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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: critique

Vanité de la critique

07 lundi Juin 2021

Posted by patertaciturnus in Lectures

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critique, Goethe

« Au reste, les poésies insérées dans le dernier Almanach des Muses m’ont été une nouvelle occasion de vérifier jusqu’à l’évidence à quel point l’approbation la plus flatteuse est incapable de rien nous apprendre, et le blâme, de quelque ordre qu’il soit, est fatalement pour nous sans profit. Aussi longtemps qu’une œuvre d’art attend encore d’être réalisée, personne n’admet le moins du monde qu’elle soit exécutable ; le jour où elle est là, louange et blâme n’ont jamais qu’une valeur subjective; on voit des gens dont on ne saurait contes­ter le goût regretter qu’il n’y ait pas ici quelque chose en plus, là quelque chose en moins, sans se douter que l’œuvre entière s’en trouverait anéantie; si bien que la vertu proprement négative de la cri­tique, qui devrait être de toutes la plus haute, est elle-même pour nous comme si elle n’était pas. »

Goethe, Lettre à Schiller du 6 janvier 1798

Amateurs désirés

30 jeudi Juil 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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amateur, critique, Goethe, théâtre

« On ne pouvait dire lequel l’emportait chez eux, de la connaissance ou de l’amour du théâtre. Ils l’aimaient trop pour bien le connaître ; ils le connaissaient suffisamment pour apprécier le bon et rejeter le mauvais. Mais la passion leur faisait trouver le médiocre supportable, et ils jouissaient du bon, soit par avance soit après, avec des délices inexprimables. La partie mécanique les intéressait, la partie intellectuelle les enchantait, et leur goût était si vif, qu’une répétition morcelée suffisait pour les jeter dans une sorte d’illusion. Les défauts ne leur apparaissaient jamais que dans l’éloignement ; le mérite les touchait comme un objet voisin. Bref, c’étaient des amateurs comme l’artiste désire d’en rencontrer dans ses travaux. »

Goethe, Les années d’apprentissage de Wilhelm Meister, V, 8

Un art dont la critique est aisée n’est guère difficile

14 samedi Déc 2019

Posted by patertaciturnus in Lectures

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critique, Goethe

« En fait seuls les livres que nous ne pouvons juger nous apprennent quelque chose. L’auteur d’un livre que nous pourrions juger devrait être notre élève. »

Goethe, Maximes et réflexions [715]

Dépendance de la conscience critique

27 mardi Août 2019

Posted by patertaciturnus in Lectures

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art, critique, Karen Blixen, religion

« En avançant dans la vie dit le comte Auguste, je me rends compte d’un fait humiliant : de même que dans la vie matérielle, nous dépendons de nos inférieurs – car sans mon barbier, au bout de huit jours, je serais à tout point de vue, social, politique, familial, une épave – de même, dans le monde spirituel, nous dépendons d’individus plus sots que nous. Vous savez peut-être que j’ai renoncé à mes ambitions artistiques personnelles, pour m’occuper de collectionner des œuvres et de les évaluer. (C’était, en effet, un remarquable critique d’art.) Là, j’ai appris qu’il est impossible de peindre un objet, une rose par exemple, sans qu’un critique tant soit peu intelligent, ou même moi, ne puissions fixer, à vingt ans près, la période où elle a été peinte, ou, avec plus ou moins de sûreté, dans quel endroit d’Europe ou d’Asie. La pensée de l’artiste a été de peindre une certaine rose, sans avoir jamais eu le dessein de nous donner une rose chinoise, persane ou française ou, suivant la période, une rose rococo ou de pur style empire. Si je lui disais que c’est ce qu’il a fait, il ne me comprendrait pas. Peut-être serait-il fâché et répliquerait : « J’ai peint une rose », ce qui n’avance pas l’affaire. Je suis donc supérieur à l’artiste, puisque je peux le juger d’après des règles qui lui sont inconnues, mais cependant il m’est impossible de peindre une rose et même simplement de la concevoir. Je pourrais peut-être imiter une oeuvre d’un de ces artistes et dire : « Je vais peindre une rose dans la manière hollandaise ou « chinoise ou rococo », mais je n’aurais jamais le courage de peindre une rose comme elle parait. Et, d’ailleurs, comment est-ce, une rose ? »
Il resta longtemps pensif, sa canne à pommeau d’argent sur les genoux.
« Il en est de même quant à la conception humaine de la vertu, de la justice, voire, si vous y tenez, de Dieu. A supposer qu’on me demande quelle est la vérité sur ces choses, je répondrais : « Votre question est absurde. Les Hébreux, les Aztèques d’Amérique sur lesquels je viens de lire un ouvrage, les Jansénistes, chacun avait une idée à eux sur le sujet. Si vous désirez une explication de leurs différents points de vue, je vous la donnerai, car j’ai étudié ces choses. Mais je vous conseille de ne pas renouveler cette question devant des gens intelligents. » N’empêche que je resterai le débiteur du troupeau naïf qui a cru possible de se former une conception directe et absolument juste de la vertu, de la justice et de Dieu, et qui s’est trompé. Si ces naïfs avaient visé à créer une conception spécifiquement hébraïque ou chrétienne de Dieu, sur quoi l’observateur aurait-il pu bâtir ? Il se trouverait dans la même situation que les Israélites recevant l’ordre de faire des briques sans paille. Oui, mon ami, les imbéciles pourraient très bien se débrouiller sans nous, mais, ce qui fait notre supériorité, nous le devons aux imbéciles.
« Dans notre promenade matinale, reprit-il après une pause, si nous passions, vous et moi, devant une boutique de prêteur sur gages, et que vous me montriez dans la vitrine, une pancarte indiquant : « Ici, on passe le linge à la calandre », en me disant : « Je vais apporter mon linge ici, regardez, on passe le linge à la calandre », vous me feriez sourire et je devrais vous expliquer que vous ne trouveriez là ni calandre ni calandreur; que c’est la pancarte qui est à vendre. La plupart des religions sont semblables à cette pancarte, et elles font sourire.
Mais je n’aurais pas l’occasion de sourire, de sentir ma supériorité ni de la montrer et, en fait, la pancarte ne serait pas là, si, de temps à autre, quelques personnes n’avaient pas été fermement convaincues de détenir une calandre bien à elles, avec laquelle elles calandraient effectivement leur linge. »

Karen Blixen, Le poète in Sept contes gothiques, p. 465 – 467

Paroles de plomb

10 jeudi Déc 2015

Posted by patertaciturnus in Aphorisme du jour

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apophtegmes, critique

« L’un des Anciens disait : autrefois, quand nous nous réunissions, nous parlions de sujets qui étaient bons pour notre âme ; nous nous élevions de plus en plus et montions jusqu’au Ciel. Mais maintenant nous passons notre temps à tout critiquer lorsque nous sommes ensemble et nous nous entrainons mutuellement vers l’abîme. »

Aphorismes des pères du désert, LXI
Albin Michel, trad. Tadié

*

Je prends cet aphorisme pour moi. Lorsque j’ai créé ce blog j’avais surtout l’intention de partager des enthousiasmes et des admirations (c’est plus ou moins ce qui est expliqué dans l’À propos) aujourd’hui je me rends compte que je suis de plus en plus souvent tenté de le transformer en défouloir contre les inepties que je découvre au gré de ma procrastination en ligne. Cela m’entraîne-t-il vers l’abîme ? Pour répondre à cette question, il faut examiner cette autre : à quelles conditions le temps passer à critiquer n’est pas du temps perdu? Il me semble qu’il y a deux choses qui peuvent justifier qu’on passe du temps à critiquer :

  1. rendre service aux autres en les détournant de l’erreur
  2. tirer partie de la critique pour mettre ses propres idées au clair

Le premier objectif ne concerne guère ce blog, puisque ce que j’ai à dire a généralement été mieux dit ailleurs par des personnes ayant une bien meilleure audience ; j’essaierai de m’abstenir du pur défoulement pour m’en tenir au deuxième objectif.

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