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Archives de Tag: Europe

Europe steampunk (2)

20 jeudi Avr 2017

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Auguste Comte, Europe, narcissisme national, universalisme

Revenons une nouvelle fois à l’Europe telle que la conçoit Auguste Comte pour examiner sa conception hiérarchique des relations entre les nations européennes. Aujourd’hui je m’attacherai spécialement à la place de la France dans l’Europe comtienne. Sans surprise, la France se voit reconnaître  une place prépondérante puisqu’elle a le privilège d’être le lieu d’émergence du positivisme qui est l’idéologie qui va fédérer l’Europe puis l’humanité. La France a ainsi vocation à jouer le rôle de guide pour les autres nations. Mais cette prépondérance française ne tient pas simplement à un hasard qui aurait fait naître Auguste Comte en France plutôt qu’ailleurs. Qu’il revienne à un Français (lui-même) de systématiser la doctrine positiviste, ce n’est pas, aux yeux de Comte, un hasard mais l’aboutissement naturel du processus historique.

La France (allégorie).

Avant 1848 (date à laquelle Comte écrit son Discours sur l’ensemble du positivisme) , la Révolution Française avait déjà consacré la France dans rôle d’avant-garde de l’universel :

Dans sa signification négative, le principe républicain résume définitivement la première partie de la révolution, en interdisant tout retour d’une royauté qui, depuis la seconde moitié du règne de Louis XIV, ralliait naturellement toutes les tendances rétrogrades. Par son interprétation positive, il commence directement la régénération finale, en proclamant la subordination fondamentale de la politique à la morale, d’après la consécration permanente de toutes les forces quelconques au service de la communauté. […] En ce sens, la population française, digne avant-garde de la grande famille occidentale, vient, au fond, d’ouvrir déjà l’ère normale. Car, elle a proclamé, sans aucune intervention théologique, le vrai principe social, surgi d’abord, au moyen âge, sous l’inspiration catholique, mais ne pouvant prévaloir que d’après une meilleure philosophie et dans un milieu mieux préparé. La république française tend donc à consacrer directement la doctrine fondamentale du positivisme, quant à l’universelle prépondérance du sentiment sur la raison et sur l’activité.

Discours sur l’ensemble du positivisme,
Système de politique positive, Tome I,  p. 70 – 71

La Révolution française illustre un autre élément important de la conception de Comte : l’idée que celui qui a accédé le premier à la vérité n’a pas à imposer sa direction aux autres par la force, mais que sa prépondérance sera naturellement reconnue. Comme on l’a vu à une autre occasion, la nécessité du recours à la contrainte est conçue comme  ce qui distingue le faux universalisme du vrai et, de surcroît, le recours à la contrainte signifierait ici une confusion de l’initiative spirituelle avec une domination temporelle [1]. Ainsi, pour Comte, l’élan initial de sympathie pour la Révolution dans les autres pays européens dit la vérité de l’universalisme dont est porteur la France ; en revanche, les guerres de la révolution et de l’Empire (Napoléon n’étant pas pour lui « l’esprit du monde sur son cheval » mais plutôt un des super-vilains de l’histoire universelle) ne constituent que des « rétrogradations » temporaires.

« Cependant l’initiative de la grande crise se trouvait nécessairement réservée à la population française, mieux préparée qu’aucune autre branche occidentale, soit quant à l’extinction radicale du régime ancien, soit par l’élaboration élémentaire du nouveau système. Mais les actives sympathies qu’excita dans tout l’Occident le début de notre révolution, indiquèrent que nos frères occidentaux nous accordaient seulement le périlleux honneur de commencer une régénération commune à toute l’élite de l’humanité, comme le proclama, même au milieu de la guerre défensive, notre grande assemblée républicaine. Les aberrations militaires qui ensuite caractérisèrent chez nous la principale phase de la réaction rétrograde durent sans doute suspendre des deux parts le sentiment habituel de cette solidarité nécessaire. Toutefois, il était si enraciné partout, d’après l’ensemble des antécédents modernes, que la paix lui rendit bientôt une nouvelle activité, malgré les efforts continus des divers partis intéressés à perpétuer cette division exceptionnelle. L’uniforme décadence des diverses convictions théologiques facilita beaucoup cette tendance naturelle, en dissipant la principale source des dissentiments antérieurs. Pendant la dernière phase de la rétrogradation, et surtout durant la longue halte qui lui succéda chaque élément occidental s’efforça plus ou moins de suivre une marche révolutionnaire équivalente à celle du centre français. Notre dernière transformation politique ne peut que fortifier encore cette commune disposition, qui pourtant ne saurait aussitôt produire des modifications analogues chez des populations moins préparées. Chacun sent d’ailleurs qu’une telle uniformité d’agitation intérieure tend de plus en plus à consolider la paix qui en favorisa la propagation. Malgré l’absence de liens systématiques équivalents à ceux du moyen âge, le commun ascendant des véritables mœurs modernes, à la fois pacifiques et rationnelles, a déjà réalisé, entre tous les éléments occidentaux, une confraternité spontanée jusqu’alors impossible, et qui ne permet plus d’envisager nulle part la régénération finale comme purement nationale. »

ibid p. 80 -81

Mais par delà la Révolution française, Comte fonde la vocation universelle de la France qui justifie sa prépondérance en Europe sur sa position géographique centrale. Ainsi, bien qu’il arrive à l’universel de faire quelques escapades hors de nos frontières (par exemple en Allemagne lors de la Réforme) il a vocation à séjourner durablement en France.

« Depuis la chute de la domination romaine, la France a toujours constitué le centre nécessaire, non moins social que géographique, de ce noyau de l’Humanité, surtout à partir de Charlemagne. La seule opération capitale que l’Occident ait jamais accomplie de concert s’exécuta évidemment sous l’impulsion française, dans les mémorables expéditions qui caractérisèrent la principale phase du moyen âge. A la vérité, quand la décomposition commune du régime catholique et féodal commença à devenir systématique, le centre de l’ébranlement occidental se trouva déplacé pendant deux siècles. La métaphysique négative surgit d’abord en Allemagne; ensuite sa première application temporelle se réalisa en Hollande et en Angleterre par deux révolutions caractéristiques, qui, quoique incomplètes en vertu d’une insuffisante préparation mentale, servirent de prélude à la grande crise finale. Mais, après ce double préambule nécessaire, qui manifesta la vraie destination sociale des dogmes critiques, leur entière coordination et leur propagation décisive s’accomplirent en France, où revint le principal siège de la commune élaboration politique et morale. La prépondérance ainsi acquise à l’initiative française, et qui maintenant se consolidera de plus en plus, n’est donc, au fond qu’un retour spontané à l’économie normale de l’Occident, longtemps altérée par des besoins exceptionnels. On ne peut prévoir de nouveaux déplacements du centre de mouvement social que dans un avenir trop éloigné pour devoir nous occuper ; ils ne pourront provenir, en effet que d’une large extension de la civilisation principale hors des limites occidentales, comme je l’indiquerai à la lin de ce discours. »

ibid. p. 82 – 83

La fin de cet extrait qui évoque une délocalisation du centre spirituel du positivisme (le Comité positiviste est initialement censé siéger à Paris) est éclairée par un commentaire d’Henri Gouhier :

« A mesure que Comte vieillissait, il s’enfermait de plus en plus dans la logique de son rêve , à la fois l’un des plus irréels et des plus lucides que philosophe ait jamais conçu. L’Humanité, dans laquelle il vit déjà, et qui s’égale dans sa pensée aux limites de la terre, ne saurait avoir indéfiniment pour capitale une ville aussi purement occidentale que la présente capitale de la France. Comte en prévoit donc le futur transfert de paris à Constantinople. »

Henri Gouhier, Les métamorphoses de la cité de Dieu, Vrin p. 258

Cette variation sur le thème de la translatio studiorum (le rapprochement est fait par Gouhier) nous renvoie à un problème sur lequel j’aurai l’occasion de revenir, à savoir que le positivisme qui doit servir de ciment aux nations européennes n’a pas pour vocation à rester cantonné à l’Europe mais à s’étendre à l’Humanité. La question est au fond celle-ci : une entité politique locale peut elle se fonder uniquement sur une idéologie globale ?

[1] On l’aura compris la France de Comte, comme celle de Mélenchon, est un phare qui a vocation à éclairer l’Europe et l’Humanité, mais dans l’Europe de Comte, la France ne s’abaisserait pas à menacer d’un plan B.

Europe steampunk

25 samedi Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Auguste Comte, Europe, rétrofuturisme, Union Européenne

On fête aujourd’hui les  60 ans du traité de Rome, alors que l’idéal européen est plutôt mal en point. C’est l’occasion ou jamais de retourner « aux sources » et c’est pour moi un excellent prétexte pour reparler d’Auguste Comte. Examinons aujourd’hui comment il envisageait l’instauration de ce qu’il appelait la République occidentale ?  Le Discours sur l’ensemble du positivisme publié en juillet 1848 donne quelques indications à ce sujet.

L’Europe en 1848

Comme on l’a vu en examinant la question de la langue universelle, l’unité des peuples européens n’est pas d’abord pour Comte affaire de commerce mais d’idéologie : le facteur décisif c’est l’adhésion commune au positivisme et à sa religion de l’humanité. Le processus d’unification ne commence donc pas par une CECA mais par un Comité positif occidental dont Comte détermine ainsi la composition :

« L’immense élaboration régénératrice pourra s’accomplir activement, d’après une liberté philosophique désormais inaltérable. Pour y mieux procéder, il importera que son essor soit assisté par l’Association, à la fois philosophique et politique, que le dernier volume de mon ouvrage fondamental annonça, en 1842, sous le titre caractéristique de Comité positif occidental. Siégeant surtout à Paris, il se compose, dans son noyau primitif, de huit Français, sept Anglais, six Allemands, cinq Italiens, et quatre Espagnols. Ce nombre initial suffit pour que tous les éléments principaux de chaque population occidentale s’y trouvent représentés. Ainsi, sa partie germanique admettrait un Hollandais, un Prussien, un Suédois, un Danois, un Bavarois, et un Autrichien. De même, le Piémont, la Lombardie, la Toscane, l’État Romain, et le pays Napolitain, y fourniraient les organes de l’Italie. Enfin, la Catalogne, la Castille, l’Andalousie, et le Portugal, y caractériseraient assez la population ibérique. »

Discours sur l’ensemble du positivisme,
Système de politique positive, Tome I, p. 384

Comte qualifie ce comité « concile permanent de la nouvelle Eglise », son œuvre est donc celle d’un pouvoir spirituel qui reste distinct des pouvoirs temporels nationaux :

« Pendant que les divers gouvernements nationaux maintiendront partout l’ordre matériel, ces libres précurseurs du régime final présideront à l’élaboration occidentale qui dissipera graduellement l’interrègne spirituel, seul obstacle essentiel à la régénération sociale. Ils devront donc seconder le développement et la propagation du positivisme, ainsi que son application croissante, par tous les moyens honorables dont ils pourront disposer. Outre l’enseignement, oral et écrit, populaire et philosophique, ils s’efforceront surtout d’inaugurer autant que possible le culte final de l’Humanité, déjà susceptible d’ébauche immédiate, au moins quant au système de commémoration. »

ibid. p. 385

Cependant l’influence morale de ce Comité positif occidental doit se concrétiser par des réalisations dans l’ordre temporel. Comte mentionne en premier lieu une marine commune. Comte serait-il l’inventeur de Frontex ? Les précisions qu’il apporte sur les missions de cette marine nous indiquent qu’il ne s’agit pas seulement de garde-côtes  (Sans compter que la « police des mers » ne consistait pas encore  à l’époque à intercepter les migrants ; je présume que Comte avait plutôt en tête la lutte contre la piraterie et les trafics illégaux).

« Telle serait surtout l’institution d’une marine occidentale, noblement destinée, soit à l’universelle police des mers, soit aux explorations théoriques ou pratiques. »

ibid. p. 386

A la suite de cette marine commune, Comte mentionne une monnaie commune. Il n’en détermine pas le nom mais il tient à en fixer la composition et l’aspect :

 » [Une seconde mesure] consisterait à faire sanctionner, par les divers pouvoirs temporels, la monnaie commune destinée à faciliter, dans tout l’Occident, les transactions industrielles. Trois sphères, pesant chacune cinquante grammes, respectivement formées d’or, d’argent, et de platine, offriraient assez de variété pour une semblable destination. Le grand cercle parallèle à la petite base plate y reproduirait la devise fondamentale. A son pôle, figurerait l’immortel Charlemagne, comme fondateur historique de la république occidentale, dont le nom entourerait cette vénérable image. Une telle mémoire, également chère à tout l’Occident, fournirait, dans l’ancienne langue commune, la dénomination usuelle de la monnaie universelle. »

ibid. p. 386

Au vu de cette description, la monnaie commune ne semble pas destinée à servir dans les transactions quotidiennes (combien de baguettes de pain peut-on acheter avec une boule de 50 g d’or, d’argent ou de platine ?). La manière dont Comte s’attarde sur l’aspect et la symbolique de cette monnaie commune appelle deux remarques : 1° on peut s’étonner qu’il nous parle de quelque chose d’accessoire et qu’il ne dise rien de quelque chose d’essentiel à nos yeux aujourd’hui : qu’en est-il des institutions financières liées à cette monnaie commune ? la Banque centrale de la République Occidentale est elle indépendante ? 2° il est tentant d’invoquer les problèmes psychiatriques d’Auguste Comte pour rendre compte de sa prétention à déterminer l’avenir sur des points aussi mineurs qui devraient relever de la négociation entre les dirigeants des états européens (mais dans l’Europe uchronique de Comte les négociations entre européens n’ont vraisemblablement pas l’aspect que nous leur connaissons).

En troisième lieu, Comte mentionne une institution en lien plus direct avec la fonction spirituelle du Comité positif occidental :

« J’y dois pourtant signaler la libre fondation d’un collège occidental propre à constituer le noyau systématique d’une véritable classe contemplative. Destinés au sacerdoce final, ces nouveaux philosophes devraient surtout se recruter parmi les prolétaires, sans toutefois exclure aucune vocation réelle. Ils introduiraient l’enseignement septénaire du positivisme dans toutes les localités disposées à l’accueillir. En outre, ils fourniraient de libres missionnaires qui prêcheraient partout la doctrine universelle, même hors des limites occidentales, suivant la marche indiquée ci – dessous. Un tel office serait beaucoup secondé par les voyages habituels des prolétaires positivistes. »

ibid. p. 386 -387

Je vous laisse juger si les actuels étudiants Erasmus constituent le noyau d’une classe contemplative !

La dernière institution commune mentionnée par Auguste Comte est le drapeau de la République occidentale (on verra en fait qu’il y en a deux) dont il détermine la description comme il l’avait fait pour la monnaie :

« Outre ces diverses mesures spéciales, je dois ici indiquer davantage une institution générale, également relative au régime normal et à la transition finale. Elle concerne le drapeau systématique, à la fois occidental et national, dont la nécessité se fait déjà sentir instinctivement, pour remplacer partout des emblèmes rétrogrades sans adopter aucune bannière anarchique. La transition organique ne serait pas dignement inaugurée si, dès son début, on n’y voyait point prévaloir les couleurs et les devises propres à l’état définitif.

Pour déterminer le drapeau politique, il faut d’abord concevoir la bannière religieuse. Tendue en tableau, elle représentera, sur sa face blanche, le symbole de l’Humanité, personnifiée par une femme de trente ans, tenant son fils entre ses bras. L’autre face contiendra la formule sacrée des positivistes : L‘Amour pour principe, l’Ordre pour base, et le Progrès pour but, sur un fond vert, couleur naturelle de l’espérance, propre aux emblèmes de l’avenir.

Cette même couleur convient seule au drapeau politique commun à tout l’Occident. Devant flotter en pavillon, il ne comporte aucune peinture, alors remplacée par la statuette de l’Humanité, au sommet de son axe. La formule fondamentale s’y décompose, sur les deux faces vertes, dans les deux devises qui caractérisent le positivisme : l’une politique et scientifique, Ordre et Progrès; l’autre morale et esthétique, Vivre pour autrui. »

ibid. p. 387

Je n’ai trouvé aucune image du drapeau positiviste, mais j’ai trouvé ici la représentation de l’Humanité qui se trouve derrière l’autel de la Chapelle de l’Humanité à Paris.

L’Union européenne n’a pas retenu les propositions d’Auguste Comte, mais il pourrait se consoler en constatant qu’il existe bien aujourd’hui un drapeau positiviste : celui du Brésil qui arbore la devise chère à auguste Comte : « ordem e progresso ».

La République occidentale ne doit pas construire selon Comte sur l’effacement de la diversité des nations européennes c’est pourquoi il propose des déclinaisons nationales du drapeau commun :

« De ce drapeau occidental, on déduit aisément celui qui distinguera chaque nationalité, en y ajoutant une simple bordure, aux couleurs actuelles de la population correspondante. En France, où doit surgir l’initiative décisive d’une telle innovation, cette bordure offrirait donc nos trois couleurs, dans l’ordre maintenant usité, mais avec prépondérance du milieu blanc, pour honorer notre ancien drapeau. L’uniformité et la variété se trouvant ainsi combinées heureusement, la nouvelle occidentalité annoncerait dignement son aptitude nécessaire à respecter scrupuleusement jusqu’aux moindres nationalités, dont chacune conserverait ses emblèmes propres sans altérer le symbole commun. »

ibid. p. 388

On peut s’étonner que ce ne soit pas la langue dans laquelle est formulée la devise qui serve à exprimer la diversité nationale au sein de la République occidentale. On notera d’ailleurs que Comte ne dit rien de la langue utilisée sur le drapeau alors qu’il précisait que sur la monnaie c’est le latin qui serait utilisé. On doit ici tenir compte du fait qu’en 1848 Comte n’a pas encore déterminé quelle langue a vocation à être la langue commune des peuples unis par le positivisme. Comme on l’a vu, ce n’est qu’en 1854 dans le IVe tome du Système de politique positive qu’il prend position sur ce point.

Flag_of_Brazil.svg

Flag_of_Saudi_Arabia.svg

Recette du drapeau politique de la République occidentale : prenez le drapeau de l’Arabie saoudite, supprimez l’épée, remplacez la devise par celle du drapeau brésilien.

Dans quelle langue rendrons-nous un culte à l’humanité ? (4)

14 mardi Mar 2017

Posted by patertaciturnus in Lectures

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Auguste Comte, Europe, langue universelle

Pour nous rendre digne d’accueillir la révélation de la solution de l’énigme poursuivons notre initiation à la doctrine positiviste. Aujourd’hui nous examinerons comment Auguste Comte concevait la transition vers l’adoption d’une langue commune. Une indication intéressante apparaît au détour de la présentation de l’éducation positiviste:

« Sous le premier aspect, cet âge [les sept années qui précèdent la puberté] sera donc consacré à la culture familière de nos principales langues occidentales, sans lesquelles la poésie moderne ne saurait être assez appréciée. Outre leur destination esthétique, ces exercices comportent une haute efficacité morale, pour dissiper les préventions nationales, afin d’occidentaliser nos mœurs positivistes. La saine philosophie impose à chaque population l’obligation sociale de connaître toutes les langues limitrophes. Selon ce principe incontestable, la France se trouve forcée, d’après sa position centrale, qui lui procure d’ailleurs tant d’avantages, d’étudier à la fois les quatre autres idiomes occidentaux. Quand toutes les affinités naturelles des cinq populations avancées seront complétées par l’universelle pratique d’une telle règle, une commune langue occidentale ne tardera pas à surgir spontanément, sans aucune assistance des utopies métaphysiques sur l’unité absolue du langage humain. »

Système de politique positive, Tome I
Discours sur l’ensemble du positivisme, Troisième partie

*

Je me contenterai de deux remarques :

1° On peut s’amuser  du décalage entre la réputation des Français en matière de maîtrise des langues étrangères et la vocation particulière que leur assignait Auguste Comte en la matière.

2° Si l’éducation positiviste forme des populations polyglottes dans chaque pays, en quoi est-il encore nécessaire qu’il y ait UNE langue commune ?

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