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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives Mensuelles: septembre 2017

La vie des autres

30 samedi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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autrui, Benjamin Fondane, partage

Benjamin Fondane

…
j’entrais à tout instant dans la vie des autres
et j’oubliais de fermer la porte après moi
chacun portait en lui un monde doux et tendre
des coins où l’on était surpris par la douceur
je n’avais pas de nom, comment s’appelaient-ils?
C’était si bon de ne pas avoir de figure,
si bon d’être poreux, ouvert,
qu’à l’heure de dormir, chacun
se disait en rêvant : – que sera-t-elle encore
cette grande journée, sans dieu, du lendemain ?

Benjamin Fondane, Au temps du poème

La théologie au risque du DSM (2)

27 mercredi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Cesare Pavese, complexe d'infériorité, mysticisme, renoncement, théologie

« La vérité du mot « Renoncez à la terre et la terre vous sera donnée par-dessus le marché 1 » consiste en ceci : qu’ayant renoncé à tout, les petites choses qui nous restent encore se gigantifient. C’est en somme un moyen d’extraire le Suc des moindres choses, ordinairement négligées.

Et puis il y a ceci : pour les autres, la valeur des choses qu’ils nous refusent est marquée en grande part par notre avidité à les posséder. Que nous regardions d’un autre côté et, tout de suite, les propriétaires de ces choses les verront s’avilir dans leurs mains et nous les lanceront à la tête.

Cela pour la sagesse mondaine. Mais comme la morale veut avoir une référence mystique, il en résulte beaucoup de mal pour le mysticisme. Et si même Dieu réglait la valeur de ses créations selon que nous les désirons plus ou moins ? Un Dieu avec un complexe d’infériorité : qui l’eût jamais dit ? »

Cesare Pavese, Le métier de vivre, 20 novembre 1937

  1. « Cherchez d’abord le règne de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera ajouté. » Matthieu, VI, 33.

Dieu rit-il de se voir si beau en notre miroir ?

26 mardi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations

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Dieu, Djalâl ad-Dîn Rûmî, Malebranche, narcissisme, théologie

La moindre des choses est bien de révéler la signification de la parabole que j’ai cité hier en manière de plaisanterie. A ceux qui ne l’auraient pas saisie immédiatement, elle est expliquée par le paragraphe qui suit :

« Qu’y a-t-il que le Dieu Très Haut ne possède pas et dont Il ait besoin? Devant le Très Haut, il faut apporter un cœur lumineux, afin qu’Il se voit en lui. »

Djalâl ad-Dîn Rûmî, Le Livre du dedans
trad. Vitray-Meyerovitch, Actes Sud, Babel, p.234

Évidemment il serait théologiquement problématique d’affirmer que Dieu a besoin du miroir que nous sommes pour se contempler lui même. De ce point de vue il est intéressant de rapprocher le texte de Rûmî d’un passage du Neuvième des Entretiens sur la métaphysique de Malebranche. Le théologien oratorien ne craint pas de porter le narcissisme divin à son paroxysme[1] : le Dieu de Malebranche à l’instar de Jean Schulteiss pourrait nous chanter « C’est moi que j’aime à travers vous » [2]. Mais comme il rappelle en même temps que Dieu n’a pas besoin de nous pour s’aimer lui-même, ni de notre témoignage pour s’assurer de ses perfections qualités et de celles de son œuvre, Malebranche est conduit à dédoubler la gloire de Dieu.

THÉODORE. – Mais comment Dieu peut-il vouloir que nous soyons, lui qui n’a nul besoin de nous ? Comment un être à qui rien ne manque, qui se suffit pleinement à lui-même, peut-il vouloir quelque chose ? Voilà ce qui fait la difficulté.

ARISTE. — Il me semble qu’il est facile de la lever; car il n’y a qu’à dire que Dieu n’a pas créé le monde pour lui, mais pour nous.

THÉODORE. — Mais nous y pour qui nous a-t-il créés ?

ARISTE. — Pour lui-même.

THÉODORE. — La difficulté revient ; car Dieu n’a nul besoin de nous.

ARISTE. — Disons donc, Théodore, que Dieu ne nous a faits que par pure bonté, par pure charité pour nous-mêmes.

THÉODORE. — Ne disons pas cela, Ariste, du moins sans l’expliquer : car il me paraît évident que l’Être infiniment parfait s’aime infiniment, s’aime nécessairement ; que sa volonté n’est que l’amour qu’il se porte à lui-même et à ses divines perfections ; que le mouvement de son amour ne peut, comme en nous, lui venir d’ailleurs, ni par conséquent le porter ailleurs; qu’étant uniquement le principe de son action il faut qu’il en soit la fin ; qu’en Dieu, en un mot, tout autre amour que l’amour-propre serait déréglé, ou contraire à l’ordre immuable qu’il renferme et qui est la loi inviolable des volontés divines. Nous pouvons dire que Dieu nous a faits  pure bonté, en ce sens qu’il nous a faits sans avoir besoin de nous. Mais il nous a faits pour lui ; car Dieu ne peut vouloir que par sa volonté, et sa volonté n’est que l’amour qu’il se porte à lui-même.

[…]

ARISTE. — Quoi, Théodore, Dieu a fait l’univers pour sa gloire ! Vous approuvez cette pensée si humaine, et si indigne de l’Être infiniment parfait !

[…]

THÉODORE – Premièrement, Dieu pense à un ouvrage qui par son excellence et par sa beauté exprime des qualités qu’il aime invinciblement, et qu’il est bien aise de posséder. Mais cela néanmoins ne lui suffit pas pour prendre le dessein de le produire, parce qu’un monde fini, un monde profane n’ayant encore rien de divin, il ne peut avoir de rapport à son action qui est divine. Que fait-il ? Il le rend divin par l’union d’une personne divine. Et par là il le relève infiniment, et reçoit de lui, à cause principalement de la Divinité qu’il lui communique, cette première gloire qui se rapporte avec celle de cet architecte qui a construit une maison qui lui fait honneur, parce qu’elle exprime des qualités qu’il se glorifie de posséder. Dieu reçoit, dis-je, celte première gloire réchauffée, pour ainsi dire, d’un éclat infini. Néanmoins Dieu ne tire que de lui-même la gloire qu’il reçoit de la sanctification de son Église, ou de cette maison spirituelle dont nous sommes les pierres vivantes sanctifiées par Jésus-Christ.

‘ Cet architecte reçoit encore une seconde gloire des spectateurs et des admirateurs de son édifice ; et c’est peut-être dans la vue de cette espèce de gloire qu’il s’est efforcé de le faire le plus magnifique et le plus superbe qu’il a pu. Aussi est-ce dans la vue du culte que notre souverain prêtre devait établir en l’honneur de la Divinité, que Dieu s’est résolu de se faire un temple dans lequel il fût éternellement glorifié. Oui, Ariste, viles et méprisables créatures que nous sommes, nous rendons par notre divin chef, et nous rendrons éternellement à Dieu des honneurs divins, des honneurs dignes de la majesté divine, des honneurs que Dieu reçoit et qu’il recevra toujours avec plaisir.

[…]

Il peut aimer les hommes, mais il ne le peut qu’à cause du rapport qu’ils ont avec lui. Il trouve dans la beauté que renferme l’archétype de son ouvrage un motif de l’exécuter ; mais c’est que cette beauté lui fait honneur, parce qu’elle exprime des qualités dont il se glorifie et qu’il est bien aise de posséder. Ainsi, l’amour que Dieu nous porte n’est point intéressé en ce sens, qu’il ait quelque besoin de nous ; mais il l’est en ce sens, qu’il ne nous aime que pour l’amour qu’il se porte à lui-même et à ses divines perfections, que nous exprimons par notre nature (c’est la première gloire que tous les êtres rendent nécessairement à leur auteur) et que nous adorons par des jugements et des mouvements qui lui sont dus. C’est la seconde gloire que nous donnons à Dieu par notre souverain prêtre Notre-Seigneur Jésus-Christ. »

 

[1] Cet article pourrait enrichir la série « la théologie au risque du DSM » puisque le trouble de la personnalité narcissique a effectivement sa place dans le DSM.

[2] Je ne croyais pas citer un jour ici cette chanson que j’ai toujours trouvée répugnante, raison pour laquelle je me contente d’un lien.

Littérature mystique et idée cadeau

25 lundi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures, Mysticismes

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cadeau, Djalâl ad-Dîn Rûmî, miroir

Vous êtes toujours embarrassé pour trouver des idées de cadeau pour votre bien aimé(e)? Voilà qui pourrait vous inspirer :

« Un ami de Joseph l’égyptien arriva de voyage.  Il lui dit « Quels présents m’apportes-tu ? » L’ami répondit : « Qu’y a-t-il que tu n’aies pas et dont tu aies besoin ? Rien n’est plus beau que ton visage. Je t’ai apporté un miroir pour qu’à chaque instant tu puisses t’y regarder. »

Djalâl ad-Dîn Rûmî, Le Livre du dedans
trad. Vitray-Meyerovitch, Actes Sud, Babel, p.234

L’amour et le monde

24 dimanche Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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amour, L'être et le néant, Maciej Niemiec

Dance or die

Miłość to nic, powiedziałaś,
a świat jest wszystkim. I czas,
ten wielki konstruktor.

Miłość to nicość, mówię,
zabiera świat i nie oddaje.
Używamy tych samych rzeczy

co zawsze : szklanki, talerze,
stół i łóżko. Ale ta szklanka
z resztką wina z nocy

to miłość. To jabłko i nóż,
którym je obierasz.
Świąteczne ciasto i świeczki. Są

prziemienione jak my :
wyjęte z nich samych
stały się czymś jeszcze niż są

i usiłują trwać w równowadze
obek samych siebie, wychylone
w to jeszcze. Jedno

spojrzenie, twoje
i moje, otworzyło
krąg, który teraz zamyka nas i który

jak gdyby trzeba było coś
podłączyć do prądu by ożyło
otwiera się pod dotknięciem ale

dance or die na twojej spranej
t-shirt tego poranka czytam inaczej
niż kiedyś, z akcentem

na die. W kuchni,
w której jedliśmy, mówiliśmy
milczeliśmy i kłóciliśmy się tyle

siedzimy jak w więzieniu,
patrząc sobie w oczy
i nie znajdując w nich wyjścia.

Maciej Niemiec

Dance or die

Tu as dit : l’amour ce n’est rien,
le monde est tout. Et le temps,
ce grand bâtisseur.

Je dis l’amour c’est le néant,
il nous prend le monde sans le rendre.
Nous usons des mêmes objets

que d’habitude : verres, assiettes,
table et lit. Mais ce verre
avec son reste de vin de la nuit

c’est l’amour. Cette pomme, ce couteau
dont tu uses pour la peler.
Le gâteau de fête, les bougies. Ils sont

transmutés comme nous :
ôtés d’eux-mêmes
ils deviennent encore autres que ce qu’ils sont

et ils tentent de rester en équilibre
à côté d’eux-mêmes, penchés
vers cet encore. Un seul

regard, le tien, le mien,
ouvre le cercle
qui désormais nous enferme et qui

comme s’il fallait brancher
quelque chose pour l’animer
s’ouvre au toucher toutefois

sur ton T-shirt délavé
je lis dance or die ce matin
autrement que jadis, avec l’accent

sur die. Dans la cuisine
ou nous avons tant mangé,
tant parlé, fait silence, querellé

nous voici comme dans une prison
nous regardant dans les yeux
sans y trouver d’issue.

trad.Jacques Burko
in 3 poètes polonais, Editions du murmure, 2009

En jaune et vert

24 dimanche Sep 2017

Posted by patertaciturnus in devinette

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devinette, football

« Nul n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer »

Ce n’est pas parce que personne ne répond jamais à mes devinettes que je vais cesser d’en proposer.

Qu’est-ce qui lie ces deux footballeurs ?

Conscience du genre

23 samedi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Jules Verne, robinsonnade

Quand il écrit Deux ans de vacances, Jules Verne a parfaitement conscience de s’inscrire dans un genre, celui de la robinsonnade, d’autant qu’il s’y est déjà lui-même illustré avec L’île mystérieuse. Ainsi revendique-t-il dans la  Préface de Deux ans de vacances de contribuer à l’épuisement des variations sur le thème créé par Defoe :

« Bien des Robinsons ont déjà tenu en éveil la curiosité de nos jeunes lecteurs. Daniel de Foë, dans son immortel Robinson Crusoé, a mis en scène l’homme seul; Wyss, dans son Robinson suisse, la famille; Cooper, dans le Cratère, la société avec ses éléments multiples. Dans l’Île mystérieuse, j’ai mis des savants aux prises avec les nécessités de cette situation. On a imaginé encore le Robinson de douze ans, le Robinson des glaces, le Robinson des jeunes filles, etc. Malgré le nombre infini des romans qui composent le cycle des Robinsons, il m’a paru que, pour le parfaire, il restait à montrer une troupe d’enfants de huit à treize ans, abandonnés dans une île, luttant pour la vie au milieu des passions entretenues par les différences de nationalité, – en un mot, un pensionnat de Robinsons. »

D’autre part, dans le Capitaine de quinze ans, j’avais entrepris de montrer ce que peuvent la bravoure et l’intelligence d’un enfant aux prises avec les périls et les difficultés d’une responsabilité au-dessus de son âge. Or, j’ai pensé que si l’enseignement contenu dans ce livre pouvait être profitable à tous, il devait être complété.

C’est dans ce double, but qu’a été fait ce nouvel ouvrage. »

*

Étant donné la célébrité de Robinson Crusoé, et la multiplicité des déclinaisons qui en ont été donné, Verne ne peut pas ne pas supposer chez ses lecteurs une certaine conscience du genre auquel appartient son ouvrage. Dans Deux ans de vacances il attribue aussi explicitement cette conscience à ses personnages, ce qui n’ a rien que de normal, étant donné qu’ils appartiennent grosso-modo au même monde que ses lecteurs (en plus d’avoir le même age). J’ignore quel est le premier auteur de robinsonnade à avoir joué de cette possibilité d’attribuer à ses personnages une connaissance du genre, mais la manière dont Verne l’exploite n’est pas, comme on va le voir, d’une originalité folle.

Notons d’abord que Verne n’a pas une manière particulièrement subtile de faire jouer l’intertextualité : il décide de placer des exemplaires de Robin Crusoé et des Robinsons suisses dans la bibliothèque du navire de bord du Sloughi :

« Puis, la bibliothèque du yacht possédait un certain nombre de bons ouvrages anglais et français, surtout des récits de voyage et quelques bouquins de science, sans parler des deux fameux Robinsons que Service eût sauvés, comme autrefois Camoëns sauva ses Lusiades – ce que Garnett avait fait de son côté pour son fameux accordéon, sorti sain et sauf des chocs de l’échouage. »

chap. IV

Comme on pouvait s’y attendre, les personnages s’identifient comme des Robinsons :

« Le soir du 10 juin, après le souper, tous étant réunis dans le hall autour des poêles qui ronflaient, la conversation vint à porter sur l’opportunité qu’il y aurait à donner des noms aux principales dispositions géographiques de l’île.

«Ce serait très utile et très pratique, dit Briant.

– Oui, des noms… s’écria Iverson, et, surtout, choisissons des noms bien jolis!

– Ainsi qu’ont toujours fait les Robinsons réels ou imaginaires! répliqua Webb.

– Et, en réalité, mes camarades, dit Gordon, nous ne sommes pas autre chose…

– Un pensionnat de Robinsons! s’écria Service. »

chap. XII

J’ai dénombré une quinzaine de mentions des Robinsons (Crusoé ou suisses) dans le roman, elles sont généralement attribuées à Service, le dépositaire des deux livres.  On peut distinguer deux fonctions  intradiégétiques de ces références. D’une part il y a les cas où Service s’inspire des héros de ses lectures. Il en est ainsi de l’élevage du nandou  :

– C’est bien simple! répliqua Service, qui ne doutait jamais de rien. Nous la conduirons à French-den, nous l’apprivoiserons, et elle nous servira de monture! J’en fais mon affaire, à l’exemple de mon ami Jack du Robinson Suisse!»

chap. XI

« Service, cependant, ne se décourageait pas. Il avait naturellement donné au nandû le nom de Brausewind comme l’avait fait pour son autruche maître Jack du Robinson Suisse. »

chap XIV

 de la récolte de sève d’érable :

« Pourtant, s’il était impossible de fabriquer du sucre, ne pouvait-on trouver une matière propre à le remplacer? Service – ses Robinsons à la main – soutenait qu’il n’y avait qu’à chercher. »

chap XVI

ou de l’accueil de Kate :

« Déjà aussi, en souvenir de ses romans de prédilection, Service avait proposé de l’appeler Vendredine – ainsi que Crusoé avait fait de son compagnon, d’impérissable mémoire – puisque c’était précisément un vendredi que Kate était arrivée à French-den.

chap XXII

D’autre part, Service évalue la situation des naufragés du Sloughi par comparaison avec le sort de Robinson Crusoé ou des Robinsons suisses. Certaines de ces comparaisons sont parfaitement anodines :

« Vraiment, notre Sloughi a été déposé fort à propos sur la grève par une lame complaisante, qui ne l’a point trop endommagé!… Voilà une chance que n’ont eue ni Robinson Crusoé ni Robinson suisse dans leur île imaginaire!»

chap. V

« Sans doute, en souvenir de Robinson Crusoé, Service regretta que la famille des perroquets ne fût pas représentée dans l’ornithologie de l’île. »

Chap XIV

D’autres comparaisons représentent pour Verne un moyen de faire un clin d’œil au lecteur ; qu’il s’agisse de lui signifier qu’il est en terrain connu :

«Ces malfaiteurs, c’est comme qui dirait les sauvages de Robinson! Il y a toujours un moment où les sauvages arrivent, et, toujours un moment où l’on en vient à bout!»

chap. XXII

ou au contraire de souligner l’originalité de l’ouvrage qu’il a entre les mains :

«Par exemple, s’écria Service, ce seront eux qui ouvriront l’œil, lorsqu’ils apercevront une pareille machine! [un cerf-volant conçu pour emporter un passager] Quel malheur que mes Robinsons n’aient jamais eu la pensée de lancer un cerf-volant dans l’espace!

chap. XXII

Enfin on peut mentionner le procédé qui consiste à utiliser la comparaison avec les autres œuvres du genre pour se placer du côté du réel face aux fictions :

«Et pourtant, dit-il [Service] un jour, en se reportant au roman de Wyss qu’il ne se lassait pas de relire, Jack est parvenu à faire de son autruche une monture rapide!

– C’est vrai, lui répondit Gordon. Mais, entre ton héros et toi, Service, il y a la même différence qu’entre son autruche et la tienne!

– Laquelle, Gordon?

– Tout simplement cette différence qui sépare l’imagination de la réalité! »

chap. XIV

J’ignore si ce procédé a un nom, mais il est suffisamment éculé pour le mériter. L’usage qu’en fait Verne est assez commun. Pourtant à le systématiser on peut espérer élever le genre à la critique de lui-même, parfaire le genre en l’achevant. Y a-t-il une œuvre qui soient aux robinsonnades ce que Don Quichotte est aux romans de chevalerie?

Qu’explique l’injustice ?

22 vendredi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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explication, injustice, Roy Wagner

« Les explications en terme  de désordre et d’injustice réduisent les réussites humaines à des correctifs et la vie à un modèle régi par des lois de l’équilibre. On n’a pas dit grand-chose du premier chef du mouvement chrétien, un certain Joshua de Nazareth, si l’on fait remonter ses idées et ses objectifs à l’injustice de l’occupation romaine ou à la différence de niveau de vie entre les Romains et les Palestiniens. »

Roy Wagner, L’invention de la culture
trad. P. Blanchard, Ed. Zones sensibles

Pitié bienvenue

21 jeudi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Anna Akhmatova, pitié

J’ai toujours détesté
Qu’on ait pitié de moi.
Mais de ta pitié
Chaque goutte m’accompagne
Comme du soleil dans le corps.
Voilà pourquoi c’est partout l’aube.
Je vais, je fais des miracles.
Voilà pourquoi !

Anna Akhmatova, Cinque, 3
trad. J-L Backès

Tant aime on Dieu qu’on fuit l’Église

19 mardi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Eglise, William Faulkner

« Il lui semble qu’il a toujours vu cela : que ce qui détruit l’Église, ce ne sont pas les tâtonnements de ceux qui cherchent à y entrer ou qui cherchent à en sortir, mais les professionnels qui en ont le contrôle et qui ont enlevé les cloches des clochers.Il lui semble les voir, infinis désordonnés, vides, symboliques, glacés, pointés vers le ciel, non en signe d’extase et de passion, mais bien d’adjuration, de menace, et de condamnation. Il semble voir toutes les églises du monde comme un rempart, comme une de ces barricades moyenâgeuses hérissées de pieux morts et pointus, comme un rempart dressé contre la vérité et contre cette paix, ouverte au péché aussi bien qu’au pardon, qui est la vie de l’homme. »

William Faulkner, Lumière d’août
trad. Maurice-Edgar Coindreau, Folio, p. 605

 

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