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ça coûte cher
ça pollue
et ça ne sert à rien ainsi, ainsi que Pessoa l’explique magistralement :
« Que peut me donner la Chine que mon âme ne m’ait déjà donné ? Et si mon âme ne peut me le donner, comment la Chine me le donnera-t-elle puisque c’est avec mon âme que je verra la Chine, si je la vois jamais ? Je pourrais m’en aller chercher la richesse en Orient, mais non point la richesse de l’âme, parce que cette richesse-là, c’est moi-même, et que je suis là où je suis, avec ou sans Orient.
Je comprends que l’on voyage si on est incapable de sentir. C’est pourquoi les livres de voyage se révèlent si pauvres en tant que livres d’expérience, car ils ne valent que par l’imagination de ceux qui les écrivent. Si leurs auteurs ont de l’imagination, ils peuvent nous enchanter tout autant par la description minutieuse, photographique à l’égal d’étendards, de paysages sortis de leur imagination, que par la description, forcément moins minutieuse, des paysages qu’ils prétendent avoir vus. nous sommes tous myopes, sauf vers le dedans. Seul le rêve peut voir avec le regard. »
Fernando Pessoa, Le livre de l’intranquillité §. 123
On complétera avantageusement cette lecture par celle du §. 138 du même ouvrage.
L’argumentation de Pessoa qui vise ici le voyage mériterait d’être transposée à la rencontre de personnes et à la lecture de livres … toutes choses qui ne sont bonnes que pour ceux qui manquent d’imagination.