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Lanterne en fer forgé au seuil des lupanars,
Courtisanes coiffées du seigneurial hennin,
Tout le passé s’endort au grabat des putains
Comme un banquier paillard rongé par la vérole.
[…]
Robert Desnos, L’ode à Coco (1919)
25 mardi Juin 2019
Posted Divers vers
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Lanterne en fer forgé au seuil des lupanars,
Courtisanes coiffées du seigneurial hennin,
Tout le passé s’endort au grabat des putains
Comme un banquier paillard rongé par la vérole.
[…]
Robert Desnos, L’ode à Coco (1919)
25 samedi Mai 2019
Posted Lectures
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analogie et métaphore, Charles Baudelaire, prostitution, théologie
La grande prostituée est une figure mystérieuse de l’Apocalypse:
« 1 Et l’un des sept anges qui tenaient les sept coupes s’avança et me parla en ces termes : Viens, je te montrerai le jugement de la grande prostituée qui réside au bord des océans. 2 Avec elle les rois de la terre se sont prostitués, et les habitants de la terre se sont enivrés du vin de sa prostitution. 3 Alors il me transporta en esprit au désert. Et je vis une femme assise sur une bête écarlate, couverte de noms blasphématoires, et qui avait sept têtes et dix cornes. 4 La femme, vêtue de pourpre et d’écarlate, étincelait d’or, de pierres précieuses et de perles. Elle tenait dans sa main une coupe d’or pleine d’abominations : les souillures de sa prostitution. 5 Sur son front un nom était écrit, mystérieux : « Babylone la grande, mère des prostituées et des abominations de la terre. » 6 Et je vis la femme ivre du sang des saints et du sang des témoins de Jésus. »
Apocalypse, 17, 1-6
Il y a des désaccords entre les interprètes sur ce qu’elle symbolise exactement mais tous s’accordent, à ma connaissance, à y voir une puissance satanique. Aussi est-il particulièrement surprenant de voir Baudelaire renverser la signification théologique de l’image de la prostituée :
« L’homme est un animal adorateur. Adorer, c’est se sacrifier et se prostituer.
Aussi tout amour est-il prostitution.
L’être le plus prostitué, c’est l’être par excellence, c’est Dieu, puisqu’il est l’ami suprême pour chaque individu, puisqu’il est le réservoir commun, inépuisable de l’amour. »
Charles Baudelaire, Mon cœur mis à nu
La prostitution ne symbolise plus ici la souillure mais l’amour qui se donne à tous. Chercher l’amour de Dieu, comme recourir aux services de prostitués c’est accepter de partager avec des gens peu recommandables :
« Dieu et sa profondeur. On peut ne pas manquer d’esprit et chercher dans Dieu le complice et l’ami qui manquent toujours. Dieu est l’éternel confident dans cette tragédie dont chacun est le héros. Il y a peut-être des usuriers et des assassins qui disent à Dieu : « Seigneur, faites que ma prochaine opération réussisse ! » Mais la prière de ces vilaines gens ne gâte pas l’honneur et le plaisir de la mienne. »
ibid.
27 mardi Juin 2017
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Peut-on défendre le libéralisme « sociétal » et culturel et s’opposer au libéralisme économique ? C’est la question qu’affronte Ggauvain dans son dernier article. Au passage il soulève une difficulté qui me semble intéressante : est-ce que les arguments du libéralisme sociétal contre l’abolitionnisme en matière de prostitution ne porteraient pas également contre des normes protectrices des travailleurs salariés?
24 jeudi Mar 2016
Posted Food for thought
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On ne saurait trop recommander La rue de la honte (Akasen Chitai), le dernier film de Kenji Mizoguchi. Je vous propose un petit extrait des dialogues, histoire de mettre en appétit les lecteurs qui n’auraient pas vu ce film. Quelques éléments de contexte : une loi prévoyant la fermeture des bordels est en discussion au parlement ; monsieur Taya, tenancier de l’un de ces établissements adresse un vibrant discours aux prostituées qui travaillent pour lui :
– J’ai quelque chose d’important à vous dire. La loi contre la prostitution qui est débattue au parlement. La loi est supposé vous protéger mais ce n’est pas vrai. Vous allez surtout en souffrir. Si vous allez en prison de quoi vivrez-vous alors. Hanaé, avec quoi vas-tu nourrir ton bébé et ton mari malade ? Yumeko devrait prendre sa retraite. Yasumi, comment pourras-tu faire des économies ? Yorie, tu voudrais travailler sur un chantier comme journalier ? Mickey, qui te donnera ton argent de poche ? Vous avez compris ? Nous, les tenanciers, nous nous soucions le plus de vous. Nous créons des places de travail. Vous et vos familles pouvez en vivre, vous ne devez pas vous suicider. Nous faisons ce que la politique ne fait pas. Nous faisons du travail social. « droits humains » « honte de la nation » … les riches parlent beaucoup mais ne savent rien de vos problèmes. Nous sommes de votre côté. Qui d’autre ? […] Ne croyez pas aux belles paroles. Réfléchissez bien où vous irez en cas d’interdiction. Ne faites pas les idiotes. Compris ? Alors, au travail.