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Archives de Tag: sexisme

En marge de Bonnard

30 vendredi Juil 2021

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Abel Bonnard, amitié, amour, friendzone, hommes et femmes, jalousie, sexisme

Abel Bonnard - Centre Pompidou

Un élément étonnant du  Savoir aimer d’Abel Bonnard c’est que son analyse de l’amour est complètement hétérocentrée (il n’envisage l’amour que comme relation d’un homme et d’une femme) alors que lui-même était notoirement homosexuel (il dissimulait tellement peu son homosexualité, qu’à l’époque où il était ministre de l’éducation du régime de Vichy  il était surnommé « gestapette »). Quelle vérité objective attendre d’un discours qu’on ne peut même pas créditer d’authenticité subjective ? Peut-être est-il possible de discerner des références cachées à ses amours homosexuelles dans le texte mais je ne dois pas maîtriser suffisamment cet art de lire entre les lignes.

Bonnard traite de la relation entre homme et femme avec la grille de lecture hiérarchique et essentialiste dont j’ai déjà parlé plusieurs fois. Ainsi du paragraphe ci-dessous qui distingue deux types de relation homme/femme selon qu’on se situe dans le registre des amours médiocres ou des amours suprêmes :

« Si ce petit livre a trouvé quelques lecteurs attentifs, l’un d’eux aura peut-être remarqué que, dans sa première partie [consacrée aux amours médiocres], il est surtout parlé des liaisons amoureuses en fonction du personnage masculin, au lieu qu’ici l’on fait le contraire ; c’est qu’en effet il dépend d’un homme qui sait vivre de gouverner les amours médiocres où il se trouve engagé, mais les amours supérieures appartiennent aux femmes qui s’y manifestent. Une femme ordinaire est un instrument dont il faut jouer, mais une femme souveraine est une musicienne qu’on écoute ; tandis que l’homme qui lui est uni se borne à jouir de leur bonheur commun, parce que son œuvre est ailleurs, elle crée et entretient ce bonheur, parce que son œuvre est là. »

Le paternalisme envers les femmes  se manifeste nettement dans la section consacrée à la jalousie : Bonnard y explique qu’il est mauvais d’être jaloux (la jalousie contrevient à l’idéal de magnanimité qui sous-tend le propos de Bonnard) mais qu’il faut savoir feindre la jalousie pour faire plaisir aux femmes.

« Mais alors même qu’un homme se sent fort peu disposé à ce sentiment, il convient qu’il s’en donne parfois les airs. Paraître jaloux de celle qu’on aime est un hommage qu’on lui doit et que la politesse de l’amour impose. Si gênées que les femmes puissent être par les persécutions des jaloux, il faut que ces vexations soient poussées bien loin pour les excé­der, et elles ont pour cette manie une secrète indulgence, parce qu’elles y voient la preuve du prix qu’on leur donne ; il leur paraît très juste qu’un homme perde la tête à la seule idée qu’elles pour­raient détourner de lui la moindre de leurs faveurs et leur satisfaction serait complète, si la jalousie qu’elles nous inspirent était un supplice pour nous, sans être un ennui pour elles. Il faut se souvenir qu’il est dans leur nature enfantine de tout désirer à la fois ; celle qui s’enorgueillit d’être aimée comme aucune autre veut encore l’être comme toutes et fière d’être enveloppée des sentiments les plus délicats, elle prétend exciter de même ceux où se marque la violence des amours vulgaires. Aussi doit-on se souvenir de faire de temps en temps le jaloux, deux ou trois fois par mois, par exemple : comme ce sentiment paraîtra toujours très naturel à celle à qui on le manifeste, on n’aura pas besoin de feintes savantes pour la persuader qu’on l’éprouve. »

L'amitié - Bonnard Abel - 1938 | eBay

Sans prétendre épuiser le sujet du sexisme de Bonnard, il convient aussi de mentionner le chapitre qu’il consacre aux femmes dans son ouvrage sur l’amitié. Bonnard recourt à un procédé qui rappelle un peu celui auquel recours Socrate dans l’Hippias majeur  : il rapporte les propos d’un ami auquel il tente – plutôt vainement – d’apporter la contradiction. Cet ami soutient une thèse radicale ; les femmes ne sont pas capables d’amitié authentiques car elles ne sont pas faites pour ce sentiment (elles sont faites pour l’amour, évidemment). L’ami mystérieux conteste d’abord l’authenticité de l’amitié entre femmes :

« Les femmes qui se croient amies sont des complices ou des victimes ensemble. Ou bien elles se font part de leurs intrigues et de leurs plaisirs et s’y aident mutuellement. Ou bien, également maltraitées par le sort et meurtries par la grossièreté des hommes, elles se blottissent l’une contre l’autre, se choient, se donnent de petits noms, mais il y a dans leurs sentiments quelque chose d’excessif qui en dénonce l’inanité. »

Abel Bonnard, L’amitié, FeniXX réédition numérique, p. 72

puis il conteste la possibilité d’une authentique amitié entre homme et femme. Les arguments sur ce sujet rebattu ne sont pas d’une folle originalité mais cela donne lieu à d’amusantes descriptions de ce qu’on n’appelait pas encore friendzone :

« Considérez d’autre part que rien n’est si utile aux femmes que d’avoir à leurs ordres, sous le nom d’amis, des hommes qui leur sont à la fois commodes et indifférents, qui leur rendent mille services, qui débrouillent pour elles toutes les difficultés pratiques et qu’on paye avec des sourires dont rien de positif ne suit jamais la douceur. Mais venons au principal : ces amitiés caressent l’amour-propre de ceux qui les forment, non seulement des femmes, mais même des hommes. Oui, mon cher, il y a des hommes à la fois si modestes et si vains qu’ils sont flattés d’être les amis des femmes, de se montrer avec elles, de pendre à leur présence comme des breloques : avouez qu’on ne saurait être fat à meilleur marché. Ils endossent la veste grisâtre du confident avec le même orgueil que si c’était l’habit galonné du jeune premier et se pavanent sous cette triste livrée. Quant aux femmes, c’est à très juste titre qu’elles s’enorgueillissent d’avoir beaucoup d’hommes autour d’elles. Ces amis qu’elles rassemblent prouvent à la fois le pouvoir de leurs charmes et la fermeté de leur vertu, car vous n’ignorez pas qu’elles les présentent comme autant d’amoureux domptés, désarmés, aplatis, et réduits à servir sans manifester aucune exigence. […] Ainsi leurs amis servent à leur gloire. Mais ils ont une utilité plus profonde encore. Les femmes ont besoin d’en être entourées pour garder confiance en elles et pour essayer innocemment sur eux les moyens qu’elles exerceront dans l’amour. […]

Voici un soupirant fastidieux, qui ne leur plaît en rien, auxquelles elles sont bien décidées à ne jamais rien accorder. Croyez-vous qu’elles vont le laisser-aller ? Que non ! Elles le conserveront dans la chambre froide de l’amitié. […]

Les femmes estiment leurs amis, cela va de soi. Comment n’apprécierions-nous pas ceux qui nous admirent ? Comment ne trouverions-nous pas qu’ils ont le goût excellent ? En louant les qualités de leur esprit, nous relevons d’autant la valeur du suffrage qu’ils nous donnent. mais qu’au fond d’elles-mêmes, dans les régions sincères et primitives de l’instinct, elles puissent faire vraiment cas de leurs amis, c’est ce que je ne crois pas : elles resteront  toujours surprises et comme déçues de voir qu’ils se contentent de ce qu’elles leur donnent.  Car si les femmes méprisent ostensiblement les hommes qui, dans leurs rapports avec elles, ne pensent qu’au physique, j’ai bien peur qu’elles ne méprisent secrètement ceux qui n’y pensent pas. […] Je crois même […] que ce qui plaît le plus à certaines, dans ces amitiés, c’est la victoire qu’elles remportent sur l’homme et l’humiliation qu’elles lui infligent. […]

Les amis des femmes ressemblent à ces vieux officiers de l’ancien régime à qui les plus longs services ne valaient jamais que des grades subalternes et qui se voyaient toujours supplantés par des colonels qu’improvisait la faveur. Ces hommes assidus et discrets sont nécessaires aux femmes pour leur donner des preuves permanentes de leur pouvoir et les empêcher de douter d’elles. Mais, entourées de leurs soins, de leurs égards et de leurs respects, elles rêvent à toute autre chose : une femme attend, parmi ses amis, un homme qui ne sera pas comme eux. »

ibid. p. 79 – 82

Un argument contre la polygynie

06 jeudi Fév 2020

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Goethe, poly, sexisme

Ein Herre mit zwei Gesind,
er wird nicht wohl gepflegt.
Ein Haus, worin zwei Weiber sind,
es wird nicht rein gefegt.

Johann Wolfgang von Goethe, West-östlicher Divan, Buch der Sprüche

*

Un homme qui a deux valets
N’est pas bien servi.
Une maison où il y a deux femmes
N’est pas balayée proprement.

trad. H. Lichtenberger

Que diriez-vous de passer deux ans sur une île avec des viandards alcooliques et racistes ?

16 samedi Sep 2017

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chasse, diététique, Jules Verne, racisme, sexisme

Mon premier article concernant Deux ans de vacances de Jules Verne exprimait mon étonnement devant la scène de l’inventaire du stock d’alcool récupéré sur le navire par les jeunes naufragés. Contrairement à ce que j’anticipais, Verne ne fait pas commettre de débordements éthyliques à ses personnages. Ceux-ci sont très sages, puisque, comme on l’a vu, ils s’imposent d’eux-mêmes de retourner à l’école. Les circonstances de la consommation d’alcool ne sont pas spécifiquement décrites, ce qui laisse penser qu’elle est régulière. Quand Verne nous décrit la discipline imposée par Gordon il ne fait pas mention de règles de modération en matière d’alcool. En fait, il semble que pour Verne (et je suppose pour la société dans laquelle il vit) il soit tout à fait normal [1] que des enfants consomment de l’alcool, y compris des alcools forts (gin, whisky etc). Le seul moment où le risque de dérapage est évoqué, c’est lorsque les enfants découvrent sur l’île un moyen de reconstituer leur stock :

C’est alors qu’une utile découverte fut faite par Gordon, dont les connaissances en botanique devaient profiter en mainte occasion à la petite colonie. Son attention venait d’être attirée par un arbrisseau très touffu, à feuilles peu développées, et dont les branches, hérissées d’épines, portaient un petit fruit rougeâtre de la grosseur d’un pois.

«Voilà le trulca, si je ne me trompe, s’écria-t-il, et c’est un fruit dont les Indiens font grand usage!…

– S’il se mange, répondit Service, mangeons-en, puisqu’il ne coûte rien!»

Et, avant que Gordon eût pu l’en empêcher, Service fit craquer deux ou trois de ces fruits sous ses dents.

Quelle grimace, et comme ses camarades accueillirent sa déconvenue par des éclats de rire, tandis qu’il rejetait l’abondante salivation que l’acidité de ce fruit venait de déterminer sur les papilles de sa langue!

«Et toi qui m’avais dit que cela se mangeait, Gordon! s’écria Service.

– Je n’ai point dit que cela se mangeait, répliqua Gordon. Si les Indiens font usage de ces fruits, c’est pour fabriquer une liqueur qu’ils obtiennent par la fermentation. J’ajoute que cette liqueur sera pour nous une précieuse ressource, lorsque notre provision de brandy sera épuisée, à la condition de s’en défier, car elle porte à la tête. Emportons un sac de ces trulcas, et nous en ferons l’essai à French-den!»

chapitre XIV,

On relèvera enfin que lorsque les enfants finissent par quitter l’île ils ne manquent pas de charger de l’alcool dans leur embarcation :

« Quant à l’eau douce, après qu’on l’eût puisée au rio Zealand, Gordon la fit enfermer dans une dizaine de petits barils, qui furent disposés régulièrement le long de la carlingue, au fond de l’embarcation. On n’oublia pas non plus ce qu’il y avait encore de brandy, de gin et autres liqueurs fabriquées avec les fruits du trulca et de l’algarrobe. »

chap. XXIX

Cosses d’algarrobe (source de l’image)

Un autre élément qui me frappe dans l’alimentation de nos jeunes naufragés, c’est que celle-ci semble essentiellement carnée. Dès qu’ils échouent sur l’île nos héros conviennent d’économiser au maximum les conserves du bord et se lancent donc à la recherche des ressources alimentaires de l’île, dans un premier temps ils pêchent et ramassent des coquillages ; une tortue géante fait également les frais de l’exploration des abords immédiats de l’épave. Rapidement Doniphan se lance avec ses fidèles dans la chasse aux oiseaux de mer. Au fur et à mesure de l’exploration de l’île il va étendre son tableau de chasse à de multiples espèces.   Une fois installés au cœur de l’île, nos héros ont l’occasion de compléter la chasse par l’élevage après avoir capturé vigogne, guanaco et nandou.

Baxter accompagné de Gordon sur le point de capturer une vigogne. (chap.XV)

L’exploitation des ressources végétales occupe beaucoup moins de place dans le roman que les diverses scènes de chasse ; l’essentiel sur le sujet est condensé en une page du chapitre XVI :

Pourtant, s’il était impossible de fabriquer du sucre, ne pouvait-on trouver une matière propre à le remplacer? Service – ses Robinsons à la main – soutenait qu’il n’y avait qu’à chercher. Gordon chercha donc, et il finit par découvrir, au milieu des fourrés de Traps-woods, un groupe d’arbres qui, trois mois plus tard, aux premiers jours de l’automne, allaient se couvrir d’un feuillage pourpre du plus bel effet.

«Ce sont des érables, dit-il, des arbres à sucre!

[…] C’était là l’une des plus importantes découvertes que les jeunes colons eussent faites depuis leur installation à French-den. En pratiquant une incision dans le tronc de ces érables, Gordon obtint un liquide, produit par la condensation, et cette sève, en se solidifiant, donna une matière sucrée. Quoique inférieure en qualités saccharifères aux sucs de la canne et delà betterave, cette substance n’en était pas moins précieuse pour les besoins de l’office, et meilleure, en tout cas, que les produits similaires que l’on tire du bouleau, à l’époque du printemps.

Si l’on avait le sucre, on ne tarda pas à avoir la liqueur. Sur les conseils de Gordon, Moko essaya de traiter par la fermentation les graines de trulca et d’algarrobe. Après avoir été préalablement écrasées dans une cuve au moyen d’un lourd pilon de bois, ces graines fournirent un liquide alcoolique dont la saveur eût suffi à édulcorer les boissons chaudes, à défaut du sucre d’érable. Quant aux feuilles cueillies sur l’arbre à thé, on reconnut qu’elles valaient presque l’odorante plante chinoise. Aussi, pendant leurs excursions dans la forêt, les explorateurs ne manquèrent-ils jamais d’en faire une abondante récolte.

Bref, l’île Chairman procurait à ses habitants, sinon le superflu, du moins le nécessaire. Ce qui faisait défaut – il y avait lieu de le regretter – c’étaient les légumes frais. On dut se contenter des légumes de conserves, dont il y avait une centaine de boîtes que Gordon ménageait le plus possible. Briant avait bien essayé de cultiver ces ignames revenus à l’état sauvage, et dont le naufragé français avait semé quelques plants au pied de la falaise. Vaine tentative. Par bonheur, le céleri – on ne l’a point oublié – poussait abondamment sur les bords du Family-lake, et, comme il n’y avait pas lieu de l’économiser, il remplaçait les légumes frais, non sans avantage.

Verne justifie la prédominance de la chasse et de l’élevage sur la cueillette et la culture dans l’activité de ses personnages par un déséquilibre entre les ressources alimentaires animales et végétales de l’île qui peut paraître surprenant [2]. Je ne sais pas trop quelle interprétation donner de ce choix de faire chasser ses personnages plutôt que de les faire cueillir et cultiver : était-ce censé être plus réaliste aux yeux des amateurs de robinsonnades ? la cueillette paraissait-elle à Verne une activité trop féminine pour convenir à des personnages masculins ? est-ce simplement qu’il trouve les scènes de cueillette moins intéressantes à écrire – ou à lire – que les scènes de chasse ? Pour y voir plus clair et cerner l’originalité du roman sur ce point, peut-être faudrait-il comparer Deux ans de vacances à d’autres robinsonnades ou à à d’autres romans de Verne. Je n’ai pas eu loisir de le faire.

Si rien dans le propos de Verne ne présente le régime alimentaire des naufragés comme anormal, en revanche l’auteur utilise le comportement de chasseur de Doniphan pour mettre en scène un des ses défauts qui font contraste avec la quasi perfection de Briant. C’est ce qui apparaît lors de l’épisode de la capture des vigognes (voir illustration ci-dessus) :

– Oui, Baxter, [dit Gordon] vivantes, et il est heureux que Doniphan ne soit pas avec nous, car il en eût déjà abattu une d’un coup de fusil et aurait mis les autres en fuite! Approchons doucement, sans nous laisser voir!»

[…]

Bien entendu, Doniphan regretta, le beau coup de fusil qu’il aurait eu l’occasion de tirer; mais, lorsqu’il s’agissait de prendre le gibier vivant, non de l’abattre, il dut convenir que les bolas valaient mieux que les armes à feu.

De même lors de la capture du guanaco  :

Presque aussitôt, Webb et Cross sortaient du bois, suivis de Doniphan, qui s’écria d’un ton de mauvaise humeur:

«Maudite bête!… Comment ai-je pu la manquer!

– Baxter ne l’a pas manquée lui, répondit Service, et nous l’avons vivante et bien vivante!

– Qu’importé, puisqu’il faudra toujours tuer cet animal! répliqua Doniphan.

– Le tuer, reprit Gordon, le tuer, quand il vient si à point pour nous servir de bête de trait!

Il est tentant de voir en Doniphan une préfiguration aristocratique du bon/mauvais chasseur du sketch des Inconnus qui tire dès qu’il voit quelque chose qui bouge (seule la nécessité d’économiser la poudre limite ses pulsions massacrantes) ; pour autant il serait absurde d’attribuer à Verne un discours anti-chasse, puisque non seulement il s’est bien gardé de faire de ses héros de paisibles cultivateurs, mais de surcroît il leur fait commettre sans scrupules deux massacres d’animaux. Les victimes du premier carnages sont les renards qui détruisent les collets posés par les jeunes naufragés :

« La nuit venue, Doniphan, Briant, Wilcox, Baxter, Webb, Cross, Service, allèrent se poster aux abords d’un «covert» – nom que l’on donne, dans le Royaume-Uni, à de larges espaces de terrain semés de buissons et de broussailles. Ce covert était situé près de Traps-woods, du côté du lac. […] Un peu après minuit, Doniphan signala l’approche d’une bande de ces animaux, qui traversaient le covert pour venir se désaltérer dans le lac.

Les chasseurs attendirent, non sans impatience, qu’ils fussent réunis au nombre d’une vingtaine – ce qui prit un certain temps, car ils ne s’avançaient qu’avec circonspection, comme s’ils eussent pressenti quelque embûche. Soudain, au signal de Doniphan, plusieurs coups de feu retentirent. Tous portèrent. Cinq ou six renards roulèrent sur le sol, tandis que les autres, affolés, s’élançant à droite, à gauche, furent pour la plupart frappés mortellement.

A l’aube, on trouva une dizaine de ces animaux, étendus entre les herbes du covert. Et, comme ce massacre recommença pendant trois nuits consécutives, la petite colonie fut bientôt délivrée de ces visites dangereuses qui mettaient en péril les hôtes de l’enclos. De plus, cela lui valut une cinquantaine de belles peaux d’un gris argenté, qui, soit à l’état de tapis, soit à l’état de vêtements, ajoutèrent au confort de French-den. »

chap. XVI

Le second massacre (quelques pages plus loin dans le même chapitre) frappe les phoques dont les naufragés comptent récupérer la graisse pour leur éclairage :

« Après un rapide déjeuner, au moment où le soleil de midi invitait les phoques à se chauffer sur la grève, Gordon, Briant, Doniphan, Cross, Baxter, Webb, Wilcox, Garnett et Service se préparèrent à leur donner la chasse. […] Toutes les armes à feu de la colonie, fusils et revolvers, avaient été emportées avec des munitions en quantité suffisante, que Gordon n’avait point marchandées, cette fois, car il s’agissait de l’intérêt général.

Couper la retraite aux phoques du côté de la mer, c’est à cela qu’il convenait d’aviser tout d’abord. Doniphan, auquel ses camarades laissèrent volontiers le soin de diriger la manœuvre, les engagea à redescendre le rio jusqu’à son embouchure, en se dissimulant à l’abri de la berge. Puis, cela fait, il serait aisé de filer le long des récifs, de manière à cerner la plage.

Ce plan fut exécuté avec beaucoup de prudence. Les jeunes chasseurs, espacés de trente à quarante pas l’un de l’autre, eurent bientôt formé un demi-cercle entre la grève et la mer.

Alors, à un signal qui fut donné par Doniphan, tous se levèrent à la fois, les détonations éclatèrent simultanément, et chaque coup de feu fit une victime.

Ceux des phoques, qui n’avaient pas été atteints, se redressèrent, agitant leur queue et leurs nageoires. Effrayés surtout par le bruit des détonations, ils se précipitèrent, en bondissant, vers les récifs.

On les poursuivit à coups de revolvers. Doniphan, tout entier à ses instincts, faisait merveille, tandis que ses camarades l’imitaient de leur mieux.

Ce massacre ne dura que quelques minutes, bien que les amphibies eussent été traqués jusqu’à l’accore des dernières roches. Au delà, les survivants disparurent, abandonnant une vingtaine de tués ou de blessés sur la grève. »

A la chasse aux phoques. (chap. XVI)

*

Non content de mériter un Trigger Warning à destination des végans, Deux ans de vacances s’expose aussi à se voir gratifier un jour d’un avertissement au lecteur pour cause de racisme et de sexisme.

Voyons d’abord ce qu’il en est du racisme. A bord du yacht qui dérive dans le Pacifique sud avant de s’échouer sur l’île  il y a quinze enfants : quatorze blancs (des anglais à l’exception de Gordon qui est américain et de Briant et son frère qui sont français) élèves à la pension Chairman à Auckland, et un noir, Moko, qui est mousse. Moko est un personnage secondaire par rapport à Briant, Doniphan et Gordon dont l’auteur nous expose les personnalités et détaille les relations réciproques, mais on peut considérer néanmoins qu’il joue un rôle plus important que les plus jeunes personnages [3].

Moko et Briant (chap.I)

La place de ce personnage pourrait donner lieu à discussion : d’un côté on a clairement affaire au cliché du personnage noir qui n’existe que pour assister les blancs, de l’autre on peut faire valoir que la place de Moko dans le roman reflète la réalité de la position subordonnée des noirs dans l’Empire Britannique. En fait, le problème est plutôt que, sur ce point comme sur d’autres, Verne choisit de faire reproduire à ses héros sur leur île les rapports qu’ils connaissent dans le monde dont ils viennent, parce que lui-même juge normal qu’ils soient reproduits. Cela apparaît clairement dans ce qui est, en fait, le seul passage précis  qu’une censure antiraciste pourrait vouloir couper :

Comme la colonie comptait quatorze membres – Moko, en sa qualité de noir, ne pouvant prétendre et ne prétendant point à exercer le mandat d’électeur – sept voix, plus une, portées sur le même nom, fixeraient le choix du nouveau chef.

Chapitre XVIII

Il est d’abord à noter que cette remarque est faite lors de la deuxième élection du chef, alors que rien de tel n’avait été suggéré par l’auteur lors de la première élection, comme si Verne, s’était rendu compte après coup qu’il pouvait avoir donné l’impression de mettre en cause l’ordre établi en faisant voter un noir. Ses lecteurs furent, ont l’espère, rassurés. Par ailleurs, cette exclusion de Moko du vote, comme l’élection du chef elle-même, est une reproduction par les enfants du monde des adultes qui n’est pas parfaitement cohérente avec le reste de l’intrigue. En effet, on constate à d’autres occasions que Moko se voit confier la responsabilité de garder les plus jeunes. Ainsi lors de l’épisode de la chasse au phoque :

« Pendant cette opération, Iverson, Jenkins, Jacques, Dole et Costar devaient rester au campement sous la garde de Moko – en même temps que Phann [le chien], qu’il importait de ne pas lâcher au milieu du troupeau d’amphibies. »

Ainsi les plus jeunes qui ne peuvent pas se garder eux-mêmes peuvent voter pour élire le chef, mais Moko qui peut les garder ne peut pas voter …

 

Le problème du sexisme se pose dans des termes assez proche de celui du racisme. Il n’y a qu’un personnage féminin  : Kate, une femme qui doit avoir la quarantaine et qui est recueillie par les quinze garçons dans des conditions que je passe sous silence pour ne pas trop déflorer l’intrigue.

Kate a beau être la seule adulte du groupe à ce stade du récit, il n’est nullement question qu’elle prenne part à la direction des opérations. Comme Moko, elle sait rester à sa place de boniche :

« L’excellente femme ne pensait plus à elle pour ne penser qu’à eux. S’ils devaient rester ensemble sur l’île Chairman, elle serait leur servante dévouée, elle les soignerait, elle les aimerait comme une mère. Et déjà, aux petits, à Dole, à Costar, elle donnait ce nom caressant de «papooses», par lequel on désigne les babys anglais dans les territoires du Far-West. »

Chap. XXII

Pour conclure, peut-être dois je préciser que je n’ai pas écrit cet article pour dissuader de lire ce roman ou de le laisser lire aux enfants qui constituent son public. Je ne voudrais surtout pas que cet article désigne une cible à la censure des nouvelles dames patronnesses épuratrices de bibliothèque.

 

[1] J’imagine qu’on pensait – peut-être à raison à l’époque – qu’il y avait moins de risque d’intoxication alimentaire en buvant de l’alcool qu’en buvant de l’eau.

[2] Verne dote son île d’une faune particulièrement riche. Il se laisse même emporter jusqu’à des impossibilité géographiques. Sur cette île située au sud de la côte chilienne, il place en effet des chacals et même un hippopotame, or non seulement ces animaux sont absents du Nouveau Monde, mais leur présence dans une zone où les températures hivernales peuvent atteindre – au dire de Verne – vingt degrés en dessous de zéro, serait plutôt surprenante.

[3] Au début du livre Moko est le seul avec Briant à disposer de connaissances en navigation. Tout au long du roman il remplit les fonctions de cuisinier. On peut aussi le créditer d’une intervention décisive à la fin de l’ouvrage.

Boccace, Schopenhauer et l’infidélité féminine

14 dimanche Août 2016

Posted by patertaciturnus in Lectures, Perplexités et ratiocinations

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Arthur Schopenhauer, Boccace, infidélité, liberté sexuelle, sexisme

C’est une idée aujourd’hui très largement reçue, quoique contestée, que les hommes ont de plus gros besoins sexuels que les femmes, en conséquence de quoi ils seraient naturellement plus portés à l’infidélité. Je confesse que je n’ai pas eu le courage de chercher l’aiguille des travaux sérieux sur le sujet dans la botte de foin des sites qui évoquent la question. Je suis également incapable de vous renseigner précisément sur la diffusion historique et géographique de ce stéréotype de genre ; à défaut je peux signaler un philosophe éminent qui le soutient :

« Tout amour a donc pour fondement un instinct visant uniquement l’enfant à procréer : nous en trouvons l’entière confirmation dans une analyse plus exacte dont nous ne pouvons nous dispenser pour cette raison. — Nous devons commencer par dire que l’homme est, de nature, porté à l’inconstance en amour, et la femme à la constance. L’amour de l’homme décline sensiblement, à partir du moment où il a reçu satisfaction ; presque toutes les autres femmes l’attirent plus que celle qu’il possède déjà, il aspire au changement. L’amour de la femme, au contraire, augmente à partir de ce moment ; résultat conforme à la fin que se propose la nature, à savoir la conservation et l’accroissement aussi considérable que possible de l’espèce. L’homme peut, sans peine, engendrer en une année plus de cent enfants, s’il a à sa disposition un nombre égal de femmes, tandis qu’une femme, même avec un pareil nombre d’hommes, ne pourrait toujours mettre au monde qu’un enfant dans l’année (je laisse de côté les naissances jumelles). Aussi l’homme cherche-t-il toujours d’autres femmes ; la femme, au contraire, s’attache fermement à un seul homme, car la nature la pousse, d’instinct et sans réflexion, à conserver celui qui doit nourrir et protéger l’enfant à naître. Ainsi donc la fidélité conjugale, tout artificielle chez l’homme, est naturelle chez la femme, et par suite l’adultère de la femme, au point de vue objectif, à cause des suites qu’il peut avoir, comme aussi au point de vue subjectif, en tant que contraire à la nature, est bien plus impardonnable que celui de l’homme. »

Arthur Schopenhauer, Métaphysique de l’amour
in Le monde comme volonté et comme représentation

Dans ce texte, Schopenhauer ne cherche pas vraiment à prouver que l’homme est naturellement plus volage que la femme ; il considère cela comme un fait établi et son propos est plutôt de montrer que sa thèse philosophique sur l’amour explique ce « fait » (ce vaudrait justification de cette thèse). Ses explications ne sont d’ailleurs pas sans évoquer celles que l’on rencontre aujourd’hui dans la psychologie évolutionniste. On n’est pas surpris non plus que Schopenhauer croie pouvoir conclure de la supposée différence de nature entre l’homme et la femme à une asymétrie du point de vue de l’obligation de fidélité. Je suppose d’ailleurs que c’est, pour une bonne part, en raison des conséquences morales inégalitaires au détriment des femmes qui en sont habituellement tirées, que la thèse d’un surplus de besoins sexuels masculins est contestée aujourd’hui. Mon propos sera de montrer que, dans cette contestation, le Décaméron a précédé à sa manière le féminisme contemporain.

Raffaello_Sorbi_-_Decamerone

Rafaello Sorbi, Decamerone (source)

A l’instar de celle que j’avais examinée, les nouvelles du Décaméron dont l’adultère féminin est le motif central donnent le beau rôle aux femmes. Non seulement nous sommes invités à admirer l’ingéniosité dont elles font preuve pour berner leurs cocus de maris, mais encore leur infidélité est présentée comme légitime en raison de l’insatisfaction dans laquelle les laisse leurs époux. Les raisons invoquées pour expliquer que les cocus ne répondent pas aux désirs sexuels de leurs épouses varient d’une nouvelle à l’autre : tantôt le mari est trop vieux pour sa femme (II,10 IV, 10) tantôt il est trop souvent en voyage (VII,8), tantôt il est perdu en dévotions (III,4) à moins que ne soit invoqués (et condamnés) ses penchants homosexuels :

« Il n’y a pas encore très longtemps que vécut à Pérouse un homme riche nommé Pietro di Vinciolo. Sans doute pour tromper les gens et démentir l’opinion générale que tous ses concitoyens avaient de lui, plus que par quelque désir qu’il pût en sentir, il prit femme. Or, la Fortune répondit à ses appétits de la manière suivante, à savoir que la femme qu’il épousa était une jeune gaillarde, rousse et rubiconde, à laquelle il eût fallu deux maris au lieu d’un, alors qu’elle tomba sur un homme qui avait l’âme encline à tout autre chose qu’elle. Au bout d’un certain temps, ayant découvert la chose et se voyant belle et fraîche, se sentant robuste et pleine d’allant, elle commença par s’indigner, accablant parfois son mari de grossiers reproches et vivant avec lui en de continuelles querelles. Puis, comprenant que cela n’aurait pour effet que sa propre consomption plutôt que l’amendement du vice de son mari, elle se dit en son for intérieur : «Ce misérable me délaisse pour courir en sabots par temps sec, eh bien moi je vais m’ingénier à me munir pour la pluie. Je l’ai pris pour mari et je lui ai apporté une belle et bonne dot, sachant qu’il était homme et le pensant friand de ce que les hommes aiment et doivent aimer. Et si je n’avais pas cru qu’il était homme, jamais je ne l’aurais pris. Lui, qui savait que j’étais femme, pour-quoi m’a-t-il épousée, si les femmes étaient contraires à ses goûts ? Cela n’est pas admissible. Si je n’avais pas voulu vivre dans le monde, je serais entrée au couvent et, comme je veux vivre là où je suis, si j’attends de celui-là jouissance et plaisir, je risque fort de vieillir dans une vaine attente. Et quand je serai vieille, me ravisant, en vain je regretterai d’avoir perdu ma jeunesse ; mais lui-même m’enseigne et me montre bien que je dois me consoler en prenant mon plaisir là même où il le trouve. Un tel plaisir pour moi sera louable, alors que pour lui il est tout à fait honteux : je ne vais enfreindre que les lois, tandis que lui offense les lois et la nature.»

Boccace, Décaméron V,10, trad. Christian Bec

Cette dernière nouvelle contient un passage particulièrement intéressant pour mon propos. En effet, avant de passer à l’acte, l’épouse insatisfaite va prendre conseil auprès d’une vielle femme qui est ainsi présentée  :

« une vieille qui avait l’air de sainte Verdiana qui nourrissait les serpents, laquelle suivait, chapelet en main, tous les pardons, ne parlait que de la vie des Saints-Pères et des stigmates de saint François et que presque tout le monde tenait pour sainte. »

Or cette vieille femme, loin d’être la bigote étrangère aux choses de l’amour à laquelle on aurait pu s’attendre, développe un discours de justification générale de l’adultère féminin :

 «Ma fille, Dieu sait, Lui qui sait tout, combien tu as raison. Et quand bien même tu ne le ferais pour aucun autre motif, certes du devrais agir ainsi, toi et toutes les jeunes femmes, pour ne pas gâcher votre jeunesse, car nul chagrin n’égale celui de découvrir qu’on a perdu son temps. À quoi diable sommes-nous bonnes, ensuite, quand nous sommes vieilles, sinon à surveiller la cendre au coin du feu ? Si quelqu’une le sait et peut en porter témoignage, c’est bien moi : maintenant que je suis vieille, avec de profonds et amers tourments je vois, et sans nul profit, le temps que j’ai laissé s’enfuir. Bien que je ne l’aie pas tout à fait perdu — je ne voudrais pas que tu croies que j’ai été une niaise —, cependant je n’ai point fait tout ce que j’aurais pu, et quand je me rappelle cela et me vois telle que tu me trouves à présent, alors que personne ne voudrait me donner un peu de feu, Dieu seul sait quelle douleur est la mienne. Pour les hommes, il n’en est pas de même; ils naissent bons à mille choses, pas seulement à ce que tu penses, et ils sont pour la plupart davantage considérés dans leur vieillesse que dans leurs vertes années. Mais les femmes n’existent pour rien d’autre que cela et pour faire des enfants, et c’est pour cela seulement qu’on les chérit. Si tu ne t’en avisais pas autrement, tu dois t’en rendre compte par le fait que nous sommes toujours prêtes à cela, ce qui n’est pas vrai des hommes ; en outre, une femme fatiguerait de nombreux hommes, alors que de nombreux hommes ne peuvent venir à bout d’une femme. Parce que nous sommes donc nées pour cela, je te répète que tu as raison de rendre la pareille à ton mari, de sorte que, sur tes vieux jours, ton âme n’ait rien à reprocher à ta chair. De ce bas monde nul ne reçoit que ce qu’il prend, et surtout les femmes ; il leur faut bien plus qu’aux hommes employer leur temps quand elles le peuvent, car tu constates qu’une fois vieilles ni mari ni qui que ce soit ne veulent plus nous voir et ils nous chassent à la cuisine, pour que nous racontions des fables au chat et fassions le compte des casseroles et des écuelles. Bien pis, ils se moquent de nous et disent : « Aux jeunes les bons morceaux et aux vieilles les estouffades », et débitent encore bien d’autres dictons. Bref, pour ne pas te tenir un plus long discours, je t’assure que tu ne pouvais ouvrir ton cœur à personne au monde qui te soit plus utile que moi, car il n’est aucun homme si élégant auquel je n’oserais dire ce qu’il faut, ni de si dur ni de si rustre que je ne radoucirais à mon gré et n’amènerais à mes fins. Montre-moi celui qui te plaît et puis laisse-moi faire. Mais souviens-toi d’une chose, ma fille, songe à moi, car je suis une pauvre créature et je veux que tu participes à bous mes pèlerinages et à toutes les patenôtres que je récite, afin que Dieu éclaire et illumine tes défunts »

Ce qui est étonnant dans ce texte c’est que l’adultère féminin est justifié en invoquant des différences naturelles entre hommes et femmes alors que nous sommes aujourd’hui habitués à ce que la référence à des différences naturelles soit employée à excuser l’infidélité masculine. La conception de la différence homme – femme développée par la vieille femme (les hommes sont bons à mille choses, les femmes ne sont faites que pour l’amour) n’est pourtant pas de celles qui puissent convenir au féminisme contemporain, fusse-t-il différentialiste ; ce retournement d’un stéréotype sexiste en argument en faveur de la liberté sexuelle des femmes a quelque chose de fascinant.

Femmes au combat

23 mercredi Déc 2015

Posted by patertaciturnus in Il suffirait de quelques liens

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inversion, sexisme

Je ne sais si le procédé de l’inversion sert efficacement la cause antisexiste, du moins produit-il des résultats amusants :

L’Hawkeye Initiative substitue des personnages masculins aux personnages féminins dans les comics en conservant les postures.

Alexandra Mackenzie répond aux réactions hostiles à l’annonce de l’ouverture aux femmes des unités de combat de l’armée américaine.

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Reformulation

30 lundi Mar 2015

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

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langage soutenu, sexisme, système intentionnel

Messieurs, ne vous exprimez pas comme des rustres.

Ne dites plus : « les filles c’est compliqué »

Dites : « Les personnes de sexe féminin avec lesquelles j’interagis sont des systèmes intentionnels d’un degré généralement supérieur à moi ».

Sexisme littéraire

11 mardi Nov 2014

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

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parutions périodiques, sexisme, Thomas Pynchon

« La femme de Winsome était femme de lettres. Ses romans (elle en avait fait trois à ce jour) comportaient mille pages chacun et, tout comme les serviettes hygiéniques, avaient rallié une immense, fidèle et anonyme clientèle féminine. »

Thomas Pynchon, V, p. 156

*

Monsieur Pynchon, on ne me la fait pas à moi, j’ai bien compris la raison de la rareté légendaire des photos de vous : il s’agissait de  vous assurer l’impunité pour ce genre de plaisanteries !

Tu fais bien de te cacher!

Tu fais bien de te cacher!

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