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Pater Taciturnus

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Archives de Tag: intellectuels

L’autre dialectique de l’Aufklärung

18 lundi Avr 2022

Posted by patertaciturnus in Lectures

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bêtise, intellectuels, Witold Gombrowicz

Poursuivons l’exercice consistant à faire se rencontrer Gombrowicz et Adorno. Nos deux auteurs se croiseront, cette fois, d’encore plus loin que lors des deux premiers épisodes où j’avais rapproché leurs points de vue d’une part sur l’état de la culture après les traumatismes du XXe siècle et d’autre part sur l’existentialisme. En effet, si, dans l’extrait du Journal de Gombrowicz qu’on lira ci-dessous, il est bien question de retournement dialectique et d’Aufklärung, il faut reconnaître que le processus dont il est question n’a pas grand chose à voir avec ce qui fait l’objet de l’ouvrage de la Dialektik der Aufklärung d’Adorno et Horkheimer.

Pour faciliter la compréhension de l’extrait cité il faut donner un aperçu de son contexte  : Gombrowicz  commente un texte de Czesław Miłosz consacré à Stanislaw Brzozowski  un essayiste polonais mort en 1911. Je ne connais de ce texte que ce qu’en dit Gombrowicz. L’essentiel me semble synthétisé par le passage suivant :

« Milosz prend le parti de Brzozowski, Milosz veut que l’intelligentsia rattrape l’Occident. Il illustre l’élan de la Pologne d’après-guerre vers « l’européanisme » et la « modernité ». »

Witold Gombrowicz, Journal II, Folio, p. 279

Auquel succède la définition par Gombrowicz de sa propre position :

« Eh bien moi, gentilhomme et hobereau, noble seigneur d’une autre époque , j’étends la main et je dis :

– Doucement ! Vous vous trompez de chemin ! Au diable tout cela ! ça ne vous servira de rien ! »

C’est pour étayer cette position de défiance envers l’enthousiasme modernisateur que Gombrowicz s’attache à mettre en lumière un retournement dialectique du mouvement de l’Aufklärung. Cependant,  il ne s’agit pas ici, comme chez Adorno et Horkheimer, d’un renversement de l’émancipation en domination mais plutôt d’un renversement de l’intelligence en bêtise.

« Seulement voilà… il y a cette fatale dialectique de l’histoire… aujourd’hui, à mon avis, cette période [Gombrowicz fait référence à l’élargissement intellectuel qu’ont représenté le marxisme et l’existentialisme au sortir la deuxième guerre mondiale] s’achève tandis que s’annonce le temps de la Grande Déception. Nous nous sommes aperçu, certes, que l’ancienne bêtise avait disparu, mais pour laisser la place à une nouvelle — engendrée justement par l’intellect, son sous-produit, hélas, la bêtise intellec­tuelle…

Milosz reconnaîtrait avec moi, je suppose, que le hobereau de Brzozowski était moins exposé à la bêtise que les hommes d’aujourd’hui. La vision du monde que l’on avait alors reposait sur l’autorité, principalement celle de l’Église, le hobereau allait à la messe le dimanche et les autres jours de la semaine il se livrait à des méditations innocentes : valait-il mieux, par exemple, semer de l’avoine ou du trèfle? Ceux mêmes qui bénéficiaient d’une vie intel­lectuelle plus riche ne se mettaient pas à philoso­pher, la philosophie se faisait en marge, c’était quel­que chose d’important peut-être mais de lointain. Aujourd’hui chacun de nous doit penser le monde et la vie pour son propre compte car les autorités ont fait long feu. Ajoutons que l’intelligence est caracté­risée par une naïveté inouïe, une étrange jeunesse l’anime, ce n’est pas pour rien qu’elle est une des plus récentes réalisations de l’humanité, la plus jeune sans doute… ces intellectuels pleins de fougue ont donc ordonné : pense par toi-même, avec ta propre cervelle, ne fais confiance à personne sans avoir vérifié — et comme si ce n’était pas suffisant, ils ont donné pour consigne de « vivre sa pensée ». Une paille ! Non seulement je dois penser, mais en plus prendre ma pensée au sérieux et la nourrir de mon propre sang ! Les résultats monstrueux ne se sont pas fait attendre. Les penseurs fondamentaux, remontant aux sources pour se reconstruire des mondes à eux, sont devenus légion ; la philosophie est devenue obligatoire. Pourtant l’accès à la pensée la plus élevée, la plus approfondie, illustrée par quel­ques grands noms, n’est pas chose facile : et voilà que nous nous sommes enlisés dans le marécage affreux d’une pensée approximative, caractérisée par une incapacité généralisée à assimiler, dans la bourbe et la boue d’une demi-profondeur.

Mais oui, très sympathique Milosz, ce qui se passe de nos jours en matière d’intellect et d’intellectuels est tout simplement un scandale — et une mystifi­cation, une des plus grandioses de l’histoire. L’intel­lect a longtemps servi à « démystifier », jusqu’au moment où il est devenu lui-même l’instrument d’un monstrueux mensonge. Le savoir et la vérité ont depuis longtemps déjà cessé d’être le souci principal de l’intellectuel — remplacés tout simplement par celui de ne pas laisser voir qu’on ne sait pas. L’intel­lectuel, qui étouffe sous le poids des connaissances qu’il n’a pas assimilées, biaise comme il peut pour ne pas se laisser attraper. Quelles précautions prend-il ? Formuler les choses astucieusement pour ne pas se laisser coincer sur des mots. Ne pas pointer son nez au-delà de ce qu’il maîtrise plus ou moins. Employer des notions sans développer, comme si elles étaient connues de tous mais en fait pour ne pas trahir sa propre ignorance. Laisser entendre qu’il sait. On a vu naître un art particulier : celui de s’escrimer habi­lement avec des idées qu’on ne possède pas, en fai­sant mine d’avoir des bases solides. Une façon parti­culière de citer et de faire usage des noms. »

ibid. p. 276 – 278

Schiller, sociologue du monde intellectuel

03 lundi Mai 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Friedrich von Schiller, intellectuels, marché des idées, production et diffusion

« Il est curieux de voir, à certaines heures de l’histoire littéraire, surgir ainsi toute une race de parasites – à moins que vous n’aimiez mieux les appeler d’un autre nom – analogues à celui-ci[1], des gens qui se font une sorte de raison d’être de ce qu’ont produit les autres, et qui sans enrichir ou élargir eux-mêmes le moins du monde l’empire de l’art ou de la science, contribuent pourtant à répandre ce qui est fait, prennent des idées dans les livres pour les produire à la vie, et sèment les semences de-ci de-là, comme fait le vent ou comme font certains oiseaux. Il faut certainement faire grand cas d’eux à titre d’intermédiaires entre l’écrivain et le public, quelque péril qu’il y ait à les confondre avec le public. »

Schiller, Lettre à Goethe du 20 février 1798

L’hésitation de Schiller sur l’usage du qualificatif de parasite semble assez fondée, car si les individus dont il parle vivent incontestablement du travail des « producteurs primaires » d’idées, il semble bien que la diffusion par les premiers des idées des seconds bénéficie finalement à ces derniers. Je suppose que sur le marché des idées, comme sur les autres marchés l’assimilation de l’intermédiaire à un parasite, tient à une surestimation des possibilités de relation directe entre producteur et consommateur. Schiller mentionne le risque que l’intermédiaire biaise la perception que l’auteur a de son public, on peut penser que le risque de biais existe également en sens inverse (il est vraisemblablement plus courant d’accuser le diffuseur d’altérer la marchandise que de « filtrer » les demandes des consommateurs).[2]

Je serais curieux de savoir s’il y a un rapport entre ce dont parle ici Schiller et ce que Boudon appelle le second marché et donc de savoir si Schiller, non content d’être un précurseur de Bourdieu était aussi un précurseur de Boudon. Malheureusement, Les intellectuels et le second marché ne fait pas partie des  articles lisible gratuitement sur JSTOR.

[1]Schiller fait ici référence à un certain Brinkman, secrétaire de la légation de Suède à Paris qui fut ami de Humboldt et Schleiermacher.

[2] Le cas particulier des traducteurs a été évoqué ici.

Le grand sourd qui a toujours raison

13 dimanche Oct 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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Henri Michaux, intellectuels, Malek Haddad

Homme de lettres

Seul
Être à soi-même son pain,
Et encore, il s’engrange qu’il dit,
Et pète par toutes les fissures.
En bloc, en lames, en jets et en cristal,
Mais derrière le mur de ses paroles,
C’est un grand sourd.

Henri Michaux, Mes propriétés

*

Le pauvre il a toujours raison …

Professeur agrégé de chardons dialectiques
professeur licencié de jargon rhétorique
Aussi parfait qu’une grammaire
Plus solitaire qu’un ténia
Aussi pudique et désertique
Qu’une madone sans tétons
Un âne je vous dis
Un âne sans humour de ce grand honnête homme
Parce qu’enfin les ânes
J’en connais de très bien
– Et puis les bourricots n’ont jamais prétendu
Être autres choses que baudets –
Mais celui là c’était un âne
professeur agrégé de chardons dialectiques
Professeur licencié de jargon rhétorique

Le pauvre, il a toujours raison …

Malek Haddad, Écoute et je t’appelle

 

Reconnaissance contrariée

18 dimanche Sep 2016

Posted by patertaciturnus in Lectures, Perplexités et ratiocinations

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intellectuels, Léon Battista Alberti, Pierre Bourdieu, reconnaissance

« Ah! triste sort des intellectuels! À quoi ressemble leur malheur ? Des fatigues égales à celles de mille hommes, des angoisses sans nombre, des veilles infinies, une pénitence toujours plus grande qui atteint un degré incroyable — tout cela n’étant pas destiné à profiter à plus de trois personnes (encore s’agit-il de ceux qui se signalent par leur perfidie et dont la fortune est disposée autant qu’accoutumée à s’assurer la reconnaissance, le caractère à user de fourberie, l’esprit de mensonge et la vie de bassesse). Ce sont eux que les ignorants trouvent les plus savants, et qui suscitent ces suffrages populaires aussi favorables que téméraires. Aussi n’y aura-t-il qu’un seul adversaire des bonnes lettres, un seul ennemi des bonnes mœurs, un seul opposant aux causes les plus justes, toujours prêt à tous les déshonneurs et à toutes les compromissions, pour s’arroger par son impudence et son effronterie le salaire de tous les lettrés, obscurcir leur gloire par son audace, et ternir leur réputation et leur nom par les manœuvres où il est passé maître. Ah! comme il est cruel de voir que sur mille intellectuels, il n’y en a jamais qu’un pour s’enrichir, et le pire de tous ! »

Léon Battista Alberti, Sur les avantages et les inconvénients des lettres
[De commodis litterarum atque incommodis ],
trad. C. Carraud et R. Lenoir,  J. Millon, 2003

En découvrant ce texte dans une anthologie des humanistes des la Renaissance, le rapprochement avec la situation contemporaine de discordance entre la consécration médiatique et la reconnaissance des intellectuels par leurs pairs m’a paru inévitable. Alberti aurait-il précédé Bourdieu dans la critique des fast-thinkers? Ce rapprochement est peut-être trompeur : après tout l’intellectuel médiatique analysé par Bourdieu n’est pas une figure anhistorique, il a des conditions d’émergence que le sociologue s’efforce d’expliciter. Le monde du journalisme et de l’édition incriminés par l’éminent béarnais n’avaient pas d’équivalents exacts à l’époque d’Alberti. Mais, répondra-t-on, par delà les différences de contexte, ce qui est commun aux sophistes antiques, aux imposteurs du Quattrocento et aux intellectuels médiatiques contemporains, c’est la consécration par ce qu’Alberti appelle le « suffrage populaire« . On pourrait dès lors se demander si les pouvoirs monarchiques ne se sont pas montrés plus avisés dans la consécration des intellectuels que les opinions démocratiques. Philippe de Macédoine n’a pas manqué de jugement en choisissant Aristote pour instruire son fils, Christine de Suède s’est montrée perspicace en invitant Descartes, et de même Frédéric II et Catherine en faisant appel à respectivement à Voltaire et Diderot. Mais à côté de ces choix éclairés, combien d’intellectuels de cour aujourd’hui justement oubliés ? Cette question en appelle une dernière : la consécration des ignorants peut-elle faire entrer indûment un intellectuel dans l’histoire? On a du mal à croire que les œuvres des  essayistes médiatiques contemporains puissent passer à la postérité. Mais, en se souvenant que Jean d’Ormesson est déjà dans le Pléiade, on se gardera de préjuger du destin des œuvres d’Eric Zemmour ou Michel Onfray. Inversement pouvons nous être sûrs qu’aucun imposteur n’est parvenu à se faufiler parmi nos classiques ?

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