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Lundi

Clodomir – Vous ne manquez pas de culot, les hypocrites de la Manif pour tous, de venir afficher sur Twitter votre compassion pour les victimes du massacre d’Orlando. Vous n’avez toujours pas compris que c’est l’homophobie qui tue!

Sigismond – Bonjour, les amalgames! On n’a jamais appelé au meurtre de qui que ce soit. Si tu ne vois pas la différence, je ne peux rien pour toi.

Mardi

Sigismond – Alors les gauchistes, après la tuerie de Magnanville, vous n’avez pas honte de votre slogan « tout le monde déteste les flics »?

Clodomir – Si on dénonce les violences policières, on est un un tueur de flics en puissance, c’est ça ? Pauvre gars, va !

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Lorsque je l’ai découvert, j’avais particulièrement apprécié l’article du blog Tiny Revolution dans lequel  Jon Schwartz souligne le manquement à la décence commune de ceux qui voient dans un événement tragique une  « magnifique opportunité » de faire avancer leur cause. Je suis aujourd’hui plus sensible aux limites [1] de son analyse. En particulier, je regrette qu’elle entretienne l’idée que « l’indécence, c’est les autres », en l’occurrence, des puissants méchants qui exploitent cyniquement  les tragédies du monde pour des causes injustes. Je crois qu’en la matière, l’honnêteté intellectuelle oblige à se défier aussi des nôtres et de nous-même. Il n’y a pas que les puissants qui ont intérêt à instrumentaliser les tragédies, tout partisan d’une idéologie est porté à exploiter les événements qui peuvent servir sa cause. Il n’y a pas que les méchants défenseurs de mauvaises causes  qui transforment les tragédies en opportunité, seulement, lorsque les causes qui sont servies nous paraissent justes, nous sommes moins sensibles à l’instrumentalisation [2]. Enfin il importe de noter que l’instrumentalisation des tragédies ne s’opère pas seulement sur le mode cynique de la duperie d’autrui, mais qu’elle peut aussi s’opérer sur le mode de la duperie de soi d’une indignation-qui-se-veut-vertueuse.

[1] Je laisse de côté [pour une autre occasion?] l’objection la plus massive : celle qui ferait valoir qu’en matière politique la décence et les autres notions relevant d’une éthique des vertus sont hors-sujet parce que seules compteraient les conséquences.

[2] Le problème de fond est alors d’énoncer les critères permettant de distinguer l’instrumentalisation au nom d’une bonne cause de la réaction légitime à un événement dramatique.  On m’excusera de remettre l’examen de cette délicate question à une autre fois.