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« A way of doing philosophy is not related to other ways of doing philosophy in the way that one form of dance is related to other forms. Forms of dance are not mutually exclusive or inclusive. On the same evening one can, with equal enthusiasm, dance a tango, a boogie and a rock’n’roll – and simply not bother with the waltz. But one cannot philosophize in one way without having rejected or incorporated the others.  A dance can be out of date ; but it is not on that account incorrect. In philosophy, on the other hand, as in every science, the concern is with truth. For this reason, although ways of doing philosophy can be modern or old fashioned, worrying about this is the business not of the philosopher but of the historian. If I am asked why I do philosophy in this way rather than that I cannot answer  : ‘Because it is up to date’, but only : ‘Because it is the correct way.’ But this implies an obligation to justify the claim to be correct. To introduce someone to a way of doing philosophy, there fore involves relating it to other ways of doing philosophy and, by means of such a confrontation, demonstrating its correctness. »

Ernst Tugendhat, Traditional and analytical philosophy, lectures on the philosophy of language, I,1
traduit de l’allemand par P.A. Gorner, Cambrige university press 1982

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Il est tentant d’opposer à ce texte de Tugendhat les divers textes où Nietzche donne la danse comme modèle à l’exercice de la pensée philosophique, bien que, à ma connaissance, Nietzsche ne mobilise pas cette comparaison pour penser la pluralité des philosophies sur le modèle de la pluralité des  danses. Le rationalisme qui conduit Tugendhat à opposer ici la philosophie et la danse relève-t-il de l’esprit de pesanteur ?

Peut-être est-ce un signe de ma propre balourdise, mais je souscris à l’idée que défend Tugendhat à travers cette comparaison avec la danse, à savoir que la philosophie est affaire de vérité et de justification plutôt que de goût. Deux questions me semblent cependant pouvoir être soulevées ; elles concernent la relation entre la définition de la philosophie par une visée de vérité et ce qui en est donné comme signes qui dans la comparaison avec la danse .

1° Ne pourrait-on expliquer les relations « mutuellement inclusives ou exclusives » entre les philosophies sans se référer à une visée de vérité ? On peut- en effet concevoir des compatiblités/incompatibilités qui soient moins affaire de logique que de dispositions à des pratiques.

2° Une manière de philosopher pourrait-elle être  correcte  mais passée de mode?