Un collègue surveillant une classe dont je corrige le bac blanc a pris l’initiative de demander aux élèves de glisser leurs brouillons dans leur copie, c’est ainsi que je me suis retrouvé en possession d’un brouillon de lettre de rupture auquel une élève s’est vraisemblablement consacrée après avoir fini de rédiger son explication de texte, en attendant d’avoir l’autorisation de quitter la salle. On ne saurait trop féliciter cette élève de bien préparer son message de rupture ; on pourrait d’ailleurs lui conseiller de ne pas se contenter d’utiliser le même papier que pour le brouillon de son explication de texte mais d’utiliser aussi la même méthode de mise en ordre des idées.

A l’anonyme destinataire de la lettre j’adresse toute ma solidarité : sois fort frérot ! une de perdue, dix de retrouvées !

Ce n’est pas la première fois que, dans le cadre de mon activité professionnelle, je me retrouve en possession de messages qui ne me sont pas destinés. Il y a quelques années, ayant ramassé une feuille malencontreusement jetée à côté la poubelle à la fin d’une heure de cours, j’avais découvert toute une conversation écrite (bon moyen pour ne pas avoir l’air de bavarder) tenue pendant mon cours par deux élèves. Manifestement l’une d’elle fantasmait sur un collègue de maths et déplorait qu’il soit déjà pris (ce que moi-même j’ignorais).

Mon plus ancien souvenir en la matière remonte à mes toutes premières années d’enseignement. Après avoir distribué aux élèves des documents à coller dans leurs cahiers, j’avais l’habitude de circuler dans la classe pour ramasser les chutes de papier qui résultaient des découpages et les jeter moi-même dans la corbeille. C’est à l’occasion d’une des ces opérations de routine, qu’il m’est arrivé une fois de constater, en jetant un œil à mes prises avant de le jeter, que j’avais intercepté un mot doux. Malheureusement comme j’avais ramassé le papier machinalement, il m’a été impossible de déterminer qui était l’émetteur de la déclaration d’amour (vraisemblablement une émettrice au vu de l’écriture) ni qui était le destinataire. Il n’est d’ailleurs pas complètement impossible que le message m’ait été destiné (les élèves connaissaient ma routine avec les chutes de papier et cela avait déjà donné lieu à des facéties de leur part), c’est du moins une hypothèse que j’ai prise au sérieux sur le moment, ayant encore en mémoire la découverte d’une petite culotte dans ma boîte aux lettres lors de l’année scolaire précédente.