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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: rire

Ton rire

08 mardi Mar 2022

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Pablo Neruda, rire

TU RISA

Quítame el pan, si quieres,
quítame el aire, pero
no me quites tu risa.

No me quites la rosa,
la lanza que desgranas,
el agua que de pronto
estalla en tu alegría,
la repentina ola
de plata que te nace.

Mi lucha es dura y vuelvo
con los ojos cansados
a veces de haber visto
la tierra que no cambia,
pero al entrar tu risa
sube al cielo buscándome
y abre para mi todas
las puertas de la vida.

Amor mío, en la hora
más oscura desgrana
tu risa, y si de pronto
ves que mi sangre mancha
las piedras de la calle,
ríe, porque tu risa
será para mis manos
como una espada fresca.

Junto al mar en otoño,
tu risa debe alzar
su cascada de espuma,
y en primavera, amor,
quiero tu risa como
la flor que yo esperaba,
la flor azul, la rosa
de mi patria sonora.

Ríete de la noche,
del día, de la luna,
ríete de las calles
torcidas de la isla,
ríete de este torpe
muchacho que te quiere,
pero cuando yo abro
los ojos y los cierro,
cuando mis pasos van,
cuando vuelven mis pasos,
niégame el pan, el aire,
la luz, la primavera,
pero tu risa nunca
porque me moriría.

Pablo Neruda, Los versos del capitán

Ton rire

Tu peux m’ôter le pain,
m’ôter l’air, si tu veux :
ne m’ôte pas ton rire.

Ne m’ôte pas la rose,
le fer que tu égrènes
ni l’eau qui brusquement
éclate dans ta joie
ni la vague d’argent
qui déferle de toi.

De ma lutte si dure
je rentre les yeux las
quelquefois d’avoir vu
la terre qui ne change
mais, dès le seuil, ton rire
monte au ciel, me cherchant
et ouvrant pour moi toutes
les portes de la vie.

À l’heure la plus sombre
Égrènes, mon amour,
Ton rire, et si tu vois
Mon sang tacher soudain
Les pierres de la rue,
Ris : aussitôt ton rire
Se fera pour tes mains
Fraîche lame d’épée.

Dans l’automne marin
Fais que ton rire dresse
Sa cascade d’écume,
Et au printemps, amour,
Que ton rire soit comme
La fleur que j’attendais,
La fleur guède, la rose
De mon pays sonore.

Moque-toi de la nuit,
Du jour et de la lune,
Moque-toi de ces rues
Divagantes d’île,
Moque-toi de cet homme
Amoureux maladroit,
Mais lorsque j’ouvre, moi,
Les yeux ou les referme,
Lorsque mes pas s’en vont,
Lorsque mes pas s’en viennent,
Refuse-moi le pain,
L’air, l’aube, le printemps,
Mais ton rire jamais
Car alors j’en mourrais.

trad. C. Couffon C. Rinderknecht

Examine comment il rit, tu apprendras qui il est.

24 mardi Août 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures

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connaissance d'autrui, Dostoievski, rire

Le narrateur de L’adolescent se lance, au cours de la 3e partie dans une tirade sur le rire dont il recommande l’enseignement aux jeunes filles pour l’examen de leurs soupirants et que je me dois de partager. 

« J’ai cette idée que, lorsqu’un homme rit, la plupart du temps il est répugnant à regarder. Le rire manifeste d’ordinaire chez les gens je ne sais quoi de vulgaire et d’avilissant, bien que le rieur presque toujours ne sache rien de l’impression qu’il produit. Il l’ignore, de même qu’on ignore en général la figure qu’on a en dormant. Il est des dormeurs dont le visage reste intelligent, et d’autres, intel­ligents d’ailleurs, dont en dormant le visage devient très bête et partant ridicule. J’ignore d’où cela vient : je veux dire seulement que le rieur, comme le dormeur, le plus souvent ne sait rien de son visage. Il est une multitude extraordinaire d’hommes qui ne savent pas du tout rire. Au fait, il n’y a pas à savoir : c’est un don qui ne s’acquiert pas. Ou bien, pour l’acquérir, il faut refaire son éducation, se rendre meilleur et triompher de ses mauvais instincts : alors le rire d’un pareil homme pourrait très probablement s’améliorer. Il est des gens que leur rire trahit : vous savez aussitôt ce qu’ils ont dans le ventre, Même un rire incontestablement intelligent est parfois repoussant. Le rire exige avant tout la franchise : où trouver la franchise parmi les hommes? Le rire exige la bonté, et les gens rient la plupart du temps méchamment. Le rire franc et sans méchanceté, c’est la gaieté : où trouver la gaieté à notre époque et les gens savent-ils être gais? […] La gaieté de l’homme, c’est son trait le plus révélateur, avec les pieds et les mains. Il est des caractères que vous n’arrivez pas à percer : mais un jour cet homme éclate d’un rire bien franc, et voilà du coup tout son caractère étalé devant vous. Il n’y a que les gens qui jouissent du développement le plus élevé et le plus heureux qui peuvent avoir une gaieté communicative, c’est-à-dire irrésistible et bonne. Je ne veux pas parler du développe­ment intellectuel, mais du caractère, de l’ensemble de l’homme. Ainsi : si vous voulez étudier un homme et connaître son âme, ne faites pas attention à la façon dont il se tait, ou dont il parle, ou dont il pleure, ou même dont il est ému par les plus nobles idées. Regardez-le plutôt quand il rit. S’il rit bien, c’est qu’il est bon. Et remarquez bien toutes les nuances : il faut par exemple que son rire ne vous paraisse bête en aucun cas, si gai et si naïf qu’il soit. Dès que vous noterez le moindre trait de sottise dans son rire, c’est sûrement que cet homme est d’esprit borné, quand même il fourmillerait d’idées. Si son rire n’est pas bête, mais si l’homme, en riant, vous a paru tout à coup ridicule, ne fût-ce qu’un tantinet, sachez alors que cet homme ne possède pas le véritable respect de soi-même, ou du moins ne le possède pas par­faitement. Enfin, si ce rire, quoique communicatif, vous paraît cependant vulgaire, sachez que cet homme a une nature vulgaire, que tout ce que vous aviez remarqué chez lui de noble et d’élevé était ou bien voulu et factice, ou bien emprunté inconsciemment, et que fatalement il tournera mal plus tard, s’occupera de choses « profitables » et rejettera sans pitié ses idées généreuses comme des erreurs et des engouements de jeunesse. »

Dostoïevski, L’adolescent, trad. Pierre Pascal, Folio, p. 382 – 383

« C’est celui qui le dit qui l’est » – le retour

02 jeudi Nov 2017

Posted by patertaciturnus in Fantaisie

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autoréférence, rire

On a vu que qualifier quelqu’un de Trissotin ou de cuistre, c’est vraisemblablement l’être soi même.

Utiliser l’adjectif « tarte » est aujourd’hui bien tarte et je soupçonne que « ringard » est en voie de ringardisation.

De même l’expression ironique « t’as fait l’école du rire », signifiant à l’interlocuteur qu’il n’est pas aussi drôle qu’il le croit, s’applique aujourd’hui parfaitement à ceux qui l’utilisent : le trait d’esprit originel étant démonétisé pour avoir été ressassé (dire « t’as fait l’école du rire » c’est avoir fait l’école du rire … il y a longtemps).

Rire

16 vendredi Oct 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Blaise Cendrars, rire

Rire

Je ris
Je ris
Tu ris
Nous rions
Plus rien ne compte
Sauf ce rire que nous aimons
Il faut savoir être bête et content

Blaise Cendrars, Feuille de route

Douceur et amertume

07 dimanche Sep 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour, Divers vers

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amertume, douceur, larmes, Paul Valéry, rire, vie

Amère comme tu sais l’être – ô Vie
Amère et douce comme tu sais l’être!
Amère et douce et lourde comme tu sais l’être, ô vie
Amère et douce et lourde et leste et longue et brève comme tu sais l’être, ô vie.
Comme il n’y a que les larmes qui sachent juger, équivaloir, payer tes instants beaux
Il n’y a qu’un rire qui puisse à tes maux bien répondre.

Paul Valéry, Poèmes et Petits Poèmes Abstraits
in Ego Scriptor, p.51

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