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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: Nietzsche

Que mon malheur soit une injustice !

04 samedi Déc 2021

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Cesare Pavese, injustice, Nietzsche, ressentiment, souffrance

Les livres qu’on a l’habitude de feuilleter, on néglige parfois de les reprendre  depuis le début, c’est ainsi que j’ai véritablement redécouvert ce texte poignant de Pavese dans Le métier de vivre :

« Subir une injustice est d’une désolation tonifiante – comme un matin d’hiver. Cela remet en vigueur, selon nos plus jaloux désirs, la séduction de la vie ; cela nous redonne le sentiment de notre valeur par rapport aux choses ; cela flatte. Tandis que souffrir à cause d’un pur hasard, à cause d’un malheur, c’est avilissant. Je l’ai éprouvé et je voudrais que l’injustice, l’ingratitude eussent été encore plus grandes. C’est cela qui s’appelle vivre et, à vingt-huit ans, ne pas être précoce.

Quant à l’humilité. Il est si rare pourtant de souffrir une belle et totale injustice. Nos actes sont tellement tortueux. En général, on trouve toujours que nous aussi nous sommes un peu fautifs et adieu le matin d’hiver.

Non pas un peu de faute, mais toute la faute, on n’en sort pas. Jamais.

Que le coup de couteau soit donné par jeu, par désœuvrement, par une personne sotte, ne diminue pas les élancements de douleur mais les rend plus atroces, car cela incite à méditer sur le caractère fortuit de la chose et sur sa propre responsabilité de n’avoir pas su prévoir la chute.

J’imagine que ce serait un réconfort de savoir que la personne qui vous a blessé se consume de remords, attache de l’importance à la chose ? Ce réconfort ne peut naître que du besoin de ne pas être seul, de resserrer les liens entre son propre moi et les autres. En outre, si cette personne souffrait du remords d’avoir blessé non pas moi en particulier mais seulement un homme en tant que créature, est-ce que je désirerais ces remords chez elle ? Il faut donc que ce soit moi précisément, et non l’homme qui est en moi, qui sois reconnu, regretté et aimé.

Et est-ce que le champ ne s’ouvre pas à une autre et durable torture, si l’on se rappelle que la personne qui vous a blessé n’est pas sotte, désœuvrée et légère ? Si l’on se rappelle qu’elle est habituellement sérieuse, compréhensive, crispée, et que ce n’est que dans mon cas qu’elle a plaisanté ? »

Cesare Pavese, Le métier de vivre, 24 avril 1936

*

L’analyse proposée dans le premier paragraphe ressemble étonnamment à celle que propose Nietzsche dans le passage de la Généalogie de la morale consacrée au prêtre ascétique. »

Celui qui souffre cherche instinctivement à sa souffrance une cause; plus précisément, il lui cherche un auteur; plus exactement encore, un coupable lui-même susceptible de souffrance – bref, un être vivant quelconque sur lequel il puisse, réellement ou en effigie, et sous n’importe quel prétexte, décharger ses passions : car la décharge des passions est, pour celui qui souffre, la meilleure façon de chercher un soulagement, un engourdissement, c’est là le narcotique qu’il recherche inconsciemment contre toute espèce de tourment. Voilà, à mon sens, où se trouve la seule véritable cause physiologique du ressentiment, de la vengeance et de tout ce qui lui est apparenté, à savoir dans le désir d’étourdir la douleur par la passion : il me semble qu’on a tort de chercher d’ordinaire cette cause dans un contre-coup défensif, une simple mesure de protection, ou un « mouvement réflexe » en réponse à une agression ou à une menace soudaine, comme même une grenouille sans tête est encore capable d’en avoir, pour se débarrasser d’un acide caustique. La différence est pourtant fondamentale : dans un cas on veut empêcher l’extension des dégâts, dans l’autre, on veut, au moyen d’une quelconque émotion plus violente qu’elle, étourdir une douleur torturante, secrète, et qui devient intolérable, et la chasser momentanément au moins de la conscience, – on a besoin à cet effet d’une passion aussi sauvage que possible et, pour l’exciter, d’un bon prétexte quelconque: « Quelqu’un doit être coupable de ce que je me sente mal », cette manière de conclure est propre à tous les êtres maladifs, et cela à proportion qu’ils ignorent la cause véritable de leur malaise, je veux dire la cause physiologique […] Ceux qui souffrent ont tous une effrayante disposition à inventer des prétextes à leurs passions douloureuses; ils jouissent même de leurs soupçons, de leurs ratiocinations moroses sur les bassesses et les préjudices dont ils se croient victimes, ils scrutent les entrailles de leur passé et de leur présent pour y chercher des histoires obscures et douteuses, où ils sont libres de se griser de soupçons torturants et de s’enivrer du poison de leur propre méchanceté – ils rouvrent violemment leurs plus vieilles blessures, ils saignent de plaies depuis longtemps cicatrisées, ils transforment en malfaiteurs ami, femme, enfant et tous leurs proches. « Je souffre : quelqu’un doit en être coupable », ainsi pense toute brebis maladive. »

Friedrich Nietzsche, Généalogie de la morale, III, §.15

« Sapere aude » vs « Sois toi-même »

24 vendredi Sep 2021

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émancipation, Emmanuel Kant, Nietzsche

Je dois avouer que la première fois que j’ai lu la Troisième considération inactuelle je n’avais pas remarqué que le début du premier chapitre faisait référence aux premiers paragraphes de Qu’est-ce que les Lumières ?

« Ce voyageur, qui avait vu beaucoup de pays et de peuples, et visité plusieurs parties du monde, et à qui l’on demandait quel était le caractère général qu’il avait retrouvé chez tous les hommes, répondait que c’était leur penchant à la paresse. Certaines gens penseront qu’il eût pu répondre avec plus de justesse : ils sont tous craintifs. Au fond, tout homme sait fort bien qu’il n’est sur la terre qu’une seule fois, en un exemplaire unique, et qu’aucun hasard, si singulier qu’il soit, ne réunira, pour la seconde fois, en une seule unité, quelque chose d’aussi multiple et d’aussi curieusement mêlé que lui. Il le sait, mais il s’en cache, comme s’il avait mauvaise conscience. Pourquoi ? Par crainte du voisin, qui exige la convention et s’en enveloppe lui-même. Mais qu’est-ce qui force l’individu à craindre le voisin, à penser, à agir selon le mode du troupeau, et à ne pas être content de lui-même ? La pudeur peut-être chez certains, mais ils sont rares. Chez le plus grand nombre, c’est le goût des aises, la nonchalance, bref ce penchant à la paresse dont parle le voyageur. Il a raison : les hommes sont encore plus paresseux que craintifs, et ce qu’ils craignent le plus ce sont les embarras que leur occasionneraient la sincérité et la loyauté absolues. Les artistes seuls détestent cette attitude relâchée, faite de convention et d’opinions empruntées, et ils dévoilent le mystère, ils montrent la mauvaise conscience de chacun, affirmant que tout homme est un mystère unique. Ils osent nous montrer l’homme tel qu’il est lui-même et lui seul, jusque dans tous ses mouvements musculaires ; et mieux encore, que, dans la stricte conséquence de son individualité, il est beau et digne d’être contemplé, qu’il est nouveau et incroyable comme toute œuvre de la nature, et nullement ennuyeux. Quand le grand penseur méprise les hommes, il méprise leur paresse, car c’est à cause d’elle qu’ils ressemblent à une marchandise fabriquée, qu’ils paraissent sans intérêt, indignes qu’on s’occupe d’eux et qu’on les éduque. L’homme qui ne veut pas faire partie de la masse n’a qu’à cesser de s’accommoder de celle-ci ; qu’il obéisse à sa conscience qui lui dit : « Sois toi-même ! Tout ce que tu fais maintenant, tout ce que tu penses et tout ce que tu désires, ce n’est pas toi qui le fais, le penses et le désires. »

Friedrich NIETZSCHE, Troisième Considération inactuelle, chapitre I

*

« Qu’est-ce que les Lumières ? La sortie de l’homme de sa minorité dont il est lui-même responsable. Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Sapere aude !  Aie le courage de te servir de ton propre entendement. Voilà la devise des Lumières.

La paresse et la lâcheté sont les causes qui expliquent qu’un si grand nombre d’hommes, après que la nature les a affranchis depuis longtemps d’une direction étrangère, reste cependant volontiers, leur vie durant, mineurs, et qu’il soit facile à d’autres de se poser en tuteur des premiers. Il est si aisé d’être mineur ! Si j’ai un livre qui me tient lieu d’entendement, un directeur qui me tient lieu de conscience, un médecin qui décide pour moi de mon régime, etc., je n’ai vraiment pas besoin de me donner de peine moi-même. Je n’ai pas besoin de penser pourvu que je puisse payer ; d’autres se chargeront bien de ce travail ennuyeux. Que la grande majorité des hommes (y compris le sexe faible tout entier) tienne aussi pour très dangereux ce pas en avant vers leur majorité, outre que c’est une chose pénible, c’est ce à quoi s’emploient fort bien les tuteurs qui très aimablement ont pris sur eux d’exercer une haute direction sur l’humanité. Après avoir rendu bien sot leur bétail et avoir soigneusement pris garde que ces paisibles créatures n’aient pas la permission d’oser faire le moindre pas, hors du parc où ils les ont enfermés. Ils leur montrent les dangers qui les menacent, si elles essayent de s’aventurer seules au dehors. Or, ce danger n’est vraiment pas si grand, car elles apprendraient bien enfin, après quelques chutes, à marcher ; mais un accident de cette sorte rend néanmoins timide, et la frayeur qui en résulte, détourne ordinairement d’en refaire l’essai.

Il est donc difficile pour chaque individu séparément de sortir de la minorité qui est presque devenue pour lui, nature. Il s’y est si bien complu, et il est pour le moment réellement incapable de se servir de son propre entendement, parce qu’on ne l’a jamais laissé en faire l’essai. Préceptes et formules, ces instruments mécaniques de l’usage de la parole ou plutôt d’un mauvais usage des dons naturels, voilà les grelots que l’on a attachés au pied d’une minorité qui persiste. Quiconque même les rejetterait, ne pourrait faire qu’un saut mal assuré par-dessus les fossés les plus étroits, parce qu’il n’est pas habitué à remuer ses jambes en liberté. Aussi sont-ils peu nombreux, ceux qui sont arrivés par leur propre travail de leur esprit à s’arracher à la minorité et à pouvoir marcher d’un pas assuré. »

Emmanuel KANT, Qu’est-ce que les Lumières (1784), trad. Piobetta

Les considérations sont elles inactuelles ?

19 dimanche Sep 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures, Perplexités et ratiocinations

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culture, Nietzsche, style

Je viens de relire la première des Considérations inactuelles de Nietzsche. Je l’ai lu la première fois quand j’étais étudiant et je ne l’avais pas relue depuis ; j’en avais tout oublié si ce n’est que le méchant de l’histoire était David Strauss, représentant des philistins de la culture. C’est amusant à quel point le propos de cet ouvrage peut aujourd’hui apparaître daté, notamment en raison de sa dépendance envers la cible aujourd’hui largement oubliée des critiques de Nietzsche : David Strauss. La première des considérations inactuelles / intempestives est peut-être, des quatre, celles qui mérite le moins son titre  ; il faudrait que je relise la quatrième pour m’en assurer ( je l’ai encore davantage oubliée que la première … au point que je me demande si je l’ai vraiment lue), et elle mérite sûrement moins ce qualificatif que les ouvrages ultérieurs de Nietzsche qui n’émettent pas cette prétention dans leur titre.

Un autre point sur lequel il y a un écart amusant dans les écrits de jeunesse de Nietzsche (je veux dire, avant Humain trop humain)  entre leur prétention et la réalisation c’est en ce qui concerne le style. De l’avenir de nos établissements d’enseignement comme la Première considération inactuelle mettent l’accent sur le défaut de style de la fausse culture de leur époque, mais le style de ces ouvrages est lui même assez insupportablement pompeux ( a fortiori si on les compare aux écrits aphoristiques ultérieurs qui sont à la hauteur de leur prétention à la légèreté dansante).

David Friedrich Strauss: Miracle and Myth - Westar Institute

David Strauss

Je fais le malin aux dépens d’un grand auteur, mais finalement je dois reconnaître que j’ai bien dû me demander si le qualificatif de philistin de la culture ne s’appliquait pas à moi. Me revendiquant « légitimiste culturel », je ne peux pas ne pas me sentir concerné par cette remarque  par exemple :

 » Mais pour juger si mal de nos classiques, et pour les honorer si injurieusement, il faut ne plus les connaître – et tel est bien généralement le cas. On saurait autrement qu’il n’y a qu’une manière de les honorer : en poursuivant inlassablement leur quête, dans le même esprit et avec le même courage qu’eux. Les affubler au contraire du titre si douteux de « classiques » et s' »édifier » de temps à autres par la fréquentation de leurs œuvres, c’est-à-dire s’abandonner à ces molles et égoïstes émotions que nos salles de concerts et nos théâtres offrent contre paiement, leur ériger des statues et donner leur nom à des festivals et des associations – tout cela n’est que la parade par laquelle le philistin de la culture s’acquitte envers ces esprits de l’obligation de les reconnaître, et, surtout, de les suivre et de continuer leur quête. »

On conviendra qu’un article de blog est une parade moins coûteuse que l’édification d’une statue  …

L’excellence ou rien (4)

03 vendredi Sep 2021

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élitisme, excellence, Nietzsche

« Très rares sont ceux qui savent aujourd’hui que peut-être parmi plusieurs milliers il en est à peine un qui est en droit de se faire entendre par écrit et que tous les autres qui le tentent à leurs risques et périls, mériteraient comme salaire, s’ils le trouvaient  parmi des gens capables de juger, un rire homérique pour chaque phrase imprimée – car c’est vraiment un spectacle pour les dieux que de voir un Héphaïstos de la littérature s’approcher en boitant pour nous servir réellement quelque chose. Apprendre dans ce domaine des habitudes et des vues graves et impitoyable, voilà l’une des plus hautes tâches de l’éducation formelle, alors que le laisser-faire universel de ce qu’on appelle la « libre personnalité ne peut être rien d’autre que le signe distinctif de la barbarie. »

F. Nietzsche, Sur l’avenir de nos établissements d’enseignement,
Gallimard, Folio essais, p. 109

Nietzsche, golfeur ?

01 vendredi Nov 2019

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loisir, Nietzsche, T. W. Adorno, travail

Emploi du temps. – Il n’est sans doute rien qui distingue aussi profondément le mode de vie de l’intellectuel de celui du bourgeois que ceci : le premier ne reconnaît pas l’alternative entre le travail et l’amusement. Un travail qui, pour rendre justice à la réalité, n’a pas d’abord à infliger au sujet tout le mal qu’il devra infliger plus tard aux autres, est un plaisir même quand il requiert un effort désespéré. La liberté qu’il signifie est comparable à celle réservée par la société bourgeoise au seul repos, dont une telle réglementation finit par nous priver. Inversement, celui qui sait ce qu’est la liberté ne supporte pas les amusements tolérés par cette société et, en dehors de son travail qui inclut, il est vrai, ce que les bourgeois réservent aux heures de loisirs en parlant de « culture », il n’acceptera aucun plaisir de substitution. Work while you work, play while you play – est une des règles fondamentales de l’autodiscipline répressive. Des parents qui faisaient une question de prestige des notes de leur enfant, étaient le moins disposés à admettre que celui-ci lise trop longtemps le soir ou finisse par ce qu’ils considéraient comme du surmenage intellectuel. Mais dans leur bêtise s’exprimait le génie de leur classe. La doctrine de la mesure en tant que vertu raisonnable, inculquée depuis Aristote, est entre autres choses un essai pour donner à la division de l’homme en fonctions indépendantes les unes des autres – qui est une nécessité sociale – des fondements si solides qu’aucune d’entre elles n’a plus aucune chance de passer à une autre et de faire penser à l’homme qui l’exerce. Mais on ne saurait pas davantage imaginer Nietzsche dans un bureau où une secrétaire répondrait au téléphone dans l’antichambre, assis jusqu’à cinq heures à sa table, qu’on ne pourrait l’imaginer jouant au golf après une journée de travail. Seule l’astucieuse imbrication de bonheur et de travail laisse quelque porte ouverte à l’expérience, en dépit des pressions de la société.

Elle est de moins en moins tolérée. Même les soi-disantes professions intellectuelles sont privées de toute joie à mesure qu’elles se rapprochent du business. L’atomisation ne se développe pas seulement entre les hommes, elle est en chaque individu, dans les différentes sphères de la vie. Aucun épanouissement ne doit être attaché au travail qui perdrait sinon sa modestie fonctionnelle dans la totalité de ses fins, aucune étincelle de réflexion ne doit tomber dans le temps des loisirs car elle pourrait se communiquer sinon à l’univers du travail et y mettre le feu. Alors que dans leurs structures le travail et l’amusement se ressemblent de plus en plus, on les sépare en même temps pas des lignes de démarcation invisibles, mais de plus en plus rigoureuses. Le plaisir et l’esprit en ont été également chassés. Partout règne un impitoyable esprit de sérieux et se déploie une activité de façade.

Theodor W. ADORNO, Minima Moralia, Réflexions sur la vie mutilée,
Payot 1980, p.124-125

*

« Travail et Ennui. – Chercher un travail pour le gain, c’est maintenant un souci commun à presque tous les habitants des pays de civilisation ; le travail leur est un moyen, il a cessé d’être un but en lui-même ; aussi sont-ils peu difficiles dans leur choix pourvu qu’ils aient gros bénéfices. Mais il est des natures plus rares qui aiment mieux périr que travailler sans joie ; des difficiles, des gens qui ne se contentent pas de peu et qu’un gain abondant ne satisfera pas s’ils ne voient pas le gain des gains dans le travail même. Les artistes et les contemplatifs de toute espèce font partie de cette rare catégorie humaine, mais aussi ces oisifs qui passent leur existence à chasser ou à voyager, à s’occuper de galants commerces ou à courir les aventures. Ils cherchent tous le travail et la peine dans la mesure où travail et peine peuvent être liés au plaisir, et, s’il le faut, le plus dur travail, la pire peine. Mais, sortis de là, ils sont d’une paresse décidée, même si cette paresse doit entraîner la ruine, le déshonneur, les dangers de mort ou de maladie. Ils craignent les dangers de mort ou de maladie. Ils craignent moins l’ennui qu’un travail sans plaisir : il faut même qu’ils s’ennuient beaucoup pour que leur travail réussisse. Pour le penseur et l’esprit inventif l’ennui est ce « calme plat » de l’âme, ce désagréable « calme plat » qui précède la croisière heureuse, les vents joyeux ; il faut qu’il supporte ce calme, en attende l’effet à part lui. C’est là précisément ce que les moindres natures ne peuvent pas obtenir d’elles ! Chasser l’ennui à tout prix est vulgaire, comme de travailler sans plaisir. »

F. Nietzsche, Le Gai savoir I, §.42

L’ivrogne nietzschéen

11 vendredi Oct 2019

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le monde et moi, Nietzsche

« – Tu sais plus ce que tu dis.

– Si on savait ce qu’on dit on saurait tout. »

Conversation de deux ivrognes
Epigraphe du chapitre 5 du Raisonnement sociologique de J.C. Passeron

*

« C’est seulement quand la connaissance des choses sera achevée que l’homme se connaîtra lui-même. Car les choses ne sont que les limites de l’homme. »

Nietzsche, Aurore, §. 48

Barnabé le nietzschéen

25 dimanche Août 2019

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corps, Nietzsche, Pico Bogue

Dominique Roques & Alexis Dormal, Pico Bogue – la vie et moi, Dargaud p. 27

« Quiconque s’est fait du corps une représentation tant soit peu exacte — des nombreux systèmes qui y collaborent, de tout ce qui s’y fait en solidarité ou en hostilité réciproque, de l’extrême subtilité des compromis qui s’y établissent, etc. — jugera que toute espèce de conscience est pauvre et étroite en comparaison, que nul esprit ne suffirait, même de loin, à la tâche qui incomberait ici à l’esprit, et peut-être aussi que le plus sage des moralistes et des législateurs se sentirait gauche et novice dans cette bataille des devoirs et des droits. Ce dont nous avons conscience, que c’est peu de chose ! A combien d’erreur et de confusion ce peu de conscient nous mène. C’est que la conscience n’est qu’un instrument ; et en égard à toutes les grandes choses qui s’opèrent dans l’inconscient, elle n’est, parmi les instruments, ni le plus nécessaire ni le plus admirable, — au contraire, il n’y a peut-être pas d’organe aussi mal développé, aucun qui travaille si mal de toutes les façons ; c’est en effet le dernier venu parmi les organes, un organe encore enfant — pardonnons lui ses enfantillages. (Parmi ceux-ci, à côté de beaucoup d’autres, la morale, qui est la somme des jugements de valeur antérieurs, relatifs aux actions et aux pensées humaines). Il nous faut donc renverser la hiérarchie : tout le « conscient » est d’importance secondaire ; du fait qu’il nous est plus proche, plus intime, ce n’est pas une raison, du moins pas une raison morale, pour l’estimer plus haut. Confondre la proximité avec l’importance, c’est là justement notre vieux préjugé. »

F. NIETZSCHE, Fragments posthumes

Faut-il prendre sur les œuvres le point de vue de l’artiste ?

07 vendredi Juin 2019

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esthétique, Jean-Marie Schaeffer, Nietzsche

« On a coutume de rendre gloire à Nietzsche d’avoir montré que la pulsion créatrice de l’artiste n’a rien à voir avec le « désintéressement esthétique » : relevant d’une forme particulière de la volonté de puissance, l’activité du créateur serait au contraire éminemment intéressée.  Le désintéressement esthétique serait simplement l’expression de l’impuissance créatrice du « philistin », capable uniquement d’une délectation passive. La doctrine esthétique (sous-entendu : l’esthétique kantienne) quant à elle ne serait que la sublimation théorique de cette impuissance créatrice. De là on conclut généralement que le « véritable » amateur d’art doit se mettre du côté de l’artiste et donc se défaire du point de vue esthétique — conception qui, dans le domaine du discours théorique, se traduit par la thèse selon laquelle la problématique esthétique doit être placée sous la juridiction de la théorie de l’art.

Cet impératif a eu des conséquences importantes sur notre manière de concevoir notre rapport à l’art et plus généralement sur notre façon de délimiter le champ objectal des conduites esthétiques. Mais au vu de l’analyse de la conduite esthétique menée ici, elle est tout bonnement fausse.

Partons de la conclusion qu’on en tire le plus communément, à savoir que l’amateur d’art devrait endosser le point de vue de l’artiste Ce dont il s’agit, ce n’est pas de la demande raisonnable (bien que largement superfétatoire) que nous appréhendions l’oeuvre en tant qu’objet intentionnel, mais de l’exigence que nous réglions l’ensemble de nos rapports à l’oeuvre (et notamment son appréciation) sur ceux que le créateur avait entretenus avec elle. Cette conception se présente sous eux formulations ; au niveau du discours critique, elle prétend que dans l’éventualité d’un conflit entre le créateur et le récepteur c’est par principe le premier « qui a raison » ; au niveau du discours théorique, elle prétend que la seule posture « existentielle » pertinente face à l’œuvre est celle de l’acte créateur.

La question de savoir s’il convient ou non d’adopter le principe critique en question ne saurait évidemment trouver de réponse ici : chacun devra la résoudre pour lui- même. Qu’on me permette cependant de donner mon sentiment personnel : même si l’abolition de la distance entre attitude créatrice et attitude réceptrice était possible, il n’est pas sûr qu’il faudrait s’en féliciter. L’histoire nous apprend en effet à satiété que la différence — qui peut aller jusqu’à la tension — entre création et réception est un facteur indissociable de l’évolution artistique.  La raison en est banale : dans la mesure où les activités artistiques ne sont pas autarciques et que les œuvres s’adressent à un « public », il ne suffit jamais qu’une œuvre satisfasse son créateur ; qu’on le regrette ou non, il faut toujours aussi qu’elle satisfasse des récepteurs (c’est-à-dire, selon les cas, un commanditaire, un client, un public…). Or, de même qu’il n’existe pas d’harmonie pré-établie entre les jugements esthétiques, il n’en existe pas non plus entre l’intérêt créateur de l’artiste et ce que recherchent les récepteurs de l’œuvre. Décréter que dans l’éventualité d’une tension entre la « pulsion » artistique et la « pulsion » des consommateurs, c’est par principe l’artiste qui a raison — c’est-à-dire que si l’œuvre ne rencontre pas son public c’est que celui-ci n’est pas à la hauteur et doit par conséquent être « éduqué » — n’est donc qu’une option parmi d’autres.  Pour ma part, il me semble tout au contraire que ce qu’on peut souhaiter de mieux à l’art c’est que tout Wagner trouve son Hanslick. D’ailleurs ceux qui adoptent l’axiome en question ne l’appliquent jamais à l’art comme tel, mais uniquement aux œuvres qu’ils valorisent. Autrement dit, le conflit entre ceux qui sont solidaires d’un artiste et ceux qui rejettent ses œuvres n’est pas un conflit entre artistes et récepteurs : il est toujours interne à la communauté des récepteurs.

Si on interprète l’exigence en question comme un principe théorique, il s’agit en réalité d’une tentative de dénégation de la distinction irréductible qu’il y a entre la relation que l’artiste créateur entretient avec son travail et l’attitude que le récepteur est susceptible d’adopter face aux œuvres. C’est une dénégation, car créer une oeuvre est une activité fort différente de celle qui consiste à l’appréhender une fois qu’elle est créée. Pour pouvoir accéder au rapport artistique à l’art, il ne sert à rien de décréter que c’est la seule relation valide aux œuvres. Il n’existe qu’une seule façon qui permette de vivre l’art à travers la perspective de l’artiste c’est de créer une œuvre. La constatation est triviale : à partir du moment où notre activité consiste à appréhender les oeuvres créées, nous nous situons fatalement du côté de la réception et non pas de celui de la création. Nous pouvons certes toujours nous « identifier » à la figure de l’artiste, mais comme toute identification celle-ci restera de l’ordre d’une fiction : vouloir mimer la posture de l’artiste revient à méconnaître notre positionnement effectif par rapport aux oeuvres.

L’idée même que les situations de conflit entre artiste et public puissent être décrites en se demandant qui a raison et qui a tort, est d’ailleurs saugrenue : dans le contexte d’une relation contractuelle telle celle qui lie l’artiste à son public, la question pertinente du point de vue de l’analyse des faits n’est tout simplement pas de savoir qui a raison et qui a tort (à moins qu’on n’admette la fiction d’un tribunal de l’histoire), mais plutôt comment les deux pôles se rapportent effectivement l’un à l’autre. Rappelons que la conduite esthétique n’est pas une contemplation passive mais une activité. Il en découle que l’opposition entre l’artistique et l’esthétique n’est pas celle entre un pôle actif et un pôle passif mais celle entre deux activités différentes : une activité créatrice et une activité cognitive. Et si l’on tient absolument à être nietzschéen, autant l’être jusqu’au bout : si l’activité artistique est une expression de la volonté de puissance en tant que volonté de faire, alors l’activité esthétique est une expression de cette même volonté de puissance, mais en tant que modalité spécifique de la volonté de savoir. Cela nécessite évidemment qu’on se débarrasse du mythe de désintéressement de l’ « attitude » esthétique que les dénonciateurs de l’esthétique ne font que reconduire : si la distinction entre le pôle de l’artiste et celui du récepteur est aussi toujours le lieu de tensions potentielles, ce n’est pas parce que la pulsion active de l’artiste serait contrecarrée par une résistance passive, « réactive » du récepteur, mais parce que l’oeuvre est le point de rencontre entre deux activités différentes qui poursuivent des « intérêts » propres dont rien n’exige qu’ils coïncident. La distinction n’est pas entre une activité intéressée et une contemplation désintéressée, mais entre deux activités intéressées et statutairement différentes.

Bien entendu, la réception esthétique n’est pas l’unique attitude possible face à une œuvre d’art : mais quelle que soit la fonction que remplit une œuvre, quelle que soit l’attitude que nous adoptions à son égard, la distance entre création et réception est irréductible : vouloir réduire l’esthétique à l’artistique n’est qu’une tentative (vouée à l’échec) de nier cette différence qui fait de l’art une réalité sociale plutôt qu’une activité solipsiste. »

Jean-Marie SCHAEFFER, Les célibataires de l’art, Gallimard 1996, p. 347-351

Le monde et moi

10 dimanche Mar 2019

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Elias Canetti, moi, monde, Nietzsche

« Qu’il le veuille ou non, celui qui s’étudie lui-même étudie toutes choses. Il apprend à se voir, mais tout à coup, pour autant qu’il ait été honnête, il découvre tout le reste, et ce reste est aussi riche que lui, et même couronnement suprême, plus riche. »

Elias Canetti, Le cœur secret de l’horloge, p. 31

*

« Connais-toi toi-même » c’est toute la science

Ce n’est qu’au terme de la connaissance de toutes choses que l’homme se connaîtra. car les choses ne sont que les frontières de l’homme.

F. Nietzsche, Aurore, §. 48

Les deux directions

Si nous cherchons à contempler le miroir en soi, nous ne découvrons finalement rien d’autre que les choses qui s’y reflètent. Si nous voulons saisir les choses, nous n’atteignons finalement rien d’autre que le miroir. – Telle est l’histoire universelle de la connaissance

ibid, §. 243

Je cherche un homme

27 mardi Fév 2018

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Nietzsche, Omar Khayyâm, sacrifice

Puissé-je être sacrifié à celui qui me paraît digne :
Se jeter aux pieds d’un tel homme me serait chose facile.
Veux-tu savoir ce qu’est le vrai enfer?
C’est la compagnie des hommes indignes dans le monde.

Omar Khayyâm, Robâiyât
trad. Rezvanian : 434

*

« Car la question est en effet celle-ci : comment ta vie, qui est vie individuelle, acquiert-elle la plus haute valeur, la plus profonde signification ? Comment est-elle le moins gaspillée ? Ce n’est sûrement que dans la mesure où tu vis au profit de l’exemplaire le plus rare et le plus précieux et non au profit du plus grand nombre, c’est-à-dire de ceux qui, pris isolément, sont les exemplaires de la moindre valeur. Et l’état d’esprit qu’il faut justement implanter et cultiver chez un jeune homme, c’est qu’il se comprenne somme toute lui-même comme une œuvre manquée de la nature, mais en même temps comme un témoignage des intentions les plus grandes et les plus merveilleuses de cette artiste : elle a échoué, devrait-il se dire ; mais je veux honorer sa grande intention en me mettant à son service, afin qu’une autre fois elle réussisse mieux. »

NIETZSCHE, IIIe considération inactuelle, §. 6, Gallimard Folio, p. 59

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