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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: août 2020

Absolus rivaux

31 lundi Août 2020

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amour, Marina Tsvetaieva, poésie

« L’amour déteste le poète. l’amour ne souhaite pas être magnifié (il est bien assez magnifique  par lui-même!), il se considère comme un absolu, le seul absolu. Il ne nous fait pas confiance. »

Marina Tsvetaieva, Lettre à Rilke du 2 août 1926

Espoir de rachat

30 dimanche Août 2020

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Hâfez de Chiraz

Me voici devenu une ruine infâme, et j’espère encore
que par la haute vue des êtres nobles je trouverai un bon renom.

Hâfez de Chiraz, Divân, Ghazal 459, 4
trad.C-H de Fouchécour

Éloge du commerce

29 samedi Août 2020

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commerce, Goethe

Un des morceaux de bravoure du premier livre des Années d’apprentissage de Wilhelm Meister est un éloge du commerce que Goethe fait prononcer par Werner, l’ami d’enfance de son héros :

« Tu n’avais alors aucune idée du commerce. Je ne sais personne dont l’esprit soit et doive être plus étendu que celui d’un véritable négociant. Quel coup d’œil ne nous donne pas l’ordre avec lequel nous dirigeons nos affaires ! Il nous permet de saisir constamment l’ensemble, sans que nous soyons forcés de nous égarer dans les détails. Quels avantages ne procure pas au négociant la tenue de livres en partie double ! C’est une des plus belles inventions de l’esprit humain, et tout bon père de famille devrait l’introduire dans son ménage.

— Excuse-moi, dit Wilhelm en souriant, tu commences par la forme, comme si c’était l’affaire : mais, d’ordinaire, avec vos additions et vos bilans, vous oubliez le véritable total de la vie.

— Et toi, par malheur, tu ne vois pas, mon ami, que la forme et le fond sont ici la même chose, et que l’un ne pourrait subsister sans l’autre. L’ordre et la clarté augmentent le goût d’épargner et d’acquérir. Un homme qui gouverne mal ses affaires se trouve fort bien dans l’obscurité ; il n’aime pas à faire le compte de ses dettes. Rien de plus agréable au contraire, pour celui qui est bon économe, que de faire chaque jour la somme de sa fortune croissante. Une perte même, si elle le surprend et l’afflige, ne l’effraye point, parce qu’il sait d’abord quels gains effectifs il peut mettre sur l’autre plateau de la balance. Je suis persuadé, mon cher ami, que, si tu pouvais une fois prendre un véritable goût à nos affaires, tu te convaincrais que plusieurs facultés de l’esprit y peuvent trouver aussi leur libre développement.

— Peut-être le voyage que je médite fera-t-il naître chez moi d’autres idées.

— Oh ! certainement. Crois-moi, il ne te manque autre chose que le spectacle d’une grande activité, pour que tu de-viennes tout de bon l’un des nôtres, et, à ton retour, tu t’empresseras de t’associer à ceux qui, par toutes sortes d’expéditions et de spéculations, savent retenir pour eux une partie de l’argent et des jouissances qui circulent dans le monde, suivant une loi nécessaire. Jette un regard sur les productions naturelles et artificielles de toutes les parties du globe ; considère comme elles sont devenues mutuellement des choses indispensables. Quelle occupation agréable, intelligente, que celle d’observer tout ce qui est actuellement le plus recherché et qui manque parfois, parfois est difficile à trouver ; de procurer facilement et promptement à chacun ce qu’il désire ; de remplir ses magasins avec prévoyance et d’utiliser chaque moment de cette grande circulation ! Voilà, ce me semble, pour tout homme intelligent, le sujet de grandes jouissances. »

Wilhelm ne semblait pas éloigné de partager ces sentiments et Werner poursuivit :
« Commence seulement par visiter quelques grandes villes de commerce, quelques ports de mer, et tu seras certainement entraîné. Quand tu verras tant d’hommes occupés, quand tu sauras d’où viennent tous ces produits, où ils vont, tu les verras sans doute avec plaisir passer aussi par tes mains ; tu considéreras la moindre marchandise dans sa liaison avec le commerce tout entier, et rien ne te semblera méprisable, parce que tout augmente la circulation, d’où la vie tire sa nourriture. »

Werner, qui cultivait son bon esprit dans la société de Wilhelm, s’était accoutumé à considérer aussi d’un point de vue élevé sa profession, ses affaires, et croyait toujours le faire avec plus de raison que son intelligent et précieux ami, qui lui semblait attacher une si grande importance et toutes les forces de son âme aux choses les plus chimériques du monde. Il se disait parfois qu’il finirait par triompher de ce vain enthousiasme et par ramener un si honnête homme au bon chemin. Dans cette espérance, il continua :

« Les grands de ce monde se sont emparés de la terre ; ils vivent dans le faste et l’opulence ; le plus petit coin de notre continent est déjà possédé, et chaque possession confirmée ; les emplois et les autres offices civils sont peu lucratifs : où trouver encore un gain plus légitime, de plus équitables conquêtes que dans le commerce ? Puisque les princes de la terre ont en leur puissance les rivières, les chemins, les ports, et prélèvent sur toute chose qui arrive ou qui passe un fort tribut, ne devons-nous pas saisir avec joie l’occasion, et, par notre activité, lever aussi un péage sur chaque article que le besoin ou la vanité a rendu indispensable aux hommes ? Je puis t’assurer que, si tu voulais faire usage de ton imagination poétique, tu pourrais hardiment opposer ma déesse à la tienne, comme une invincible et triomphante rivale. Elle porte, il est vrai, plus volontiers le rameau d’olivier que le glaive ; elle ne connaît ni le poignard ni les chaînes ; mais elle distribue aussi à ses favoris des couronnes, qui, soit dit sans mépriser les autres, brillent d’or pur, puisé à la source, et de perles, que ses infatigables serviteurs ont tirées du fond des mers. »

Wilhelm fut un peu piqué de cette sortie, mais il cacha son chagrin, car il se souvenait que Werner avait aussi coutume d’écouter ses apostrophes avec tranquillité. D’ailleurs il était assez équitable pour voir avec plaisir que chacun eût la plus haute idée de sa profession, pourvu qu’on s’abstînt d’attaquer celle à laquelle il s’était consacré avec passion.

« Et toi, s’écria Werner, qui prends un si vif intérêt aux affaires humaines, quel spectacle sera-ce pour toi, quand tu verras les hommes recueillir sous tes yeux le bonheur qui accompagne les courageuses entreprises ! Quoi de plus ravissant que la vue d’un vaisseau qui aborde, après une heureuse navigation, qui revient à l’improviste, chargé d’un riche butin ! Non-seulement le parent, l’ami, l’intéressé, mais tout spectateur étranger est transporté, quand il voit avec quelle joie le navigateur, long-temps prisonnier, saute sur le rivage, avant même que son vaisseau l’ait touché, se sent libre encore, et peut désormais confier à la terre fidèle ce qu’il a dérobé à l’onde perfide. Mon ami, ce n’est pas dans les chiffres seulement que paraît notre gain : le bonheur est la divinité des vivants, et, pour sentir véritablement sa faveur, il faut vivre et voir des hommes qui travaillent avec toute l’ardeur de la vie et jouissent avec toute l’énergie de leurs facultés. »

Goethe, Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister, Livre I, chapitre 10

Joyeux 250e anniversaire Georg Wilhelm Friedrich

27 jeudi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Célébrations, Fantaisie

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enfance, Hegel, jeunesse, vie, vieillesse

Georg Wilhelm Friedrich Hegel: biographie d'un philosophe idéaliste - Nos  Pensées

Que fut la vie de Hegel ?

Laissons lui la parole :

« Le cours naturel des âges-de-la-vie, en commençant par l’enfant, l’esprit enveloppé en lui-même – en passant par l’opposition développée, la tension d’une universalité elle-même encore subjective (idéaux, imagination, obligations, espoirs, etc.) face à la singularité immédiate,  c’est-à-dire face au monde-qui-se -trouve-là, inadapté à ces idéaux, imaginations, etc., et par la situation où est placé, dans sa présence à l’égard de ce monde, l’individu qui, de son côté est encore non-autonome et inachevé en lui-même (jeune-homme) – pour atteindre au rapport véritable, à la reconnaissance du caractère objectivement nécessaire et rationnel du monde qui-se-trouve-déjà-là, achevé, et auprès de l’œuvre duquel, œuvre qui s’accomplit auprès de et pour elle-même, l’individu procure à son activité une garantie et une participation, est de la sorte un aliquid, possède un présent effectif et une valeur objective (homme fait) – jusqu’à l’achèvement de l’unité avec cette objectivité, unité qui, en tant que réelle, passe à l’inactivité de l’habitude émoussante et, en tant qu’idéelle, se libère des intérêts limités et des complications du présent extérieur – (vieillard).

Georg Wilmhelm Friedrich Hegel, Encyclopédie des sciences philosophiques en abrégé, §. 396

Les anciens vices des réseaux sociaux

26 mercredi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Fantaisie, Lectures

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Friedrich von Schiller, Goethe, subtweeter c'est mal

Goethe–Schiller Monument - Wikipedia
@Goethe et @Schiller mutus mais aussi amis IRL

Le subtweet avant les tweets

« Mais ce qui vous divertira, c’est un article de la nouvelle Feuille d’annonces de Leipzig, qui paraît in-folio. Il s’est trouvé un honnête anonyme pour y prendre le parti des Heures contre Reichardt. Elles n’y sont pas nommées plus que lui, mais il n’est pas possible de s’y méprendre à la manière dont les unes et l’autre y sont désignées. »

Schiller, lettre à Goethe du 28 octobre 1796

 

Drama et doxxing

« Le rédacteur anonyme [Reichardt] de deux revues s’en prend au rédacteur qui se nomme [Schiller], d’une revue et d’un Almanach, pour avoir été diffamé dans un certain nombre de poésies, et attaqué dans sa dignité d’homme.

A mon avis il faut en profiter pour le contraindre de force à rompre un demi-incognito qui lui est un abri commode, et exiger tout d’abord de lui : 1° qu’il imprime en toutes lettres son nom en têtes de ses revues, afin qu’on sache au juste à qui l’on a affaire. »

Goethe, Lettre à Schiller du 27 décembre 1796

Secret des correspondances

25 mardi Août 2020

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correspondance, Edith Stein, Friedrich von Schiller, Goethe, phénoménologie

Les correspondances entre intellectuels publiées in extenso et non par morceaux choisis permettent de se rendre compte que même les plus grands esprits ne passent pas leur temps dans les discussions d’idées profondes. Je viens de lire le premier tome de la correspondance entre Goethe et Schiller, et une large part des deux premières années de l’échange épistolaire est consacré à des problème pratiques liés à l’édition de la revue Les Heures que Schiller vient de créer (la correspondance commence justement avec la proposition de collaboration adressée à Goethe). Les échanges à propos de la publication des Xénies et des réactions qu’elles suscitent donne un aperçu du milieu intellectuel allemand de l’époque, mais comme les auteurs auxquels s’en prennent les correspondants sont aujourd’hui tombés dans l’oubli, ces passages ne sont pas follement passionnants. La vie quotidienne tient aussi une place non négligeable dans les échanges de nos deux éminents écrivains : naissance des enfants, problèmes de santé des uns et des autres, difficultés de logement. Assez curieusement, alors que les mouvements des troupes françaises en Allemagne sont évoqués il n’y a guère  de discussion sur la politique entre nos deux éminents auteurs dans les premières années de leur correspondance (peut-être ce sujet était-il réservé à leurs échanges de vive voix). L’échange gagne en densité à partir du moment où Schiller adresse à Goethe ses remarques sur le Wilhelm Meister en cours d’écriture, et les discussions sur la littérature qui occupent l’année 1797 font qu’on ne regrette pas la lecture (ni l’achat).

 

L’année dernière je m’étais lancé, je ne sais sous quelle impulsion mystérieuse,  dans la correspondance d’Édith Stein et je me souviens en avoir gardé une impression plutôt mitigée pour des raisons comparables à celles que j’ai mentionnées ci-dessus. Dans les lettres qu’Édith Stein échange avec divers phénoménologues – en particulier le philosophe polonais Roman Ingarden (nous n’avons que les lettres qu’elle a envoyé, pas les réponses) – il est beaucoup plus question du terre à terre de la vie universitaire ( le travail d’Édith Stein comme assistante de Husserl, ses efforts vains pour obtenir un poste à l’université, les échéances de diverses publications) que de discussion proprement philosophiques. Ce n’est certes pas sans intérêt pour la connaissance de l’histoire du mouvement phénoménologique  : on se rend ainsi compte que la phénoménologie a connu un tournant théologique en Allemagne bien avant celui qu’elle a connu en France et qu’a étudié Janicaud. Dans la correspondance entre Édith Stein et Roman Ingarden c’est peut-être, finalement, l’intérêt pour la trame sentimentale et l’histoire d’une amitié finit par l’emporter.

La religion n’est pas une affaire privée

24 lundi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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Joseph Joubert, religion

J’ai naguère expliqué que mon cher Joubert avait devancé Marx et Nietzsche, aujourd’hui nous devrons convenir qu’il a également précédé Wittgenstein puisqu’un siècle et demi avant la formulation de la critique la notion de langage privé, Joubert critiquait la notion de religion privée.

« Proposition à examiner. –  Qu’on n’a pas de religion si l’on n’a pas celle d’un autre ; qu’on ne peut pas faire à son gré un culte et une loi que l’on observe ; que le sentiment et la pratique ne peuvent exister pleinement dans l’homme que par la communication ; qu’ainsi l’a voulu la nature éternelle des choses. Et cette loi de la statique qui veut que le levier soit hors du poids et que la volonté (détermination) ait ses motifs hors d’elle-même. Que des inventeurs et fondateurs de religion qui les ont crues et observées fidèlement ne contredisent point cette règle parce que, chef des sectes, ils avaient la religion de leurs sectateurs dont la conviction inculquait en eux par sa réaction la foi qu’ils en avaient reçue ».

Joseph Joubert, Carnets I, 5 décembre 1797

Modèle allemand (2)

22 samedi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Alain Séguy-Duclot, France vs Allemagne, Herder, impérialisme, universalisme

Culture et civilisation d' Alain Séguy-Duclot - Les Editions du cerf

« Point n’est besoin toutefois d’attendre le XXe siècle pour se convaincre des difficultés profondes de la compréhension de la culture humaine comme civilisation. En fait, les troubles liés à la décolonisation n’ont fait que reprendre tardivement, en le mondialisant, un problème apparu dès le XVIIIe siècle au sein même de l’Europe, plus précisément en Allemagne.

Le modèle rationaliste des Lumières, qui identifie l’histoire de l’humanité au progrès de la raison, s’est répandu progressi­vement dans toute l’Europe. Il n’en reste pas moins rattaché à son origine française, puisque les théoriciens principaux en sont Voltaire, d’Alembert et Condorcet. Or, pour les intellec­tuels allemands de la fin du XVIIIe siècle qui tentent de fonder une identité nationale dans la langue, la littérature et la philosophie, préalable à une unification politique de l’Allemagne dont la construction prendra encore un siècle, l’influence dominante du modèle français représente un danger à combattre.
En 1774 paraît Une autre philosophie de l’histoire de Herder. Cet ouvrage, qui s’inscrit dans la logique anticlassique et anti-française du mouvement Sturm und Drang, s’oppose directement à l’idéal de progrès exprimé dans la philosophie de l’histoire de Voltaire.
Herder remet en cause le modèle rationaliste de la civilisation et identifie son universalité cosmopolite à la culture d’une nation particulière : la France. Dès lors, la prétention de ce modèle à s’exporter aux autres nations perd toute légitimité. Herder établit notamment un parallèle entre la civilisation romaine et la civilisation française et les critique toutes deux pour célébrer successivement les Barbares venus de Germanie qui finiront par détruire l’Empire romain, le Moyen Âge germanique injustement méprisé par les classiques français, et l’Allemagne moderne appelée à abandonner le mécanisme rationaliste des Français.
Contre la téléologie rationaliste des Lumières, Herder ne voit dans l’histoire humaine aucun progrès (Forschritt ou Verbesserung) mais une simple progression (Fortgang ou Vortstreben) où ce qui est gagné d’un côté est perdu de l’autre, en sorte que l’état de bonheur de l’humanité reste globalement invariable selon les époques.

[…]

Il est de faible importance de noter que l’ouvrage de 1774 eut peu d’influence sur ses contemporains et que, par la suite, dans ses Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité (1784-1791), Herder abandonne la radicalité du relativisme de sa période Sturm und Drang pour un humanisme universaliste plus classique. Goethe suit une évolution encore plus nette, passant de la célébration de l’art allemand dans les années 1770 au rêve d’une littérature universelle.
En effet, le déferlement de la Révolution française sur l’Europe manifeste avec la plus grande violence la contradiction que Herder découvrait déjà dans les Lumières en 1774 : la prétention illégitime à l’universalité d’une culture particulière, le culture française. En théorie, la Révolution française prétend libérer les peuples européens souffrant sous le joug de la tyrannie en établissant le règne de la raison au moyen d’une Constitution universelle, le tout baignant dans une mystique rationnelle marquée notamment par le culte de l’Être Suprême. Dans les faits, elle les envahit. Bref, la Révolution Française se conduit à la fin du XVIIIe siècle par rapport au reste de l’Europe comme l’Europe colonialiste se conduira par rapport au reste du monde au XIXe et au XXe siècle : en adoptant le double langage de l’envahisseur-libérateur.
La transformation de la France révolutionnaire en France impériale le 18 mai 1804 ne fait que traduire aux yeux des Européens le sens impérialiste de l’expansion militaire française. Le masque tombe : le prétendu universel n’était bien qu’un particulier national. L’Europe occupée par les troupes napoléoniennes peut rejeter unanimement le modèle français, avec lui, à la fois la langue française, jusqu’alors parlée dans toutes les cours européennes, et l’humanisme universaliste des lumières elles-mêmes que l’on juge responsables de la Terreur et de Napoléon. »

Alain Séguy-Duclot, Culture et civilisation, p. 24 -27

En absence

20 jeudi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Hâfez de Chiraz

Me verseriez-vous du vin du paradis, en l’absence de l’Aimé
toute boisson délicieuse que tu m’offres est pur tourment.

Hâfez de Chiraz, Le Divân, Ghazal 31, beyt 2
trad. C-H de Fouchécour

Sans le soleil de ta Ta face, la lumière manque à mon jour,
et ne me reste de la vie que la nuit noire.

ibid. 39, 1

Privée de la beauté de l’Aimé, l’âme n’a pas d’inclination pour le monde,
et quiconque n’a pas celle-là, en vérité n’a pas d’âme !

ibid. 122, 1

Je vis sans la vie, moi, et de cela ne t’étonne pas trop :
qui compte le jour de la Séparation dans le temps de sa vie ?

ibid. 248, 8

 

 

Clichés inversés

19 mercredi Août 2020

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations

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clichés

Je perds trop de temps à suivre les culture wars sur twitter pourtant j’ignorais l’existence de ce tweet mèmifié auquel fait référence Oliver Traldi au cours de sa recension de Give Them an Argument: Logic for the Left de Ben Burgis.

Les mèmes purement textuels sont sûrement moins de chance d’être repris de ce ce côté-ci de l’Atlantique que les mèmes visuels, mais il y a un autre élément qui fait obstacle à l’importation du tweet de drill dans les échanges français. En effet, nous disposons déjà d’une référence partagée mobilisable dans le même type de controverses, quoiqu’en sens inverse. Je veux parler du fameux extrait de sketch des Inconnus portant sur la différence entre bons et mauvais chasseurs ; incontournable dans les conversations courantes sur la chasse, cette  référence est aussi régulièrement détournée de son terrain originel à chaque fois qu’il s’agit de dénier l’existence d’une différence entre bon et mauvais X.  Le tweet de dril, et l’usage étendu du sketch des Inconnus constituent deux thought terminating clichés fonctionnant en sens inverses : dans les deux cas la position adverse est écartée par l’ironie sans qu’on se donne vraiment la peine d’examiner ce qui est en question : y a-t-il vraiment une différence entre bon et mauvais X?

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