Étiquettes
Além-tédio
Nada me expira já, nada me vive –
Nem a tristeza nem as horas belas.
De as não ter e de nunca vir a tê-las,
Fartam-me até as coisas que não tive.
Como eu quisera, enfim de alma esquecida,
Dormir em paz num leito de hospital…
Cansei dentro de mim, cansei a vida
De tanto a divagar em luz irreal.
Outrora imaginei escalar os céus
À força de ambição e nostalgia,
E doente-de-Novo, fui-me Deus
No grande rastro fulvo que me ardia.
Parti. Mas logo regressei à dor,
Pois tudo me ruiu… Tudo era igual:
A quimera, cingida, era real,
A própria maravilha tinha cor!
Ecoando-me em silêncio, a noite escura
Baixou-me assim na queda sem remédio;
Eu próprio me traguei na profundura,
Me sequei todo, endureci de tédio.
E só me resta hoje uma alegria:
É que, de tão iguais e tão vazios,
Os instantes me esvoam dia a dia
Cada vez mais velozes, mais esguios…
Mário de Sá-Carneiro
Par-delà l’ennui
Il n’est plus rien qui m’expire, rien qui me vive —
Ni la tristesse, ni les belles heures.
À force d’en être privé, sans l’espoir de les obtenir,
Même les choses que je n’ai pas eues finissent par me lasser.
Comme j’aurais aimé, l’âme enfin oublieuse,
Dormir dans la paix d’un lit d’hôpital…
En moi je me suis fatigué, j’ai fatigué ma vie ;
J’ai trop divagué dans son irréelle lumière.
Jadis, à force d’ambition, de nostalgie,
J’imaginais escalader les cieux,
Et, souffrant-de-Neuf, je m’en suis allé, Dieu,
Dans la longue traîne fauve qui m’embrasait.
À peine parti, de toute part assailli,
J’avais retrouvé ma douleur… Tout était pareil :
La chimère, étreinte, était réelle,
La merveille, elle aussi, prenait couleur !
Écho de moi-même en silence, la nuit obscure
Me plongea ainsi dans la chute sans remède ;
En moi-même profondément englouti,
Desséché, par trop d’ennui je me suis endurci.
Aujourd’hui, seule me reste une joie :
Si semblables et si vides, les instants
Jour après jour me volatilisent,
De plus en plus véloces, de plus en plus ténus.
trad. Michel Chandeigne, Dominique Touati
Minos La différence 2007