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~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

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Archives de Tag: les vivants et les morts

Les vivants et les morts

25 mercredi Août 2021

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Goethe, les vivants et les morts

Dans le premier chapitre de la seconde partie des Affinités électives Goethe nous présente le réaménagement du cimetière opéré à l’initiative de Charlotte ce qui donne lieu à des échanges entre celle-ci et un jeune architecte sur la raison d’être des monuments funéraires. Je livre à votre méditation cette tirade de Charlotte :

« Faut-il vous dire ma pensée tout entière à ce sujet ? Les bustes et les statues, considérés comme monuments funéraires, ont quelque chose qui me répugne. J’y vois un reproche perpétuel qui, en nous rappelant ce qui n’est plus, nous accuse de ne pas assez honorer ce qui est. Et comment pourrait-on, en effet, ne pas rougir de soi-même, quand nous songeons au grand nombre de personnes que nous avons vues et connues, et dont nous avons fait si peu de cas ? Combien de fois n’avons-nous pas rencontré sur notre route des êtres spirituels, sans nous apercevoir de leur esprit ;  des savants, sans utiliser leur science ; des voyageurs, sans profiter de leurs récits ; des cœurs aimants, sans chercher à  mériter leur affection ? Cette vérité ne s’applique pas seulement aux individus que nous avons vus passer ; non, elle est l’exacte mesure de la conduite des familles envers leurs plus dignes parents, des cités envers leurs plus estimables  habitants, des peuples envers leurs meilleurs princes, des nations envers leurs plus grands citoyens. » J’ai entendu plusieurs fois demander pourquoi on louait les morts sans restriction, tandis qu’un peu de blâme se mêle toujours au bien qu’on dit des vivants ; et alors des hommes sages et francs répondaient qu’on agissait ainsi parce qu’on n’avait rien à craindre des morts, et qu’on était toujours exposé à rencontrer, dans les vivants, un rival sur la route que l’on suivait soi-même. En faut-il davantage pour prouver que notre sollicitude à entretenir des rapports vivants entre nous et ceux qui ne sont plus, ne découle point d’une abnégation grave et sacrée de nous-mêmes, mais d’un égoïsme railleur. »

Goethe, Les affinités électives, II, 1

Morts vivants

17 dimanche Mai 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Jean-Paul Sartre, les vivants et les morts, Marina Tsvetaieva

« Lorsqu’à une quelconque réunion littéraire française, j’entends tous les noms sauf celui de Proust, de dis dans un étonnement innocent ; « Et Proust? » – Mais Proust est mort, nous parlons des vivants »,  – c’est chaque fois comme si je tombais des nues  ; d’après quel indice établit-on que l’écrivain est vivant ou mort ? Est-ce que vraiment X est vivant, contemporain et actif parce qu’il peut venir à cette réunion, alors que Marcel Proust, parce qu’il ne peut plus aller nulle part sur ses jambes est mort? On ne peu juger ainsi que les coureurs. »

Marina Tsvetaïeva, Vivre dans le feu, p. 446

*

« Le titre de notre colloque est « Kierkegaard vivant ». Il a le mérite de nous plonger au cœur du paradoxe et Soeren, lui-même, en sourirait. Car, si nous étions réunis pour parler de Heidegger, par exemple, nul n’aurait songé à baptiser notre rencontre « Heidegger vivant ». Kierkegaard vivant, cela signifie donc « Kierkegaard mort ». Non point cela seulement. Cela veut dire qu’il existe pour nous, qu’il fait l’objet de nos discours, qu’il a été un instrument de notre pensée. Mais, de ce point de vue, on pourrait employer la même expression pour désigner n’importe quel mort qui est entré dans la culture. Dire par exemple « Arcimboldo vivant », puisque le surréalisme permet de reprendre ce peintre et de l’éclairer d’un jour neuf, c’est faire de lui un objet dans ce que Kierkegaard appelait l’historico-mondial. Or, précisément, si Soeren est pour nous comme un objet radioactif, quelles que soient son efficacité et sa virulence, il n’est plus ce vivant dont la subjectivité se pose nécessairement, en tant qu’elle est vécue, comme autre que ce que nous en savons. Bref, il s’effondre dans la mort. Ce scandale historique que provoque l’abolition du subjectif en un sujet de l’Histoire et le devenir-objet de ce qui fut agent, il éclate à propos de tous les disparus. L’Histoire est trouée. Mais nulle part il n’est plus manifeste que dans le cas du « chevalier de la subjectivité ». »

Jean-Paul Sartre, L’universel singulier, in Situations

Changement d’état

18 vendredi Mai 2018

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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les vivants et les morts, Louis Aragon

…

Nous sommes au gué décevant
Qui va des vivants chez les morts
La passerelle du remords
Qui va des morts chez les vivants

…

Louis Aragon, Le monde illustré, in Le nouveau crève-cœur

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