !
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Signalons au passage que sur les 21 personnes qui ont attribué une note à l’ouvrage de Faurisson , 17 lui ont attribué 5 étoiles.
29 dimanche Mai 2016
Posted SIWOTI or elsewhere
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Il est amusant de constater que ceux qui dénoncent le plus énergiquement le caractère douteux du concept d’islamophobie ne voient aucun problème à traiter leurs adversaires d’islamo-gauchistes tandis qu’inversement, ceux qui se voient appliquer ce terme et qui le dénoncent comme « Une expression valise qui sert simplement à refuser le débat et à stigmatiser» ne se montrent guère sensibles au fait que l’usage du qualificatif « islamophobe » est souvent redevable des mêmes réserves.
27 vendredi Mai 2016
Posted Lectures
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« Lors d’une expérience, le prix Nobel Daniel Kahneman et ses collègues ont demandé aux participants d’imaginer le scénario suivant : Monsieur Tees et Monsieur Crane sont dans un taxi en route pour l’aéroport où leurs avions respectifs sont censés décoller à 6 heure, mais il y a énormément de circulation et le taxi n’avance pas. Ils arrivent à l’aéroport à 6h30, pour apprendre que l’avion de M. Tees a bien décollé à 6h, mais que le vol de M. Crane a été retardé de 25 minutes : l’avion décolle sous leurs yeux. Qui, de M. Tees ou de M. Crane, se trouve dans la situation la plus pénible?
A peu près tout le monde s’accorde à dire que c’est M. Crane, qui a raté de peu son avion. Mais pourquoi ? Ils ont tous les deux ratés leur vol. Il semblerait que le plus pénible pour M. crane ne soit pas le monde réel mais les mondes contrefactuels, ceux dans lesquels son taxi aurait été un tout petit peu plus rapide ou son vol un tout petit peu plus en retard.
Inutile de recourir à un scénario artificiel comme celui là pour mesurer les effets des contrefactuels. Pensez aux médaillés des Jeux Olympiques : qui est le plus heureux, celui qui a reçu la médaille d’argent ou celui qui a reçu la médaille de bronze? On pourrait penser que la joie du médaillé d’argent est objectivement plus grande puisque son résultat est meilleur. Mais pour les deux athlètes, les contrefactuels applicables sont très différents. Pour le médaillé de bronze, l’alternative aurait été de se retrouver sans médaille du tout : il y a échappé de peu. Pour le médaillé d’argent, l’alternative aurait été de remporter l’or : il l’a manqué de peu. De fait, quand les psychologues ont analysé les expressions faciales des athlètes à partir d’enregistrements des cérémonies de remises des médailles, ils ont constaté que les médaillés de bronze avaient l’air plus heureux que les médaillés d’argent. La différence entre ce qui aurait pu advenir, pour l’un et pour l’autre, l’emporte sur la différence entre ce qui est effectivement advenu.
A l’instar de M. Crane et du médaillé d’argent, plus nous sommes passés près de ce que nous désirions, plus nous sommes déçus. Comme l’a chanté Neil Young, adaptant le poète John Greenleaf Whittier « les mots les plus tristes qu’on puisse dire ou écrire sont ces quatre mots là : » Cela aurait pu être » [ “The saddest words of tongue and pen are these four words, ‘it might have been. »]. »
Alison Gopnik, Le bébé philosophe,
trad. Sarah Gurcel, le Pommier, p. 34-35
24 mardi Mai 2016
Posted Berceuse du mardi, Paroles et musiques
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Nuku, nuku, nurmilintu
Väsy, väsy västäräkki.
Nuku, kun mie nukutan,
Väsy, kun mie väsytän.
Nukuta, jumala, lasta.
Makauta, mariainen.
Kuro kiisan silmät kiinni
Anna unta aamuun asti
Kuro kiisan silmät kiinni
Anna unta aamuun asti
Si vous souhaitez vous faire une idée du sens des paroles, une traduction en anglais est proposée ici.
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22 dimanche Mai 2016
Posted Lectures
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Silence !
A la frontière du talent
Un gabelou fait son boulot
Une idée passe la frontière
Elle n’a rien à déclarer
La putain sur papier vélin!
Mais je t’avertis ma vieille
Dans les poubelles de l’oubli
L’Histoire jettera
Les mégots littéraires
Et les clairons rouillés
Malek Haddad, Le malheur en danger
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« Personne, sans doute, n’écrit réellement pour la postérité (dont il n’est au pouvoir de personne, en 1964, de deviner quelle figure elle pourra bien prendre, ne fût-ce que dans quelques années). je ne crois pas non plus que la postérité soit pour l’écrivain une « illusion commode » je crois qu’il en use, plutôt, sans y croire vraiment, comme d’un artifice de procédure pour maintenir son procès ouvert – un procès qu’il ne peut envisager réellement de perdre : ainsi Jeanne d’Arc en appelait au pape et Luther au concile sans excès de conviction, m’a-t-il toujours semblé. La vérité est qu’il y a probablement dans l’écrivain, à certains moments privilégiés où il tourne vers ce qu’il fait un regard qui lui paraît naïvement intemporel, un fou qui sait, qui a raison contre tous les autres, présents ou futurs, et à qui la postérité même apparaît pour le juger sans justification suffisante. La postérité avec ses goûts et ses jugements, ce n’est après tout que la littérature militante de demain – lui, dans ses grands moments, il est sur un autre plan : il s’intègre d’emblée à la littérature triomphante. »
Julien Gracq, Lettrines, Pléïade, Oeuvres complètes II p. 190
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« Le peintre ou le politique forme les autres bien plus qu’il ne les suit, le publie qu’il vise n’est pas donné, c’est celui que son œuvre justement suscitera, – les autres auxquels il pense ne sont pas « les autres » empiriques, définis par l’attente « ils tournent en ce moment vers lui (et encore moins l’humanité conçue comme une espèce qui aurait pour elle la « dignité humaine » ou « l’honneur d’être homme » ainsi que d’autres espèces ont la carapace ou la vessie natatoire), – ce sont les autres devenus tels qu’il puisse vivre avec eux. L’histoire à laquelle l’écrivain s’associe (et d’autant mieux qu’il ne pense pas trop à « faire historique », à marquer dans l’histoire des lettres, et produit honnêtement son œuvre), ce n’est pas un pouvoir devant lequel il ait à plier le genou, c’est l’entretien perpétuel qui se poursuit entre toutes les paroles et toutes les actions valables, chacune de sa place contestant et confirmant l’autre, chacune recréant toutes les autres. L’appel au jugement de l’histoire n’est pas appel à la complaisance du public, – et encore moins, faut-il le dire, appel au bras séculier : il se confond avec la certitude intérieure d’avoir dit ce qui dans les choses attendait d’être dit, et qui donc ne saurait manquer d’être entendu par X… Je serai lu dans cent ans, pense Stendhal. Ceci signifie qu’il veut être lu, mais aussi qu’il consent à attendre un siècle, et que sa liberté provoque un monde encore dans les limbes à se faire aussi libre que lui en reconnaissant comme acquis ce qu’il a eu à inventer. Ce pur appel à l’histoire est une invocation de la vérité, qui n’est jamais créée par l’inscription historique, mais qui l’exige en tant que vérité. Il n’habite pas seulement la littérature ou l’art, mais aussi toute entreprise de vie. »
M. Merleau-Ponty, Signes
21 samedi Mai 2016
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« On ne peut pas brouiller le message en organisant des festivités pour un jour si important. […] En revanche, il m’est difficile d’imaginer – et attention, je ne suis pas en train de faire de compétition des mémoires – de chanter pour célébrer la fin de la Shoah. Dans ce cas, la douleur est trop grande et la commémoration se doit d’être solennelle. »
Quel est l’auteur de ces propos ?
Un artiste sollicité pour remplacer Black M à Verdun et qui a décliné l’invitation pour éviter les ennuis?
Nullement, il s’agit de Claudy Siar. Et ces propos ne se réfèrent pas à la commémoration du centenaire de la bataille de Verdun, ils ont été tenus il y a dix ans à l’occasion d’une polémique autour de la première célébration de la journée de commémoration de l’abolition de l’esclavage, le 10 mai. L’animateur protestait contre la tenue, à cette occasion, d’un concert organisé par le CRAN. On trouvera ici l’intégralité de l’interview dont j’ai extrait ce passage (article découvert via le fil Twitter d’Anna Guèye).
J’en conclus que, lorsque l’extrême-droite ne s’en mêle pas, l’idée qu’une commémoration demande du recueillement plutôt que des festivités, peut échapper à l’accusation de censure fasciste.
Sur la récente polémique, cet article de Nicolas Lebourg me semble plutôt juste, même si je ne suis pas sûr que le Front National ait, comme l’affirme l’auteur, seulement suivi le mouvement de protestation. Je partage en particulier son diagnostic quant au singulier manque de discernement de ceux qui ont eu l’idée d’un tel concert (au point qu’on croirait qu’elle a été suggérée par un disciple facétieux de Philippe Muray). Qu’on me comprenne bien, je reconnais à chacun le droit de n’avoir rien à faire de la commémoration de Verdun (moi-même je ne m’en soucie guère), mais, quand on se charge d’organiser cette commémoration, on peut difficilement ne pas faire cas des sentiments de ceux à qui elle importe. La faute politique n’est pas d’avoir cédé aux pressions de l’extrême-droite en annulant le concert, mais de lui avoir offert un champ de bataille où elle avait quelque chose à gagner qu’on lui cède ou qu’on lui résiste.
A l’opposé, l’article de Karim Hammou et Laurence De Cock publié par LMSI succombe au défaut prévisible de sacrifier l’honnêteté intellectuelle aux nécessités de la lutte contre l’extrême-droite. Si les auteurs soulignent à juste titre la mauvaise foi des dénonciations de l’antisémitisme ou de l’homophobie de Black M de la part de militants d’extrême-droite :
« Les accusations d’homophobie ou d’antisémitisme sont d’autant plus absurdes qu’elles viennent de fractions du champ politique qui n’ont pas manqué de s’illustrer dans ce registre. »
Ils ne sont pas eux-mêmes exempts de reproches en la matière : ils utilisent pour dédouaner Black M des arguments (par exemple le fait qu’il n’était pas l’auteur des paroles qu’il interprétait) dont on doute qu’ils les aient acceptés s’ils avaient servi à disculper un « souchien » suspect de sympathies frontistes (et on n’a pas connu LMSI aussi charitable dans l’interprétation quand il s’agissait d’accuser Charlie Hebdo d’islamophobie).
De même les auteurs cherchent à nous enfermer dans une fausse alternative : soit on ne trouve rien à redire à l’idée du concert de Black M soit on est partisan de commémorations patriotardes exaltant le sacrifice etc… comme si la réconciliation franco-allemande n’était pas passée par là.
A ceux qui opposent au festivisme la nécessité du recueillement, les auteurs opposent ceci :
« Black M invitait, par son concert, à un temps de rencontre et d’amusement populaires. Mais on ne rit pas à Verdun, on ne danse pas à Verdun. Qu’y fait-on alors ? D’après ces gardien·ne·s de la réaction et du conservatisme patriotique et moral, on y honore des morts dont ils et elles confisquent la parole. Ces dernier·e·s ont tôt fait d’oublier plusieurs choses : la première est celle de l’amour de la musique populaire des jeunes morts au front, et c’eût été un bien bel hommage que d’honorer l’impertinence d’une jeunesse fauchée trop tôt … »
Je ne pense pas que cet amour de la musique populaire était moins présent chez les victimes de tous les massacres du XXe siècle, faut-il en conclure que ce serait un bel hommage d’organiser une rave party au Struthof ou de charger Patrick Sébastien d’animer les festivités en hommage aux victimes d’Oradour ?
17 mardi Mai 2016
Posted Berceuse du mardi, Paroles et musiques
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16 lundi Mai 2016
Posted Divers vers
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Il y a ceux qui s’efforcent de vivre partout en étranger et ceux dont c’est la condition native :
« Constamment en pays étranger, le poète se sert de la poésie comme interprète ».
Edmond Jabès, Les mots tracent
15 dimanche Mai 2016
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J’ai évoqué hier, à propos de l’utilitarisme, un problème qui pourrait être examiné à propos d’autres options de philosophie morale. On peut se demander quelles sont les philosophies morales qui pourraient justifier une forme d’hypocrisie face à un public qui ne leur est pas acquis. Par exemple, je vois mal par quel artifice la déontologie kantienne pourrait recommander le genre de simulation qui est concevable dans l’utilitarisme. Je voudrais, aujourd’hui, essayer d’y voir plus clair sur ce qu’il en est de ce problème pour le stoïcisme.
Il y a un passage du Manuel d’Epictète que je rumine depuis un certain temps car il semble recommander un comportement qu’on peut juger hypocrite :
« Lorsque tu vois un homme qui gémit dans le deuil, soit parce que son fils est absent, soit parce qu’il a perdu ce qu’il possédait, prends garde de te laisser emporter par l’idée que les maux dont il souffre lui viennent du dehors. Mais sois prêt à dire aussitôt : « Ce qui l’afflige ce n’est point ce qui arrive, car un autre n’en est pas affligé; mais c’est le jugement qu’il porte sur cet événement. » N’hésite donc pas, même par la parole, à lui témoigner de la sympathie, et même, si l’occasion s’en présente, à gémir avec lui. Mais néanmoins prends garde de ne point aussi gémir du fond de l’âme.«
Manuel §. XVI
On peut d’abord noter que l’aspirant stoïcien est confronté au problème de l’hypocrisie parce que son compagnon ne fait pas preuve lui-même de stoïcisme. Mais pourquoi aller gémir avec lui plutôt que de veiller, à distance, à préserver sa propre paix intérieure? A quel impératif du stoïcisme correspond cette conduite ?Il ne s’agit pas de préserver son image aux yeux de l’autre, d’éviter de passer pour un sans-coeur. En effet le Manuel recommande à diverses reprises à l’aspirant stoïcien de ne pas se laisser détourner de la voie de la sagesse en se souciant de ce que les non-stoïciens diront de lui :
« Si tu veux progresser, résigne-toi, quant aux choses extérieures, à passer pour un insensé et un sot. »
§. XIII
« Si tu désire être philosophe, prépare-toi dès lors à être ridiculisé et raillé par la foule … »
§. XXII
Si le stoïcien ne doit pas hésiter à gémir « extérieurement », ce n’est donc pas pour préserver sa sérénité en dissimulant son stoïcisme. C’est en tant que moyens de remplir ses devoirs sociaux que ces gémissements se justifient (pour autant qu’ils n’engagent pas le « fond de l’âme »). Soit, dira-t-on, le stoïcien pour vivre conformément à sa nature d’homme doit remplir des devoirs de soutien envers les autres, mais pourquoi la conciliation de l’accomplissement des devoirs sociaux et de la préservation de la tranquillité de l’homme devrait-elle prendre la forme de ces gémissements « feints ». Le stoïcien ne rendrait-il pas meilleur service à ce voisin dans le deuil en allant lui prodiguer une leçon de stoïcisme, par exemple en allant lui expliquer que « ce qui trouble les hommes ce ne sont pas les choses mais les jugements qu’ils portent sur elles » ? Aller gémir avec l’autre, c’est faire ce que celui-ci attend, mais est-ce bien remplir son devoir envers l’autre que de faire ce qu’il attend lorsque cette attente témoigne de son « déficit de stoïcisme »? Le problème est ici de savoir comment le stoïcien pourra être l’ami d’un non-stoïcien sans que cela compromette son stoïcisme. Le chapitre XXIV du Manuel est d’ailleurs pour une large part consacré à répondre à l’objection que l’engagement dans la voie stoïcienne rendrait incapable de remplir ses devoirs d’amis ou de citoyens dans un monde ou tous ne sont pas stoïciens :
2. – Mais tes amis resteront sans secours ! – Qu’appelles-tu sans secours ? – Tu ne leur donneras pas de l’argent, tu ne les feras pas citoyens romains – Mais qui donc t’a dit que ce sont la des choses qui dépendent de nous, et qui ne nous sont pas des choses étrangères ? Qui peut donner à un autre ce qu’il n’a pas lui-même ? – Acquiers donc, dira l’un d’eux, pour que nous ayons.
3.- Si je puis acquérir en me conservant modeste sur, magnanime, montre-moi le chemin, et j’acquerrai. Mais si vous trouvez bon que je perde les biens qui me sont propres pour que vous obteniez ce qui n’est pas un bien, voyez a quel point vous êtes iniques et déraisonnable ! Que préférez-vous donc ? L’argent ou un ami sûr et modeste ? Aidez-moi plutôt a acquérir ces biens, et ne trouvez plus bon que je me livre à des actes qui me les fassent perdre.
4.- « Mais ma patrie, dira quelqu’un, autant qu’il est en moi, je ne lui viendrai point en aide.» Encore une fois, quelle est cette aide ? Elle ne te devra ni portique, ni bains. Et qu’est-ce que cela ? Ce ne sont pas les forgerons qui lui donnent des chaussures, ni les cordonniers, des armes ; il suffit que chacun accomplisse sa tâche. Mais, si tu lui fournissais quelque autre citoyen modeste et sûr, ne lui rendrais-tu aucun service. _ Oui – Eh bien alors ! Toi aussi, tu ne lui seras pas inutile.
La réponse du chapitre XXIV et celles du chapitre XVI sont elles cohérentes ? On peut avoir l’impression que le comportement recommandé au chapitre XVI (aller gémir « extérieurement » avec l’autre sans lui servir une leçon de stoïcisme) transige davantage que celui recommandé au chapitre XXIV (où l’on explique à l' »ami » qui vous demande de l’aider à s’enrichir, qu’il vaut mieux avoir un ami stoïcien que de l’argent !). En réalité il me semble qu’il n’y a pas de contradiction entre une hypocrisie du chapitre XVI et une franchise du chapitre XXIV ; les deux comportements sont justifiables à partir des mêmes principes mais ceux-ci sont appliqués différemment en fonction de l’appréciation de la situation. L’attitude recommandée au chapitre XVI peut se justifier en arguant qu’une leçon de stoïcisme administrée dans ces circonstances ne serait de toutes façons pas audibles, que le mieux qu’il y ait à faire dans un premier temps est de gémir, quitte à réserver les belles paroles pour un moment plus propice. On a vu hier dans l’utilitarisme, un équivalent de ce moment d’appréciation de la situation : l’utilitariste devait apprécier les conséquences sur le bonheur général de ses louanges et de ses blâmes en tenant compte de la « maturité » de son public pour décider s’il devait assumer publiquement son utilitarisme.
Comme j’ai développé cette interprétation sans prendre le temps de faire les lectures nécessaires sur le concept de parrhèsia, il est possible que j’ai dit beaucoup de bêtises. Si la marge d’appréciation que j’ai supposée est bien reconnue par les stoïciens (du moins par Epictète), il me semble qu’elle pourrait constituer une différence avec le cynisme qui ne semble pas porter aux mêmes ménagements.