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Nous sommes au gué décevant
Qui va des vivants chez les morts
La passerelle du remords
Qui va des morts chez les vivants
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Louis Aragon, Le monde illustré, in Le nouveau crève-cœur
18 vendredi Mai 2018
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Nous sommes au gué décevant
Qui va des vivants chez les morts
La passerelle du remords
Qui va des morts chez les vivants
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Louis Aragon, Le monde illustré, in Le nouveau crève-cœur
06 dimanche Mai 2018
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Pour qui pourtant les fleurs hormis toi que j’aimai
Et le plus beau printemps je ne saurai qu’en faire
Sans toi mais le plus bel avril le plus doux mai
Sans toi ne sont que deuil ne sont sans toi qu’enfer
Rendez-moi rendez-moi mon ciel et ma musique
Ma femme sans qui rien n’a chanson ni couleur
Sans qui Mai n’est pour moi que le désert physique
Le soleil qu’une insulte et l’ombre qu’une douleur
Louis Aragon, Le printemps in Le crève-cœur
06 mercredi Jan 2016
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Autrefois tout semblait ne pas nous concerner
Tous les événements portaient des millésimes
Tout se passait très loin très haut dans les années
Ce n’est que dans les journaux qu’on lisait les crimes
Rien n’arrivait jamais que les hasards prévus
On se trouvait heureux de ses malheurs intimes
Le grêle brusquement sur nous s’est abattue
Elle coupe elle hache effiloche égratigne
Fouaille et fouette à la fois les feuilles éperdues
Elle cogne à la vitre elle perce la vigne
Elle frappe la vie en ses tendres surgeons
Elle écorche les troncs coche l’herbe à son signe
Et les paumes des fleurs et la chair des bourgeons
Elle arrache du front des forêts les châtaignes
Et disperse le vol affolé des pigeons
L’homme court en tout sens et les lampes s’éteignent
Son manteau se rabat sur sa face de sang
Il ne sait même plus si c’est l’âme qui saigne
Il ne sait même plus quel mal son corps ressent
Il crie et tout à coup s’étrangle d’épouvante
Il s’est pris dans la peur des troupeaux hennissants
Et la foule animale énorme et violente
Louis Aragon, Le roman inachevé,
08 samedi Août 2015
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Le temps n’est que longue paresse
Aux prés mouillés les soirs sont doux
Restez restez rien ne vous presse
La pluie est si belle au mois d’août
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Louis Aragon, Deux ans après I
14 jeudi Mai 2015
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LE PHENIX RENAÎT DE SES CENDRES
à Giorgio de Chirico
Sur l’amour on avait écrit
Sortie de secours interdite en cas d’incendie
Sur le ciel on avait écrit
Vous vous trompez ce n’est pas par ici
Et sur la nuit on avait écrit
On n’avait écrit rien du tout sur la nuit
Louis Aragon, Le mouvement perpétuel
13 samedi Sep 2014
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Il peut sans peine sommeiller
Il n’est pas mort Il bouge dans un monde plus mou
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Louis Aragon, Sommeil de plomb, in Le mouvement perpétuel
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Jours carolingiens Nous sommes des rois lâches
Nos rêves se sont mis au pas mou de nos vaches
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Louis Aragon, Vingt ans après, in Le crève-cœur
26 mardi Août 2014
Posted Fantaisie, Food for thought
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« Par ailleurs, la rime est la clef, la véritable gardienne de la prononciation populaire : Mes amis que reste-t-i – A ce dauphin si genti … dit par exemple l’air des « Cloches de Vendôme ». Et nous dirions Vilon comme tout le monde, si François Villon ne s’était prémuni contre notre ignorance en faisant rimer son nom avec couillon. »
Louis Aragon, La rime en 1940
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Aragon fait référence à la Ballade finale du testament de Villon, mais il y d’autres occurences du nom de Villon à la rime dans l’œuvre.
Ici se clôt le testament
Et finit du pauvre Villon.
Venez à son enterrement,
Quand vous orrez le carillon,
Vêtus rouge com vermillon,
Car en amour mourut martyr :
Ce jura-t-il sur son couillon
Quand de ce monde vout partir.
Et je crois bien que pas n’en ment,
Car chassé fut comme un souillon
De ses amours haineusement,
Tant que, d’ici à Roussillon,
Brosse n’y a ne brossillon
Qui n’eût, ce dit-il sans mentir,
Un lambeau de son cotillon,
Quand de ce monde vout partir.
Il est ainsi et tellement,
Quand mourut n’avoit qu’un haillon ;
Qui plus, en mourant, malement
L’époignoit d’Amour l’aiguillon ;
Plus aigu que le ranguillon
D’un baudrier lui faisoit sentir
(C’est de quoi nous émerveillon)
Quand de ce monde vout partir.
Prince, gent comme émerillon,
Sachez qu’il fit au départir :
Un trait but de vin morillon,
Quand de ce monde vout partir.
10 vendredi Jan 2014
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Il est inutile de geindre
Si l’on acquiert comme il convient
Le sentiment de n’être rien
Mais j’ai mis longtemps pour l’atteindre
On se refuse longuement
De n’être rien pour qui l’on aime
Pour autrui rien rien par soi même
Ça vous prend on ne sait comment
On se met à mieux voir le monde
Et peu à peu ça monte en vous
Il fallait bien qu’on se l’avoue
Ne serait-ce qu’une seconde
Une seconde et pour la vie
Pour tout le temps qui vous demeure
Plus n’importe qu’on vive ou meure
Si vivre et mourir n’ont servi
…
Louis Aragon, Le roman inachevé
Le poème complet est composé de dix-huit quatrains. Je me suis limité aux quatre premiers qui ont ma préférence et que je connais quasi par cœur. Les amateurs sauront trouver le reste.
Le poème appartient à une section de recueil intitulée « les mots qui ne sont pas d’amour » à laquelle « répond » d’ailleurs une autre section tout aussi joliment intitulée : « l’amour qui n’est pas des mots ».
Quant au « sentiment de n’être rien » qui peut dire qu’il l’a atteint « comme il convient »?