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Pour revenir sur une question évoquée en janvier :
« Il est vrai qu’il y a à première vue la plus grande différence entre sympathiser avec toutes les formes de croyances possibles et sympathiser avec toutes les formes de croyants possibles. On peut avoir envers un être humain, quel qu’il soit, des obligations que l’on n’a pas nécessairement envers les opinions et les convictions qu’il professe. Mais je dois avouer que je vois mal comment on pourrait être tenu d’avoir de la considération pour tous les types de croyants imaginables si l’on n’est pas tenu, en fin de compte, d’en avoir également pour toutes les formes de croyances concevables. »
Jacques Bouveresse, Peut-on ne pas croire ?, Agone p. 70
Ces lignes de Bouveresse indépendamment de leur contexte sont ambiguës : en effet, « sympathiser », « avoir des obligations envers » et « avoir de la considération pour » ne sont pas de synonymes.
S’il me paraît impossible de sympathiser avec quelqu’un -en tant qu’il a une croyance idiote, ou simplement fausse, que je lui attribue avec raison- et si je ne peux pas non plus avoir de la considération à son égard -en tant qu’il défend cette croyance-, en revanche j’ai l’obligation de le laisser défendre cette croyance – en tant qu’il est détenteur, comme moi, du droit de s’exprimer – mais cette même croyance, je suis dans l’obligation de la réfuter en tant que détenteur de devoirs épistémiques…
En effet c’est plus clair expliqué ainsi pour qui n’a pas le contexte.
Une précision : je n’avais pas en vue d’exposer la pensée de Bouveresse, mais juste de mettre le doigt sur l’ambiguïté de ces lignes…