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Pater Taciturnus

~ "Ton péché originel c'est d'ouvrir la bouche. Tant que tu écoutes tu restes sans tache"

Pater Taciturnus

Archives de Tag: autrui

Ce n’est pas caprice mais c’est faiblesse

20 jeudi Fév 2020

Posted by patertaciturnus in Lectures

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autrui, Jean Cassien, Jean-Paul Sartre, liberté

« C’est pour et par une liberté et seulement pour et par elle que mes possibles peuvent être limités et figés. Un obstacle matériel ne saurait figer mes possibilités, il est seulement l’occasion pour moi de me projeter vers d’autres possibles, il ne saurait leur conférer un dehors. Ce n’est pas la même chose de rester chez soi parce qu’il pleut ou parce qu’on vous a défendu de sortir. Dans le premier cas je me détermine moi-même à demeurer, par la considération des conséquences de mes actes. ; je dépasse l’obstacle « pluie » vers moi-même et j’en fais un instrument. Dans le second cas, ce sont mes possibilités même de sortir ou de demeurer qui sont présentées comme dépassées et figées et qu’une liberté prévoit et prévient à la fois. Ce n’est pas caprice si, souvent, nous faisons tout naturellement et sans mécontentement ce qui nous irriterait si un autre nous le commandait. C’est que l’ordre et la défense impliquent que nous fassions l’épreuve de la liberté d’autrui à travers notre propre esclavage. »

Jean-Paul SARTRE, L’être et le néant, (1943), Gallimard, coll. « Tel », p. 310

*

« Que celui-là est fort et en santé, qui sait se plier à la volonté de l’autre

Il faut bien se le persuader : généralement, celui-là fait preuve de plus  de force, qui soumet sa volonté à celle de son frère, que celui qui se montre opiniâtre à défendre et garder son sentiment. par le support et la patience à l’égard du prochain, le premier mérite de compter parmi les trempes saines et robustes ; le second, au contraire, se range parmi les faibles et, si l’on peut dire, les malades. C’est un homme à qui l’on doit prodiguer caresses et douceurs. Parfois même, il sera bon de prendre quelque relâche dans les choses nécessaires, afin qu’il demeure tranquille et en paix. Que l’on ne croie pas, du reste, ôter, ce faisant, à sa propre perfection. Au contraire, le bien de la longanimité et de la patience fait qu’on a profité beaucoup plus.  C’est en effet, le précepte de l’Apôtre  : « Vous qui êtes fort, supportez les faiblesses de ceux qui sont infirmes ». Il dit encore : « Portez les fardeaux les uns des autres, et vous accomplirez ainsi la loi du Christ ». Jamais le faible ne supportera le faible, ni le malade ne pourra endurer ou guérir le malade. mais celui-là peut apporter le remède au faible, qui n’est pas lui même soumis à la faiblesse. »

Jean Cassien, Première Collation avec Abba Joseph, §. 19
cité par J. Follon et J. McEvoy dans Sagesse de l’amitié II, Cerf, p. 170

Autruification et déification

22 vendredi Mar 2019

Posted by patertaciturnus in Divers vers, Pessoa est grand

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autrui, Fernando Pessoa

J’ai cité le mois dernier un extrait du Livre de l’intranquillité où Pessoa (sous l’hétéronyme de Bernardo Soares) revendique de « s’autruifier par l’imagination ». Je voudras aujourd’hui citer un extrait d’une des grandes odes que Pessoa a composé sous l’hétéronyme d’Alvaro Campos, dans laquelle le thématique de  l’autruification donne lieu à des développements mystiques.

« Plus je sens, plus je sens comme des personnalités différentes,
Plus j’aurai de personnalités,
Plus je les aurait intensément,
stridemment,
Plus je sentirai simultanément avec elles toutes,
Plus j’existerai,me sentirai, vivrai, serai divers
Dans mon unité, dispersé dans mon attention,
Plus je possèderai l’existence totale de l’univers,
Plus complet je serai dans l’espace entier,
Plus je ressemblerai à Dieu, quel qu’il soit,
Parce que, quel qu’il soit, il est certainement Tout,
Et en dehors de Lui il n’y a que Lui, et pour Lui Tout est bien peu.

Chaque âme est une échelle vers Dieu,
Chaque âme est un Univers-couloir vers Dieu,
Chaque âme est un fleuve qui roule entre les rives de l’Externe,
Vers Dieu et en Dieu dans un sinistre murmure »

Fernando Pessoa, Oeuvres poétiques d’Alvaro de Campos
trad. Michel Chandeigne et Pierre Léglise-Costa

C’est celui qui le dit qui l’est

20 samedi Jan 2018

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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autrui, médisance, miroir, Omar Khayyâm

Que m’importe si chacun médit sur mon compte
Ou si l’on multiplie par cent un défaut que je n’ai pas
Je suis un miroir : quiconque me regarde
Y trouve tout le bien et tout le mal qu’il me présente

Omar Khayyâm, Robâiyât
trad. Rezvanian : 528

*

Je me propose de comparer brièvement la manière dont opère ici la métaphore du miroir avec la manière dont elle est mobilisée dans deux textes d’auteurs persans que j’ai précédemment cités.

D’une part on pourrait ainsi mettre « en miroir » ce quatrain attribué à Khayyâm avec ce texte dans lequel Rûmî nous explique que ce sont nos propres défauts que nous voyons en autrui. Dans le premier cas je suis un miroir pour autrui et ses médisances révèlent ses défauts, dans le second, autrui est un miroir pour moi et mes médisances révèlent mes défauts. On a donc affaire à deux déclinaisons symétriques d’un même principe : chacun est un miroir pour l’autre. Mais il y a une autre manière (plus originale ?) de mobiliser la métaphore du miroir pour traiter le thème de la médisance qui nous est proposée par ce quatrain de Djamâl d’Ispahan : s’il ne faut pas médire ce n’est plus parce que celui dont on médit est un miroir, mais pour être soi-même un bon miroir.

Comme le miroir

12 mardi Déc 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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autrui, Djamâl d'Ispahan, miroir

Si de quelque action toi-même tu as à rougir,
tu dois dans le plus profond secret tenir les fautes d’autrui.
Qui veut comme le miroir refléter le beau et le laid,
comme lui doit être fait d’un métal inaltérable.

Djamâl d’Ispahan
Z. Safâ, Anthologie de la poésie persane

La vie des autres

30 samedi Sep 2017

Posted by patertaciturnus in Divers vers

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autrui, Benjamin Fondane, partage

Benjamin Fondane

…
j’entrais à tout instant dans la vie des autres
et j’oubliais de fermer la porte après moi
chacun portait en lui un monde doux et tendre
des coins où l’on était surpris par la douceur
je n’avais pas de nom, comment s’appelaient-ils?
C’était si bon de ne pas avoir de figure,
si bon d’être poreux, ouvert,
qu’à l’heure de dormir, chacun
se disait en rêvant : – que sera-t-elle encore
cette grande journée, sans dieu, du lendemain ?

Benjamin Fondane, Au temps du poème

Miroir

29 mardi Mar 2016

Posted by patertaciturnus in Lectures

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autrui, Djalâl ad-Dîn Rûmî, miroir

« Si tu découvres un défaut en ton frère, il te faut savoir qu’en toi–même ce défaut existe. Le sage est semblable à un miroir : tu vois en lui ta propre image, car « le croyant est le miroir du croyant ». Écarte ce défaut qui te blesse : en réalité c’est par toi-même que tu es meurtri.

Mawlânâ dit : « On amena un éléphant au bord d’une rivière pour l’abreuver. Il se vit dans l’eau et s’effaroucha. Il croyait que c’était un autre éléphant qui l’effrayait et ignorait qu’il s’effarouchait lui-même. Tous les défauts, comme la tyrannie, la haine, l’envie, la cupidité, l’absence de pitié, l’orgueil, quand ils existent en toi ne te blessent pas, mais quand tu les aperçois chez autrui, tu t’effarouches et tu en es blessé.

Quand un homme a la gale ou un furoncle, il ne se dégoûte pas de lui-même; il met sa main infectée dans le plat et il lèche ses doigts sans répugnance. Mais s’il voit un petit furoncle ou une petite plaie sur la main d’un autre, il ne peut manger ni digérer son plat. Ainsi en est-il des défauts moraux. Quand on les a en soi, on ne s’en offense pas; à peine les aperçoit-on chez autrui, on s’en offusque et les déteste. Excuse celui qui s’offusque, qui est choqué par toi, comme tu peux l’être toi-même par lui. Ta peine est son excuse, car la peine t’envahit en le voyant; ne voit-il pas ce que tu vois ? Il est dit : « le croyant est le miroir du croyant », et non pas : « un incroyant est le miroir d’un incroyant. » Non pas que l’incroyant ne dispose pas de miroir, mais il ignore l’existence de son propre miroir. »

Djalâl-ud-Dîn Rûmî, Le livre du dedans
trad. Eva de Vitray-Meyerovitch, Babel, p. 48

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