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Connaissez-vous Mia et moi? Si la réponse est négative, c’est que vous n’avez pas d’enfants entre 3 et 10 ans ou que vous prenez suffisamment soin de leur éducation pour ne pas les laisser s’abrutir devant Gulli.
Mia et moi est une série d’animation qui combine séquences en prise de vue réelle (en général l’ouverture de l’épisode) et séquences d’animation 3D. Pour ce qui est du synopsis de la série, je m’en remets à Wikipedia :
Après le décès de ses parents, la tante de Mia l’accompagne pour son entrée dans un nouveau pensionnat. Voyant sa nièce triste et mal à l’aise, elle décide de lui offrir son cadeau d’anniversaire à l’avance : un livre légué par le père de Mia qu’elle adorait étant enfant. Sa tante l’ayant laissée seule, Mia ouvre le livre pour se replonger dans les fabuleuses aventures du monde de Centopia. Avec le livre, elle reçoit un étrange bracelet et un mot disant « Je suis Mia ». En voyant le livre s’animer et le bracelet réagir, elle comprend qu’elle doit dire le mot de passe pour entrer comme dans un jeu.
Ainsi Mia se retrouve transformée en elfe et transportée dans l’univers enchanté de Centopia où elle sympathise avec les licornes, rencontre un petit faune du nom de Phuddle et devient l’amie des jeunes elfes Yuko et Prince Mo, fils de la reine Mayla et du sage roi Raynor. Ensemble, ils doivent unir leurs forces pour empêcher l’horrible Panthea et sa fidèle Gargonna d’attraper des licornes et de prendre leurs cornes afin de conserver sa jeunesse.
Je vous devine avide de découvrir les autres personnages, et je m’empresse de vous satisfaire.
Voici les gentils …
… et voilà les méchants.
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Les costumes de certains de ces personnages ont manifestement été inspirés par des tableaux de Klimt. Les motifs de la robe du roi Raynor ainsi que sa couronne de laurier constituent une citation explicite du personnage masculin du Baiser.
La robe et la coiffure de la reine Mayla sont démarqués du personnage féminin à gauche de L’arbre de la vie.
L’arbre qui occupe le centre du tableau inspire d’ailleurs les décors qui ornent les pans de la robe de Panthea.
La robe de Gargona est un décalque manifeste d‘Hygeia.
Les visages de Gargona et des Munculus évoquent celui des personnages féminins à gauche de la Frise Beethoven du Palais de la sécession.
Quant au costume du Prince Mo, il est plus librement inspiré de la robe du personnage féminin d’Espoir.
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Je n’ai pas connaissance d’autres séries d’animations qui se seraient aussi massivement et explicitement référé à la peinture (les Tortues ninjas ne comptent pas puisqu’elle ne citent que les noms de peintres italiens de la Renaissance et pas d’éléments picturaux). On pourrait imaginer un exercice consistant à choisir un peintre et à imaginer le type de série d’animation qui pourrait le citer. Une série s’inspirant de l’univers de Schiele plutôt que de celui de Klimt aurait vraisemblablement des caractéristiques profondément différentes de Mia et moi ; on imagine une série visant plutôt un public adulte (il y aurait du sexe!) avec des personnages torturés, un climat assez noir … et qui ne finirait pas bien. Je vous laisse poursuivre le jeu avec les peintres de votre choix .
Une autre manière de considérer le sujet consiste à se demander dans quelle mesure cette utilisation de motifs picturaux tirés de l’œuvre de Klimt nous révèle quelque chose de l’œuvre citée. Peut-on dire « Dis-moi qui te cite, je te dirais qui tu es »? En particulier, pouvons nous considérer la facilité avec laquelle Klimt est accueilli au pays des licornes roses comme un révélateur du kitsch dont est porteur son œuvre? Je suis porté à répondre par l’affirmative quoique je sache que l’affirmation « Klimt est kitsch » est généralement accueillie avec hostilité, même quand elle est soutenue et argumentée par des gens sérieux .
étant sensible à l’oeuvre de Klimt, j’ai trouvé ça très beau. après, j’avoue que je ne me suis pas penchée en détail sur l’histoire de la série, ça avait l’air de tenir à peu près la route, les personnages sont attachants… ça peut au moins avoir le mérite de familiariser les enfants avec l’oeuvre d’un peintre moderne, et c’est déjà pas mal (qu’ils découvrent Klimt par le biais de leurs parents ou via l’école, ou les ateliers peinture d’un centre de loisir).
je me souviens d’une série pour enfant 3D réalisée avec le concours de Philippe Druillet, entre 2000 et 2010, et c’était loin d’être aussi beau, malgré l’esthétique irréprochable de l’auteur. c’était très vide, les scénarios l’étaient aussi malheureusement… j’aurais préféré une série pour adulte, plus proche des spaces operas de Druillet.