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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: mort

Illusionnisme

16 lundi Jan 2023

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Cornelius Castoriadis, guerre, illusion, intérêts, marxisme, mort

« Dans de telles guerres, les collectivités engagées mettent en jeu leur existence entière, et les hommes acceptent de mourir avant l’heure. Comment et pourquoi l’acceptent-ils ? Dire qu’ils meurent pour leurs « intérêts » est évidemment absurde. Un  « intérêt » conduisant quelqu’un à accepter la mort est une contradiction dans les termes. Le premier « intérêt » et la condition de tous les autres est de survivre à tout prix. Qui s’est jamais fait mourir par intérêt, sauf peut-être un avare pathologique ? Et si cet avare se fait mourir, n’est-ce pas parce son « intérêt » n’avait jamais été que la figure de sa folie ?
Tout aussi dérisoire est la réponse – la seule que les marxistes aient jamais su donner – qui invoque la contrainte ou les « illusions ». Les classes dominantes peuvent avoir tout « intérêt » et aucun scrupule à déclencher les guerres les plus meurtrières. Mais il est clair qu’elles ne sauraient « contraindre » dix millions d’hommes armés à se faire tuer contre leur volonté. Et, devant une « théorie » qui affirme que, par deux fois en un quart de siècle, le prolétariat des principaux pays industriels a accepté de se faire massacrer uniquement en fonction d’« illusions », on ne peut que rire et pleurer à la fois, car il n’est pas question de comprendre. Constater aussi que la «conception matérialiste de l’histoire» s’avère conception illusionniste de l’histoire. Si les illusions déterminent à un tel degré la réalité, elles deviennent en effet la force réelle fondamentale. On se demande alors en quoi et par rapport à quoi elles seraient « illusions ». En tout cas, l’histoire de l’humanité devient l’histoire de ses illusions, et ce sont ces illusions qu’il faut, toutes affaires cessantes, étudier à fond – et non pas ces fariboles que sont l’évolution des forces productives, l’accumulation du capital ou l’augmentation du taux d’exploitation. »

Cornelius Castoriadis, Guerre et théories de la guerre, édition du Sandre p. 356 – 357

Le chevalier de la mort

14 mardi Déc 2021

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Dürer, Gabriele d'Annunzio, mort

IL CAVALIERE DELLA MORTE

In un’antica stampa de ’l Durero
va contro maghi e draghi a la battaglia
tutto chiuso ne l’arme un Cavaliero
su ’l gran cavallo coperto di scaglia:

a ’l fianco l’accompagna da scudiero
la Morte senza piastra e senza maglia,
dietro gli segue da valletto il nero
Peccato; e fosca innanzi è la boscaglia.

Io così, nuovamente, a la conquista
de l’Arte e de l’Amor, salgo la vita;
ma il mio bieco scudier non mi rattrista,

ma il valletto ridendo alto m’incita
ed incanto non v’ha che mi resista,
poi che già in groppa, o Bella, io t’ho rapita. 

Gabriele d’Annunzio

https://www.beaux-arts.ca/sites/default/files/styles/ngc_scale_1200/public/8257242.jpg?itok=twaJ8UpO&timestamp=1632400699

LE CHEVALIER DE LA MORT

Sur une vieille estampe de Dürer
s’en va contre mages et dragons batailler
tout enclos dans son armure un Chevalier
sur un grand cheval couvert d’écailles :

à son flanc l’accompagne un écuyer,
la Mort sans écu ni cotte,
derrière le suit un valet, le noir
Péché ; sombres devant lui sont les halliers.

Moi ainsi, à nouveau, à la conquête
de l’Art et de l’Amour, je gravis la vie ;
mais mon farouche écuyer ne me chagrine pas,

mais mon valet riant haut m’encourage
et il n’y a enchantement qui me résiste,
puisque déjà, ô ma Belle, en croupe je t’ai ravie.

trad. Muriel Gallot

Au chevet des mourants

14 lundi Juin 2021

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agonie, Hugo von Hofmannstahl, mort, pitié

[…]

Und wär der Blick, mit dem wir es erschaun,
Nur unser, unser der erträumte Schein!
Er ist es nicht, und was ich denke, ist,
Ja, dieser Schrei ist Nachhall, ist nicht mein!

Nur eins ist mein, wie’s auch dem Tier gehört,
Ist nicht gespenstisch, keinem nachgefühlt;
Daß mich bei deiner trostverschloßnen Angst
Ein seltsam dumpfes Mitleid hat durchwühlt.

Und daß ich, selber ohne Trost und Rat,
Dich trösten wollte, wie ein Kind ein Kind,
Das nichts von unverstandnem Kummer weiß,
Von Dingen, die unfaßbar in uns sind.

Das ist vielleicht das Letzte was uns bleibt,
Wenn der Gedanke ungedacht schon lügt:
Daß auf ein zitternd Herz das andre lauscht
Und leisen Drucks zur Hand die Hand sich fügt …

Hugo von Hofmannstahl, Der Schatten eines Toten

The Difficult Man | Art and Love

[…]

Si encore le regard que nous portons sur eux
N’était qu’à nous, et nôtres les apparences rêvées!
Mais non : et je pense même que le cri que je pousse
N’est ici qu’un écho – non, il n’est pas mien

Une seule chose est mienne (et les bêtes aussi la possèdent),
Une seule n’est pas un fantôme, n’est pas un sentiment emprunté:
Cette pitié singulière, oppressante, qui m’a bouleversé
Au contact de ton angoisse fermée à toute consolation.

Car bien que je sois moi-même désemparé, inconsolable,
Je voulais te consoler, comme un enfant console un autre enfant
Même s’il ignore tout d’un chagrin qu’il ne comprend pas,
Et de tant de choses qui demeurent en nous insaisissables.

Voilà peut-être la dernière chose qui nous reste
Quand la pensée ment avant même d’être pensée :
Qu’un cœur se penche sur un autre cœur qui tremble,
Et que la main se joigne à la main en la pressant tout doucement…

trad. Jean-Yves Masson

L’unicité ou la mort

19 samedi Déc 2020

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mort, Paul Valéry

« Peut-être l’immense péché », — le péché métaphysique par excellence, que les théologiens ont nommé du beau nom d’orgueil,— a-t-il pour racine dans l’être cette irritabilité du besoin d’être unique? Mais encore, en poussant plus réflexion, en la conduisant un peu trop loin, sans doute, sur le chemin des sentiments simples, trouverait-on, au fond de l’orgueil, seulement l’horreur de la mort, car nous ne connaissons la mort seulement que par les autres qui meurent, et si nous sommes réellement leur semblable, nous mourrons aussi. Et donc, cette horreur de la mort développe de ses ténèbres je ne sais quelle volonté forcenée d’être non-semblable, d’être même et le singulier par excellence, d’être un dieu. Refuser d’être semblable, refuser d’avoir des semblables, refuser l’être  à ceux qui sont apparemment et raisonnablement nos semblables, c’est refuser d’être mortel, et vouloir aveuglément ne pas être de la même essence que ces gens qui passent et fondent l’un après l’autre autour de nous. »

Paul Valéry, Stendhal, in Variétés II, Gallimard Folio essais, p 201

Nous avons joué à vivre

25 dimanche Oct 2020

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Federíco García Lorca, mort, spectres, vie

FIN

Voici qu’a passé
la fin du monde,
le Jugement terrible
et qu’a lieu la catastrophe
des étoiles

Le ciel de la nuit
est un désert,
un désert de lampes
sans maître.

Des foules d’argent
s’en sont allées
au lourd levain
du mystère.

Et sur la barque de la Mort
où vont les hommes, nous sentons
que nous avons joué à vivre,
que nous sommes des spectres !

Un regard aux quatre coins :
tout est mort.
Le ciel de la nuit
est une ruine,
un écho.

Federico García Lorca
trad. André Belamich

Si on devait mourir demain …

25 samedi Avr 2020

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mort, Nâzım Hikmet, vie

DE LA VIE

A supposer qu’on doive subir
                               une grave intervention
Cela signifie que peut-être
On ne pourra jamais se relever de la table d’opération.
Bien qu’il ne soit pas possible de ne pas ressentir
                            la tristesse
                                     de s’en aller un peu trop tôt,
Nous rirons quand même
                                 de l’anecdote du Bektachi.
Nous regarderons par la fenêtre
                                    si le temps est pluvieux
Ou encore nous attendrons encore avec impatience
                                  les dernières nouvelles à la radio.
Supposons que nous sommes au front
Pour des raisons qui valent la peine de se battre,
Et là, dès le premier jour, dès la première attaque
Nous pouvons tomber à plat ventre et mourir,
Nous le saurons, une rage bizarre au cœur
        mais nous serons passionnément curieux
                           de l’issue de cette guerre
                                   qui durera peut-être des années.
Supposons que nous sommes en prison,
que nous approchons de la cinquantaine,
et que dix-huit ans devront s’écouler
avant l’ouverture de la porte de fer
Et pourtant nous vivrons avec le monde du dehors
avec ses hommes, ses animaux, ses luttes et ses vents,
               avec le monde de l’autre côté des murs.
Bref, où que l’on soit, quelles que soient les circonstances,
                                   il s’agit de vivre
Comme si on ne devait jamais mourir.

Nâzim Hikmet (1948)

 

Naissances et morts

03 vendredi Jan 2020

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mort, naissance, Nâzım Hikmet

Tout naît tout meurt à qui mieux mieux
arbres étoiles hommes
virus et cetera
quel empressement quel boucan
et autant de nostalgie que d’espoir
on meurt on naît à l’envi.

Nâzim Hikmet

le territoire des mourants

29 vendredi Nov 2019

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mort, Philippe Jaccottet

Autrefois,
moi l’effrayé, l’ignorant vivant à peine,
me couvrant d’images les yeux,
j’ai prétendu guider mourants et morts.

Moi, poète abrité,
épargné, souffrant à peine,
aller tracer des routes jusque-là!

A présent, lampe soufflée,
main plus errante, qui tremble,
je recommence lentement dans l’air.

Philippe Jaccottet, Leçons

Où serez-vous quand agira la mort ?

25 mercredi Sep 2019

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mort, Philippe Jaccottet

Où serez-vous quand agira la mort,
lune aussi belle qu’un soleil
qui rouliez vers le bois marin,
oiseaux levés tous ensemble,
beaux ouvriers de l’aurore?
Et toi, où seras-tu qu’ils éveillaient à peine,
à nulle chose de ce monde comparable
sinon précisément à cette clarté grandissante,
où seras-tu, petit jour ?

Pas seulement alors, mais déjà maintenant
vous n’êtes plus que cette voix trop faible,
que ces paroles toujours vagues.
Ô étincelant amour !
Il n’est bientôt plus que l’appel
que se lancent les séparés.
(Ainsi toute réalité
dans le cœur où la mort s’affaire
devient cri, murmure ou larme.)

Philippe Jaccottet, Notes pour le petit jour, in L’ignorant

Death

23 vendredi Août 2019

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mort, W.B. Yeats

Death

Nor dread nor hope attend
A dying animal;
A man awaits his end
Dreading and hoping all;
Many times he died,
Many times rose again.
A great man in his pride
Confronting murderous men
Casts derision upon
Supersession of breath;
He knows death to the bone —
Man has created death.

W.B. Yeats

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