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Pater Taciturnus

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Archives de Tag: estime de soi

Reconnaissance sans lutte

09 dimanche Déc 2018

Posted by patertaciturnus in Lectures, Non classé

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estime de soi, Francis Fukuyama, Hegel

Dans son fameux ouvrages La fin de l’histoire ou le dernier homme (1992), Francis Fukuyama reprenait à son compte les analyses hégéliennes de la lutte pour la reconnaissance comme moteur de l’histoire (soit dit en passant, s’il est facile d’ironiser aujourd’hui sur l’optimisme de la thèse principale de l’ouvrage, le rapprochement qu’il opérait dans la dernière section de son lire avec la thématique nietzschéenne du dernier homme reste intéressant).  Dix ans plus tard il revient par une autre voie sur la question de la lutte pour la reconnaissance dans La fin de l’homme, un ouvrage consacré aux conséquences des biotechnologies.

« Ce qui est important est toutefois que le désir de reconnaissance a une base biologique et que cette base est liée aux niveaux de sérotonine dans le cerveau. On a démontré que les singes situés au bas de la hiérarchie de domination ont de bas niveaux de sérotonine ; inversement, un singe doué du statut de « mâle alpha » est également doté d’un haut pourcentage de sérotonine ».
C’est pour cette raison qu’une drogue comme le Prozac semble si lourde de conséquences sur le plan politique. Hegel fait valoir, assez justement, que la totalité du processus humain a été mené par une suite de luttes répétées pour la reconnaissance. Tous les progrès humains ou presque ont été les produits dérivés du fait que les gens n’étaient jamais satisfaits de la reconnaissance qu’ils obtenaient ; c’est par la lutte et le tra¬vail qu’on peut l’obtenir. En d’autres termes, le statut doit être gagné, que ce soit par les rois, par les princes — ou par votre cousin Barnabé qui cherche à obtenir le rang de premier commis dans la boutique où il travaille. La façon normale et moralement acceptable de triompher d’une mauvaise estime de soi est de lutter avec soi-même et avec les autres, de travailler dur, d’endurer parfois de cruels sacrifices, afin de s’élever et d’être salué pour avoir réalisé cela. Le problème de l’amour-propre tel que la psychologie populaire américaine le conçoit, est qu’il devient une sorte de titre, quelque chose que chacun doit avoir, qu’il le mérite ou non. Cela dévalue de facto l’amour-propre et rend sa quête décevante.
Mais ici — comme la cavalerie dans les westerns — arrive l’industrie pharmaceutique américaine : avec des drogues psychotropes comme le Prozac ou le Zoloft, elle peut fournir de l’amour-propre en bouteille, en élevant la teneur du cerveau en sérotonine ! La capacité de manipuler la personnalité , comme Peter Kramer le décrit, soulève quelques questions intéressantes. Toutes les luttes dans l’histoire de l’humanité auraient-elles pu être évitées si certains avaient eu un peu plus de sérotonine dans l’encéphale , Alexandre, César ou napoléon auraient-ils été possédés de la même soif de conquête, s’ils avaient pu croquer une tablette de Prozac à volonté ? En ce cas que serait-il advenu de l’histoire. »

Francis Fukuyama, La fin de l’homme, les conséquences de la révolution biotechnique, p. 91-92

Straccio d’uomo

11 jeudi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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estime de soi, humiliation, Pier Paolo Pasolini

Sono uno straccio d’uomo, che dovrà
ritrovare il suo orgoglio, in qualche modo :
ma non c’è al mondo indifferenza o pietà
che vi possano far dimenticare il nodo

(giusto) alla gola si sia ( alla mia età)
sciolto in pianto. Si dice che si odia
colui a cui si fa del male. Forse varrà
ciò anche per voi

*

Je suis une loque, qui devra
Retrouver son orgueil, d’une manière ou d’une autre :
Mais il n’y a pas au monde d’indifférence ou de pitié
Qui puissent vous faire oublier comment le nœud

(Juste) à la gorge a fondu (à mon âge)
En pleurs. On dit qu’on déteste
Celui à qui on fait du mal. Cela vaudra
Peut-être aussi pour vous

Pier Paolo Pasolini, Sonnets
trad. René de Ceccatty, Gallimard

Fernando à propos

04 jeudi Juin 2015

Posted by patertaciturnus in Pessoa est grand

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duperie de soi, estime de soi, Fernando Pessoa

Essayer laborieusement d’expliquer quelque chose.

Laisser reposer quatre jours.

Découvrir un fragment de Pessoa qui résume l’essentiel en trois phrases.

*

« Mon incapacité à vivre, je l’ai qualifiée de génie, et ma lâcheté de raffinement.

Je me suis placé – Dieu doré de faux ors – sur un autel en papier peinturluré, imitation de marbre.

Mais je n’ai pu ni me duper moi même, ni duper ma conscience […] de ma propre duperie. »

Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité, § 308

*

Sur la difficulté de se faire croire ce qu’on aimerait croire, j’avais cité cet autre texte de Pessoa.

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