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Archives de Tag: esclavage

Esclavage et civilisation

01 vendredi Mai 2020

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esclavage, John Stuart Mill, travail

« Par ailleurs, les races non civilisées — et les plus courageuses et les plus énergiques parmi elles encore plus que les autres — répugnent à effectuer un travail continu et monotone. Pourtant c’est le prix à payer pour toute civilisation véritable. Sans ce travail, il est impossible d’inculquer aux esprits, par la discipline, les habitudes nécessaires à la société civilisée et d’en établir les conditions matérielles. S’il n’y est pas pour un temps obligé, il n’y a guère qu’un rare concours de circonstances, et donc bien souvent une période assez longue, qui puisse mettre un tel peuple au travail <industry>. Il s’ensuit que même l’esclavage, donnant un commencement à la vie industrieuse et en faisant d’elle l’activité exclusive de la plus grande partie de la communauté, peut accélérer la transition vers une liberté plus grande qu’une vie faite de combats ou de rapines. Il est presque inutile de dire que ceci ne peut excuser l’esclavage que quand la société est dans un état très primitif. Un peuple civilisé a bien d’autres moyens pour civiliser ceux qui sont sous son influence. L’esclavage est, sous tous ses aspects, si contraire au gouvernement des lois qui est le fondement de toute vie moderne et si corrupteur pour les classes dirigeantes une fois qu’elles subissent l’influence de la civilisation, que son adoption sous quelque circonstance que ce soit dans une société moderne est une rechute dans un état pire que la barbarie.

Pourtant, à une époque ou une autre de leur histoire, presque tous les peuples aujourd’hui civilisés furent constitués en majorité d’esclaves. Pour sortir un peuple de cette condition, il faut une politie bien différente de celle d’une nation de sauvages. Si ce peuple est d’un naturel énergique, et surtout s’il existe dans la même communauté une classe industrieuse qui n’est composée ni d’esclaves, ni de maîtres (comme c’était le cas en Grèce), ses membres n’auront sans doute besoin, pour garantir leur amélioration, que d’être affranchis : une fois affranchis, ils seront le plus souvent dignes d’accéder immédiate­ment à la pleine citoyenneté, comme les affranchis romains. Ce n’est cependant pas la situation normale de l’esclavage : c’est généralement le signe qu’il est en passe de devenir obsolète. A proprement parler, un esclave est un être qui n’a pas appris à se prendre en charge. Il a sans aucun doute, franchi une étape par rapport au sauvage. Il a déjà appris la première leçon d’une société politique : il a appris à obéir. Mais il n’obéit qu’aux ordres directs. Il est caractéristique des personnes nées esclaves d’être incapables de conformer leur conduite à une règle ou une loi. Ils ne peuvent faire que ce qu’on leur a ordonné de faire et seulement au moment où on le leur a ordonné. Si un homme qu’ils craignent se tient au-dessus d’eux et les menace d’une punition, ils lui obéissent mais sitôt qu’il tourne le dos, le travail reste inaccompli. Le motif déterminant leur action ne doit pas s’appuyer sur leurs intérêts mais sur leurs instincts : un espoir immédiat ou une terreur immédiate. Le despotisme peut dompter le sauvage mais, dans la mesure où il s’agit d’un despotisme, il ne fera qu’enfoncer les esclaves dans leur incapacité. Pourtant, s’ils devaient avoir leur propre gouvernement, ils ne pourraient en aucun cas le gérer. Leur amélioration ne peut venir d’eux-mêmes mais elle doit être initiée de l’extérieur. Le pas qu’ils ont à franchir, leur seul chemin vers l’amélioration, est d’être amenés à passer d’un gouvernement de la volonté à un gouvernement du droit. On doit leur apprendre à se gouverner eux-mêmes, ce qui signifie, dans un premier temps, leur inculquer la capacité de se conformer à des instructions générales. Ils ont besoin d’un gouvernement qui les guide et non d’un gouvernement reposant sur la force. Cependant, comme ils sont dans un état trop peu développé pour reconnaître comme guide quelqu’un d’autre que celui qui détient la force, le type de gouvernement le plus adapté pour eux possède de la force mais en use rarement : un despotisme paternaliste ou une aristo­cratie qui ressemble à la forme saint-simonienne du socialisme, qui maintient un contrôle général sur toutes les opérations de la société pour que chacun garde à l’esprit qu’il existe une force suffisante pour les contraindre à obéir aux règles établies mais qui, en raison de l’impossibilité à s’abaisser à réguler tous les menus détails de la vie et du travail, laisse nécessairement les individus s’en charger eux-mêmes en grande partie et les y encourage. Ce gouvernement, que l’on peut qualifier de «gouvernement de lisière » <government of leading-strings>, semble être celui qui est nécessaire pour amener le plus rapidement possible ce peuple au stade suivant du progrès de la société. Ce fut, semble-t-il, l’idée du gouvernement pratiquée par les Incas du Pérou et ce fut celle des Jésuites du Paraguay. Je n’ai guère besoin de remarquer que cette lisière n’est acceptable qu’en tant  que moyen d’apprendre progressivement aux gens à marcher seuls. »

John Stuart Mill, Considérations sur le gouvernement représentatif
trad. M. Bozzo-Rey, JP. Cléro, C. Wrobel

Laurence Rossignol aurait mieux fait de lire mon blog

30 mercredi Mar 2016

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esclavage, féminisme, honteuse exploitation de l'actualité

Pour éviter d’utiliser une comparaison inappropriée, elle aurait eu intérêt à lire Freud et Russell.

Et si toi aussi tu étais fait pour être esclave?

31 samedi Jan 2015

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Aristote, esclavage, Richard Sobarji

« Lors d’une malheureuse expédition militaire en Sicile, les citoyens athéniens avaient été pris comme esclaves. On savait donc que toutes les formes d’esclavages ne sont pas, en tant que telles, justifiées. Certains se sentaient mal à l’aise à cet égard, et le moment était mûr pour un arbitre. Cet arbitre se présenta et son nom était Aristote : « Vous avez raison de vous sentir mal à l’aise, dit-il en substance, car toutes les formes d’esclavages ne sont pas justifiées. Je vais élaborer une distinction philosophique et vous dire quelles pratiques sont justes et quelles pratiques sont injustes.  Le monde est divisé entre ceux qui peuvent planifier leur propre vie et ceux qui ne le peuvent pas, mais doivent se contenter de suivre le plan de vie qui leur est prescrit par d’autres. Ce sont ces derniers dont il est naturel qu’ils soient esclaves. Ce n’est pas une théorie mais c’est un oeil perspicace qui se trouve requis pour reconnaître l’esclave naturel.

Je suis en accord avec la prémisse d’Aristote selon laquelle le monde est divisé entre ceux qui peuvent planifier leur propres vies et ceux qui ne le peuvent pas. Mais si la conclusion qui s’ensuit est que ces derniers doivent être esclaves, alors j’ai peur de découvrir que certains philosophes parmi les plus remarquables, se tiennent du mauvais côté de cette opposition ».

Richard Sobarji, Des droits des animaux, débats antiques et modernes
in, La philosophie morale Britannique, PUF p. 250

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