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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: judéité

Élection et persécution

02 mardi Avr 2019

Posted by patertaciturnus in Lectures, Mysticismes

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judéité, Max Jacob

« Je vous remercie de m’avoir fait naître de la race juive souffrante car celui-là seul est sauvé qui souffre et qui sait qu’il souffre et offre à Dieu sa souffrance. Or vous m’avez fait souffrir dès mon enfance étouffée, abominable – dans cette race humiliée déjà – et si vous ne m’aviez pas donné conscience alors, vous m’aviez réservé de pouvoir un jour vous offrir cette contribution à mon salut. »

Max Jacob, Méditations religieuses, sept 1941, 8h10

Écriture et judéité

03 dimanche Déc 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures, Mysticismes

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Edmond Jabès, judéité, littérature

« A la question : « Vous considérez-vous comme un écrivain juif? » j’ai toujours répondu : « Je suis écrivain et juif » ; réponse, a priori, déconcertante mais qui relève du souci majeur de ne pas réduire l’un et l’autre à ce que je pourrais en dire en les confondant.
Et, pourtant, c’est en m’affirmant comme écrivain que je me suis senti déjà juif. En ce sens que l’histoire de l’écrivain et celle du Juif ne sont que l’histoire du livre dont ils se réclament.
Ce sont mes interrogations d’écrivain qui m’ont permis d’aborder, dans sa gravité, le questionnement juif ; comme si le devenir juif, à un moment donné, n’était plus qu’un devenir-écriture.
Le rapport du Juif — talmudiste, cabbaliste — au livre est, dans sa ferveur, identique à celui que l’écrivain entretient avec son texte. Tous deux ont même soif d’apprendre, de connaître, de décrypter leur destin gravé dans chaque lettre où Dieu s’est retiré. Et qu’importe si leur vérité diffère ! Elle est vérité de leur être. Elle est vérité de leur langue. Parole de deux livres en un ; car l’écrivain juif n’est pas nécessairement celui qui, dans ses écrits, privilégie le mot « juif » mais celui pour qui le mot « juif » est dans tous les mots du vocabulaire ; mot d’autant plus absent qu’il est, à lui seul, chacun d’eux.
[…]
Il y a, pour le Juif et pour l’écrivain, un perpétuel commencement — qui n’est pas un recommencement —, un même étonnement face à l’écrit, une même foi dans ce qui reste encore à lire, à dire. Dieu est Sa parole et cette parole vivante est éternellement récrite. Le Juif croyant ne peut aller à Dieu qu’en passant par le Livre, mais le commentaire du Texte originel n’est pas -commentaire de la Parole divine. Il est celui de l’humaine parole éblouie par celle-ci, tel le papillon nocturne par la flamme. Le commentaire de l’affolement du papillon et non celui de l’aveuglante ampoule. Le destin de l’insecte et du livre est de périr brûlés ; mais ils ne meurent pas de la même façon ni dans le même laps de temps. Multiples sont les approches du texte et, souvent, énigmatiques. Les voies du livre sont voies d’instinct, d’écoute, d’attente, de réserve, d’audace, tracées par le vocable, soutenues par la question. Chemins d’ouverture. »

Edmond Jabès, Le Livre des marges, p. 181-183

*

Si ce texte éclaire le sens de l’étrange mystique du Livre et de l’écriture qui suscite ma perplexité chez Jabès, il ne suffit pas à lever ma circonspection.

Il me paraît intéressant de confronter ce texte de Jabès à un texte que j’avais cité naguère dans lequel Joubert met plutôt en garde contre la sacralisation de la littérature et l’ambition de rivaliser avec les vrais livres sacrés.

Si tous les abrutis identitaires du monde se donnaient la main

03 dimanche Jan 2016

Posted by patertaciturnus in SIWOTI or elsewhere

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identitarisme, Israel, judéité, mariage mixte, politique du PIR, stupidité

Le ministre israélien de l’éducation vient d’écarter de l’enseignement des lycées Gader Haya , un roman de Dorit Rabinyan qui met en scène une histoire d’amour entre une israélienne et un palestinien. Peut-être après tout n’est ce qu’un ouvrage sans qualité littéraire et dégoulinant de bons sentiments … mais le souci de faire prévaloir un haut degré d’exigence littéraire ne semble pas le motif principal de la décision du ministre  :

« Among the reasons stated for the disqualification of Dorit Rabinyan’s “Gader Haya” (literally “Hedgerow,” but known in English as “Borderlife”) is the need to maintain what was referred to as “the identity and the heritage of students in every sector,” and the belief that “intimate relations between Jews and non-Jews threatens the separate identity.” The Education Ministry also expressed concern that “young people of adolescent age don’t have the systemic view that includes considerations involving maintaining the national-ethnic identity of the people and the significance of miscegenation.” »
Source : Haaretz

Une telle décision devrait réjouir l’égérie du PIR, Houria Bouteldja, qui partage avec ses adversaires-complices les identitaires juifs ou « souchiens » le souci de résister à l’injonction au métissage :

« La perspective décoloniale, c’est s’autoriser à se marier avec quelqu’un de sa communauté. Rompre la fascination du mariage avec quelqu’un de la communauté blanche. C’est tout sauf du métissage — une notion que je ne comprends pas d’ailleurs, je ne sais pas ce que c’est. Pour des générations de femmes et d’hommes, je parle surtout des maghrébins, le mariage avec un blanc était vu comme une ascension sociale. Pour les filles, les hommes blancs étaient vus comme moins machos que les arabes ; pour les garçons, une fille blanche, c’était une promotion. La perspective décoloniale, c’est d’abord de nous aimer nous-même, de nous accepter, de nous marier avec une musulmane ou un musulman, un noir ou une noire. Je sais que cela semble une régression, mais je vous assure que non, c’est un pas de géant. »

Source : Vacarme

Judéité

04 mercredi Mar 2015

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Edmond Jabès, fidélité, judéité, trahison, universalisme

jabes3

Edmond Jabès (source de l’image)

 

«J’ai fait le tour.
J’ai tourné sur moi-même sans trouver le repos.

S’adressant à moi, mes frères de race ont dit :
« Tu n’es pas Juif. Tu ne fréquentes pas la synagogue. »

M’adressant à mes frères de race, j’ai répondu:
« Je porte la synagogue dans mon sein. »

S’adressant à moi, mes frères de race ont dit:
« Tu n’es pas juif. Tu ne pries plus. »

M’adressant à mes frères de race, j’ai répondu
« La prière est ma colonne vertébrale et mon sang. »

S’adressant à moi, mes frères de race ont dit
« Les rabbins dont tu cites les paroles sont des charlatans. Ont-ils jamais existé? Et tu t’es nourri de leurs paroles impies. »

M’adressant à mes frères de race, j’ai répondu
« Les rabbins dont je cite les paroles sont les phares de ma mémoire. — On ne se souvient que de soi. — Et vous savez que l’âme a, pour pétale, une parole. »

S’adressant à moi, le plus ancien de mes frères m’a dit:
« Nos fêtes de Pourim ne sont plus les fêtes de ton carnaval et de tes douceurs. Pâque n’est plus l’anniversaire de ta halte dans le désert et de ton passage dans la mer. Yom Kippour n’est plus la journée de ton jeûne.
Et quelles significations ont, maintenant, pour toi, ces dates cochées dans notre calendrier?
Renié des tiens, volé de ton héritage, qui es-tu?
Tu es Juif pour les autres et si peu pour nous. »

M’adressant au plus ancien de mes frères de race, j’ai répondu:
« J’ai, du Juif, la blessure. J’ai été, comme toi, circoncis le huitième jour de ma naissance. Je suis Juif, comme toi, par chacune de mes blessures.
Mais un homme ne vaut pas un homme? »

S’adressant à moi, le plus pondéré de mes frères de race m’a dit:
« Ne faire aucune différence entre un Juif et celui qui ne l’est pas, n’est-ce pas déjà ne plus être Juif? »

S’adressant à moi, mes frères de race ont poursuivi:
« La fraternité ne consiste pas à se mettre dans la peau de son voisin; mais, à partir de ce qu’il est, le vouloir tel qu’il devrait être, tel que les textes saints exigent qu’il soit, même au risque de lui nuire.
Le critère est le but. Les plus imaginatifs sont les plus fraternels.
L’intransigeance du croyant est pareille à une lame de rasoir dont le souci est d’être tranchante. »

Et ils ont ajouté:
« La fraternité, c’est donner, donner, donner et tu ne pourras jamais donner que ce que tu es. »

Me frappant la poitrine avec mon poing, j’ai pensé
« Je ne suis rien.
J’ai la tête tranchée.
Mais un homme ne vaut pas un homme?
Et le décapité, le croyant? »»

Edmond Jabès, Le livre des questions, Gallimard L’imaginaire, p. 67 – 69

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