• À propos

Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: Tahar Ben Jelloun

Un homme qui rêve

24 dimanche Mar 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

rêve, Tahar Ben Jelloun

Un homme qui rêve nous engage tous.
Soudain il nous révèle à nous-mêmes : aimant l’amitié et l’amour, la sieste l’après-midi, le vin frais le soir, le pain chaud et les paroles simples comme « merci d’exister », « grâce à la vie », les promenades au bord de l’eau, un enfant qui sourie, une belle poitrine de femme, un vent doux, une pluie fine, l’odeur du café le matin, un vieil homme riant avec sa petite-fille, le silence infini de la paix qui nous manque.

Tahar ben Jelloun, L’oeil de Boubat

Hommes sous linceul de silence

07 jeudi Mar 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

immigration, Tahar Ben Jelloun

Hommes sous linceul de silence

Camarade,
es-tu vacciné contre toutes maladies toutes?
es-tu tamponné pour l’emballage et l’amour
pour donner
                   ton sang ta voix tes muscles ton corps
pour la prospérité de leur industrie
pour le bien-être de tous notre humanité
pour rapporter des devises et venir raconter aux autres que là-bas… Ah! là-bas… ce n’est pas comme ici là-bas à Gennevilliers Aubervilliers ou Argenteuil cabanes plombées par treize par sept entassés dans votre fraternité votre solitude votre silence entre le feue et l’usine
avec vos sexes en berne
avec votre désir à jamais refoulé
même pas pour ramasser une infection vénérienne courante
Non, pas de putains pour les Nor’af

Assassine en toi l’Arabe
Tu es porteur de germes de barbarie
ressuscite en un autre corps en une autre peau
on te veut
comme nos caisses d’oranges
comme nos caisses de conserves
on te veut
sans visage sans regard sans nom sans famille
sans enfants
sans désir
sans désir
on te veut
brute et force
absolu comme un chiffre
en unité de bulldozer
en bras métalliques
mains calleuses
en acier en fer marchandise courante
                                                           et surtout
refusé au souvenir
camarade.

[…]

Tahar Ben Jelloun

Mort d’un charlatan

22 vendredi Fév 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Tahar Ben Jelloun

Mort d’un charlatan

Que ne puis-je être de ceux
qui se consument dans l’opium quotidien
vont de café en névrose
de névrose en suicide
ceux qui assistent le coeur ficelé
le crime pardonnable du charlatan qui crée la foule le mythe et la légende.

Tahar Ben Jelloun, Cicatrices du soleil

Poésie du Club Med

15 vendredi Fév 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

racisme, Tahar Ben Jelloun, tourisme

La planète des singes

Courez-y, c ‘est un pays à consommer tout de suite
Il est à la portée de votre plaisir
Ah ! quel beau pays le Maroc !
Ouarzazate ! Ah ses cigognes tutélaires qui lissent leur bec au creux de leurs ailes
Quittez votre bureau, votre femme et vos enfants

Venez vite vous entourer de fils barbelés dans des ghettos où des tripes sèchent au soleil
Venez accrocher vos testicules sur les remparts de Zagora
Allez les récupérer à Marrakech-la-rouge
laissez hiberner vos souvenirs
et emportez de nouvelles névroses
Pointez votre doigt sur le ciel
Arrachez un peu de soleil de notre sous-développement
Votre impuissance se multipliera en mémoires décapitées
et votre nuit d’encre déploiera
ses murailles en cortèges d’égouts

Attention aux BICOTS
ils sont voleurs et puants
ils peuvent vous arracher votre cervelle
la calciner et vous l’offrir sur tablettes de terre muette ;
(écoutez plutôt une autre voix) :
le club méditerranée est votre salut
Ambiance française garantie, exigée, remboursée

Montez sur des dromadaires
votre vertige sera à l’image de votre faim tournante
votre bouche s’ouvrira pour postillonner chute et pleurs ;
le matin buvez un peu de sang arabe : juste de quoi rendre votre racisme décaféiné ;
À vos amis offrez votre mémoire tatouée
carte postale de la béatitude en aluminium
résonance obscure de votre crâne-morgue ;
Et puis envoyez-vous un Arabe
il est nature, un peu sauvage
mais d’une virilité…

Sexe en lambeau de chair déracinée
restera
suspendu au fil de votre mémoire honteuse
Vous ne pourrez plus le chasser de vos phantasmes
il vous éjaculera l’humiliation et le viol en plein visage
Blessés
vous vous entasserez sous les arbres apprivoisés
vous verrez les étoiles se dissoudre dans vos rêves faciles
la fièvre montera et vous cracherez du sang
sur vos bons sentiments
les charognes iront vous crucifier
à l’ombre du merveilleux soleil du club
maméditerranée.

Tahar Ben Jelloun, A l’insu du souvenir

Partage

07 jeudi Fév 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

partage, Tahar Ben Jelloun

Dans mon pays
on ne prête pas,
on partage.
Un plat rendu
n’est jamais vide,
du pain
quelques fèves
ou une pincée de sel.

Tahar Ben Jelloun, A l’insu du souvenir

L’enfant anonyme

27 dimanche Jan 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Tahar Ben Jelloun

L’enfant anonyme

Un enfant anonyme
s’est endormi dans un lit de poussière
la joue mangée par la terre
les doigts frêles
transparents
désignent la mer

Il se prenait pour un navire
et lançait des torpilles
en papier et pour ire
dans un ciel vide
il aimait l’école
et les fenêtres

Dans dix ans j’aurai une barbe
et je serai capitaine
dans cinq ans j’aurai des chaussures
et un costume de laine
dans cinq ans
je ne dessinerai plus la mer
sur la tôle de notre chambre
mon père aura plus d’un cheval
et ma mère sera reine
ma petite sœur aura une île
un diadème et des cerises

Quand j’aurai appris l’histoire
la science et les navires
je partirai sur l’eau
dans une chemise de soie
sur un lit de couleur

Nous habitons une toute petite maison
une cage recouverte de cartons et de palmes
c’est une chambre plantée
comme une bouteille renversée
dans une terre de pierres

Il rêvait
un jour
il descendit dans la rue avec ses camarades
comme eux il leva le poing
pour défier le ciel amer
et les Forces de l’Ordre

Son petit corps avait peu de sang
léger
un papillon écrasé
perdu dans de grandes savates
rêve abrégé
rendu au regard lumineux
d’un enfant anonyme
vite enterré.

Tahar Ben Jelloun, A l’insu du souvenir

 

Fuir! là-bas fuir !

18 vendredi Jan 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

ancien et nouveau monde, exil, Tahar Ben Jelloun

S’il n’y avait les images tombées du ciel
Personne n’aurait connu l’exil.
Avant
Le monde c’était la mémoire des anciens
Aujourd’hui
Le monde c’est ce qu’on ne connaît pas.

Tahar Ben Jelloun, Les montagnes du silence, in Jénine et autres poèmes 

L’écho du poème

10 jeudi Jan 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

Tahar Ben Jelloun

L’écho du poème

Quand la nuit descend comme une coulée de lave sur ma peau
Quand les étoiles désertent mes territoires,
Je lis de la poésie.

Quand l’obscurité se tasse au fond du puits dans la grande maison de l’enfance
Quand un pigeon mort de solitude me regarde avec effroi
J’écris de la poésie.

Quand la rue m’habite et déchire ma chemise,
Lorsque la clameur de la foule se lève comme la colère du peuple dépossédé
Je vois Nazim Hikmet dans sa cellule de Borsa
Je lis dans son cœur l’humanité captive de son souffle.

Quand l’amour de la vie tombe dans une jarre d’huile d’olive et que le souvenir s’entête à dire la grâce d’un matin où tout est possible
Quand le jour réclame sa part d’eau
Et le cœur tremble
Quand la terre s’ouvre pour recevoir l’enfance meurtrie
Et que des mains écorchées se souviennent du crime
Quand le foie des mères, arraché à la douleur, est jeté à la louve
Je ferme les yeux et me souviens de tous les poèmes classés dans les archives du sang.
J’en épèle les syllabes.
J’attends le silence, l’écho du poème balbutié par les mourants.

Tahar Ben Jelloun

Dignité et simplicité

03 jeudi Jan 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

colère, simplicité, Tahar Ben Jelloun

11
Dans la rue, le linge est étendu. L’intimité de la famille est ainsi exposée.
Le soutien-gorge de la dame est une grande taille. le caleçon du monsieur est large. La chemise de nuit est vieille. Mais tout cela est donné à voir dans la dignité.

12
La beauté des choses est dans la simplicité. Les gens modestes sont plus souvent habités par la beauté que par la colère. Mais une belle colère est encore mieux.

Tahar Ben Jelloun, L’oeil de Boubat, in Jénine et autres poèmes

Licht, mehr licht !

29 samedi Déc 2018

Posted by patertaciturnus in Divers vers

≈ Poster un commentaire

Étiquettes

lucidité, Tahar Ben Jelloun

Quel destin pour l’être frappé de lucidité suprême !
Une lumière trop vive donne la cécité
Une lumière qui se retire des yeux qui ont tout vu procure une infirmité apaisante

Tahar Ben Jelloun, A l’insu du souvenir

Archives

  • janvier 2023 (10)
  • décembre 2022 (6)
  • novembre 2022 (7)
  • octobre 2022 (6)
  • septembre 2022 (15)
  • août 2022 (24)
  • juillet 2022 (28)
  • juin 2022 (19)
  • mai 2022 (20)
  • avril 2022 (23)
  • mars 2022 (27)
  • février 2022 (29)
  • janvier 2022 (31)
  • décembre 2021 (25)
  • novembre 2021 (21)
  • octobre 2021 (26)
  • septembre 2021 (30)
  • août 2021 (24)
  • juillet 2021 (28)
  • juin 2021 (24)
  • mai 2021 (31)
  • avril 2021 (16)
  • mars 2021 (7)
  • février 2021 (6)
  • janvier 2021 (13)
  • décembre 2020 (11)
  • novembre 2020 (3)
  • octobre 2020 (3)
  • septembre 2020 (9)
  • août 2020 (18)
  • juillet 2020 (16)
  • juin 2020 (8)
  • mai 2020 (20)
  • avril 2020 (8)
  • mars 2020 (11)
  • février 2020 (18)
  • janvier 2020 (26)
  • décembre 2019 (21)
  • novembre 2019 (25)
  • octobre 2019 (26)
  • septembre 2019 (31)
  • août 2019 (27)
  • juillet 2019 (23)
  • juin 2019 (22)
  • mai 2019 (22)
  • avril 2019 (27)
  • mars 2019 (27)
  • février 2019 (24)
  • janvier 2019 (32)
  • décembre 2018 (13)
  • novembre 2018 (9)
  • octobre 2018 (12)
  • septembre 2018 (9)
  • août 2018 (13)
  • juillet 2018 (9)
  • juin 2018 (8)
  • mai 2018 (21)
  • avril 2018 (25)
  • mars 2018 (26)
  • février 2018 (22)
  • janvier 2018 (27)
  • décembre 2017 (24)
  • novembre 2017 (16)
  • octobre 2017 (19)
  • septembre 2017 (18)
  • août 2017 (21)
  • juillet 2017 (18)
  • juin 2017 (21)
  • mai 2017 (14)
  • avril 2017 (22)
  • mars 2017 (30)
  • février 2017 (12)
  • janvier 2017 (13)
  • décembre 2016 (14)
  • novembre 2016 (15)
  • octobre 2016 (22)
  • septembre 2016 (16)
  • août 2016 (24)
  • juillet 2016 (19)
  • juin 2016 (16)
  • mai 2016 (20)
  • avril 2016 (10)
  • mars 2016 (30)
  • février 2016 (28)
  • janvier 2016 (32)
  • décembre 2015 (27)
  • novembre 2015 (28)
  • octobre 2015 (31)
  • septembre 2015 (30)
  • août 2015 (33)
  • juillet 2015 (32)
  • juin 2015 (33)
  • mai 2015 (34)
  • avril 2015 (31)
  • mars 2015 (35)
  • février 2015 (32)
  • janvier 2015 (33)
  • décembre 2014 (37)
  • novembre 2014 (33)
  • octobre 2014 (33)
  • septembre 2014 (33)
  • août 2014 (33)
  • juillet 2014 (33)
  • juin 2014 (35)
  • mai 2014 (35)
  • avril 2014 (35)
  • mars 2014 (35)
  • février 2014 (30)
  • janvier 2014 (40)

Catégories

  • 7e art
  • Célébrations
  • Choses vues ou entendues
    • confession
    • Mon métier ma passion
  • Divers vers
  • Fantaisie
    • devinette
    • Philémon et Anatole
    • Taciturnus toujours au top
    • Tentatives de dialogues
  • Food for thought
    • Aphorisme du jour
    • Pessoa est grand
  • Insatiable quête de savoir
    • Il suffirait de quelques liens
  • Lectures
  • Mysticismes
  • Non classé
  • Paroles et musiques
    • Au chant de l'alouette
    • Berceuse du mardi
    • Bienvenue aux visiteurs
  • Père castor
  • Perplexités et ratiocinations
  • SIWOTI or elsewhere

Tags

Abel Bonnard alouette amitié amour art Auguste Comte Benjamin Fondane Bertrand Russell bonheur Cesare Pavese correspondance culture Dieu Djalâl ad-Dîn Rûmî Dostoievski Edmond Jabès Elias Canetti Emily Dickinson enseigner et apprendre esthétique Fernando Pessoa Friedrich von Schiller féminisme Gabriel Yacoub Goethe Hegel Hugo von Hofmannstahl humiliation Hâfez de Chiraz Ito Naga Jean-Jacques Rousseau Joseph Joubert Karen Blixen Karl Kraus Kierkegaard Kobayashi Issa Lichtenberg lune Malek Haddad Marina Tsvetaieva Marshall Sahlins mort Mário de Sá-Carneiro Nietzsche Nâzım Hikmet Omar Khayyâm Paul Eluard Paul Valéry perfection et imperfection Philippe Jaccottet philosophie Pier Paolo Pasolini Pierre Reverdy poésie profondeur racisme Ramón Gómez de la Serna Reiner Kunze religion rêve Simone Weil solitude souffrance Stefan George stoïcisme stupidité travail universalisme Urabe Kenkô utilitarisme vertu vie vérité Witold Gombrowicz éthique et esthétique

Créez un site Web ou un blog gratuitement sur WordPress.com.

Confidentialité & Cookies : Ce site utilise des cookies. En continuant à utiliser ce site, vous acceptez leur utilisation.
Pour en savoir davantage, y compris comment contrôler les cookies, voir : Politique relative aux cookies
  • Suivre Abonné∙e
    • Pater Taciturnus
    • Rejoignez 67 autres abonnés
    • Vous disposez déjà dʼun compte WordPress ? Connectez-vous maintenant.
    • Pater Taciturnus
    • Personnaliser
    • Suivre Abonné∙e
    • S’inscrire
    • Connexion
    • Signaler ce contenu
    • Voir le site dans le Lecteur
    • Gérer les abonnements
    • Réduire cette barre