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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: universel

Universelle bassesse ?

02 mercredi Déc 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Perplexités et ratiocinations

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bassesse, Fernando Pessoa, idéal, universel

Sou vil, sou reles, como toda a gente
Não tenho ideais, mas não os tem ninguém.
Quem diz que os tem é como eu, mas mente.

Quem diz que busca é porque não os tem.

É com a imaginação que eu amo o bem.
Meu baixo ser porém não mo consente.
Passo, fantasma do meu ser presente,
Ébrio, por intervalos, de um Além.

Como todos não creio no que creio.
Talvez possa morrer por esse ideal.
Mas, enquanto não morro, falo e leio.

Justificar-me? Sou quem todos são…
Modificar-me? Para meu igual?…
— Acaba já com isso, ó coração!

Fernando Pessoa (Alvaro de Campos), Barrow on furness, I

*

Je suis vil, je suis bas, comme tout le monde,
Je n’ai pas d’idéal, mais personne n’en a.
Celui qui prétend en avoir est comme moi : il ment.
Celui qui prétend le chercher à plus forte raison n’en a pas.

C’est par l’imagination que j’aime le bien,
Mais la bassesse de mon être s’y refuse.
Je passe, fantôme de mon être présent,
Ivre, par instants, d’un Au-delà.

Comme tous je ne crois pas à ce que je crois.
Peut-être pourrai-je mourir pour un tel idéal.
Mais, tant que je ne meurs pas, je parle et je lis.

Me justifier? Je suis celui que tout le monde est …
Me changer ? Pour mon pareil ? …
Arrête ; ça suffit ô mon cœur !

trad. Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa

*

Tout le problème est bien sûr  de savoir de quel droit l’auteur (plus exactement l’hétéronyme auquel il donne la parole) affirme que tout le monde est comme lui. Comment peut-il bien le savoir ?

Et quand bien même tout le monde serait vil? Pourquoi sont-ils si rares ceux qui tiennent le discours qui nous est ici tenu ? Serait-ce que la plupart ne sont pas sincères ni même lucides quant à leur propre bassesse ? Mais alors peut-être y aurait-il bien, en dépit du contenu des énoncés,  un idéal sous-jacent à leur énonciation : celui de la lucidité et de la sincérité.

A l’inverse, on pourrait faire valoir que l’incapacité à concevoir que d’autres  hommes aient vraiment un idéal au motif qu’on est soi-même incapable d’en avoir un, est justement une forme suprême de bassesse. Ne serait-il pas plus digne de reconnaître sa propre bassesse sans chercher à s’en justifier en entraînant tout le monde au fond de son trou ? Cette hypothèse justifierait l’appel au silence qui clôt le poème.

De nobis ipsis silemus

18 lundi Mai 2015

Posted by patertaciturnus in Pessoa est grand

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épanchement, dignité, universel

« Des tragédies, bien des hommes en connaissent – et même tous, peut-être, si nous comptons les tragédies dues aux circonstances. Mais ce que chaque homme se doit à lui même, en tant qu’homme, c’est de ne jamais parler de sa tragédie personnelle ; et ce que chacun se doit à lui même, en tant qu’artiste, c’est, ou bien d’être homme et de ne rien en dire, quitte à écrire ou chanter sur d’autres sujet, ou bien d’en tirer avec grandeur et fermeté, une leçon universelle. »

Fernando Pessoa, L’éducation du stoïcien, p. 72

Existentialisme du dimanche soir

18 dimanche Jan 2015

Posted by patertaciturnus in Food for thought, Lectures

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existentialisme, Simone de Beauvoir, universel

« Les hommes d’aujourd’hui semblent ressentir plus vivement que jamais le paradoxe de leur condition. Ils se reconnaissent pour la fin suprême à laquelle doit se subordonner toute action : mais les exigences de l’action les acculent à se traiter les uns les autres comme des instruments ou des obstacles : des moyens; plus s’agrandit leur emprise sur le monde, plus ils se trouvent écrasés par des forces incontrôlables : maîtres de la bombe atomique, elle n’est crée cependant que pour les détruire ; chacun d’entre eux a sur les lèvres le goût incomparable de sa propre vie, et cependant chacun se sent plus insignifiant qu’un insecte au sein de l’immense collectivité dont les limites se confondent avec celles de la terre ; à aucune époque peut-être ils n’ont manifesté avec plus d’éclat leur grandeur, à aucune époque cette grandeur n’a été si atrocement bafouée. »

Simone de Beauvoir, Pour une morale de l’ambiguïté, Gallimard idées p. 16

*

Je me demande comment le contenu de la première phrase s’explique dans un perspective existentialiste : pourquoi des paradoxes qui sont censés tenir à des structures universelles de la condition humaine seraient ils ressentis plus intensément à certaines époques? Est-ce à dire qu’il y a des situations particulières qui donnent plus facilement accès à ces structures universelles? Comment est-ce possible ? qu’est-ce qui caractériserait de telles situations privilégiées? Et comment rendre compte de cette idée de conditions favorables sans recourir au déterminisme que bannissent les existentialistes?

On notera d’ailleurs que certains des paradoxes évoqués dans cet extrait sont plus ou moins explicitement liés à la situation historique contemporaine.

« plus s’agrandit leur emprise sur le monde, plus ils se trouvent écrasés par des forces incontrôlables : maîtres de la bombe atomique, elle n’est crée cependant que pour les détruire »

« chacun d’entre eux a sur les lèvres le goût incomparable de sa propre vie, et cependant chacun se sent plus insignifiant qu’un insecte au sein de l’immense collectivité dont les limites se confondent avec celles de la terre »

« à aucune époque peut-être ils n’ont manifesté avec plus d’éclat leur grandeur, à aucune époque cette grandeur n’a été si atrocement bafouée. »

De quel droit attribuer à des paradoxes qui apparaissent dans une situation déterminée, le statut de révélateur des universaux de la condition humaine?

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