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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: juillet 2017

« Ils sont vraiment trop cons » (2)

31 lundi Juil 2017

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autorité, éducation, chef, conservatisme, Jules Verne

La question me tourmente toujours  : mais qu’est-ce qui leur a pris aux quinze jeunes naufragés de Deux ans de vacances de se donner un chef ?

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« Oui !… oui !… Hurrah pour Gordon ! » Nos héros viennent de faire n’importe quoi et ils sont contents.

Dans l’article précédent j’ai montré comment la justification que le personnage principal donne de la désignation d’un chef : « il me semble que tout irait mieux, reprit Briant, si l’un de nous avait autorité sur les autres! » était plutôt démentie par le reste du roman. Cette fois je vais m’intéresser à la deuxième justification : « Ce qui se fait pour tout pays, n’est-il pas convenable de le faire pour l’île Chairman? » Si nos jeunes naufragés ne prennent pas la peine de demander à Briant en quoi leur situation serait meilleure avec un chef c’est peut-être qu’ils sont convaincus par cette deuxième composante de l’archi-succincte argumentation du personnage principal. Ainsi ce qui pousserait nos héros à désigner un chef serait le désir d’imiter le monde adulte et de reproduire sur leur île les institutions qu’ils ont connu avant d’y échouer. Si on adopte cette hypothèse il est intéressant d’opérer une comparaisons avec d’autres institutions que nos héros choisissent de reproduire ou non sur leur île.

C’est avec l’institution de l’école que le rapprochement qui s’impose avec le plus d’évidence  En effet avant même d’être élu chef Gordon avait fait part de son projet de créer une école sur l’île.

« On le pense bien, depuis l’installation définitive à French-den, Gordon et ses camarades avaient organisé la vie quotidienne d’une façon régulière. Lorsque cette installation serait complète, Gordon se proposait de régler autant que possible les occupations de chacun, et surtout de ne point laisser les plus jeunes abandonnés à eux-mêmes. Sans doute, ceux-ci ne demanderaient pas mieux que de s’appliquer au travail commun dans la mesure de leurs forces ; mais pourquoi ne donnerait-on pas suite aux leçons commencées à la pension Chairman ?

« Nous avons des livres qui nous permettront de continuer nos études, dit Gordon, et ce que nous avons appris, ce que nous apprendrons encore, il ne serait que juste d’en faire profiter nos petits camarades.

— Oui, répondit Briant, et, si nous parvenons à quitter cette île, si nous devons revoir un jour nos familles, tâchons de n’avoir pas trop perdu notre temps ! »

Il fut convenu qu’un programme serait rédigé ; puis, dès qu’il aurait été soumis à l’approbation générale, on veillerait à ce qu’il fût scrupuleusement appliqué. »

Chapitre XI

Ce programme d’occupations quotidiennes sera décrit dans le chapitre XIII qui suit l’élection de Gordon.

Est-il vraisemblable que des enfants livrés à eux-mêmes décideraient de recréer l’école ? je laisse cette question de côté (il y a tant d’autres invraisemblances dans le roman!). Je note que si l’utilité de désigner un chef n’est guère expliquée par Briant, l’utilité de recréer l’école alors que nos héros sont en en vacances pour un temps indéfini est justifiée par la perspective de réintégrer un jour la civilisation. Si la création de l’école est une idée de celui qui devient chef, la fonction de chef ne s’identifie pas à celle de maître : ce n’est pas Gordon qui enseigne à tous les autres, ce sont plutôt les plus âgés qui instruisent les plus jeunes. Cependant on se rend compte qu’une large part de l’exercice de l’autorité de chef de Gordon a une dimension éducative  :

« Ce que les petits, principalement, reprochaient à Gordon, c’était son économie, vraiment trop minutieuse au sujet des plats sucrés. En outre, il les grondait lorsqu’ils ne prenaient pas soin de leurs vêtements, quand ils rentraient à French-den avec une tache ou une déchirure et surtout avec des souliers troués – ce qui nécessitait des réparations difficiles, rendant très grave cette question de chaussures. Et, à propos de boutons perdus, que de réprimandes, et parfois que de punitions ! En vérité, cette affaire de boutons de veste ou de culotte revenait sans cesse, et Gordon exigeait que chacun en représentât tous les soirs le chiffre réglementaire, sinon, privé de dessert ou mis aux arrêts. »

Chapitre XVIII

La justification éducative de l’autorité du chef est recevable quand cette autorité est exercée sur les plus jeunes membres du groupe (dont on peut penser par exemple qu’ils ne sont pas les meilleurs juges de ce qui est bon pour leur santé), il ne peut en aller de même quand le chef exerce son autorité sur ses égaux en âge (par exemple quand Gordon intervient dans le différent entre Doniphan et Briant). On touche là la principale erreur de nos héros : ce n’est peut-être pas tant d’avoir décidé de se donner un chef que de ne pas avoir défini le périmètre et les modalités d’exercice de son autorité. Après que Briant a soumis la proposition d’élire un chef, un seul éclaircissement est apporté qui concerne la durée du mandat et la possibilité de réélection :

— Oui !… Un chef… Nommons un chef ! s’écrièrent à la fois grands et petits.

— Nommons un chef, dit alors Doniphan, mais à la condition que ce ne soit que pour un temps déterminé… un an, par exemple !…

— Et qu’il pourra être réélu, ajouta Briant.

— D’accord !… Qui nommerons-nous ? » demanda Doniphan

On le voit, rien n’est dit de ce que l’élu sera en droit de commander : cette irréflexion justifie le jugement de Taciturnus Junior même si ce n’est pas précisément cela qu’il avait en tête.

Add. Il est n’est pas sans intérêt de souligner par contraste qu’il est une institution de leur pensionnat d’origine que nos naufragé choisissent de ne pas conserver sur leur île  : il s’agit du « faggisme » que Jules Verne avait évoqué dans le flash-back du chapitre III :

« Les Anglais, personne ne l’ignore, ont le respect des traditions dans la vie privée aussi bien que dans la vie publique, et ces traditions sont non moins respectées –même quand elles sont absurdes – dans les établissements scolaires, où elles ne ressemblent en rien aux brimades françaises. Si les anciens sont chargés de protéger les nouveaux, c’est à la condition que ceux-ci leur rendent on retour certains services domestiques, auxquels ils ne peuvent se soustraire. Ces services, qui consistent à apporter le déjeuner du matin, à brosser les habits, à cirer les souliers, à faire les commissions, sont connus sous le nom de «faggisme», et ceux qui les doivent s’appellent «fags». Ce sont les plus petits, ceux des premières divisions qui servent de fags aux élèves des divisions supérieures, et, s’ils refusaient d’obéir, on leur ferait la vie dure. Mais aucun d’eux n’y songe, et cela les habitue à se plier à une discipline qu’on ne retrouve guère chez les élèves des lycées français. D’ailleurs, la tradition l’exige, et, s’il est un pays qui l’observe entre tous, c’est bien le Royaume-Uni, où elle s’impose au plus humble «cockney» de la rue comme aux pairs de la Chambre Haute. »

Or au chapitre XIII, lorsque Verne présente l’organisation de la vie collective mise en place après l’élection de Gordon, il précise que le « faggisme » est la seule coutume que ses personnages choisissent de ne pas reconduire sur l’île :

Il va de soi que les pratiques du faggisme, dont il a été déjà question à propos de la pension Chairman, n’eussent pas été acceptables sur l’île de ce nom. Tous les efforts de Gordon tendraient à ce que ces jeunes garçons s’accoutumassent à l’idée qu’ils étaient presque des hommes, afin d’agir en hommes. Il n’y aurait donc pas de fags à French-den, ce qui signifie que les plus jeunes ne seraient pas astreints à servir les plus âgés. Mais, hormis cela, on respecterait les traditions, ces traditions, qui sont, ainsi que l’a fait remarquer l’auteur de la Vie de collège en Angleterre, «la raison majeure des écoles anglaises.»

 

« Ils sont vraiment trop cons ! »

31 lundi Juil 2017

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anarchisme, autorité, chef, Jules Verne

C’est l’exclamation que mon mal élevé de fils [1] n’a pu réprimer à la lecture de ce passage à la fin du chapitre XII de Deux ans de vacances de Jules Verne.

La cérémonie enfin terminée – à la satisfaction générale – le moment était venu d’aller prendre du repos, lorsque Briant demanda la parole.
«Mes camarades, dit-il, maintenant que nous avons donné un nom à notre île, ne serait-il pas convenable de choisir un chef pour la gouverner?
– Un chef?… répondit vivement Doniphan.

– Oui, il me semble que tout irait mieux, reprit Briant, si l’un de nous avait autorité sur les autres! Ce qui se fait pour tout pays, n’est-il pas convenable de le faire pour l’île Chairman?
– Oui!… Un chef… Nommons un chef! s’écrièrent à la fois grands et petits.

Briant et Jacques

Briant (à droite) et son frère Jacques. Le bruit a couru chez les verniens que le personnage de Briant aurait été inspiré à Verne par Aristide Briant adolescent.

Je ne sais s’il y a une corrélation entre la grossièreté de Taciturnus junior et ses  tendances anarchistes, toujours est-il que, si j’ai dû le réprimander sur la forme [2], je n’ai pu que lui donner raison sur le fond. Cette unanimité à accepter la désignation d’un chef est véritablement consternante. Mais la protestation véhémente de mon rejeton reste néanmoins à courte vue, car au delà des personnages qui ne sont que des enfants après tout, il est évidemment nécessaire d’incriminer l’auteur. Passons sur sa conception de la psychologie enfantine :  quinze enfants réclameraient unanimement un chef ? On répondra peut-être qu’ils approuvent l’idée parce qu’ils espèrent tous être chefs, mais il n’en est rien puisque, dans la foulée, ils vont élire unanimement Gordon sur la proposition du même Briant. Par ailleurs il apparaît clairement que le propos de Verne en faisant adopter la proposition de Briant à l’unanimité, n’est pas de dénoncer un hypothétique désir d’être dominé  sous-jacent aux institutions politiques ou quelque chose du même genre. En effet, plaçant la proposition de désigner un chef dans la bouche de son personnage principal auquel il n’attribue pas de défauts manifestes, Verne cherche à présenter cette proposition au lecteur comme une bonne idée.  Le plus grave c’est que le reste du roman dément l’argument invoqué par Briant : « il me semble que tout irait mieux » et que Verne ne semble pas s’en rendre compte. D’une part les chapitres qui précèdent ce passage ne font aucunement apparaître la nécessité de désigner un chef, bien au contraire ; si bien que même un lecteur sans préventions libertaires pourrait juger que cette proposition tombe comme un cheveu sur la soupe à ce moment du récit. En effet, avant de se donner un chef les quinze enfant sont parvenus à s’organiser pour démanteler leur yacht échoué, fabriquer un radeau, le charger de tout le matériel récupéré, lui faire remonter la rivière en profitant des effets de la marée montante puis aménager une grotte. En fait, les chapitres précédent illustreraient plutôt l’idée que des relations d’autorité ne sont absolument pas nécessaire à l’organisation d’une coopération efficace. D’autre part on peut considérer que, dans la suite du récit, l’institution du chef joue un rôle capital dans la scission du groupe. Depuis le début du roman il existe une relation de rivalité entre Briant et Doniphan (mais Verne donne systématiquement le beau rôle à Briant) chacun ayant un groupe de fidèles. Dès l’épisode qui nous occupe il apparaît que la rencontre entre la rivalité Briant-Doniphan et l’établissement d’une relation d’autorité constitue un cocktail détonant :

« Qui nommerons-nous? » demanda Doniphan d’un ton assez anxieux.

Et il semblait que le jaloux garçon n’eût qu’une crainte: c’est qu’à défaut de lui, le choix de ses camarades se portât sur Briant!.. Il fut vite détrompé à cet égard.

L’explosion a lieu au bout d’un an lorsque Briant, sans s’être présenté [3], est élu face à Gordon (pour qui il a voté) et Doniphan. Celui-ci ne pouvant supporter l’idée d’être soumis à l’autorité de Briant (alors même que ce dernier s’efforce d’arrondir les angles) finit par quitter le groupe avec ses fidèles [4]. A lire ce compte rendu on pourrait croire que Verne veut ainsi montrer que c’était une erreur de désigner un chef, mais en réalité il n’y a pas d’élément explicite qui appuie cette interprétation … c’est l’orgueil de Doniphan que Verne présente comme responsable de la scission et nullement la décision d’élire un chef, initialement inspirée par Briant. Pour expliquer ces bizarreries de la composition de Deux ans de vacances, faut-il appliquer à ce roman la grille de lecture proposée par Léo Strauss dans La persécution et l’art d’écrire et admettre que Verne avait pour but de dispenser une leçon de philosophie politique anarchiste, mais en la réservant aux lecteurs perspicaces ? A moins qu’il ne faille supposer que c’est l’inconscient de Verne qui proteste sourdement contre la proposition de Briant.

[1] Les lecteurs attentifs se rappellent qu’originellement je lisais ce livre à ma fille que le titre avait aguiché.  Elle a renoncé rapidement à connaître la suite de l’histoire, lassée du manque de personnages féminins.

[2] Les lecteurs attentifs auront noté la contradiction avec la 1ere phrase de l’article : si mon fils est mal élevé, c’est que je ne l’ai pas réprimandé.

[3] Un élément supplémentaire à l’appui de l’idée que l’institution du chef n’est pas introduite pour être critiquée, c’est que le personnage qui propose de désigner un chef ne cherche pas lui-même à l’exercer, l’institution du chef est donc présentée comme répondant à une nécessité objective et non pas comme le produit d’une libido dominandi [5]. En sens inverse on pourrait certes faire remarquer qu’inversement la pauvreté de l’argumentation de Briant est suspecte (d’autant qu’elle est de fait contredite par le reste de l’intrigue), mais il faut reconnaître qu’il n’a guère à creuser son argumentation puisque sa proposition est admise par tous comme une évidence.

[4] Cette scission ne constitue pas le dernier mot de l’histoire mais je ne souhaite pas déflorer le récit plus que nécessaire.

[5] On notera que Gordon puis Briant sont élus sans avoir brigué le pouvoir ce qui se rapproche de cette situation idéale évoquée par Platon :

Supposez un État composé de gens de bien : on y ferait sans doute des brigues pour échapper au pouvoir, comme on en fait à présent pour le saisir, et l’on y verrait bien que réellement le véritable gouvernant n’est point fait pour chercher son propre intérêt, mais celui du sujet gouverné ; et tout homme sensé préférerait être l’obligé d’un autre que de se donner la peine d’obliger autrui. »

Platon, République I, trad. Chambry, 345d – 347 a.

Le fait que le pouvoir soit attribué à ceux qui sont présentés comme le méritant le plus n’empêche pas la scission du groupe. Il est vrai que Doniphan sans être malhonnête n’est pas aussi « pur » que Briant et Gordon :

« Au fond et sans trop le montrer, celui qui s’inquiétait surtout de cette élection, c’était Doniphan. Évidemment, avec son intelligence au-dessus de l’ordinaire, son courage dont personne ne doutait, il aurait eu de grandes chances, n’eussent été son caractère hautain, son esprit dominateur et les défauts de sa nature envieuse. »

chap. XVIII

 

Poétique de la chose

29 samedi Juil 2017

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âme, chose, Oskar Pastior, Que faire ?

A vrai dire, il ne s’agit vraiment pas, Majesté, de faire, à partir d’une chose, à l’aide d’une chose, une chose qui, de toute façon, ne serait jamais rien d’autre qu’une chose faite à l’aide d’une chose à partir d’une chose. Non. Il ne s’agit pas non plus de faire, à l’aide d’une chose, à partir d’une chose, une chose de telle sorte que le faire de cette chose serait la chose. Au contraire. Il s’agit bien, sur mon âme, à l’aide et à partir d’une chose, de faire la chose qui, seulement à l’aide de cette chose et à partir d’elle, serait la chose dont il s’agirait s’il ne s’agissait pas Majesté, d’en faire une âme.

Oskar pastior, Acoustiures (Höricht)
trad. Jacques Lajarrige, in Lectures avec Tinnitus & autres acoustiures, ed. Grèges

Lors du jugement dernier, invoqueras-tu la nullité de la procédure ?

26 mercredi Juil 2017

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Dieu, Djalâl ad-Dîn Rûmî, théodicée, théologie

« Quand Adam pécha, Dieu le Très Haut le chassa du Paradis. Dieu dit à Adam : « quand je t’ai réprimandé et châtié pour ce péché, pourquoi n’as-tu pas discuté avec Moi ? Tu avais des raisons de le faire, pourtant, tu n’as pas dit : « Tout vient de Toi et c’est Toi qui fais tout ce que Tu veux dans le monde, et ce que tu ne veux pas ne se réalise jamais. »  Tu disposais de ce raisonnement clair et exact, pourquoi ne l’as tu pas exposé? » Adam répondit : « O mon Dieu, je le savais, mais je n’ai pas renoncé à la politesse envers Toi, et l’amour m’a empêché de T’adresser des reproches. »

Djalâl ad-Dîn Rûmî, Le Livre du dedans
trad. Vitray-Meyerovitch, Actes Sud, Babel, p. 137-138

*

Add. le 29/07/17

Peut-être vaut-il la peine que je surmonte ma paresse estivale pour expliquer en quoi je trouve ce texte très digne d’intérêt.

Tout d’abord ce texte me frappe en ce qu’il fait se croiser deux registres de discours : le religieux et le métaphysique, que je définis de la manière suivante.

Relève du religieux ce qui est de l’ordre de l’interlocution entre Dieu et l’homme  : soit que l’homme s’adresse à Dieu (prière) soit qu’il écoute ce qu’il considère comme la parole de Dieu. Relève du métaphysique ce qui est de l’ordre du discours sur Dieu (par opposition au discours de  Dieu ou au discours à Dieu) ; Dieu est ici en position d’objet du discours et non d’interlocuteur. Cette opposition définie en terme de pronoms personnels (on aura peut-être reconnu la distinction faites par Martin Buber entre la relation Je-Tu et la relation Je-Il), me semble sous-jacente à la fameuse opposition pascalienne du Dieu des philosophes et du Dieu sensible au cœur. Le Dieu des philosophes c’est le Dieu dont on parle et non un Dieu à qui l’on parle.

En quoi cette distinction est-elle opérante dans ce texte ?  Il me semble que l’argument selon lequel Dieu, étant omniscient et omnipotent, il a d’une certaine manière voulu que l’homme pèche (ce qui met en cause sa justice : comment peut-il nous juger pour ce qu’il nous a fait faire?), appartient habituellement au registre métaphysique. D’ailleurs quand cet argument est évoqué, Dieu quitte sa position de juge auquel on confesse ses fautes et dont on attend le verdict pour se retrouver en position d’accusé dont certains métaphysiciens se feront les avocats (c’est ainsi que Leibniz se présente dans les Essais de Théodicée). Ce qui me frappe d’abord dans ce texte c’est que cet argument de métaphysicien  se trouve intégré dans la relation d’interlocution entre Dieu et Adam. Mais ce qui est plus étonnant encore c’est la manière dont il l’est  : on aurait pu imaginer qu’Adam utilise cet argument pour convaincre Dieu de ne pas le condamner et que Dieu réponde en déniant la validité de l’argument ; mais ce qui se passe au contraire c’est que Dieu reconnaît la validité de l’argument et demande à Adam pourquoi il n’en a pas fait usage. Imagine-ton qu’un juge après avoir prononcé la condamnation demande à l’accusé pourquoi il ne l’a pas fait récuser alors qu’il aurait pu le faire ? Le fait de valider l’argument peut paraître très étonnant, car si Dieu sait qu’il est valide comment a-t-il pu condamner tout de même Adam ? Sur ce point aucune explication ne nous est donnée, ce qui signifie que le propos de ce texte n’est pas de nous proposer une solution métaphysique nouvelle au problème de la théodicée. L’essentiel est dans la réponse d’Adam : s’il n’a pas fait valoir l’argument métaphysique le déresponsabilisant et incriminant Dieu, c’est par politesse et par amour envers Dieu. Là encore, imagine-t-on un accusé renoncer à se défendre (alors même qu’il risque une lourde peine) pour ne pas faire de peine au juge? Il me semble que le propos de ce texte est de donner Adam en modèle aux fidèles : comme Adam le fidèle doit s’abstenir de se défendre face à Dieu en l’accusant en retour. Certes ce n’est pas très original comme attitude religieuse ! Par ailleurs, on peut faire valoir qu’en reconnaissant comme valide l’argument « Dieu a d’une certaine manière voulu le péché », ce texte dissuade le croyant de se lancer dans les discussions métaphysiques pour réfuter cet argument.  S’il n’a pas à se faire son propre avocat contre Dieu, il n’a pas non plus à se faire l’avocat de Dieu.

Il est tentant de dire que ce texte propose une solution mystique à la difficulté signalée par Nietzsche  : « comment le Dieu juge pourrait-il aussi être objet d’amour ? ». Cette solution mystique consisterait à remplacer le Dieu juge par le Dieu objet d’amour, ou à dépasser la relation à Dieu comme juge vers la relation à dieu comme objet d’amour. Cependant il importe de noter que l’idée d’un Dieu juge n’est pas annulée (le Dieu-juge pourrait être présenté comme une représentation inadéquate reflétant un stade inférieur du parcours spirituel, or tel n’est pas le cas dans ce passage). On peut d’ailleurs concevoir un schéma (je ne me risquerai pas à affirmer que c’est la conception de Rûmî) dans lequel la relation au Dieu objet d’amour serait un moment de la relation au Dieu juge ; il consisterait à dire ceci : c’est en renonçant à se défendre face au juge (et contre lui) par amour pour lui qu’on obtiendrait sa miséricorde. On conviendra qu’il s’agirait là d’une bien étrange justice.

La grammaire avant la poésie

25 mardi Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Big Bang pédagogique, Lucien Tesnière

« La confusion de l’ordre stylistique avec l’ordre linéaire normal est à la base d’une des aberrations pédagogiques les plus invétérées et les plus néfastes. C’est ainsi qu’il y a proprement insanité a enseigner le beau vers allemand :

Ich weiss nicht was soll es bedeuten…

(Heine, Die Lorelei, Heimkehr , 2).

à des élèves qui ne sont pas préalablement rompus au mécanisme de la construction allemande. »

Lucien Tesnière, Éléments de syntaxe structurale, Klincksieck 1966, p.24

 

Dieu, auto-plagiaire ou auto-pasticheur ?

24 lundi Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Fantaisie

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autoplagiat, création, Heinrich Heine, imitation, le diable et le Bon Dieu

Schöpfungslieder.

I.

Im Beginn schuf Gott die Sonne,
Dann die nächtlichen Gestirne;
Hierauf schuf er auch die Ochsen,
Aus dem Schweiße seiner Stirne.

Später schuf er wilde Bestien,
Löwen mit den grimmen Tatzen;
Nach des Löwen Ebenbilde
Schuf er hübsche kleine Katzen.

Zur Bevölkerung der Wildniß
Ward hernach der Mensch erschaffen;
Nach des Menschen holdem Bildniß
Schuf er intressante Affen.

Satan sah dem zu und lachte:
Ey, der Herr kopirt sich selber!
Nach dem Bilde seiner Ochsen
Macht er noch am Ende Kälber!

II.

Und der Gott sprach zu dem Teufel:
Ich der Herr kopier’ mich selber,
Nach der Sonne mach’ ich Sterne,
Nach den Ochsen mach’ ich Kälber,

Nach den Löwen mit den Tatzen
Mach’ ich kleine liebe Katzen,
Nach den Menschen mach’ ich Affen;
Aber du kannst gar nichts schaffen.

III.

Ich hab’ mir zu Ruhm und Preiß erschaffen
Die Menschen, Löwen, Ochsen, Sonne;
Doch Sterne, Kälber, Katzen, Affen,
Erschuf ich zu meiner eigenen Wonne.

Heinrich Heine, Neue Gedichte
Verschiedene

*

Chants de la création

I

Au début Dieu créa le soleil,
Puis les astres de la nuit;
Sur ce, il créa les bœufs
Avec la sueur de son front.

Plus tard il créa les bêtes sauvages,
Des lions aux griffes acérées ;
À l’image du lion il créa
D’adorables petits chats.

Pour peupler les terres sauvages
C’est l’homme ensuite qui fut créé;
D’après son charmant portrait
Il créa des singes intéressants

Satan le regardait et dit en s’esclaffant :
Tiens, le Seigneur se copie lui-même !
Voilà qu’à l’image de ses bœufs
Pour finir il fait des veaux !

II

Dieu parla au diable et dit :
Je suis le Seigneur et me copie moi-même,
D’après le soleil je fais les étoiles,
D’après les bœufs je fais les veaux,
D’après les lions avec leurs griffes
Je fais d’adorables petits chats,
D’après les hommes je fais des singes ;
Mais toi tu ne peux rien créer.

III

Pour ma gloire et mes louanges j’ai créé
Les hommes, les lions, les bœufs et le soleil ;
Mais les étoiles, les veaux, les chats, les singes,
Je les ai faits pour mon plaisir.

trad. Anne-Sophie Arstrup et Jean Guégan

Convergence évolutive ou auto-plagiat ?

Précisons d’abord qu’il y a quatre autres Schöpfungslieder que je n’ai pas cités parce qu’ils délaissent le thème de l’autoplagiat ou de l’autopastiche divin sur lequel je souhaite me concentrer. Les Lieder suivants confirment cependant ce qu’on discerne déjà ici, à savoir que revisiter la Genèse est pour le poète un moyen de nous parler de sa propre activité créatrice. Si l’artiste est logiquement identifié à Dieu, l’identification à Satan du critique mal embouché est astucieuse et enrichit la gamme des portraits psychologiques de l’Ange Déchu.

Le troisième Lied en explicitant les motivations respectives de la création des originaux (la gloire) et des copies (le plaisir) suggère que Dieu, s’il se copie lui-même ne se rend pourtant pas coupable du genre d’auto-plagiat dont est accusé Etienne Klein. Mais pouvons nous croire Dieu sur parole ? et si le Satan-critique, quelque incapable de créer qu’il soit, avait raison de soupçonner que Dieu a manqué d’inspiration, que sa créativité n’était pas à la hauteur de la tâche de faire un monde.

On peut examiner le sujet par un autre bout et se demander comment le spectateur de la nature qui s’attache à la voir-comme une œuvre d’art peut déterminer, quand deux créatures se ressemblent, laquelle est l’original et laquelle la copie, laquelle le brouillon et laquelle l’œuvre achevée. Et si nous n’étions un pastiche du singe ? Pour trancher ce genre de questions les naturalistes créationnistes ne devraient-ils pas appliquer à l’étude de la nature les méthodes de l’histoire de l’art ? Cette suggestion risque cependant d’être sans application dans la forme la classique du créationnisme qui suppose un créateur omniscient ayant conçu de toute éternité le plan de sa création : pas de place pour l’auto-plagiat ou l’auto-pastiche dans une conception anhistorique de la création.

Bienvenue à nos aimables visiteurs (39)

24 lundi Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Bienvenue aux visiteurs

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Interprète : Adriana Varela

Paroles : Enrique Cadícamo

Tango de Ayer

Cuando el gotán era puro
y estoy hablando del 20,
los nenes de cuello duro
bailaban buscando la bronca inminente.

El Cabaret Royal Pigalle
champán-tangó tan lujoso,
tango de ayer
te han cambiado la piel
lo más puro fue aquel que se fue.

Ese fue « le tangó » de porteña raíz
Corrientes y Maipú era entonces Montmartre,
violador de fronteras fue golazo en París
y al cabaret garrón íbamos a bailar.

Aquel tango de smoking embrujó a la mujer,
fue Vicente Madero bacán y bailarín
y Carlitos Gardel rival de Chevallier
y un maestro de lujo
llamado el « Vasco Aín ».

La dédicace comme aperçu du contenu de l’ouvrage

23 dimanche Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Choses vues ou entendues

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dédicace, Lucien Tesnière

Lucien Tesnière, Éléments de syntaxe structurale, Klincksieck 1966

 

Un peintre en musique

21 vendredi Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Paroles et musiques

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Découvert au détour d’une émission de France Culture.

Anticipation de la réception

19 mercredi Juil 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Perplexités et ratiocinations

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autoréférence, Italo Calvino, Jacek Podsiadło, réception

Ktoś, kiedyś

Po pracowitej nocy lub — wszystko jedno — orgii
ktoś kiedyś zostanie obudzony dzwonkiem
do drzwi. Ze stopami ciężkimi
jak gdyby brodził w wodzie
odbierze przesyłkę za dużą,
aby zmieściła się w skrzynce.
Wierzę, że skrzynki i dzwonki
przetrwają. Na przykład « Antologia
polskiej poezji rytmicznej »,
coś koło tysiąca stron.
I przyrządzając, zależnie od majętności,
pot-pourri z frutti di mare albo grochówkę z proszku
otworzy książkę przypadkiem
akurat na moim wierszu (przypadek to mój jedyny
sprzymierzeniec w niepewnej krainie przyszłości).
Pięć sekund zamyślenia i słabość w ręce kręcącej
łyżką młynki w naczyniu, o ile słabość przetrwa.
« Czytelnik », mój jedyny. I to będzie jedyny
całej tej pisaniny, mówiąc wulgarnie, sens.

Jacek Podsiadło

Un jour, quelqu’un

Après une nuit de travail, ou d’orgie, c’est tout un,
un jour quelqu’un sera réveillé par la sonnette
à la porte. Avec des jambes lourdes
comme s’il marchait dans l’eau
il prendra le colis trop gros pour la boite à lettres.
J’ai confiance : les boites et les sonnettes survivront. Par exemple
« Anthologie de la poésie rythmique polonaise »,
quelque chose de l’ordre de mille pages.
Alors, tout en préparant, au gré de sa richesse,
un pot-pourri de frutti di mare, ou bien une soupe de pois en sachet
il ouvrira le livre au hasard
justement sur mon poème (le hasard est mon unique allié
dans la contrée incertaine du futur).
Cinq secondes pensives et une faiblesse dans la main
qui touille avec la cuillère dans le récipient, si la faiblesse persiste.
Mon unique « lecteur ». Et ce sera l’unique
Sens de tout mon gribouillage, pour parler vulgaire.

trad.Jacques Burko
in 3 poètes polonais, Editions du murmure, 2009

*

Le poète imagine ici les conditions de réception d’un de ses poèmes. Il se pourrait bien sûr que le poème en question soit le poème même qui décrit cette réception, mais Jacek Podsiadło ne s’est pas engagé dans de cette veine auto-référentielle. On peut d’ailleurs se livrer à une brève comparaison avec un exemple d’exploitation de l’auto-référentialité : l’incipit de Si par une nuit d’hiver un voyageur d’Italo Calvino :

  « Tu vas commencer le nouveau roman d’Italo Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur ». Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t’entoure s’estomper dans le vague. La porte, il vaut mieux la fermer : de l’autre côté, la télévision est toujours allumée. Dis-le tout de suite aux autres : « Non, je ne veux pas regarder la télévision ! » parle plus fort ils ne t’entendent pas : »je lis ! je ne veux pas être dérangé. »
Avec tout ce chahut, ils ne t’ont peut- être pas entendu : dis-le plus fort, crie : » Je commence le nouveau roman d’Italo Calvino ! » Ou, si tu préfère, ne dis rien ; espérons qu’ils te laisseront en paix.
Prends la position la plus confortable : assis, étendu, pelotonné, couché. Couché sur le dos, sur un côté, sur le ventre. Dans un fauteuil, un sofa, un fauteuil à bascule, une chaise longue, un pouf. Ou dans un hamac, si tu en as un. Sur ton lit naturellement, ou dedans. Tu peux aussi te mettre la tête en bas, en position yoga. En tenant le livre à l’envers, évidemment. »

Alors que Calvino interpelle son lecteur pour évoquer les conditions de sa lecture de l’ouvrage même qu’il a entre les mains, Podsiadło évoque en 3e personne un lecteur éventuel d’un de ses poèmes ; le lecteur dont il nous parle pourrait être nous-même, mais comme, à la différence de Calvino, il ne nous interpelle pas, il semble parler de nous comme si nous n’étions pas là.

On peut également s’interroger sur une bizarrerie du poème de Podsiadło : il qualifie d’unique lecteur, une personne qui découvrirait son poème en ouvrant au hasard une Anthologie de la poésie rythmique polonaise d’un millier de pages, pourtant la présence du poème dans l’anthologie suppose elle-même un autre lecteur qui ait trouvé le poème suffisamment digne d’intérêt.

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