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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: Pétrarque

La fièvre du samedi soir

01 samedi Avr 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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danse, parade nuptiale, Pétrarque, préliminaires

« JOIE. J’aime danser.

RAISON. Dans la danse, il y a moins de plaisir immédiat que d’anticipation du plaisir à venir. La danse est un peu le prélude de Vénus ; on fait tourner en rond de pauvres filles étourdies par la musique, on les serre, on les enlace, et sous pré­texte de politesse on les caresse. Les gestes, les regards et les mots trop libres fusent, et le bruit des pas, les chants discordants de la foule, le son des cuivres, la bousculade, la poussière — enfin, celle qui souvent vient prêter main forte à ces jeux, l’ennemie de la pudeur, l’alliée des malfaiteurs, la nuit elle-même, tout cela met en déroute la retenue et la pudeur, excite les désirs et favorise la licence. Tu me diras qu’il arrive quelquefois que les hommes dansent seuls entre eux, et les femmes de leur côté ; mais, même là, ils ne font que s’exercer séparément, et répètent en même temps tout ce qu’ils feront lorsqu’ils seront à nouveau réunis, comme les élèves qui en l’absence du maître révi­sent ce qu’ils auront à dire lorsqu’il sera de retour. Dépouille-la donc de sa belle, apparence trompeuse et de mauvais aloi, ainsi que de sa sensualité, et il ne restera plus rien de la danse. »

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune
trad. Anne Duprat, Rivage Poche p. 50

Faites chambre à part !

16 jeudi Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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couple, Pétrarque, sommeil

JOIE – Je l’aurai [ma femme] toujours pour partager ma couche.

RAISON – Et pour en bannir le sommeil. Dans un lit conjugal le sommeil est rare et léger ; on y trouve du plaisir, des querelles, mais jamais de repos.

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune
trad. Anne Duprat, Rivage Poche p. 77

*

Les habitués de ce blog ont déjà été prévenus.

Le retour des chasseurs d’oiseaux

06 lundi Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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misogynie, oiseaux, Pétrarque

JOIE – J’ai rencontré une femme noble, chaste, douce, modeste, complaisante, aimante et fidèle.

RAISON – Tu es donc un fier chasseur d’oiseaux , car tu as capturé un corbeau blanc. Mais rares sont ceux qui pensent en avoir pris un noir.

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune
trad. Anne Duprat, Rivage Poche p. 78

Abondance de bien

01 mercredi Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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bibliothèque, lecture, Pétrarque

« JOIE. J’ai énormément de livres.
RAISON. C’est-à-dire énormément de travail, et un énorme manque de repos pour ton esprit continuellement tiraillé de l’un à l’autre, et pour ta mémoire surchargée par un sujet ou par un autre. Que veux-tu que je te dise ? Les livres ont mené des hommes à la science, et d’autres à la folie. Lorsqu’on avale plus de choses qu’on en peut digérer, il en va des esprits comme des estomacs : la nausée leur fait plus de mal que la faim. […]
J’ai lu que Sérénus Sammonicus, un homme d’une culture immense, mais qui en voulait toujours plus, qui avait beaucoup de lettres, mais plus encore de volumes dans sa bibliothèque, aurait possédé jusqu’à soixante-deux mille livres. Étrange goût que celui-là, qui fait du philosophe un libraire ! Crois-moi, ce n’est pas là ce que j’appelle nourrir son esprit de textes, mais l’écraser et l’ensevelir sous le poids des matières, ou même lui imposer une torture semblable à celle de Tantale mourant de soif au milieu des eaux, en l’assommant sous le nombre, de sorte qu’il ait envie de tout sans pouvoir rien goûter.

[…]

JOIE. Je possède bon nombre de livres.

RAISON. Mais si ton esprit n’est pas assez grand pour les contenir ? Il y a des gens qui sont per­suadés de savoir tout ce qui est écrit dans les livres qu’ils ont chez eux. Quel que soit le sujet sur lequel tombe la conversation, ils affirment : «J’ai un livre là-dessus dans mon armoire»; et, estimant que c’est bien suffisant, que cela revient à l’avoir du même coup en tête, ils haussent le sourcil et se taisent avec suffisance. Ridicule engeance. »

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune
trad. Anne Duprat, Rivage Poche p. 61 – 63

Pétrarque contre la Schadenfreude

23 jeudi Fév 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures, Perplexités et ratiocinations

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Pétrarque, Schadenfreude, utilitarisme

« JOIE – Je me réjouis de la mort de mon ennemi.
RAISON – Bientôt un autre fêtera la tienne.
JOIE – Mon ennemi est mort et je m’en félicite.
RAISON – Si seulement vous pouviez vous souvenir de votre condition, vous ne vous réjouiriez jamais de la mort d’un autre homme. A-t-on jamais vu deux hommes, conduits ensemble au supplice, se réjouir chacun de la mort de l’autre, sachant qu’ils sont promis au même genre d’exécution ? Ils pleureraient plutôt sur la mort l’un de l’autre en pensant à la leur. »

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune
trad. Anne Duprat, Rivage Poche p. 108

*

Malheureusement j’ai bien peur qu’il ne suffise pas de rappeler à celui qui se réjouit du malheur de ses ennemis qu’il connaîtra le même sort. A la question rhétorique de la deuxième réplique de la Raison, on peut rétorquer qu’on a vu pire que deux hommes, conduits ensemble au supplice, se réjouissant chacun de la mort de l’autre : on a en effet déjà vu des hommes courir consciemment à leur propre  destruction pour s’assurer de celle de leurs ennemis. La haine aussi peut être désintéressée ! Rien ne garantit que la concomitance du malheur des ennemis les conduira à pleurer l’un pour l’autre. Au contraire il est courant que les malheurs de nos ennemis (adversaires politiques, supporters d’une équipe sportive rivale etc.) nous tiennent lieu de consolations pour ceux qui nous frappent au même moment.

Cette dernière remarque soulève une question concernant la valeur morale de la Schadenfreude. Après tout, qu’ y a-t-il de mal à se réjouir du malheur de ses ennemis ou du moins trouver dans leurs malheurs une consolation pour les siens ? Dans une perspective utilitariste (c’est-à-dire si on vise le plus grand bonheur pour le plus grand nombre) n’apparaitrait-il pas préférable que les deux hommes conduits au supplice se réjouissent – ou du moins se consolent de leur propre sort – grâce au malheur de l’autre, plutôt que de rajouter du malheur au malheur en pleurant sur le sort de l’autre en plus de pleurer sur leur propre sort? Pourquoi priver d’une possibilité de tirer du bonheur d’un malheur en réprimant notre disposition à la Schadenfreude ? Évidemment, si plutôt qu’au principe utilitariste du plus grand bonheur,  on se fonde sur le principe déontologique « ne fais pas aux autres ce que tu ne veux pas qu’on te fasse », se réjouir du malheur des autres n’apparaît guère moral … mais, tout bien considéré, se réjouir du malheur de l’autre est-ce vraiment lui faire quelque chose? On pourrait soutenir que l’immoralité commence seulement quand on affiche sa joie mauvaise dans le but de renchérir la douleur de son ennemi. Quant à l’appréciation de la Schadenfreude dans la perspective d’une éthique des vertus, j’ai déjà eu l’occasion d’en parler ici.

Des coups du sort

10 dimanche Juil 2016

Posted by patertaciturnus in Lectures

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mauvaise fortune, Pétrarque

DOULEUR – La Fortune rapace m’a arraché tout ce sur quoi je comptais.

RAISON – Elle ne t’a rien volé, elle n’a fait que reprendre son bien. Mais c’est là une marque ancienne, et bien connue d’ingratitude : oublieux de ce que vous avez reçu, vous vous souvenez de ce qu’on vous a pris. Ainsi rares et tièdes sont vos actions de grâces, et vos plaintes ardentes et nombreuses.

Pétrarque, Contre la bonne et la mauvaise fortune,
traduit du latin par Anne Duprat, Rivages poche, p. 138

Solitude partagée

01 samedi Août 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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amitié, partage, Pétrarque, solitude

Solitude à deux

« Toute l’affaire se résume donc à ceci : comme tout le reste je partagerai la solitude elle-même avec mes amis, car je prête foi aux paroles de Sénèque disant que la possession de tout bien si elle n’est pas partagée avec un compagnon, n’est pas agréable » et ne doute pas que la solitude soit réellement un bien immense et doux. »

Pétraque, La vie solitaire
trad. P. Maréchaux, Rivages Poche p. 102 – 103

Je marche seul

30 mardi Déc 2014

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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désespérance, Pétrarque

Tacito vo, che le parole morte
Farian pianger la gente, et i’ desio
Che le lagrime mie si spargan sole.

Pétrarque, Canzoniere, XVIII

*

Sans rien dire, je marche ; car mes paroles de mort feraient pleurer tout le monde, et je désire que mes larmes coulent solitaires.

trad. F. de Gramont

Taciturne passant dont les paroles tues
Apitoiraient les gens, je n’ai pas d’autre envie
Que solitairement me livrer à mes larmes.

trad. André Ughetto

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