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il
pour elle n’est plus un il. Il est
ce tu auquel elle je m’adresse
désormais.

Albane Gellé, Je te nous aime

*

Il vaut la peine de préciser que ce poème est l’antépénultième du recueil :  il constitue un passage de relais entre les poèmes précédents où il n’a été question que de « il » et « elle » et les deux derniers poèmes qui seront en « je » et « tu ».  Pour le lecteur, qui n’est pas le destinataire du « tu », mais le témoin de cette adresse, il ne faisait pas de doute avant d’arriver à ce point du recueil que le « elle » cachait un « je ». Évidemment cette certitude tenait à sa connaissance du nom de l’auteur et du titre du recueil (qui se révélera être la dernière phrase du dernier poème). Le changement de pronom ne vise donc pas un effet de « plot twist » à destination du lecteur mais il vise plutôt à signifier, je suppose, un changement de modalité de conscience de la relation chez la narratrice. Un élément qui donne à penser  – par son absence d’évidence a priori – c’est la concomitance entre le basculement du « il » au « tu » et le basculement du « elle » au « je ».