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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: magnanimité

Vengeance généreuse et magnanimité ridicule

22 lundi Nov 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Dostoievski, magnanimité, rancune, vengeance

« Je le jure! je ne suis pas rancunier ni vindicatif. Sans doute, j’ai toujours envie, et jusqu’à la douleur, de me venger quand on m’offense, mais, je le jure, c’est seulement par la générosité. Je le lui rendrai en générosité, mais de façon qu’il le sente, qu’il le comprenne, et me voilà vengé! A. ce propos, j’ajouterai : je ne suis pas vindicatif, mais je suis rancunier, quoique généreux : en est-il de même chez les autres? A ce moment, alors, j’étais arrivé avec des sentiments généreux, peut-être ridicules, soit! mais il vaut mieux être ridicule et magnanime que de ne pas être ridicule, mais d’être bas, vulgaire, médiocre! »

Dostoïevski, L’adolescent, trad. Pierre Pascal, Folio, p. 540

O Freunde, nicht diese Töne!

02 mercredi Juin 2021

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Abel Bonnard, amour, magnanimité, plainte

Le mercredi c’est Bonnard !

« C’est for faire à l’amitié que de se plaindre de son ami à un autre qu’à lui, et dès qu’il s’agit d’un sentiment sérieux, cela n’est même pas concevable : dans une amitié réelle, comme dans un véritable amour, toutes les peines que nous éprouvons sont nécessairement vouées au silence, si nous n’en faisons point part à l’être dont elles nous viennent. Car nous avons tiré cet être si haut et si loin de tout le reste des hommes, que, sur le plan où nous l’avons mis, nous ne rencontrons plus que lui, et pouvoir se plaindre aux autres d’une personne qu’on a aimée, cela prouve qu’on l’aimait bien mal, puisqu’on l’aimait parmi les autres. »

Abel Bonnard, L’amitié

Je souscris spontanément à l’idée qu’il y a quelque chose d’inconvenant à se plaindre à un tiers d’une personne qu’on aime : prenez une maîtresse si vous voulez, mais, de grâce, pas pour vous plaindre de votre femme auprès d’elle ! Il y aurait, évidemment quelques restrictions à énoncer : il va de soi qu’une femme battue est en droit de se plaindre de son conjoint. De manière générale il faudrait préciser quels sont les actes de la personne aimée qui peuvent être qualifiés de trahison et qui suspendent les obligations créées par l’amour.

Il importe de noter que Bonnard ne se contente pas de nous dissuader de nous plaindre de la personne aimée auprès d’un tiers, il nous encourage par ailleurs à faire preuve – dans l’amitié comme dans l’amour – de la politesse qui consiste à prendre sur soi et à « retenir les reproches ».

« Le vulgaire est enclin à penser que la politesse ne doit régner que sur la partie publique de notre vie et être absente du reste ; rien n’est moins exact. Elle étend son empire sur tous nos sentiments, et son action y devient d’autant plus pénétrante qu’elle se manifeste moins distinctement. Comme elle nous a servi à éloigner les gens ordinaires, elle nous sert à rapprocher ceux qui ne le sont pas ; comme elle nous a permis d’éviter des heurts, elle favorise des rencontres ; la politesse jette des ponts, quand elle ne creuse plus des fossés. Elle n’est nulle part si raffinée que dans l’amitié, puisqu’elle y donne une expression ingénieuse à ce que nous éprouvons de plus sincère ; mais la politesse de l’amour est merveilleuse, parce qu’elle se joue dans un monde qui semble l’exclure, parmi les transports, les serments, les abandons, les murmures ; elle retient les reproches, elle dirige les aveux, elle s’insinue dans la tendresse, elle corrige et gouverne les mots éperdus que la passion nous inspire, mais d’abord, ici comme ailleurs, elle nous fait un devoir de garder en nous, pour en souffrir seuls, les sentiments pénibles dont un homme non poli se soulagerait en tourmentant celle qui les cause. »

Abel Bonnard, Savoir aimer

On peut rattacher ces recommandations à l’idéal de magnanimité dont il était question dans ce passage consacré aux scène de ménage.

Petite philosophie des scènes de ménage

14 vendredi Mai 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Abel Bonnard, amour, couple, dispute, magnanimité

« Quant aux scènes, il suffit de revoir en nous celles où nous avons été mêlés pour en sentir la laideur. Lorsque deux amants n’ont plus rien à se donner, il ne suffit pas que leur amour soit fini pour qu’ils aient licence de se quitter : il faut encore qu’ils le gâchent. Le besoin de se retrouver survit en eux aux jouissances qui l’ont justifié : quand ils ne savent plus se prodiguer de doux plaisirs, ils s’en procurent d’amers ; quand leurs âmes ne volent plus vers un accord, elles rampent vers une dispute. C’est le temps de ces dialogues insidieux, de ces critiques obliques, de ces remarques malignes où chacun profite, pour atteindre l’autre au point le plus sensible, de ce qu’il en a appris dans la nudité de leurs abandons, de sorte qu’on pourrait dire que beaucoup d’amours médiocres ont plus de raffinement dans la méchanceté où elles s’achèvent que dans la tendresse où elles ont commencé. Banales dans leur partie d’accord, elles deviennent savantes dans leur partie de discorde et ceux qui n’ont su s’aimer que d’une façon très commune montrent plus de talent quand il s’agit pour eux de se nuire. Parfois l’âme excédée échappe à la perfidie par la violence, les deux amants s’attaquent par des reproches directs, mais ils n’en sont pas plus francs pour cela, et il règne autant de mauvaise foi dans les paroles qu’ils se crient que dans celles qu’ils se disent. Cependant il est vrai que les scènes prolongent la durée d’un amour, mais c’est en altérant sa nature : remuant tout ce qui est en nous, elles peuvent aussi bien y émouvoir une bonté interlope qu’une cruauté sournoise : cette femme qui n’était plus pour son amant qu’une maîtresse fastidieuse reprend quelque prix lorsqu’il la saisit comme une ennemie vaincue et quand tous ses charmes sont épuisés, elle a ses larmes pour dernier attrait. Mais si les scènes sont la fontaine de jouvence d’un amour vieilli, elles ne le rajeunissent que pour un temps de plus en plus court ; d’abord une d’elles le faisait revivre toute une semaine, bientôt elle ne le ranime que pour quelques heures. Ceux qui sont forcés de se détester de plus en plus pour s’aimer encore un peu finissent par se haïr tout à fait et ils perdent jusqu’à la ressource de croire à l’amour, à cause de ce qu’ils ont fait du leur. »

Abel Bonnard, Savoir aimer, chap. VII, Albin Michel

Une scène de ménage à propos du ménage

« Ce n’est pas toujours par simple méchanceté que nous blessons un être aimé de nos paroles malignes ; elles sont comme une recherche désespérée de toutes les qualités qu’il ne nous montre plus ; nous voudrions, par nos reproches mêmes, le pousser à nous donner tort en se révélant à nous et tandis qu’il nous riposte par des reproches semblables et entretient ainsi le combat, nous avions espéré qu’il allait nous faire tomber les armes des mains, en répondant à nos coups par des rayons. La vie en commun demande superficiellement de la politesse et profondément de la magnanimité. C’est à nous à rompre sans cesse le sortilège de mesquinerie qu’elle jette sur nous, à détraquer par l’intervention de notre personne l’automate en quoi l’habitude allait nous changer. Nous devons provoquer les dépenses de l’autre par nos largesses, appeler son âme lointaine dans son corps tout proche ; notre magie doit l’amener à remplir de sa présence réelle le cadre de sa présence apparente. »

ibid. chap. VIII

Degrés d’humiliation et de magnanimité

16 dimanche Avr 2017

Posted by patertaciturnus in Perplexités et ratiocinations, Tentatives de dialogues

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humiliation, magnanimité, vengeance

– Ce n’est pas très glorieux à avouer mais je crois que j’aimerais bien avoir une occasion d’humilier Clotaire …
– Il a offensé ton amour-propre par le passé ?
– Oui
– Et tu penses vraiment qu’une humiliation infligée dédommage d’une humiliation subie ?
– En fait j’aimerai avoir une occasion de l’humilier pour pouvoir me montrer grand-seigneur en m’abstenant de la saisir.
– Je comprends : l’humilier comme il t’a humilié ce serait au mieux rétablir l’égalité entre vous, alors que t’en abstenir serait en quelque sorte t’élever au dessus de lui.
-C’est un peu ça l’idée, en effet.
– Mais, as-tu vraiment besoin d’une occasion de te venger pour dépasser la logique de la vengeance ?
– Je crois, oui
– Dans ce cas, ce que tu veux, au fond, n’est-ce pas infliger à Clotaire une humiliation de second ordre en lui faisant sentir que tu t’abstiens de lui infliger l’humiliation de premier ordre qu’il serait en ton pouvoir de lui administrer ?
– Ta question c’est : est-ce que le spectacle de ma propre magnanimité est une condition de son exercice ?
– Oui, c’est-ça
– Je devine qu’une réponse positive ne serait pas très flatteuse pour moi …
– Disons que vouloir lui donner le spectacle de ta propre grandeur d’âme c’est moins sortir de la logique de la vengeance que de la poursuivre de manière plus subtile … Une magnanimité de degré supérieure consisterait une forme supérieure de magnanimité consisterait à t’abstenir de l’humilier et de lui faire sentir que tu t’en abstiens.

Magnanimité

25 lundi Jan 2016

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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magnanimité, Malek Haddad

« Tu es trop grand, poète mon ami, pour être sectaire et tu méprises trop les imbéciles pour ne pas être vigilant. »

Malek Haddad, A mon ami le poète algérien

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