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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: littérature

Le retour de l’éthicisme (2)

07 samedi Mar 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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éthique et esthétique, Iris Murdoch, littérature

« In the case of fiction the subject matter is usually, also, individual people. The work of fiction is not only all that self-contained and, again, usually moral, set of judgements which we think of as making the unity of the critic and the author; it is also concerned with judgements which we make in ordinary life, external judgements, judgements upon real people which are not totally unlike judgements which we make upon people in literature. This openness, this ordinariness may be deplored by some purists but to escape from it requires a good aesthetic excuse as well as a good deal of ingenuity. I see no reason to be worried here. Other people are, after all, the most interesting features of our world and in some way the most poignantly and mysteriously alien. Literature tells us things and teaches us things. In portraying characters the author displays most clearly his discernment, his truthfulness, his justice, or his lack of these qualities, and one of our enjoyments lies in considering and judging his judgements. The highest pleasures of literature and, one might say, of art generally, are in this sense moral pleasures. »

Iris Murdoch, Existentialists and Mystics

Du même monde …

09 samedi Nov 2019

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Karen Blixen, littérature

« Il se demanda si le grand poète permettait à ses personnages, à Wilhelm Meister, Werther, Dorothée, de fréquenter les siens. Il devait à coup sûr exister un ordre social dans le monde romanesque, puisqu’il y en avait un partout, et jusqu’à Hirschholm. En fait c’était peut-être là le critère d’une véritable œuvre d’art, qu’ont pût imaginer ses personnages en compagnie de ceux des grands maîtres, et visitant les leix des grandes œuvres. Elmire et Tartufe pourraient fort bien débarquer à Chypre pour y être accueilli par le jeune Cassio, à défaut de son maître, après avoir croisé en route un navire aux voiles brunes qui cinglait vers Schiera. »

Karen Blixen, Le poète, in Sept contes gothiques, p. 503

Écriture et judéité

03 dimanche Déc 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures, Mysticismes

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Edmond Jabès, judéité, littérature

« A la question : « Vous considérez-vous comme un écrivain juif? » j’ai toujours répondu : « Je suis écrivain et juif » ; réponse, a priori, déconcertante mais qui relève du souci majeur de ne pas réduire l’un et l’autre à ce que je pourrais en dire en les confondant.
Et, pourtant, c’est en m’affirmant comme écrivain que je me suis senti déjà juif. En ce sens que l’histoire de l’écrivain et celle du Juif ne sont que l’histoire du livre dont ils se réclament.
Ce sont mes interrogations d’écrivain qui m’ont permis d’aborder, dans sa gravité, le questionnement juif ; comme si le devenir juif, à un moment donné, n’était plus qu’un devenir-écriture.
Le rapport du Juif — talmudiste, cabbaliste — au livre est, dans sa ferveur, identique à celui que l’écrivain entretient avec son texte. Tous deux ont même soif d’apprendre, de connaître, de décrypter leur destin gravé dans chaque lettre où Dieu s’est retiré. Et qu’importe si leur vérité diffère ! Elle est vérité de leur être. Elle est vérité de leur langue. Parole de deux livres en un ; car l’écrivain juif n’est pas nécessairement celui qui, dans ses écrits, privilégie le mot « juif » mais celui pour qui le mot « juif » est dans tous les mots du vocabulaire ; mot d’autant plus absent qu’il est, à lui seul, chacun d’eux.
[…]
Il y a, pour le Juif et pour l’écrivain, un perpétuel commencement — qui n’est pas un recommencement —, un même étonnement face à l’écrit, une même foi dans ce qui reste encore à lire, à dire. Dieu est Sa parole et cette parole vivante est éternellement récrite. Le Juif croyant ne peut aller à Dieu qu’en passant par le Livre, mais le commentaire du Texte originel n’est pas -commentaire de la Parole divine. Il est celui de l’humaine parole éblouie par celle-ci, tel le papillon nocturne par la flamme. Le commentaire de l’affolement du papillon et non celui de l’aveuglante ampoule. Le destin de l’insecte et du livre est de périr brûlés ; mais ils ne meurent pas de la même façon ni dans le même laps de temps. Multiples sont les approches du texte et, souvent, énigmatiques. Les voies du livre sont voies d’instinct, d’écoute, d’attente, de réserve, d’audace, tracées par le vocable, soutenues par la question. Chemins d’ouverture. »

Edmond Jabès, Le Livre des marges, p. 181-183

*

Si ce texte éclaire le sens de l’étrange mystique du Livre et de l’écriture qui suscite ma perplexité chez Jabès, il ne suffit pas à lever ma circonspection.

Il me paraît intéressant de confronter ce texte de Jabès à un texte que j’avais cité naguère dans lequel Joubert met plutôt en garde contre la sacralisation de la littérature et l’ambition de rivaliser avec les vrais livres sacrés.

L’amour des livres

15 vendredi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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amour, littérature, William Faulkner

Il se contenta de penser, tranquillement : « c’est donc ça l’amour. Je vois. Encore un point sur lequel je me trompais », pensant, comme il avait déjà pensé, comme il penserait encore, comme tous les hommes ont pensé : combien le plus profond de tous les livres peut être faux quand on veut l’appliquer à la vie.

[…]

« Peut-être a-ton raison de mettre l’amour dans les livres, pensait-il tranquillement. Peut-être qu’il ne peut vivre ailleurs. »

William Faulkner, Lumière d’août
trad. Maurice-Edgar Coindreau, Folio, p. 597

 

Poubelles de l’histoire et littérature

16 mardi Sep 2014

Posted by patertaciturnus in Food for thought, Perplexités et ratiocinations

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littérature, Paul Valéry, poésie, postérité, poubelles de l'histoire

« Quand à la suite des romantiques, nous condamnons à la mort presque toute la poésie du 18e siècle, nous avons sans doute raison – ce qui ne tire pas à conséquence, car les mots avoir raison n’ont absolument aucun sens en ces matières. –

Mais nous devons toutefois prendre garde à tout ce qu’enveloppe notre sentence capitale – Elle ne fait rien de moins que de décréter notre supériorité certaine et générale sur le peuples de lecteurs et connaisseurs de l’époque frappée. Nous contestons les plaisirs qu’ont goûté ces fantômes. Nous ne voulons pas qu’ils aient joui de leurs poètes, – ou nous voulons que ces plaisirs n’aient pas été de vrais plaisirs.

Ce qui est excessivement comique..

Mais de plus nous assurons la postérité qu’elle jouira de nous, et ne se reprendra jamais aux J.-B. Rousseau. »

Paul Valéry, Poésie, in Ego scriptor, p. 116

*

livresenvrac

Source

Je ne suis pas complètement convaincu par l’analyse que propose Valéry dans le deuxième paragraphe. Condamner à mort l’essentiel de la poésie du XVIIIe siècle ce n’est pas, selon moi, contester le fait que les contemporains aient réellement joui de ces poèmes, ni leur droit à y prendre plaisir. Il me semble que la sentence signifie plutôt que les œuvres en question ne méritaient pas  l’engouement qu’elles ont effectivement suscité.  Mais qu’entendons nous par là? Peut-être voulons-nous dire : « si, comme nous, ils avaient pu connaître Rimbaud ou Mallarmé, ils ne se seraient pas entichés de J.-B. Rousseau. » Mais une telle interprétation a quelque chose de naïf : si par miracle un auteur du XVIIIe avait produit Le bateau ivre ou Un coup de dé, il est probable qu’il n’aurait pas obtenu de la part de ses contemporains la reconnaissance qu’ont obtenue les véritables auteurs de ces œuvres un siècle plus tard (et encore pas de manière immédiatement généralisée…). De surcroît, il faudrait encore expliquer, dans mon hypothèse, comment les lecteurs du XVIIIe siècle ont pu méconnaître la supériorité des poètes antérieurs sur ceux de leur siècle.

250px-Rousseau,_Jean-Baptiste

Reconnaissez vous cet individu?

Même si la sentence n’a pas la signification exacte que lui prête Valéry, elle a effectivement quelque chose de comique. Qu’est ce qui nous autorise à prendre un engagement sur la postérité ? Nous le faisons, certes, en matière scientifique, quand nous jugeons que la physique d’Aristote n’a plus qu’un intérêt historique et que son heure ne reviendra jamais. Mais pouvons avoir d’aussi bonnes de croire que J.-B. Rousseau ne ressortira pas des poubelles de l’histoire littéraire? On peut en douter. Il me semble d’ailleurs qu’on parle couramment de « purgatoire » pour désigner la désaffection temporaire qui frappe un auteur qui a connu son heure de gloire. On se rassurerait peut-être trop facilement en supposant que ces oscillations entre purgatoire et retour en grâce ne concernent qu’une période finalement limitée, le temps que s’opère la décantation des vraies valeurs. A supposer qu’on admette l’idée d’un véritable progrès du goût (plutôt que des évolutions erratiques) pour justifier notre conviction du caractère irréversible de nos sentences, il faudrait encore expliquer comment il peut y avoir un progrès du goût mais pas un progrès de l’art. Ceux qui croient qu’une hiérarchie stable des valeurs artistiques peut se dégager de l’histoire ne croient pas pour autant,  loin de là, que l’ordre d’importance corresponde à l’ordre chronologique. Il est vraisemblable que ceux qui sont convaincus que « la postérité ne se reprendra jamais aux J.-B. Rousseau » sont aussi convaincus que Villon est un poète plus important que tous les J.-B.Rousseau ou même les parnassiens. Il me semble que la certitude dont on fait parfois preuve quant au caractère définitif de certaines sentences n’équivaut pas à une croyance (celle-ci fut-elle erronée) dans le progrès du goût. Admettre un progrès du goût permettrait certes d’exclure le retour en grâce des poètes du XVIIIe, mais cela impliquerait aussi d’admettre la possibilité qu’une postérité plus avancée fasse subir aux Fleurs du mal ou aux Romances sans paroles le sort que nous avons infligé aux tragédies de Voltaire. Si le progrès que l’on admet n’est pas déjà achevé, seuls nos jugements négatifs sont définitifs ; or il me semble que certaines de nos consécrations contiennent la même prétention au définitif que nos condamnations : nous imaginons aussi difficilement le retour en grâce de J.B. Rousseau que l’éviction de Baudelaire ou Verlaine  du panthéon poétique.

Consoler les écrivains médiocres en rabaissant la littérature

10 mercredi Sep 2014

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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Joseph Joubert, littérature

« Être un aigle ou une chenille, dans le monde intellectuel, me paraît à peu près égal. L’essentiel est d’y avoir une place marquée, un rang assigné et d’y appartenir distinctement à une espèce régulière et innocente. Il n’y a que les livres sacrés qui obtiennent un empire absolu et durable.  Tous les autres ne font qu’occuper plus ou moins sérieusement les moments perdus de quelques fainéants : ils ne font d’autre bien aux hommes que de les habituer à des plaisirs qui ne viennent ni de la chair ni de l’argent. Rendre les hommes spirituels ou leur faire goûter les choses de l’esprit me paraît le seul fruit que leur nature ait attaché à nos productions littéraires. Quand elles ont d’autres effets, c’est par hasard et c’est tant pis. Les livres qui s’emparent tellement de notre esprit qu’ils dégoutent de tous les autres sont pernicieux.  Ils n’introduisent dans la société que des singularités et des sectes. Ils y introduisent une plus grande variété de poids, de règles, de mesures. Ils y troublent la morale et la politique. Il faut laisser régner les bibles et n’aspirer qu’à plaire  et non à dominer. Mais il faut aspirer à plaire à la meilleure partie de l’âme. Et à cet égard un petit talent, s’il se tient dans ses bornes et s’il remplit se tasche, peut atteindre le but comme un plus grand. »

Joseph Joubert, 4 mai 1803, Carnets I, p. 530

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