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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: correspondance

Secret des correspondances

25 mardi Août 2020

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correspondance, Edith Stein, Friedrich von Schiller, Goethe, phénoménologie

Les correspondances entre intellectuels publiées in extenso et non par morceaux choisis permettent de se rendre compte que même les plus grands esprits ne passent pas leur temps dans les discussions d’idées profondes. Je viens de lire le premier tome de la correspondance entre Goethe et Schiller, et une large part des deux premières années de l’échange épistolaire est consacré à des problème pratiques liés à l’édition de la revue Les Heures que Schiller vient de créer (la correspondance commence justement avec la proposition de collaboration adressée à Goethe). Les échanges à propos de la publication des Xénies et des réactions qu’elles suscitent donne un aperçu du milieu intellectuel allemand de l’époque, mais comme les auteurs auxquels s’en prennent les correspondants sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, ces passages ne sont pas follement passionnants. La vie quotidienne tient aussi une place non négligeable dans les échanges de nos deux éminents écrivains : naissance des enfants, problèmes de santé des uns et des autres, difficultés de logement. Assez curieusement, alors que les mouvements des troupes françaises en Allemagne sont évoqués il n’y a guère  de discussion sur la politique entre nos deux éminents auteurs dans les premières années de leur correspondance (peut-être ce sujet était-il réservé à leurs échanges de vive voix). L’échange gagne en densité à partir du moment où Schiller adresse à Goethe ses remarques sur le Wilhelm Meister en cours d’écriture, et les discussions sur la littérature qui occupent l’année 1797 font qu’on ne regrette pas la lecture (ni l’achat).

 

L’année dernière je m’étais lancé, je ne sais sous quelle impulsion mystérieuse,  dans la correspondance d’Édith Stein et je me souviens en avoir gardé une impression plutôt mitigée pour des raisons comparables à celles que j’ai mentionnées ci-dessus. Dans les lettres qu’Édith Stein échange avec divers phénoménologues – en particulier le philosophe polonais Roman Ingarden (nous n’avons que les lettres qu’elle a envoyé, pas les réponses) – il est beaucoup plus question du terre à terre de la vie universitaire ( le travail d’Édith Stein comme assistante de Husserl, ses efforts vains pour obtenir un poste à l’université, les échéances de diverses publications) que de discussion proprement philosophiques. Ce n’est certes pas sans intérêt pour la connaissance de l’histoire du mouvement phénoménologique  : on se rend ainsi compte que la phénoménologie a connu un tournant théologique en Allemagne bien avant celui qu’elle a connu en France et qu’a étudié Janicaud. Dans la correspondance entre Édith Stein et Roman Ingarden c’est peut-être, finalement, l’intérêt pour la trame sentimentale et l’histoire d’une amitié finit par l’emporter.

L’Amour ou le Romantisme

08 vendredi Mai 2020

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correspondance, Marina Tsvetaieva

Au début des années 20 Marina Tsvetaïeva est sans nouvelles de son mari Sergeï Efron qui s’est engagé dans l’armée blanche. Pendant cette période elle connaît divers « engouements » pour des hommes qui lui inspireront des poèmes. A la fin de 1920 elle s’éprend du poète Evgeni Lvovitch Lozman dit Lann. En exergue d’une lettre qu’elle lui adresse en avril 1921, elle place cet étonnant dialogue entre elle et sa fille.

– Marina ! Que préféreriez-vous : une lettre de Lann – ou Lann lui-même ?
– Une Lettre bien sûr
– Quelle étrange réponse ! – Bon, et maintenant : une lettre de papa – ou papa lui même ?
– Oh! – papa !
– J’en étais sûre !
– Parce que ceci est l’Amour, tandis que cela est du Romantisme !

Marina Tsvetaïeva, Vivre dans le feu, p. 211

Prends des nouvelles de ton ex …

24 vendredi Avr 2020

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amour, correspondance, Marina Tsvetaieva

… tu recevras peut-être une lettre géniale.

Piotr Ivanovitch Iourkevitch fut le premier amour de Marina Tsvetaieva. Ils se côtoient pendant l’été 1908, elle a alors 15 ans. De trois ans plus agé, il est le frère de l’une de ses camarades de classe.

Lorsqu’il lui écrit huit ans plus tard, voici la lettre qu’il reçoit en retour :

 

Moscou, 21 juillet 1916

Cher Petia,

Je suis très contente que vous vous soyez souvenu de moi. La conversation humaine est une des jouis­sances les plus profondes et les plus subtiles de la vie : on donne le meilleur — son âme, on prend la même chose en échange, le tout avec légèreté, sans les difficultés et l’exigence de l’amour.

Longtemps, longtemps, — depuis ma toute petite enfance, aussi loin que je me souvienne — j’ai cru que je voulais qu’on m’aime.

Maintenant je sais et je dis à chacun : je n’ai pas besoin d’amour, j’ai besoin de compréhension. Pour moi c’est cela l’amour. Et ce que vous appelez l’amour (sacrifices, fidélité, jalousie), gardez-le pour d’autres, pour une autre, — moi, je n’en ai pas besoin. Je ne peux aimer que quelqu’un qui, par une journée de prin­temps, me préférera un bouleau. — C’est ma formule.

Je n’oublierai jamais la fureur dans laquelle m’a mise, un jour de ce printemps, quelqu’un — un poète [il s’agit d’Ossip Mandelstam] , une créature charmante, je l’aimais beaucoup — qui, alors qu’il traversait avec moi le Kremlin, sans un regard pour la Moskova et les églises, me parlait sans relâche et toujours de moi. Je lui ai dit : « Vous ne comprenez donc pas que le ciel — levez la tête et regar­dez ! — est mille fois plus que moi, vous pensez donc que par une journée pareille je peux penser à votre amour, à celui de qui que ce soit. Je ne pense même pas à moi, pourtant, je m’aime à ce qu’il paraît »

J’ai d’autres misères encore avec mes interlo­cuteurs. J’entre si impétueusement dans la vie de chaque personne rencontrée qui à un titre ou un autre me paraît aimable, je veux tellement l’aider, « compa­tir » qu’elle s’effraie — soit du fait que je l’aime, soit du fait qu’elle va se mettre à m’aimer et que sa vie de famille s’en trouvera affectée.

Cela ne se dit pas, mais j’ai toujours envie de dire, de crier : « Mon Dieu, Seigneur ! Mais je ne veux rien de vous. Vous pouvez partir et resurgir, partir et ne jamais revenir — tout m’est égal, je suis forte, je n’ai besoin de rien, excepté de mon âme ! »

J’attire les gens : aux uns, il semble que je ne sais pas encore aimer, aux autres — que je vais magnifique­ment et inévitablement me mettre à les aimer, aux troisièmes, plaisent mes cheveux courts, aux quatrièmes, que je les laisserai pousser pour eux, tous imaginent quelque chose, exigent quelque chose — d’autre, inévi­tablement, — oubliant que tout est quand même parti de moi et que si je ne les avais pas approchés, rien ne leur serait même venu à l’esprit, vu ma jeunesse.

Or, je veux de la légèreté, de la liberté, de la compré­hension, — ne retenir personne et que personne ne me retienne ! Toute ma vie est une idylle avec mon âme, avec la ville où je vis, avec l’arbre au bord du chemin, — avec l’air. Je suis infiniment heureuse.

J’ai beaucoup de poèmes, aussitôt la guerre finie je publierai deux recueils d’un coup. Voici un poème du dernier :

Suit le poème « Viendra un jour… »

[…]

Marina Tsvetaïeva, Vivre dans le feu, p. 127 – 128

Quand vient la fin de l’été …

21 samedi Sep 2019

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amour de vacances, Brian Hyland, C. Jérome, correspondance, Jason Donovan, Laurent Voulzy

C’est le jour ou jamais de comparer Derniers baisers, la bluette de C. Jérome[1] (reprise par Laurent Voulzy) qui commence par « Quand vient la fin de l’été … » avec le non moins sirupeux Sealed with a kiss qui l’a inspiré.

Les versions française

La version originale par Brian Hyland

et une reprise par Jason Donovan

Quand on compare la chanson en anglais et sa reprise en français, on constate que les mêmes éléments interviennent : amour, baisers, été, séparation[2] , mais qu’ils ne sont pas agencés de la même manière.  Dans la version originale les amants sont momentanément séparés pendant l’été mais se retrouveront à la fin de celui-ci, les baisers sont promis pour l’avenir ; la reprise française en revanche évoque la fin potentiellement définitive d’une amour de vacances, les baisers appartiennent au passé. On conviendra que le texte de la version française, quoiqu’on pense du charisme et du talent musical de ses interprètes, exploite plus pleinement la veine mélancolique. Au crédit de la version française on peut encore porter l’élément suivant : elle ne fait pas référence à cette pratique surannée incompréhensible pour les jeunes générations … écrire des lettres d’amour.

[1] Ceux qui s’étonneraient de la mention de C. Jérome sur ce blog qui se pique de légitimisme culturel, seront ravis d’apprendre (merci Wikipedia) que  le compositeur du morceau s’est lui-même inspiré de Bach.

It was most successful as a 1962 hit single for Brian Hyland, who recalls Geld saying the song was « based on, but not totally based on, a Bach finger exercise. »

[2] La plage qui constitue le cadre de l’histoire racontée par la version française n’est pas mentionnée dans la version originale, elle est introduite visuellement dans le clip de la version Donovan.

Pourquoi il faut rompre par SMS …

19 dimanche Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Perplexités et ratiocinations

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correspondance, Heinrich Heine, interprétation, rupture

… parce que cela permet une parfaite adéquation de la forme du message à son contenu. Inversement la forme de la longue lettre est manifestement inadéquate ainsi que Heine le montre dans le poème qui suit :

Der Brief, den du geschrieben,
Er macht mich gar nicht bang;
Du willst mich nicht mehr lieben,
Aber dein Brief ist lang.

Zwölf Seiten, eng und zierlich!
Ein kleines Manuskript!
Man schreibt nicht so ausführlich,
Wenn man den Abschied gibt.

Neuer Frühling XXXIV, Neue Gedichte

*

La lettre que tu as écrite
Ne me fait point peur du tout ;
Tu prétend ne plus m’aimer
Et pourtant la lettre est longue.

Douze pages d’écriture fine et gracieuse!
Un vrai petit manuscrit !
On n’écrit pas avec tant de minutie
Quand on vous congédie.

Nouveau printemps XXXIV, in Nouveaux poèmes
trad. Anne-Sophie Arstrup et Jean Guégan

*

La manière dont le poète décèle que la forme dit le contraire du contenu n’est pas sans évoquer le type d’interprétation du style que Freud proposera [1]. Certes on ne peut pas exclure que le destinataire de la lettre prenne ses désirs pour des réalités en interprétant la longueur du courrier comme le symptôme du désir inconscient de continuer la relation [2] ; la longueur de la lettre peut en effet s’interpréter autrement : si l’auteur de la lettre semble vouloir dire tout ce qu’il a sur le cœur, cela peut-être au contraire pour passer plus facilement à autre chose en se « purgeant ». Quoi qu’il en soit, si vous souhaitez vraiment rompre mieux, vaut ne pas laisser l’autre raccrocher ses espoirs à des interprétations de ce genre. Si ce sont des considérations éthiques qui vous retiennent de rompre par SMS, je vous invite à méditer l’enseignement de Kierkegaard qui expliquait que la goujaterie était parfois une forme supérieure de délicatesse.

[1] Dans la Psychopathologie de la vie quotidienne, Freud interprète le style « embarrassé » comme le symptôme d’un conflit entre l’intention consciente qui préside à l’écriture de la lettre et des désirs inconscients qui s’y opposent :

« Nous devons (et nous avons l’habitude de le faire) introduire, jusque dans l’appréciation du style dont se sert un auteur, le principe d’explication qui nous est indispensable, lorsque nous voulons remonter aux causes d’un lapsus isolé. Une manière d’écrire claire et franche montre que l’auteur est en accord avec lui-même, et toutes les fois où nous rencontrons un mode d’expression contraint, sinueux, fuyant, nous pouvons dire, sans risque de nous tromper, que nous nous trouvons en présence d’idées compliquées, manquant de clarté,, exposées sans assurance, comme avec une arrière pensée critique. » (p. 127 -128)

[2] On peut aussi envisager que l’auteur de la lettre agisse consciemment en disant par la forme le contraire du contenu. On aurait dans ce cas une forme particulièrement retorse de communication non-ostensive.

Extinction des feux

19 samedi Nov 2016

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amours mortes, Benjamin Fondane, correspondance

Lettre non envoyée

Je t’écris. Est-il rien qui soit changé au monde ?
Tu m’écris. Nous avons l’un et l’autre si peur
de nous apercevoir qu’il neige dans nos cœurs
et que nous sommes morts l’un vis à vis de l’autre.

je suis mort peu à peu et sans m’en rendre compte.
Tu es morte petit à petit sans crier.
La chaleur, par degrés, a fui notre courrier ;
et la rose a déjà cédé au perce-neige.

Parfois je me souviens que tu étais jolie.
Te souviens -tu encor que j’étais âpre et frais?
Mais oui! car nous avons gardé les mêmes traits ;
le temps ne marque plus les heures de l’absence.

[…]

Chaque jour qui s’en va t’efface davantage
en moi. Ne pleure pas! Tu pars, mais c’est des trous
qui restent, là, au mur, où sont rouillés les clous ;
et quand tu t’en iras, entière, de mon être

rien ne subsistera qu’une passoire où l’eau
naïve chante. Hé oui, en moi, tu sers morte –
ma chère. Morte dans un mort! Et de la sorte
nous serons côte à côte, comme toujours absents.

Je t’écris. Comprends-tu! Je n’ai rien à te dire.
Pourtant je me cramponne à toi, ô toi qui es
le glacier qui dans l’eau engendre son reflet
– un reflet qui serait, quoi? à défaut de l’image.

Benjamin Fondane, Au temps du poème

Cœur froid, bain chaud

18 vendredi Nov 2016

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chaleur ou froideur, correspondance, Dazaï Osamu

– Il paraît qu’un homme a pris un bain qu’il avait chauffé avec les lettres d’amour de ses maîtresses.
– Oh! Quelle horreur ! Je pense que c’est vous !
– Il m’est arrivé en effet de chauffer mon lait de cette façon.
– C’est donc un honneur pour ces lettres ! Buvez le donc !

Dazaï Osamu, La déchéance d’un homme
trad. G. Renondeau, Gallimard Connaissance de l’Orient, p.72 – 73

*

Voilà une raison de regretter la dématérialisation de la correspondance : elle nous prive d’un moyen de nous réchauffer.

Précieux ridicule

11 samedi Oct 2014

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correspondance, Fernando Pessoa, lettres d'amour, Ophélia Queiroz, ridicule

Todas as cartas de amor são
Ridículas.
Não seriam cartas de amor se não fossem
Ridículas.

Também escrevi em meu tempo cartas de amor,
Como as outras,
Ridículas.

As cartas de amor, se há amor,
Têm de ser
Ridículas.

Mas, afinal,
Só as criaturas que nunca escreveram
Cartas de amor
É que são
Ridículas.

Quem me dera no tempo em que escrevia
Sem dar por isso
Cartas de amor
Ridículas.

A verdade é que hoje
As minhas memórias
Dessas cartas de amor
É que são
Ridículas.

(Todas as palavras esdrúxulas,
Como os sentimentos esdrúxulos
São naturalmente
Ridículas.)

Álvaro de Campos
21-10-1935

*

Toutes les lettres d’amour sont
ridicules.
Elles ne seraient pas des lettres d’amour si elles n’étaient pas
Ridicules.

Moi aussi en mon temps j’ai écrit des lettres d’amour,
Comme les autres,
Ridicules.

Les lettres d’amour, si amour il y a,
Sont fatalement
Ridicules.

Mais, tout bien compté,
Il n’y a guère que ceux qui jamais
N’ont écrit de lettres d’amour
Qui sont
Ridicules.

Ah, retrouver le temps où j’écrivais
A mon insu
Des lettres d’amour
Ridicules …

La vérité c’est qu’aujourd’hui
Ce sont mes souvenirs
De ces lettres d’amour
Qui sont
Ridicules.

(Tous les mots accentués,
Comme les sentiments accentués
Sont naturellement
Ridicules.)

On trouve encore bien d’autres vidéos consacrés à ce poème de Pessoa, et certaines d’entre elles sont ridicules.

Quant au fait de consacrer, après beaucoup d’autres, un article de blog à ce poème c’est probablement ridicule.

*

On dispose des lettres d’amour que Pessoa a écrites à Ophélia Queiroz. Certaines d’entre elles sont publiées dans l’excellent Pessoa en personne publié par José Blanco. Pour donner un aperçu de l’idylle je me contenterai de citer ce dernier (p. 227):

« Elle avait dix-neufs ans quand elle fit la connaissance de Pessoa, dans les bureaux d’une maison de commerce de Lisbonne où il était traducteur et rédacteur de la correspondance étrangère, et elle dactylographe et traductrice. Elle avait treize ans de moins que lui. Leur idylle se déroula à l’insu des familles, dans le cadre strict des mœurs bourgeoises de l’époque : lettres, petits billets, petits cadeaux, brèves rencontres et promenades dans les rues de Lisbonne, parcours en tramway entre la maison et le bureau, apparitions de Fernando-Roméo à l’heure convenue sous la fenêtre d’Ophélia-Juliette. La première phase du roman dura de fin novembre 1919 jusqu’au début décembre 1920. Neuf ans plus tard, il y en eut une seconde tout à fait inattendue. »

OphéliaQueiroz

Le recueil Pessoa en personne contient notamment une lettre de Pessoa à Ophélia Queiroz du 1er mars 1920 qui mérite d’autant plus d’être citée en regard du poème ci-dessus, que le thème du ridicule y est évoqué.

Petite Ophélia

Pour me manifester votre mépris, ou tout au moins votre royale indifférence, il était inutile d’utiliser le masque transparent d’un long discours, ni toute la série de « raisons », aussi peu sincères que convaincantes, que m’avez écrites. Il suffisait de me le dire. Ainsi, je comprends aussi bien, mais cela me fait plus mal.

Comment vous en voudrais-je de préférer ce garçon qui vous fait la cour et qui naturellement vous plaît beaucoup? Vous pouvez préférer qui vous voulez, ma petite Ophélia : vous n’êtes pas tenue – je pense – de m’aimer, et il n’est pas vraiment nécessaire (à moins que vous ne vouliez vous amuser) de feindre de m’aimer.

Quant on aime vraiment, on n’écrit pas des lettres qui ressemblent à des plaidoiries d’avocat. l’amour n’étudie pas tant les choses, et ne traite pas les autres comme des accusés qu’il faut « coincer ».

Pourquoi n’êtes vous pas franche avec moi? Quel intérêt avez-vous à faire souffrir qui ne vous a rien fait – ni à vous, ni à personne -, quelqu’un à qui pèse déjà assez la peine d’une vie esseulée et triste, sans qu’on vienne lui donner de fausses espérances, en le comblant de feints témoignages d’affection – et dans quel intérêt, même de divertissement, ou pour quel satisfaction même de tourner en ridicule?

Je reconnais que tout cela est drôle, et que dans tout cela le plus drôle c’est encore moi.

Moi-même, j’en goûterais l’humour, si je ne vous aimais pas tant, et si j’avais le temps de penser à autre chose qu’à la souffrance que vous prenez plaisir à m’infliger, sans que je l’ai méritée autrement qu’en vous aimant, et je ne crois pas que vous aimer soit une raison suffisante pour mériter cela. Enfin …

Voilà le « document écrit »[1] que vous me demandez. Vous pouvez faire légaliser ma signature chez le notaire Eugénio Silva.

[1] Cela fait référence à la demande d’une déclaration d’amour en bonne et due forme.

Pio et Muli

26 samedi Juil 2014

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amour, connard, correspondance, Elias Canetti, Marie-Louise von Motesiczky

Rien à voir avec Placide et Muzo ni avec Mulot et Petitjean, Pio et Muli sont les diminutifs affectueux que se donnent Elias Canetti et Marie-Louise von Motesiczky. Il est né en 1905 à Roustchouk en Bulgarie , elle est née en 1906 à Vienne. Il est écrivain, elle est peintre (un lien vers sa fondation pour se faire une idée de sa peinture). Ils auraient pu se croiser à Vienne où Canetti s’installa pour ses études supérieures (en chimie) en 1924, où il connut sa femme Veza et où il séjourna jusqu’à l’Anschluss;  mais c’est en Angleterre, où ils sont tous deux réfugiés en 1940, qu’ils font connaissance. Les détails des débuts de leur relation ne nous sont pas connus (il n’en parle pas dans ses œuvres autobiographiques). Leur correspondance publiée sous le titre Amant sans adresse s’étend entre 1941 et 1992 (il meurt en 1994 et elle en 1996).

Canetti_Motesiczky_c_Marie-Louise von Motesiczky_c_Charitable Trust_London*

« Le comble de l’illusion, écrivait Merleau-Ponty, est de s’imaginer que l’homme soit en mieux ce que sont ses œuvres. » Amant sans adresse, illustre à merveille cette affirmation. Dans sa correspondance avec sa maîtresse, Canetti est loin d’apparaître toujours à son avantage et il semble qu’il ne faisait pas preuve, dans sa vie privée, de la sagesse qu’on serait porté à lui attribuer à la lecture du Territoire de l’homme.

A la lecture de cette correspondance on est rapidement frappé par le fait qu’elle le vouvoie systématiquement alors qu’il la tutoie. Ce détail se révèle rapidement révélateur des déséquilibres de leurs relations.

Elle se présente à des tiers (dont sa mère) comme « appartenant à Canetti » ; lui ne dit rien d’équivalent, puisqu’il est marié et qu’il a d’autres maîtresses (dont la philosophe et écrivain britannique Iris Murdoch) qu’elle doit accepter [1]. Pour autant c’est lui qui se montre jaloux, la soupçonnant de le tromper avec les ouvriers qui font les travaux dans sa maison, ou lui reprochant la visite d’une relation commune dans le lieu de villégiature où il doit la rejoindre.

Canetti200312

Il lui fait reproche à plusieurs reprise d’offenses ou d’humiliations qu’il subirait. Les motifs n’en sont pas toujours très clairs (des propos tenus par certaines de ses relations à elle, des ressources financières qu’elle lui aurait caché…) ; mais, pour se faire une idée de sa susceptibilité, on peut rappeler qu’en 1961 il considérait comme le pire affront qu’elle lui ait fait subir, le fait qu’elle n’ait pas lu son livre Masse et puissance. On a l’impression que ce qu’elle fait pour lui est seulement la moindre des choses mais pas encore suffisant à ses yeux. Elle lui fournit un soutien financier dès les années 40 (il ne vivra de sa plume que tardivement), elle lui réserve une pièce où il peut travailler dans son appartement de Hampstead, plus anecdotiquement elle lui fournit le prétexte dont il a besoin pour quitter poliment la villégiature grecque où l’accueille un ami et qui déplaît à sa femme. Quand elle l’aide à se procurer les livres dont il a besoin pour son maître ouvrage, le commentaire qu’il fait à ce sujet  révèle l’étendu de sa vanité :

« Notre plus belle période a été celle où tu étais vraiment, sérieusement impliquée dans mon œuvre, car là je savais que tu m’aimes. Tu n’y as pas été forcée ainsi que tu l’as dit plus tard, un jour, dans un moment de démence destructrice. Ce qui t’y a forcée, c’était ton sentiment pour moi et peut-être aussi la conscience que tu avais affaire à l’œuvre cruciale de l’un des plus puissants esprits qui aient jamais existé. » Lettre du 3 mars 1958, p.227

Lorsqu’elle fait sa « promotion », il trouve le moyen de lui reprocher de ne pas le faire assez bien, comme on l’a vu,  lorsqu’elle a parlé de lui avec Adorno.

Dans l’expression de ses reproches, il n’est pas retenu par la conscience de ce qu’elle fait pour lui, ni par la conscience de ce qu’il lui fait endurer et qui semble bien pire que les humiliations qu’il dit éprouver … Elle doit renoncer à avoir un enfant de lui, accepter ses autres maîtresses, accepter d’être tenue à l’écart de sa vie publique, accepter de ne pas avoir d’adresse pour le contacter et de devoir lui écrire poste restante [2]. Quand elle se risque à se plaindre d’un manque d’attention de sa part, il lui répond des choses du genre suivant :

« Et maintenant sans plaisanter : ne m’envoie plus jamais une pareille lettre. Tiens un journal où tu peux m’insulter si le cœur t’en dit. Les lettres ont, surtout sur un écrivain, un effet absolument ravageur, et l’on n’est pas près de l’autre pour réparer aussitôt les dégâts. » Lettre du 20 juillet 1955, p.184

Il faut croire qu’à ses yeux les peintres ne sont pas aussi sensibles que les écrivains ou qu’il ne se rend pas compte qu’il est lui même entrain d’adresser une lettre de reproche [3]. Plus d’une fois, à la lecture de leurs échanges, on a envie de s’exclamer : « quel connard! ». De manière générale, on trouve difficilement dans les lettres d’Elias l’effort de prise en compte du point de vue de l’autre qu’on trouve dans les lettres de Marie-Louise … mais il n’est pas embarrassé de l’accuser d’égoïsme.

C’est en 1973, alors que Veza la première femme de Canetti est morte depuis dix ans, que Marie-Louise subit la pire humiliation : elle apprend par accident qu’il s’est remarié en 1971 avec Hera Buschor, une restauratrice de tableau dont il vient d’avoir un enfant. La lettre qu’elle lui écrit à la suite de cet épisode est poignante :

 » … Ce qui a plongé ses racines à ces profondeurs, on ne peut plus le transporter ailleurs. Même si parfois quelque chose a murmuré au cours de toutes ces années : c’est l’ère de la glaciation …, ce murmure s’accompagnait de reproches : tu n’a pas assez de compréhension pour lui et pour ses travaux – c’est ta propre faute – et quand je me tenais devant votre maison et n’avais pas le droit de monter chez vous, alors je me disais : peut-être a-t-il prononcé un vœu … mais il m’a pardonné. C’est ma propre faute. Et c’est ainsi que les racines ont poussé toujours plus profondément  – pleines de gratitude – mais lorsque le malheur m’a frappé – cet été – vos premiers mots ont été : c’est toi qui m’a quitté – je ne me suis pas éloigné de toi.  » Lettre du 10 décembre 1973,  p. 329

La lecture de cette correspondance donne ainsi le spectacle surprenant de septuagénaires agités par les tourments de la passion après plus de trente ans de relations. La postface cite deux formules qui résument à merveille ce qu’elle a enduré par amour pour lui. A une amie elle écrivit :

« Sans Canetti, monde dépourvu de sens, avec Canetti, interminable supplice »

Et dans son journal intime elle le l’appelle sa « catastrophe personnelle ».

Ce qui me rendait Canetti assez peu sympathique à la lecture d’Amant sans adresse, ce n’est pas seulement le côté « faites ce que je dis, pas ce que je fais » (jaloux mais infidèle, cachottier mais reprochant à l’autre ses secrets, demandant à ce qu’on tienne compte de sa susceptibilité mais ne tenant pas compte de celle de l’autre), c’est aussi le ton impérieux sur lequel il exprime ses reproches.  On l’a vu lors de l’épisode avec Adorno, il ne se contente pas de lui dire qu’il est blessé qu’elle n’ait pas encore lu son livre, il cherche à la faire culpabiliser, il lui fait la leçon en s’efforçant de donner figure de faute morale objective à ce qui est la source d’une contrariété pour lui :

« Je me demande comment tu justifies devant toi-même une si incroyable paresse d’esprit. […] Tu te trouves donc à présent dans l’intenable et humiliante situation de mener des conversations factices sur des choses qui te sont vaguement familières et que tu ne connais pourtant pas. Je ne t’envie pas. » Lettre du 18 août 1961, p. 249

J’ai du mal à concevoir qu’on écrive ce genre de choses à quelqu’un qu’on aime et, de manière générale, j’ai tendance à trouver odieux ceux qui convertissent sans scrupule un « tu me contraries » en « tu es mauvais »(bien sûr ça doit m’arriver de le faire aussi, pas trop souvent, j’espère).

Elle et lui par elle.

Elle et lui par elle.

Il y a un autre point, solidaire du précédent, qui m’a agacé dans l’attitude de Canetti, c’est la prétention qu’il exprime à plusieurs reprise d’être le dépositaire de ce qu’il y a de meilleure en Marie Louise von Motesiczky, d’être celui qui sait (mieux qu’elle) qui elle est vraiment. Une lettre qu’il lui écrit en février 1958 est particulièrement éloquente à cet égard. Il commence par lui reprocher de l’avoir blessé et se pose sans nuance en victime :

« Au cours des dernières années, tu n’as cessé de blesser mon orgueil de toutes les façons possibles. Au début, c’était sans doute une sorte de contrainte en toi et j’ai attendu que cela passe. Ensuite, quand tu as vu que cela marchait si bien, tu as pris mon amour et ma patience pour de la faiblesse et par une sorte d’entraînement, tu as poursuivi sur ta lancée. Il n’y a absolument rien qui soit d’importance et de valeur entre nous que tu n’aies piétiné. […]  Muli, ma chère Muli, je me suis mille fois demandé si tu n’étais pas foncièrement mauvaise, tellement tu m’as fait mal ces dernières années. »

La prétention à l’avoir percée à jour, présente dès le début de la lettre, devient ensuite le centre du propos :

« Je t’ai laissé tous tes secrets, dont malheureusement je connais quelques uns. Et tous ne sont pas très jolis […] Mais ma terrible inquiétude à ton sujet, c’est que ces secrets ne viennent à causer ta ruine. »

S’ensuit un développement autour de l’idée qu’il sait mieux qu’elle ce qui est bon pour elle, le tout baignant dans une prétention au monopole de l’authenticité et de la lucidité :

« Cette lettre ne veut que ton bien, et je voudrais que tu puisses un jour éprouver pour moi un sentiment aussi authentique que celui que j’éprouve et qui m’oblige à t’écrire ainsi. […] Rien n’est plus facile que de se jeter dans une stupide et vaine arrogance  [ne croyez pas qu’il soit pris d’un subit accès de lucidité, il parle d’elle, pas de lui!] qui vous permet de faire tout ce qui vous plaît ou vous paraît amusant sur le moment. Mais ensuite que reste-t-il de nous, […] Si je te parle avec cette gravité, c’est parce que personne d’autre ne le fera vraiment. Tu parles de tes affaires à une douzaine d’amies et d’amis et finalement, ce que chacun d’eux te dit n’a relativement que peu de poids. avec moi il y a longtemps que tu ne discutes plus que des problèmes factices qui ne servent qu’à masquer les vrais. Maintenant je te dis ceci : je te parle ici comme si tu m’avais tout dit de toi, et je t’avertis sérieusement : tu dois tout faire pour regagner ma confiance et cela, non pas pour moi (encore que je ne désire rien tant), mais avant out pour toi. Ma confiance t’est nécessaire. Elle le sera encore beaucoup plus à l’avenir. » p. 218 -220

Bien sûr, quand elle se risque à lui dire une vérité sur lui-même qu’il ignore, elle est renvoyée dans ses cordes. Par exemple en juillet 1963 elle lui écrit :

« Voyez-vous, je crois que vous voudriez que tout tourment disparaisse – au moins pour uninstant -, ou bien vous pensez que vous devez le porter tout entier à vous seul, tout entier et au delà. Mais pour moi – pardonnez-moi de parler de cela – je suis d’avis que vous avez beaucoup de traits impossibles, non qu’ils soient mauvais – non, justes impossibles et que cela vous a fait occasionner beaucoup de chagrins, et à présent vous voulez vous persuader que c’est tout l’ensemble qui est mauvais – ou encore le contraire, et je crois que dans les mauvaises passes vous avez tort tout simplement et vous vous cachez la vérité. » p. 270 – 271

A quoi il répond :

« Certes, tu me connais bien, certes, tu peux me parler savamment de moi. mais je crois qu’il vaut mieux, dans les prochains temps, laisser de côté ces conversations sur mon caractère. Je suis terriblement susceptible :quand je suis d’avis que tu as tort, je me mets dans une colère noire ;  quand je pense que tu as raison, cela ne fait qu’exaspérer mon désespoir, car tout est irréparable. Tu le comprends sûrement. Ce qu’il me faut, c’est le calme, une affection et une amitié fiables et sans à-coups, et le travail, encore et toujours le travail. » p. 273

Il faut reconnaître cependant le versant positif de la prétention de Canetti à savoir qui Marie-Louise von Motesiczky est vraiment, il réside dans sa foi dans le talent de peintre de Marie-Louise. Foi qu’il exprime à plusieurs reprise sans varier. Et il l’encourage encore à travailler à sa peinture alors qu’elle a plus de quatre-vingts ans.

« Je n’ai encore jamais, depuis que je te connais, douté de tes peintures. » Lettre du 26 août 1954, p. 155

« Ma foi en toi en tant que peintre n’a jamais été ébranlée, tu le sais ; mon doute portait seulement sur ceci, est-ce que tu m’aimes encore? » Lettre du 11 octobre 1960

« Tu vas devenir le grand portraitiste allemand et tu pourras faire les portraits de qui te chante. » Lettre du 1er octobre 1967

 » … je voudrais que tu sois prévenue au cas où cela arriverait, et qu’alors tu n’oublies pas mon vœu le plus intime, qui concerne le peintre Mulo en qui je crois d’une foi de plus en plus profonde depuis que je suis séparé des œuvres que j’aime tant. Je voudrais que le peintre Mulo sache ce que j’attends encore de lui, même si devais ne plus être là pour le lui répéter inlassablement.  C’est au moins toujours cela de moi, je n’en doute pas, qu’il restera en toi, et d’autant plus sûrement qu’alors je serai mort. » Lettre du 23 décembre 1975, p. 343

*

Mon compte rendu de cette lecture a été évidemment trop unilatéral. Je corrigerai peut-être cela une prochaine fois. Je ne sais pas encore à quel point le passage par l’arrière cour de la correspondance de l’auteur affectera ma perception de son œuvre. Cependant, je veux croire que c’est d’abord lui qu’il vise quand il écrit en 1981:

« Je ne suis pas vaniteux, dit le roi des vaniteux, je suis sensible.« 

Le cœur secret de l’horloge, p. 114

De même, comment croire qu’il n’avait pas Marie-Louise en tête en s’adressant cette recommandation :

« Cherche les souffrances que tu as infligées : celles que tu as subies se conservent sans que tu t’en mêles.« 

Le collier de mouches, p. 134

*

[1] A la mort de Veza sa première femme il n’hésite pas à demander à Marie-Louise de réaliser son portrait d’après photo. De même elle travaillera sur un portrait d’Iris Murdoch (je ne sais pas ce que chacune savait de la relation de l’autre avec Canetti).

[2] C’est l’explication du titre donné à l’ouvrage : Amant sans adresse.

[3] En fait quelques lignes auparavant il s’est félicité de ne pas avoir envoyé une lettre précédemment écrite sous le coup de la colère, et il se donne en exemple !

Art de visiter et recevoir

25 vendredi Juil 2014

Posted by patertaciturnus in Food for thought

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amitié, correspondance, délicatesse, Urabe Kenkô, visiter et recevoir

Il n’est pas bien de rendre visite à quelqu’un sans motif valable. Même si l’on vient pour une affaire, il faut repartir vite dès que l’on en a fini. Demeurer longtemps est cause d’ennui.

Quand nous nous trouvons en tête à tête avec quelqu’un nous parlons beaucoup, nous nous fatiguons, notre cœur s’agite; avec ce dérangement nous perdons notre temps sans aucun profit ni pour l’un ni pour l’autre.

Il n’est pas bien non plus d’entretenir quelqu’un d’une manière embarrassée. Si nous avons une raison pour ne point recevoir de bon cœur, il vaut mieux le dire.

Par contre le cas est bien différent pour une personne qui partage vos sentiments, avec qui nous avons envie d’être ensemble, qui a des loisirs et qui puisse dire : « Encore un peu. Gardez aujourd’hui le calme de votre cœur. » […]

 Qu’un ami vienne un jour, sans aucun motif et qu’il rentre chez lui après une tranquille conversation : Quel plaisir!

Pour ce qui est de la correspondance j’ai grande joie à recevoir une lettre avec ces simples mots : »il y a si longtemps que je ne vous ai rien mandé. »

Urabe Kenkô, Heures oisives, CLXX

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